Absent un long moment de la scène vidéoludique européenne, Digimon revint d’entre les morts en 2016 avec Digimon Story : Cyber Sleuth, un épisode qui mit tout le monde d’accord, ou presque. Jusqu’ici cantonné à la recette des World, et à quelques OVNIS relativement dénués d’intérêt comme la série des Rumble, notre beau continent accueillait pour la première fois un véritable RPG nous plongeant dans l’univers des créatures digitales. Un coup de maître de la part de Bandai Namco, qui s’empressa de sortir, un an plus tard, Digimon World : Next Order, une petite déception soit dit en passant. La porte est désormais grande ouverte à la licence, qui ne tarde pas à nous livrer un nouvel épisode. Disponible depuis le 19 janvier, Digimon Story : Cyber Sleuth – Hacker’s Memory se présente comme une histoire parallèle au jeu de 2016, reprenant bon nombre de ses mécaniques.
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C’était à prévoir, et les différentes vidéos de gameplay auxquelles nous avions eu droit jusqu’ici ne cherchaient nullement à le cacher, Hacker’s Memory reprend trait pour trait la recette du Cyber Sleuth d’il y a deux ans. Alors non, ce n’est pas une si mauvaise chose que cela, puisque force est de reconnaître que cette mise en bouche était particulièrement réussie. L’ennui c’est que si l’on retrouve bien toutes les qualités de cet opus apprécié, ses différents défauts n’ont nullement été corrigés avec le cru de 2018.
Hacker’s Memory reprend trait pour trait la recette du Cyber Sleuth d’il y a deux ans
Ainsi, la première chose qui agacera dans Hacker’s Memory sera son faible nombre d’environnements, dont la majeure partie est reprise du premier Cyber Sleuth. Mais le plus irritant reste encore son aspect technique qui n’a nullement été corrigé. Le titre se retrouve donc, une nouvelle fois, avec des graphismes datés, des dialogues en plan fixes, mais surtout avec des animations qui sont loin de faire honneur au support. Dommage, parce qu’à coté de cela le design des personnages principaux est plutôt réussi, au même titre que celui des Digimon, très fidèle aux différents animés.
Quant au déroulement de son aventure, il est là encore calqué sur celui du volet précédent. Ainsi, il faudra enchaîner les missions, ou plutôt les enquêtes, afin de faire progresser la trame scénaristique. Cette dernière avance lentement mais sûrement, et ses ramifications devraient beaucoup plaire aux fans de la licence. L’ennui, c’est que la narration passe une nouvelle fois par les dialogues. Et si ceux-ci sont bien écrits, il faut le reconnaître, le titre se révèle cependant beaucoup trop bavard. Mais surtout, Hacker’s Memory n’a pas été traduit depuis l’anglais, et demande un niveau de langue plutôt soutenu, de quoi rembarrer pas mal de joueurs potentiels.
La narration passe une nouvelle fois par les dialogues. Et si ceux-ci sont bien écrits, il faut le reconnaître, le titre se révèle cependant beaucoup trop bavard
Enfin, bien que cela permette de se familiariser progressivement avec les différentes mécaniques de jeu, dans le cas où l’on n’aurait pas touché à Cyber Sleuth, on déplorera tout de même le temps fou qu’il faudra pour que l’introduction prenne fin. En effet, il faut attendre le troisième chapitre pour qu’enfin le titre nous laisse plus ou moins libre de choisir nos enquêtes ou de nous occuper comme bon nous semble de nos créatures, et l’attente est vraiment pénible. Une fois ces quatre heures de labeur surmontées cependant, Digimon Story : Cyber Sleuth – Hacker’s Memory n’est que pur plaisir, tout particulièrement pour les fans du premier, auxquels le jeu réserve bon nombre de clins d’œil, sans jamais laisser le néophyte sur le carreau.
L’attente en valait la peine
À défaut d’être original, le titre de Media.Vision copie-colle la recette de son prédécesseur, mais il le fait bien. Ainsi son gameplay n’est certainement pas surprenant, puisque particulièrement classique, mais ses mécaniques sont rodées et fonctionnent à merveille. On se retrouve une seconde fois face à du combat au tour par tour, avec un système d’affinités plutôt bien pensé, assez exigeant, et à ce niveau il n’y a rien à redire. Quant à toute la partie hack et exploration, on est sur une progression simple, qui n’oppose jamais vraiment de résistance en dehors de ses affrontements (à partir d’un certain niveau tout du moins), et qui n’ose pas grand chose. Mais puisque cela marchait à merveille dans Cyber Sleuth, c’est tout aussi efficace chez Hacker’s Memory. Dommage que les donjons soient tous un peu fades cependant.
Quant à la capture, ne vous attendez pas à trouver ici quelque chose ressemblant de près ou de loin à ce que propose le grand concurrent de Digimon (du moins fut un temps), j’ai nommé Pokémon. En effet, nul question de « capturer » les créatures qui croiseront votre chemin. Il faudra, pour les obtenir, passer par un système un poil plus fastidieux, obligeant à rencontrer plusieurs fois les mêmes monstres afin de faire monter une barre de progression, et de pouvoir ensuite les matérialiser. Si cela fonctionne plutôt bien dans un premier temps, assez vite dans l’aventure cette même barre, qui grimpait à vue d’œil auparavant, se met à ralentir considérablement. Ainsi, obtenir par cette pratique les Digimon de notre souhait se révèle parfois compliqué. Mais rassurez-vous, le jeu met l’accent sur son système d’évolution ultra complet et permissif, à la fois grisant pour les fans et pratique pour les autres.
Nul question de « capturer » les créatures qui croiseront votre chemin. Il faudra, pour les obtenir, passer par un système un poil plus fastidieux
Et comme précédemment, il faudra ici s’occuper régulièrement de ses Digimon. On retrouve le Digi Lab, conçu exactement de la même manière que dans l’opus précédent. Entre ses murs, on pourra faire évoluer ou régresser nos créatures, en fonction de leur niveau et de certaines caractéristiques. Ce point fait partie intégrante de l’aventure, puisqu’il faut toujours faire en sorte d’avoir les meilleurs Digimon sous le coude, la difficulté se révélant quelque peu exigeante. Pour nous aider dans cet élevage parfois fastidieux, le Digi Farm est encore de la partie. Il s’agit d’une sorte de pension dans laquelle on dépose nos petits monstres afin qu’ils gagnent de l’expérience, voire qu’ils travaillent pour nous à développer des objets ou à résoudre des enquêtes. Le système est bien fichu, et par ailleurs plutôt addictif.
Un beau contenu
Digimon Story : Cyber Sleuth – Hacker’s Memory est à l’épisode précédent ce que Apocalypse est à Shin Megami Tensei IV. En d’autres mots, il s’agit d’une aventure parallèle, se déroulant dans le même temps, dans le même environnement, et dans laquelle on croisera même la route de certains personnages clés de l’histoire du premier Cyber Sleuth. Si l’on pourra mettre cela sur le compte d’une relative fainéantise de la part du développeur (au même titre que pour la totalité du gameplay qui n’apporte que de très rares nouveautés), il faut reconnaître que la présence de ces personnalités fortes supplémentaires n’est pas de trop pour soutenir le scénario. Bien que celui-ci soit une nouvelle fois intéressant et bien amené, on appréciera en effet le rôle de certains protagonistes, d’autant que la trame n’avance que via les dialogues.
En terme de contenu, ce second volet ne se moque pas de nous. En plus d’un paquet de nouvelles créatures, portant le total à 340 (et peut-être même plus avec les mises à jour gratuites à venir), il comporte un nouveau mode de jeu : la domination. Il s’agit de combats en équipe et en deux temps, se déroulant sur un damier dont il faudra capturer les cases. Lorsque l’on rencontre un adversaire sur le plateau, une bataille en un seul tour se lance, et le gagnant remporte le total de points du perdant. Plutôt sympathique, ce système apparaît malheureusement assez rarement dans l’aventure, mais offre chaque fois une petite touche de fraîcheur bienvenue. Quant à sa durée de vie, Hacker’s Memory n’a pas à rougir face à la majorité des J-RPG de ces dernières années.
Le titre propose aussi quelques petites activités annexes, comme la recherche de médailles à collecter, ou encore la réparation de robots dans le monde digital. Si cela n’apporte pas énormément à l’expérience, on saluera toutefois l’intention. Aussi, il sera possible de récupérer diverses bribes de souvenirs au cours de l’aventure, d’où le sous-titre du jeu… mais leur intérêt est tout de même assez limité, puisqu’il s’agira de se cogner une fois encore de longs dialogues, comme si la trame principale ne nous en fournissait pas assez ! Et bien entendu, que serait un jeu du genre sans son multijoueur ? Celui-ci reprend malheureusement à l’identique ce que proposait le précédent, avec uniquement du combat joueur contre joueur. Dommage que la domination n’y soit pas disponible, cela permettrait d’affronter des adversaires autrement plus coriaces que l’IA.
Pour finir, mention spéciale pour la présence d’un New Game +, mais aussi pour la possibilité d’importer ses données de Digimon Story : Cyber Sleuth. Si cela ne vous permettra malheureusement pas de récupérer vos différentes créatures précédemment acquises, l’intérêt c’est que le Field Guide (le Pokédex sauce Digimon) reprendra l’intégralité de vos avancées. De quoi vous permettre de le remplir beaucoup plus aisément en évitant la frustration de recommencer de zéro.
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