Porté par une équipe de trente personnes, chapeautée par le co-créateur de Halo, Disintegration a su s’attirer la curiosité de la planète jeu vidéo à son annonce lors de la Gamescom 2019. Bien qu’il se révéla relativement discret l’année qui suivit, sa sortie le 16 juin dernier était malgré tout attendue. Il faut dire qu’il promettait de belles petites choses, notamment des décors destructibles à souhait et un gameplay plutôt original. Dans les faits, que vaut ce shooter mêlé de stratégie en temps réel ?
Conditions du test : Nous avons joué près d’une quinzaine d’heures au titre sur une PlayStation 4 standard. Ce fut suffisant pour terminer sa campagne solo, ainsi que pour faire un tour rapide de ses modes multijoueur.
Une équipe réduite
Vous l’avez probablement remarqué, nous aimons beaucoup parler de jeu indépendant dans nos colonnes. Notamment avec notre récent événement, l’Actu Gaming French Direct. Eh bien que l’on ne puisse pas vraiment classer Disintegration dans cette catégorie, le titre est néanmoins réalisé par une équipe on ne peut plus réduite, ce qui rend son développement, dans ces délais de surcroît, relativement impressionnant. V1 Interactive, le développeur, est un studio composé de seulement trente personnes. Et la présence du co-créateur de la licence Halo ne fait pas tout, aussi enthousiasmante cette information soit-elle.
Cela étant dit, le titre ne manque pourtant pas d’ambition. Dès sa première présentation il promettait déjà des décors destructibles, par exemple, ainsi qu’une balance parfaitement dosée entre son solo et son multijoueur. Dans les faits, notre première déception se situera à ce niveau. Ladite destruction de décors est finalement réduite à son strict minimum et n’apporte rien au gameplay. Mais surtout le titre vaut bien plus pour son aventure en solo que pour ses parties à plusieurs qui, sans manquer de fun, se révèlent finalement classiques et un poil redondantes.
Reste un aspect graphique en demi-teinte. Globalement ce First Person Shooter n’a rien d’impressionnant, ce qui n’est pas vraiment étonnant avec les points de détail que nous évoquions plus haut. Il souffre par ailleurs de différents problèmes, notamment un manque de visibilité lors de certaines phases, mais aussi plusieurs petits bugs, parfois handicapants. On regrettera globalement le manque de personnalité de ses décors, et leur construction pas toujours parfaitement adaptée au gameplay. Toutefois, on saluera le character design, bien qu’il rappelle finalement beaucoup ce que l’on peut trouver chez Destiny.
Enfin reste une bande-son générique et un scénario qui sonne un peu creux, malgré d’intéressantes inspirations. Nous sommes dans un monde futuriste où la technologie a atteint des sommets dans le transhumanisme. Il est désormais possible de transférer sa conscience dans un être fait de métal, autant dire un robot, et c’est devenu la normalité. Tellement même, que la puissance que l’on combattra tout du long s’évertue à arracher leur cerveau aux derniers êtres de chair et de sang pour l’implanter dans des machines. Le tout manque cruellement de rebondissements et de temps forts, malgré une initiative intéressante.
Le background donne envie, c’est un fait indéniable, mais il est malheureusement sous-exploité au profit de personnages qui manquent, quant à eux, cruellement de personnalité. On nous offre bien plusieurs cinématiques les mettant en scène, ainsi que la possibilité d’aller lancer le dialogue entre deux missions. Mais on ne s’attache guère à ces quelques têtes aux réactions prévisibles et aux répliques qui tombent à l’eau. On aurait aimé un protagoniste percutant, ou un antagoniste qui prenne plus de place dans l’histoire. À la place, on nous présente à plusieurs reprises de nouvelles têtes, que l’on retiendra aussi peu que les protagonistes.
Un bon jeu en substance
Fort heureusement, les points abordés plus hauts ne font pas tout. Et bien que le scénario ne soit pas un moteur suffisant pour donner envie d’aller au bout de cette quête de destruction, le gameplay, lui, en est un. C’est d’ailleurs la plus grande force de Disintegration, qui est à la fois jouissif dans son aspect purement FPS et technique dans sa composante stratégique, tout en restant accessible. Parce que malgré ce qu’il peut laisser penser de prime abord, le titre de V1 Interactive n’est pas un shooter bête et méchant du genre de DOOM ou de Crysis. Et heureusement d’ailleurs, parce qu’avec son manque de personnalité il aurait fait pâle figure face à la concurrence.
Oubliez donc le jeu de tir en vue subjective bas de plafond, puisque Disintegration nous propose de prendre les commandes d’un Gravicycle. Une sorte de véhicule volant qui permet de prendre de la hauteur sur l’action et se dote d’un dash permettant d’esquiver les projectiles ennemis. Un outil dont on abusera dans les modes de difficulté les plus élevés, puisque le challenge du titre est étonnamment soutenu. Notons que ce dernier est assez inégal, certaines phases étant nettement plus complexes que la majorité. Enfin au moins, avec cette moto anti-gravité, nous sommes à l’abri des attaques de mêlée, c’est déjà pas mal !
Dans les airs, on sera autant amené à tirer sur tout ce qui bouge comme dans un FPS classique, qu’à diriger nos camarades. Et les deux types de gameplay se révèlent aussi importants l’un que l’autre. Bien que le titre nous encourage rapidement à nous servir principalement des options tactiques qu’il permet, plutôt qu’à nous placer en première ligne. Notamment parce que la barre de vie descend très vite, et que sa chute fera directement recommencer au dernier checkpoint, pas toujours bien situé de surcroît. Tandis que la destruction de nos compagnons nécessitera simplement une réanimation en bonne et due forme. Notez aussi que les missions sont plutôt longues, ce qui peut parfois faire chuter la concentration.
Les mécaniques de shoot sont on ne peut plus classiques, et ne diffèrent finalement que via la possibilité de prendre de la hauteur sur l’action. On notera toutefois que le feeling des armes est plutôt jouissif, surtout dans la seconde partie du jeu qui nous offre un armement plus lourd. Il est par ailleurs très grisant de faire exploser nos adversaires robotiques, ce qui ne peut être compris qu’une fois manette en main. Quant à la composante stratégique du titre, elle se résume à placer des marqueurs au sol pour envoyer nos camarades se positionner dans une zone, ou utiliser leur attaque spéciale liée. Chacun d’entre eux ayant un armement un peu différent des autres.
Nous ne sommes donc pas sur quelque chose de diablement compliqué à intégrer, puisque l’on n’aura besoin que des touches directionnelles pour demander une frappe précise de la part d’un allié, et de la gâchette R1 pour envoyer notre équipe à un endroit précis. Ce qui est parfaitement adapté à son action qui va vite et qui demandera une certaine concentration. À ce niveau, Disintegration permet de changer de mode de difficulté entre deux missions, ce qui pourra se révéler pratique : les deux premiers modes manquent de challenge, les deux suivants seront parfois intransigeants, notamment à cause de l’IA qui n’est pas mauvaise. Dans ces derniers, user et abuser des options tactiques est une obligation.
Enfin Disintegration manque un peu de consistance. Son aventure solo dure entre huit et dix heures, ce qui est finalement assez peu au vu de l’intérêt relativement limité de son multijoueur. Revenir sur sa campagne n’est de surcroît pas particulièrement intéressant, puisque l’on n’a rien d’autre à y débloquer que des points de compétence servant à améliorer vaguement les capacités de notre équipe sur un arbre associé parfaitement rudimentaire. Le contenu annexe se restreint quant à lui à de basiques objectifs à réaliser en mission, et souvent très complexes par ailleurs.
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