Don’t Forget Me est le premier projet du studio The Moon Pirates basé à Bordeaux et composé de 3 jeunes diplômés. Mis en lumière dans notre dernier AG French Direct, l’une de ses créatrices, Mélanie Pourin nous en parlait à cette occasion. A la suite d’un Kickstarter réussi avec succès en 2019, leur premier jeu voit ainsi le jour ce 20 avril uniquement sur PC via Steam et GOG.com sur Windows, Mac et Linux. Prenez place dans ce point’n’click dystopique en pixel-art étrange et vous mettant face à votre morale et vos idéaux.
Vous incarnez Fran, une jeune femme amnésique faisant la rencontre d’un certain Bernard, un copiste mémoriel, dans un futur où la mémoire est devenue un objet de commerce. A vous de fouiller dans la tête de vos clients en manipulant leurs souvenirs, dans ce jeu d’enquête mémorielle dystopique où un complot gouvernemental s’apprête à mener l’humanité à sa perte.
Conditions de test : Nous avons parcouru pendant environ 6 heures les choix et situations proposés par Don’t Forget Me, le temps de rejouer plusieurs fois certaines scènes et ainsi débloquer presque tous les dialogues existants. Ce test vous est proposé sans spoiler narratif majeur et omettra volontairement certains pans de l’histoire.
MAJ : Don’t Forget Me a été mis à jour le 22 avril et propose désormais des scènes dédiées aux derniers choix proposés dans le jeu, suite aux retours des différents médias.
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Votre aventure commence par la rencontre entre Fran, jeune fille devenue amnésique par on ne sait quel événement, et Bernard, le dirigeant d’une clinique de copie mémorielle, activité illégale développée dans la mégalopole où se déroule notre histoire. Chaque habitant (ou presque) de cette cité est équipé d’une puce enregistrant chacun des souvenirs pour élever la population à un niveau intellectuel supérieur.
Par la force des choses, Fran se retrouve élève du maître et va aider Bernard à utiliser sa machine de copie mémorielle afin que leurs clients conservent des souvenirs précis de leur vie. Pour cela, il vous faudra fouiller dans leur mémoire et utiliser un système de mots-clés en rapport avec ces souvenirs pour débloquer des chemins (ou bulles) dans des schémas mémoriels et ainsi isoler le souvenir avant de l’extraire.
Il faut l’avouer, bien que le concept fut inspiré de jeux comme Her Story et The Red Strings Club, on remarque tout de suite l’originalité des mécaniques proposées : en effet, il vous faudra uniquement utiliser votre clavier pour écrire les mots-clés nécessaires à l’avancée de l’intrigue quand il ne vous faut pas déplacer Fran dans les différents environnements. Ce gameplay minimaliste permet aux joueurs et joueuses de se concentrer sur le principal atout du jeu : la narration.
Une histoire sommaire mais bien racontée
L’histoire de Don’t Forget Me se raconte toute seule et on parvient même à se prendre au jeu de faire le maximum afin d’aider les clients, souvent en détresse, venant demander les services de Bernard et sa nouvelle compère. Bien que l’on aurait aimé un peu plus de profondeur à la relation entre Bernard et Fran, ou encore au personnage de Fran, bien trop sage et ne semblant pas plus que cela inspirée pour chercher la vérité sur son propre passé, la qualité d’écriture non négligeable des personnages secondaires permet de s’immerger totalement dans cette société étrange mais pourtant si familière.
Après des premiers pas à chercher le jouet du chat de Bernard, vous voilà confrontés à l’arrivée d’un client étrange, membre du groupuscule des Oubliés, et qui vous annonce l’existence d’un complot gouvernemental destiné à faire converger toutes les mémoires humaines afin de créer une mémoire collective et ainsi maîtriser émotions, douleur et autres souvenirs. Pour tenter d’arrêter cette machine infernale, Fran et Bernard vont devoir fouiller dans les souvenirs de diverses personnes et pourquoi pas découvrir des choses qui ne devraient pas être dévoilées. Qui est vraiment à la tête de ce complot ? Que cache Bernard ?
Par son aspect narratif, Don’t Forget Me proposera à plusieurs reprises de choisir entre plusieurs réponses possibles. Bien que la plupart du temps ces réponses n’engageront que quelques lignes de dialogue différentes, certains choix (assez grossiers d’ailleurs et pouvant largement être évités) pourront carrément vous faire passer à côté de pans entiers de l’histoire composée d’une dizaine de scènes pour une durée de vie d’environ 3h30 en ligne droite.
Comptez environ le double pour faire le tour de toutes les scènes et dialogues non exploités avant. Jusqu’à la mise à jour du 22 avril, n’espériez pas différentes fins. L’écran des crédits apparaissait quelque soit votre choix final et composait l’une des faiblesses du titre. Désormais, de petites saynètes adaptées aux ultimes choix moraux de notre personnage sont présentées. Sachez d’ailleurs qu’une extension est proposée sur Twitch pour permettre aux streamers de faire participer leur audience aux choix des personnages et au choix des mots-clés, une feature bienvenue et assez rare pour être soulignée.
Côté rejouabilité, un menu appelé Timeline se débloque après votre première run, vous permettant de rejouer certaines scènes spécifiques en sélectionnant un chemin précis et ainsi voir les conséquences de vos actes au fil de l’aventure, à la manière d’un Detroit : Become Human en beaucoup moins détaillé. L’occasion aussi de voir le pendant des divers choix moraux qui vous seront imposés et qui vous mettront parfois dos au mur sur ce que vous auriez fait, vous, à la place de Fran.
La Symbiose des Schémas
Les phases de schémas mémoriels sont de loin les plus intéressantes à parcourir (bien que trop peu présentes dans l’aventure). Attendez-vous à faire fonctionner vos méninges dans ces phases où vos réflexions, observations et mémoire seront testées, mais rassurez-vous le jeu n’est pas insurmontable et rarement punitif. Bernard pourra vous aider pour trouver un mot ci et là si vous vous retrouvez bloqués. Sachez par ailleurs, que Don’t Forget Me est entièrement disponible en français et que l’orthographe est extrêmement importante pour progresser.
D’autres phases viennent s’ajouter à celles-ci grâce à l’arrivée de la Symbiose. Créé par une scientifique infiltrée au gouvernement, ce nouvel outil vous permettra de prendre part dans une bulle mémorielle précise et agir directement dans l’environnement du souvenir. Afin de pouvoir extraire le souvenir en question, il vous faudra trouver une ancre mémorielle, une sorte d’objet sentimental lié à votre client.
Un jeu de chasse au trésor où chaque objet peut être un indice pour la suite. Ces scènes de symbiose sont au nombre de 2 durant votre aventure. Encore une fois, ces scènes sont trop peu nombreuses et l’on en demande encore plus, là où le jeu reste (très) bavard durant le reste de l’épopée.
On peut néanmoins féliciter les équipes de The Moon Pirates pour leur travail sur les environnements en pixel-art créés avec soin, que ce soit le laboratoire de Bernard mais aussi les scènes de symbiose ou encore le bar où le duo passe quelques soirées dans le jeu. D’autant plus que le jeu a subi une totale refonte graphique au fil des mois suivant le Kickstarter, emmenant le jeu dans une autre dimension artistique en nous proposant des univers colorés, riches et remplis d’easter-eggs.
L’équipe a également pu bénéficier du soutien de Wings, un organisme de fonds pour les jeux indépendants et qui ont pu leur permettre de financer une bande-son originale et très travaillée, collant parfaitement au thème et à l’univers dystopique dépeint dans Don’t Forget Me. Même si peu de morceaux sont présents, tous sont très réussis et renforcent assurément l’immersion. Une très bonne trouvaille pour un petit prix (comptez environ 15€) même si on aurait aimé une durée de vie plus élevée ou du moins des concepts un peu plus utilisés.
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