Débutée sur PlayStation 2 en 2003 au Japon, en en mai 2004 sur le vieux continent, la série Disgaea n’a pas tardé à faire son nid. Quoi qu’il serait peut-être plus juste de parler de niche, puisqu’elle ne compte pas parmi les plus accessibles des licences de Tactical RPG du marché. Cela étant, elle est parvenue à se constituer une petite communauté de fans fidèles, et a même eu droit à des opus spin-off ainsi qu’à un véritable remake du jeu original. Constater que son sixième épisode débarque chez nous seulement six petits mois après sa parution japonaise n’a donc rien de bien surprenant.
Ce qui l’est un peu plus, en revanche, c’est le parti pris de Nippon Ichi Software, studio que l’on ne connaît globalement que pour Disgaea par chez nous, qui a décidé de renouveler l’aspect graphique de sa licence. Ainsi, d’une réalisation en 2D souvent dépassée, à laquelle nous sommes habitués depuis le premier opus, nous avons cette année droit à une refonte entièrement en 3D, constituant la principale nouveauté de ce Disgaea 6 : Defiance of Destiny. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Tâchons de le déterminer dans ces quelques lignes !
Conditions du test : Nous avons joué un peu plus de trente heures au titre sur sa version Nintendo Switch, principalement en mode portable. Nous avons aussi testé une poignée d’heures la maniabilité sur Switch Lite.
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ToggleCe qui saute aux yeux
Quiconque aura touché à la démo du titre, disponible depuis quelques semaines, sera rapidement arrivé aux mêmes conclusions que nous : Disgaea 6 propose sensiblement la même chose que Disgaea 5, qui proposait la même chose que le précédent, et ainsi de suite. La série a certes évolué, avec quelques mécaniques nouvelles de-ci de-là, mais il n’y a globalement que peu de changements d’une itération à l’autre, hormis au niveau du protagoniste et de la trame scénaristique.
Entendons-nous bien, nous ne taclerons pas outre mesure ce nouvel épisode sur cet aspect. D’une part puisque les sorties sont assez espacées pour que l’on ait le temps d’en redemander. Disgaea 5 sortait en 2015, sa version Complete en 2017, et depuis nous n’avons eu droit qu’à Disgaea 1 Complete en 2018, remake du premier volet. En bref, cela fait donc six ans que les fans de la série ont pu toucher à un épisode pleinement inédit.
Nonobstant, il apparaît évident que c’est sur la nature des nouveautés de ce nouvel épisode qu’il y a matière à débattre. En effet, il ne vous aura probablement pas échappé que Disgaea 6 : Defiance of Destiny s’est offert un nouvel aspect visuel. Un changement drastique vis-à-vis du précédent, et même du remake de 2018, que l’on a un peu de mal à comprendre. D’une certaine façon, l’aspect 2D faisait un peu partie intégrante de l’ADN de la série.
Et si la nouvelle direction artistique est sensiblement similaire à celle des opus précédents, il va sans dire que cette réalisation en 3D est un peu décevante, et apporte même son lot de problèmes. À commencer par une technique peu convaincante, là où Disgaea 1 Complete était franchement joli sous tous les aspects. Les différentes animations et attaques spéciales manquent de finesse, et le framerate est en souffrance par moments, alors qu’il n’y a pas grand-chose à afficher.
On aurait pu comprendre ce changement si la caméra était devenue libre lors des affrontements, un détail qui faisait cruellement défaut à la série jusqu’ici. Mais ce n’est malheureusement pas le cas, et la lisibilité des environnements est toujours aussi aléatoire, pour ne pas dire moindre par rapport au précédent. Seulement quatre angles de caméra, c’est peu, et avec l’orientation isométrique de celle-ci on fait souvent face à de gros problèmes de visualisation des unités sur le terrain.
Quant à l’autre « grosse » nouveauté, elle ne vole pas haut non plus, puisqu’il s’agit d’un système de combat automatique. D’une simple pression de la touche + de la Switch (et on imagine du Start de la PS4), il est possible de laisser l’IA gérer nos déplacements et nos attaques. Alors l’idée n’est pas mauvaise en soi, étant donné que le titre embarque un mode facultatif aux affrontements infinis, mais n’a clairement pas la saveur d’un ajout comme on l’entend.
Une recette qui ne bouge pas
À coté de cela, Disgaea 6 : Defiance of Destiny est globalement pétri des mêmes qualités que ses prédécesseurs. Ainsi, son scénario n’est pas extraordinaire, mais la qualité de l’écriture fait mouche malgré tout. Tout est pensé pour faire sourire le joueur, et il faut bien avouer que cela fonctionne par moments, bien que l’on sente que Nippon Ichi Software était un brin sur la retenue en développant ce nouvel épisode. Rien de dramatique, rassurez vous.
On retiendra un character design très réussi, et une variété d’environnements bienvenue. Quant à la bande sonore, elle tourne malheureusement un peu en rond. Mais elle est sauvée par des doublages en anglais et en japonais de très bonne facture. Bien que nous ayons préféré la version nippone, l’autre n’est pas déplaisante non plus. Certains personnages sont même plus expressifs dans la langue de Shakespeare, aussi étrange que cela puisse paraître.
Pour le reste, ceux qui ont déjà touché à un Disgaea ne seront pas dépaysés ! Nous sommes une nouvelle fois face à un Tactical RPG assez classique dans la forme, avec une vue isométrique. Un système qui peut dérouter en premier lieu, surtout si l’on a l’habitude d’autres séries, comme Fire Emblem, où la lisibilité est exemplaire. Cela étant, on s’y fait vite, et là encore on peut dire que c’est un élément pleinement ancré dans l’ADN de la licence.
Ce qui peut surprendre le plus pour un nouveau venu, c’est cette propension à en faire des tonnes : les PV se comptent en dizaines de milliers, et bientôt en millions, idem pour toutes les statistiques et pour les dégâts reçus ou infligés. Un aspect qui rend les combats et la progression de nos personnages étrangement jouissifs, notamment parce que malgré le challenge on a une impression singulière de toute puissance !
Long héritage
Si la recette semble classique sur le papier, on se rend assez vite compte que le titre (et plus généralement la série) embarque son lot de spécificités. Classes, attaques groupées, possibilité de soulever et de projeter nos coéquipiers (et même les ennemis), système d’équipement très poussé, améliorations diverses des statistiques de nos personnages et nos objets, réincarnation ou encore mini-quêtes par centaines…
Le contenu a ainsi de quoi faire pâlir de nombreux représentants du Tactical RPG, et l’on a longtemps l’impression grisante de n’avoir pas même effleuré le potentiel du titre. Ce qui est probablement le cas d’ailleurs, puisqu’il y a énormément de choses à y faire. Cela étant, on peut facilement s’y perdre, et la manière avec laquelle le développeur amène ces différentes mécaniques n’aide pas à rendre le tout plus digeste. Enfin, rien de nouveau en somme…
Là où les choses bougent un peu, c’est dans la manière dont se déroule la trame scénaristique. Nous incarnons Zed, un jeune zombie dont la sœur a été enlevée par le Death-tructor divin. Un ennemi visiblement surpuissant que tout le monde semble craindre. On progresse en arpentant différents mondes, comprenant chaque fois une poignée de niveaux, et le challenge est très évolutif… mais finit par devenir plutôt corsé, vous l’aurez compris !
Ce que cela change, globalement, c’est que l’on affronte le Death-tructor divin à chaque fin de chapitre. Autrement dit, très régulièrement, trop même, puisqu’il s’agit du seul et unique véritable boss à nous faire face au cours de cette longue aventure. Ce qui est d’autant plus problématique que le bonhomme n’a absolument rien de charismatique, mais surtout que les affrontements se ressemblent tous diablement. L’impression de redite est donc assez présente !
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