Les fans de Dragon Age auront patienté longtemps avant de pouvoir enfin toucher au nouvel épisode de la licence. Dix ans après le succès de Dragon Age: Inquisition, et après un développement compliqué, marqué par les reports, changements de nom et reboots en plein développement, Dragon Age: The Veilguard est enfin là. Grands amateurs de la licence, et plus généralement des œuvres de Bioware (si l’on omet le très creux Anthem), nous suivions avec attention l’arrivée du titre se demandant même qui sortirait en premier entre ce jeu et le prochain Mass Effect. L’attente en valait-elle la chandelle ? Absolument.
Conditions de test : Nous avons terminé le jeu en un peu plus de 43h sur Xbox Series X. Nous avons réalisé l’entièreté de la quête principale ainsi que toutes les quêtes de faction et de compagnons tout en récupérant une bonne partie des collectibles du jeu.
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ToggleDes choix aux conséquences, la narration forte d’un grand Bioware
Lorsque l’on parle de Bioware, on ne peut pas passer à côté des monuments du RPG qu’il a créé. Dragon Age, Mass Effect ou encore Star Wars: Knights of The Old Republic. Chacun d’entre eux propose des choix aussi bien dans la création de son personnage que dans les dialogues survenant au cours de l’aventure.
Dragon Age: The Veilguard ne déroge pas à la règle et nous propose dès le début du jeu de créer notre avatar. Pour cela, Bioware nous a concocté un éditeur de personnage parmi les plus complets du marché. De nombreuses options sont présentes, comme la race (humain, nain, elfe ou qunari), le sexe et le physique. Il est tout à fait possible de se satisfaire de l’un des modèles déjà établi ou d’aller plus loin et d’utiliser les nombreux curseurs présents pour ajuster la forme du visage ou du corps.
Des options d’inclusivité sont également présentes pour permettre au plus grand nombre d’incarner un personnage qui lui ressemble. On a par exemple des options pour le vitiligo ou l’hétérochromie et plus inédit la présence de cicatrices pectorales post-opératoire réalisées en général lors d’un changement de sexe. On salue ces options, car elles permettent à plus de joueurs de se sentir inclus, dommage qu’au passage certains autres archétypes de corps humains aient été oubliés. Il est en effet impossible de créer des personnages féminins aux courbes généreuses ou des hommes très musclés. Une inclusivité malheureusement pas si complète. Passée cette petite déconvenue, on peut ensuite choisir la classe de notre personnage parmi mage, guerrier ou rôdeur. Notez que si l’apparence reste modifiable tout au long de l’aventure, le choix de la classe reste lui définitif.
Le jeu démarre directement lors de la scène présentée en juin dernier où notre personnage (surnommé Rook dans le jeu) part retrouver Solas en compagnie de Varric, Harding et Neve. Sans vous gâcher le plaisir de la découverte, sachez que les événements vont conduire à la libération de deux entités elfiques démoniaques qui vont rapidement devenir une menace pour Thédas (le continent fictif où se déroulent les jeux de l’univers Dragon Age).
Simple mortel loin de faire le poids face à une telle menace, notre personnage va monter une équipe de différents spécialistes pour tenter d’affronter le destin dans un combat perdu d’avance. En chemin, on fera également la connaissance de diverses factions luttant elles aussi contre les dieux elfiques et leurs alliés.
Nous ne dirons évidemment rien sur le scénario, sachez seulement que la narration est un vrai régal et nous a souvent ramené à ce que l’on considère comme l’Age d’Or de Bioware : la trilogie Mass Effect. Beaucoup d’éléments nous ont d’ailleurs rappelé un certain Mass Effect 3 et sa menace des Moissonneurs. Entre échecs et succès au prix de lourdes pertes, le périple de Rook et de ses compagnons nous semblait souvent impossible. Jouant beaucoup avec nos émotions, l’écriture de Dragon Age: The Veilguard est très solide, et ce, aussi bien pour la quête principale que pour les quêtes secondaires de compagnons et de faction.
Comptez un peu plus de quarante heures pour terminer l’histoire principale tout en terminant également les quêtes de compagnons et de faction. Il est toujours possible de réduire la durée de moitié en ne se concentrant que sur l’histoire principale, mais ce serait passer à côté d’un contenu bien écrit (hormis quelques rares quêtes de faction) et de la meilleure fin (ceux ayant fait Mass Effect 3 comprendront).
On vous le disait au début de ce test, l’une des pattes de Bioware et de la série est de proposer de nombreux choix lors de l’aventure avec parfois de grosses conséquences. Beaucoup n’ont cependant pas de réels impacts sur l’aventure, mais nous permettent plutôt de forger un certain caractère pour notre personnage. Fait plutôt intéressant, notre race, sexe, classe ou faction d’origine peut permettre l’apparition de réponses uniques à certaines situations. Enfin, un titre Bioware ne serait pas le même sans y incorporer des romances. Dans Dragon Age: The Veilguard, on peut romancer n’importe quel compagnon peu importe la race ou le sexe. Cependant, nous avons été un peu déçus que pendant une très grande partie de l’histoire ces romances ne tiennent qu’à du flirt plus ou moins prononcé. L’officialisation de la relation avec un des compagnons arrive tard et peine à vraiment évoluer avant la fin du jeu. Notez que selon vos choix, des romances peuvent également se nouer entre les compagnons eux-mêmes.
Avec des nombreux choix impliquant de fait de nombreuses conséquences, Dragon Age: The Veilguard propose une aventure qui ne sera pas forcément la même entre deux joueurs et qui, couplée à la qualité de sa narration, pourra donner envie d’être recommencée pour découvrir les résultats provoqués par des actions différentes.
Un monde sublime moins ouvert, mais plus vivant
Les joueurs ayant terminé Dragon Age: Inquisition pourront être surpris par la « faible » durée de vie de Veilguard en comparaison de la centaine d’heures nécessaire pour le premier. La principale raison à cette différence tient déjà dans le terrain de jeu proposé.
Inquisition offrait de vastes zones ouvertes, remplies d’activités annexes en plus du contenu scénarisé. Ici, Dragon Age: The Veilguard mise sur moins de régions disponibles et surtout plus petites à explorer. On retrouve là encore quelque chose de similaire à ce que l’on peut trouver chez Mass Effect 3.
Pour autant, ces zones regorgent elles aussi de collectibles et objectifs annexes à récupérer, mais sans jamais tenir une place trop importante dans notre aventure et nous sortir de la trame scénaristique trop longtemps. Une bonne partie se trouve d’ailleurs sur notre chemin pour peu que l’on cherche un peu à sortir des sentiers battus. Parfois cachés derrière une palissade à détruire, parfois en résolvant une énigme environnementale.
Ces dernières vont souvent faire appel aux compétences de chaque compagnon, Harding pourra ainsi déplacer des blocs de pierre, Bellara interagir avec des artefacts elfiques, etc. Pas d’inquiétude si le membre ne fait pas partie de votre équipe active, par un petit twist scénaristique (pas vraiment expliqué) Rook peut « emprunter » la compétence nécessaire. Les mécaniques fonctionnent assez bien et on prend plaisir à explorer les différentes régions.
Ces dernières sont d’ailleurs toutes plus réussies les unes que les autres. Chacune propose une ambiance totalement différente, des sublimes forêts elfiques d’Arlathan aux terres ensoleillés du Riveïn en passant par les catacombes obscures du Nevarra. Le dépaysement est total et chaque région propose des environnements riches en détail.
Dragon Age: The Veilguard est tout simplement sublime, en plus de la qualité de ses textures et environnements, il bénéficie d’effets de lumière particulièrement bien travaillés. Ces derniers permettent véritablement d’apporter plus de profondeur et de cachet aussi bien à la mise en scène lors des dialogues et cinématiques que lors d’une simple exploration. Les visages sont également bien réalisés et expressifs (même si quelques animations sont parfois étranges), mais c’est surtout la qualité visuelle des cheveux qui nous a impressionné tant elle semble réaliste. Avec tout ça, le Frostbite montre qu’il en a encore dans le ventre et qu’il n’a pas à rougir face aux autres moteurs du marché.
Les anciens joueurs de la licence pourront cependant trouver à redire sur le changement de direction artistique et notamment sur la nouvelle apparence de quelques visages connus dans la série (on vous laisse découvrir qui) et des Qunaris bien plus « lisses » ici.
Pour accompagner ce travail visuel, Bioware a choisi de bien s’accompagner sur la bande sonore du titre en travaillant avec Lorne Balfe et Hans Zimmer. Deux grands noms pour lesquels nous avions donc de grandes attentes. Malheureusement, nous devons admettre être un poil déçus sur ce point. La bande sonore n’est pas mauvaise, mais hormis contre certains boss ou lors des scènes finales, elle ne nous a jamais vraiment marqué. Du côté doublage, les comédiens et comédiennes français ont fait du bon travail avec une VF de bonne facture malgré quelques jeux inégaux chez quelques personnages secondaires.
Un gameplay plus dynamique et spectaculaire
Venons-en maintenant au gameplay de ce Dragon Age: The Veilguard car ce dernier risque bien de diviser la communauté de la licence. Historiquement, les affrontements se voulaient tactiques avec l’utilisation d’une « pause tactique » où l’on définissait la prochaine action de chacun de ses personnages en s’adaptant à ce que faisait l’adversaire. Mais déjà en 2014 dans Dragon Age: Inquisition cet aspect avait commencé à se mettre en retrait pour offrir à de nouveaux joueurs une approche plus orientée action.
Ici, il n’est plus du tout question de pause tactique et les combats se déroulent toujours en temps réel. Beaucoup plus orientés action et grand spectacle, ils n’en sont pas moins plaisants. Nous devons avouer avoir été séduits par ce gameplay finalement proche d’un certain titre déjà cité plus d’une fois dans ces lignes : Mass Effect 3.
En effet, on fait équipe avec deux compagnons au maximum et chacun d’entre eux possède des compétences à utiliser en combat. Pour cela, on peut ouvrir un menu d’action rapide qui fige la situation et permettant de sélectionner les compétences que l’on souhaite utiliser soi-même et pour nos deux compagnons (on peut également leur donner l’ordre de cibler un ennemi en particulier). Selon les compétences utilisées, certaines peuvent se combiner ensemble pour infliger de lourds dégâts aux adversaires. Il devient ainsi pertinent de s’intéresser aux meilleures associations possibles, surtout contres les boss du jeu. Ces compétences sont l’occasion d’assister à un magnifique bal d’effets lumineux et contribuent à l’impression que les affrontements misent davantage sur le spectaculaire que le réalisme. Pour preuve, nos compagnons se téléportent sur l’ennemi ciblé lors de l’utilisation d’une compétence et ces derniers ne semblent pas pouvoir tomber au combat, nous offrant ainsi régulièrement la possibilité de lancer un maximum d’attaques.
En-dehors des compétences, nos options offensives sont une attaque simple avec laquelle on peut réaliser des combos différents selon le nombre de pressions courtes ou longues sur le bouton associé. On dispose également d’une attaque spéciale permettant de briser plus facilement l’armure des ennemis et d’une attaque à distance. Si les options sont limitées au début de l’aventure et peuvent faire craindre une certaine lassitude dans les affrontements, de nouvelles attaques peuvent s’obtenir dans l’arbre de compétences de Rook.
Ce dernier est plutôt conséquent et fonctionne un peu comme le spherier de Final Fantasy, à savoir qu’il est nécessaire d’acquérir certaines compétences et ainsi « tracer un chemin » avant de pouvoir en déverrouiller d’autres. Composé de capacités passives ou actives, cet arbre de talent permet de modeler le gameplay selon ses préférences. Point positif, en particulier pour éviter une éventuelle lassitude, s’il n’est pas possible de changer de classe en cours de partie, il est cependant possible de changer de spécialisation en réinvestissant les points de compétences dans l’arbre à tout moment et gratuitement. L’occasion de tester de nouvelles choses et de nouvelles compétences pour varier les plaisirs.
Notez également que chaque classe dispose de différents types d’armes. Dans notre cas, nous jouions un mage, ce qui nous permettait d’utiliser au choix un bâton, pratique pour le combat à distance, ou un duo dague/orbe de pouvoir pour des combats plus rapprochés. On alterne entre les deux d’une simple pression sur la flèche directionnelle bas, permettant encore une fois de faire varier les affrontements et ne pas se lasser.
Enfin, comme tout bon RPG qui se respecte, Dragon Age: The Veilguard nous permet d’obtenir différentes pièces d’équipement lors de notre aventure. Armes ou armures, ces pièces disposent toutes de statistiques différentes et adaptées à différents types de jeu. Notez qu’il n’est pas possible d’obtenir de doublon pour une arme ou armure précise, si tel est le cas, la pièce déjà obtenue voit alors sa rareté (et ses statistiques) augmenter. L’équipement obtenu ne sera pas toujours dédié à Rook, puisque certaines pièces seront spécialement prévues pour tel ou tel compagnon. Choix étonnant en revanche, le titre ne nous limite pas sur le type d’armure que l’on peut équiper. On peut ainsi être un mage, mais se balader en armure lourde sans subir de contrecoup.
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