Présenté il y a de cela plus de 3 ans désormais avec de multiples apparitions notamment lors de nos événements AG French Direct et tout au long du développement que nous avons assidûment suivi sur notre site, Dordogne est enfin prêt à s’offrir à nous, dès ce 13 juin sur PC via Steam, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X/S et Nintendo Switch, pour le tout petit prix de 14,99€. À noter également que le jeu sera disponible dès son lancement dans le Xbox Game Pass. Amateurs de cours d’eau rafraîchissants et autres souvenirs estivaux, venez vous délecter de ce petit bijou en point’n’click, car nous tenons peut-être déjà la vraie pépite indépendante de cet été.
Conditions de test : Nous nous sommes baladés sur les terres et berges de la Dordogne durant une partie entière sur PlayStation 5, et nous avons relancé un début de partie dans la foulée pour chercher d’autres objets cachés, le tout pour un total de 4h30 de jeu.
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ToggleDouceur de souvenirs estivaux
Dordogne nous raconte l’histoire de Mimi, une jeune femme de 32 ans, allongée à l’arrière de sa voiture sur un parking en 2002. Alors qu’elle vient de perdre son emploi, la voilà au sein d’une métropole française maussade, littéralement sous la pluie battante. Mimi est en fait en route pour la Dordogne, un département du Sud-Ouest de la France, où se trouve la maison de famille ayant appartenu à sa grand-mère, Nora, récemment décédée.
Alors que la jeune femme n’a pas vu son ascendante depuis plus de 20 ans suite à une dispute entre son propre père et sa grand-mère, la voici curieuse de retourner sur ces terres pour tenter de percer les secrets qui ont rongé son tissu familial durant ces deux décennies. Durant un peu plus de 3h, nous allons donc suivre les pérégrinations de Mimi, dont le nom complet nous est révélé en toute fin de jeu, à cheval entre deux temporalités dans lesquelles nous allons intervenir en alternance. Vous l’apprenez donc, l’aventure est courte, très courte, et aurait mérité quelques heures supplémentaires tant l’univers s’y prête, ce qui est plutôt bon signe, bien que dommage.
Alors que Mimi redécouvre la maison de sa grand-mère disparue, prête à être froidement vendue par son père dès la première occasion, la jeune femme va se remémorer de délicats et délicieux souvenirs enfouis tandis qu’elle a pour objectif de retrouver une boîte laissée par Nora à son égard, avant sa disparition. Ces souvenirs proviennent de sa tendre enfance, lorsque Mimi n’était âgée que de 10 ans, en 1982, et qu’elle passait une bonne partie de l’été chez sa grand-mère, qu’elle ne connaissait qu’à peine, avant un grand départ définitif aux Etats-Unis avec ses parents.
L’occasion pour nous d’apprendre par petites touches la qualité des relations familiales, mais aussi les raisons de la déchirure sentimentale qui a causé cet éloignement pendant 20 ans, grâce notamment à des flashback audios sous forme de cassettes à retrouver et à écouter, mais aussi de lettres disséminées dans la maison et ses alentours, écrites par les grands-parents de Mimi, ainsi que sa mère ou encore des voisins finalement au coeur de l’équation familiale.
Nous ne vous divulgâcherons pas l’intérêt narratif du titre, au cœur de l’expérience, mais de terribles thèmes sont abordés ci-et-là dans Dordogne, pouvant faire écho à votre vie personnelle, mais toujours accueillis d’une infinie justesse, dans la plus grande simplicité, au sens noble du terme. Pour preuve, la dernière demi-heure de jeu, qui nous révèle tous les tenants et aboutissants de l’histoire, relève d’une intense dramaturgie et ajoute un cachet scénaristique que l’on ne voyait pourtant pas venir au début de l’aventure, le titre mettant quelques dizaines de minutes à correctement s’installer et ne vous divulguant finalement pas tant d’informations que cela si vous ne les cherchez pas dans l’environnement.
Dordogne ne dispose pas d’une batterie importante de personnages principaux. Mais du coup, tous bénéficient alors d’un traitement soigné et approfondi ainsi que d’une crédibilité sans faille, le tout en alternance entre bulles de discussions et réelles cinématiques doublées en français. Mention spéciale à Nora, la grand-mère de Mimi, tantôt forte et froide, tantôt sensible et affectueuse, qui parvient à nous transmettre ses émotions concernant la joie de partager des moments simples avec sa petite fille, tandis que celle-ci lui rappelle douloureusement ses relations houleuses avec son fils, mais aussi la disparition précoce de son mari adoré, Edouard, il y a peu.
En dehors des deux femmes, nous retrouvons également un petit garçon, Renaud, qui prendra une part assez importante de l’histoire dans sa seconde moitié notamment, mais nous ne vous dirons pas pourquoi. Outre d’autres personnages succinctement abordés à l’oral ou à l’écrit, vous n’aurez pas affaire à d’autres protagonistes principaux donc, et c’est tant mieux pour davantage comprendre chacun d’entre eux. Ce qui nous permet de saluer le formidable travail de justesse dans l’interprétation des personnages, autant en VF qu’en anglais, bien que la VF nous ait parue plus authentique.
Rassurez-vous, bien que le jeu aborde des thèmes parfois plus sombres que ce que l’on aurait pu croire, l’ensemble reste extrêmement positif, rafraîchissant et baigné d’une auréole de sentiments optimistes. Nous aurons toutefois aimé que certains thèmes soient abordés plus en détails, ce qui aurait pu accroître notre connaissance du lore du jeu, mais finalement, le coeur du titre réside également dans la multitude de choses que nous allons devoir faire.
Un gameplay exotique et rafraîchissant
Difficile de décrire scolairement le gameplay de Dordogne. Véritable pot-pourri vidéoludique, au sens positif encore une fois, vous allez devoir accomplir diverses tâches, qui pourraient surprendre de prime abord. Notamment car il sera question d’énormément de manipulations d’objets, ce qui nous laisse croire qu’une version tactile serait encore plus adaptée au titre. Mais rassurez-vous tout de suite, la manipulation avec la DualSense est fluide, agréable, malgré quelques accrocs par moments, où la touche devait être appuyée à nouveau pour être prise en compte, mais peu contraignants.
L’ensemble prenant place dans une ribambelle de tableaux dessinés à l’aquarelle intégralement à la main sur des photos ou des paysages réels, Mimi va évoluer au sein de ces décors évolutifs, et devra interagir avec son environnement, avec une seule touche, la Croix sur PlayStation, qui représentera le cœur des contrôles. Ouvrir une porte, couper des légumes, planter une fleur etc., autant d’actions exotiques seront à effectuer, dans le plus simple appareil, apportant un semblant de fraîcheur bienvenue une fois de plus.
Assez tôt dans l’aventure, votre grand-mère vous confiera son classeur, qui lui servait de correspondance avec Edouard par le passé, dans le but que vous continuiez à le faire vivre en y apposant votre touche personnelle. Jeune fille intéressée par la nature, la photo, mais aussi la poésie, Mimi va devoir créer des pages, au moins une par chapitre, afin de faire évoluer son aventure, constituant au passage un livre unique à chaque joueur ou joueuse, tant la multitude de stickers et autres photos est impressionnante.
Bon courage par ailleurs pour tout récupérer lors de votre premier passage dans les niveaux. En effet, des stickers et autres mots seront cachés dans le décor et n’apparaîtront, la plupart du temps, que lorsque vous en serez très proche. À vous d’interagir avec (ce qui n’est pas aisé à comprendre au début) pour les stocker et pouvoir vous en resservir lors de votre bilan de chapitre. Pour compléter votre scrapbooking, vous allez pouvoir donc coller des photos, prises avec votre appareil, mais aussi des sons, enregistrés grâce au magnétophone récupéré bien plus tard dans l’aventure, vous permettant de capter les sons des villes et de la campagne notamment.
Dordogne vous mettra également au travail en vous proposant de rares énigmes, non compliquées si l’on observe ou écoute son environnement. Tantôt vous devrez réparer un train électrique à l’arrêt, tantôt déchiffrer une carte au trésor censée vous mener chez votre ami, et tantôt vous devrez trouver comment obtenir la clé d’une boîte aux lettres. Autant de manipulations d’objets, nous le disions, faisant des énigmes sympathiques et bien trouvées, bien que trop simples et trop peu présentes pour réellement marquer, car finalement le gameplay demeurera assez chiche tout au long de l’aventure.
Par ailleurs, 7 lieux majeurs seront à traverser, de la maison de Nora, en passant par les berges de la Dordogne ou le Marché, le tout en totale fluidité d’un passage à l’autre. L’heure pour nous d’aborder le plus gros bémol de notre expérience sur Dordogne : l’impossibilité, une fois l’aventure bouclée, de revenir sur les lieux traversés, ou de rejouer les chapitres, afin de compléter nos trouvailles de mots et autres stickers, et ainsi gagner les divers trophées associés.
Cela est toutefois compréhensible du fait de certains choix définitifs dans les dialogues notamment, mais on aurait apprécié ce sursaut de liberté dans un jeu finalement assez tourné vers des zones en couloirs et qui ne vous laissera que peu de liberté dans son approche. Bien que ceci soit appréciable dans le monde d’aujourd’hui où se mêlent sans cesse divers open worlds insipides.
À noter, toujours au rayon du gameplay, que Mimi ne pourra pas sprinter lors de vos déplacements, et que celle-ci pourra grimper, nager et même sauter à des moments très particuliers, moments qui vous offriront pour la plupart les plus fabuleux panoramas que la Dordogne ait à vous offrir, et constituant, à coup sûr, la pièce maitresse de son art.
Odeur de peinture fraîche
Quelle magnifique œuvre qu’est Dordogne. Une multitude de paysages nous sont présentés, tous empreints de couleurs pastels, baignés d’une lumière chatoyante et chaleureuse. Quelques scènes vous seront présentées sous le mauvais temps, mais même dans ces conditions, cela reste harmonieux et délicat. On ressent tout de suite l’originalité de la direction artistique et ses différents tableaux, tous peints de la main des développeurs d’Un Je Ne Sais Quoi (Cédric Babouche, que nous avions rencontré, à leur tête notamment) et splendidement mis en animation par le studio Umanimation.
Et il faut dire que l’ensemble s’est considérablement étoffé depuis notre dernière prise en main datant d’il y a plusieurs mois, les couleurs s’étant affinées, la fluidité améliorée etc., sans doute également grâce au soutien financier et marketing de Focus Entertainment, ayant permis au jeu de gagner les sphères internationales, d’envisager une sortie multi-plateformes et d’être même repéré par Microsoft pour son offre Game Pass. Le studio désormais composé d’un noyau dur d’une trentaine de personnes fait des miracles et sort considérablement des sentiers battus avec une telle représentation artistique pour un rendu vraiment grandiose. Mention spéciale aux séquences sur la Dordogne, magiques et incroyablement bien animées.
Nous n’avons par ailleurs pas connu de bug durant notre épopée, si ce n’est quelques déambulations moins abouties pour notre Mimi nationale, mais sensiblement à la marge, tandis que la fluidité et les temps de chargement courts étaient au rendez-vous. À noter que nous n’avons pas pu nous frotter aux autres versions du titre, notamment sur Nintendo Switch, même si le travail d’optimisation devrait être au rendez-vous.
Malgré tout, abordons quelques petits points qui pourraient être améliorés pour nous proposer une aventure encore plus saisissante, l’affichage à l’écran d’un HUD finalement assez inutile par moments, contenant l’accès aux lettres et au téléphone portable, tandis que parfois l’appareil photo et le magnétophone viendront s’y greffer. On regrettera ici l’impossibilité de se servir de ces deux appareils à l’envie, qu’importe où nous nous trouvons, tandis que les lettres ne seront pas réutilisées pour les énigmes ou les dialogues après leur lecture, d’où l’inutilité de leur présence en bas de l’écran. Tandis que le téléphone portable nous servira pour obtenir nos étapes à réaliser et répondre à des SMS venant de notre père, ou nos anciens collègues, bien que cet ajout de gameplay n’apporte rien à l’histoire, restant trop en retrait pour réellement servir à quelque chose.
Enfin, abordons l’aspect musical du titre, que nous avons volontairement laissé de côté jusqu’à présent car il nécessiterait plusieurs paragraphes à lui tout seul. Déroutante au début car très simpliste dans sa mise en œuvre, l’OST de Dordogne s’avère finalement aussi agréable à écouter que le jeu ne l’est à explorer, alternant musiques bucoliques, bruitages spécifiques et ambiances sonores discrètes, frôlant par moments la sphère ASMR, et que cela fait du bien !
L’ensemble est tellement cohérent que l’on a même tendance à s’arrêter quelques secondes pour écouter les sons de la nature ou les douces mélodies accompagnant Mimi, ce chien qui aboie tandis que l’église sonne l’heure méridienne, une vraie réussite là aussi, pour un ensemble solide et parfaitement emboité. En bref, Dordogne nous montre une fois de plus qu’il faudra compter avec lui pour cet été, grâce à sa promesse de balades bucoliques, de ses souvenirs estivaux mais aussi de pique-nique au fil de l’eau, surtout si vous aimez vous y tremper les pieds.
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