Grâce à la magie de la HD-2D, Square Enix a déniché la recette miracle pour remettre ses anciens JRPG aux goûts du jour. Avec des jeux originaux alliant magnifiquement la modernité et le charme rétro (Bravely Default, Triangle Strategy, Octopath Traveler), la Team Asano était le choix idéal pour Dragon Quest III HD-2D Remake. À moins d’avoir déjà succombé à la compilation sur Switch, ce remake est l’occasion rêvée de plonger dans les origines de la « trilogie Erdrick » sans subir la rudesse des mécaniques d’époque. 2024 est une année particulièrement charnière en matière de JRPG (Metaphor, Like a Dragon, Visions of Mana), mais aussi en remakes (Persona 3 Reload, Romancing Saga 2, Final Fantasy VII Rebirth). Alors, Dragon Quest III HD-2D Remake mérite-t-il vraiment sa place parmi les meilleurs titres de l’année ?
Conditions de test : Nous avons terminé le jeu sur PS5 en difficulté normale avec le doublage japonais.
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Dragon Quest III HD-2D Remake prouve que, malgré les années, un jeu culte qui a inspiré les plus grands demeure intemporel. Bien que ce titre soit une légende au Japon, l’adapter n’était pas une mince affaire. Conçu dans les années 80, Dragon Quest III est sorti initialement sur NES en 1988 avant de connaître plusieurs adaptations sur Super NES, Game Boy Color et mobile.
Un joyau du jeu de rôle japonais de type heroic fantasy dans la plus pure tradition qui est porté par un trio talentueux : Yuji Horii (game designer), Akira Toriyama (concepteur des personnages et monstres), et Koichi Sugiyama (compositeur). Si les deux derniers nous ont malheureusement quittés, leur héritage continue de briller, en particulier celui d’Akira Toriyama, qui connaît un véritable retour aux sources ces dernières années avec Sand Land et Dragon Ball Daima.
Ce remake met particulièrement en valeur le travail d’Akira Toriyama sur le design des monstres, tout en sublimant également les nombreux personnages clés du jeu. Les sprites en haute résolution bénéficient de textures améliorées, d’effets d’ombres et de lumières, ainsi que d’animations qui rendent les combats plus vivants et dynamiques.
Cet exemple reflète parfaitement l’ensemble du titre, qui parvient à être plus immersif et expressif. Il en résulte une expérience nostalgique et enrichie pour les fans ayant déjà complété le jeu, tout en offrant une porte d’entrée plus accueillante pour les nouveaux venus. Malgré le poids des années, tous les efforts ont été faits pour que les nouveaux joueurs se sentent à l’aise, grâce à des ajouts de confort respectant notre temps, mais toujours dans les limites d’une fidélité à l’œuvre originale. Pour les anciens qui souhaitent revivre l’aventure en se concentrant uniquement sur la mise à jour visuelle, il est possible de jouer « à l’ancienne » en écartant les nouvelles fonctionnalités, mais l’initiative vous reviendra.
Accueillant pour les nouveaux ?
Car énormément d’éléments de confort permettent de réduire la frustration souvent associée aux jeux de cette époque afin que les nouveaux joueurs puissent apprécier la découverte sans trop rentrer dans le dur. Cela passe d’abord par le choix entre trois modes de difficulté (modifiable à tout moment en cours de la partie) :
- Quête du dragonnet : cela correspond au mode facile pour ceux qui veulent surtout apprécier l’histoire.
- Quête du dragon : le mode normal et recommandé pour avoir un défi équilibré (le mode que l’on a choisi).
- Quête draconienne : un mode très difficile avec des ennemis plus puissants, moins d’EXP et moins de pièces d’or.
Contrairement à Dragon Quest XI, où les monstres sont visibles dans les environnements, Dragon Quest III HD-2D Remake conserve un système traditionnel de combats aléatoires. Ces affrontements sont relativement fréquents, et il n’est pas rare de subir un Game Over inattendu. Habituellement, une défaite entraîne la perte de la moitié de notre or lors du rechargement à la dernière église où l’on s’est confessé. Toutefois, grâce à une sauvegarde automatique activée après chaque combat ou changement de décor, aucune progression ni argent n’est perdu.
Le choix nous est offert entre cette sauvegarde automatique ou un chargement à l’ancienne pour ceux qui souhaitent une expérience authentique. Cependant, cet ajout de confort impacte particulièrement la gestion de l’or et de l’équipement, qui sont les principaux « dommages collatéraux ». Sans perte d’or, la banque perd de son utilité, mais la perte de valeur et d’enjeux sont renforcés par les nombreux points d’intérêt brillants sur la carte du monde, qui procurent un grande quantité d’objets et d’équipements. Cette abondance altère quelque peu la notion de gestion prudente, où chaque décision d’équipement devait être réfléchie.
Autre ajout précieux absent du jeu original : un marqueur d’objectif qui indique la direction à suivre pour progresser dans l’histoire. Ce marqueur peut être désactivé, et bien qu’il offre un gain de temps considérable, nous vous conseillons de ne pas en dépendre dès le début. Toute la magie de Dragon Quest III HD-2D Remake réside dans son exploration ouverte, avec la recherche d’indices et d’objets nécessaires à votre progression. Contrairement à de nombreux JRPG modernes, chaque PNJ offre des informations précieuses sur des zones secrètes ou des indications pour poursuivre votre quête.
Une quête épique et presque parfaite
Une autre fonctionnalité encourage d’ailleurs cette approche : les souvenirs. Après chaque dialogue avec un PNJ ou la lecture d’un message quelconque, il est possible d’enregistrer ces échanges d’une simple pression de touche pour les consulter à tout moment depuis le menu. Une excellente façon de conserver des informations clés à utiliser quand le moment sera venu.
La refonte en HD-2D prend tout son sens dans un jeu mettant autant en valeur l’exploration et la quête épique d’un groupe d’aventuriers. Les villes et continents de cet opus s’inspirent d’ailleurs de lieux réels : Romalie, par exemple, évoque Rome, tandis qu’Ibis rappelle l’Égypte ancienne. Grâce à cette technologie, chaque ville visitée offre un dépaysement total. Il est inutile de s’étendre davantage sur une évidence : visuellement, le jeu est sublime, et l’on reste subjugué tout au long de l’aventure.
Aujourd’hui, il est rare de voir un RPG où les personnages jouables ne sont pas directement impliqués dans les dialogues et où le héros reste silencieux en toute circonstance, d’autant que l’histoire de Dragon Quest III HD-2D Remake reste assez simple et linéaire. Cependant, la force du jeu réside dans son approche accessible, agrémentée de nombreux moments d’humour et de légèreté (parfaitement en phase avec le style graphique de Toriyama), tout en sachant être dramatique quand il le faut. Un des apports les plus réussis de ce remake est le développement approfondi du personnage d’Ortega, le père de notre héros.
Ortega a quitté sa femme et son enfant pour affronter le redoutable Archidémon Baramos. Malheureusement, il échoue dans sa mission, laissant Baramos libre de menacer le monde. Seize ans plus tard, nous incarnons son fils (ou sa fille), qui reprend la quête pour accomplir ce que son père n’a pu achever. La réputation d’Ortega est omniprésente dans l’univers du jeu, et ces ajouts scénaristiques permettent de s’attacher davantage à ce personnage. Le doublage, en japonais ou en anglais, donne encore plus de relief aux scènes clés, même si les puristes pourront préférer l’expérience silencieuse, fidèle à l’original.
Une véritable vocation
Les voix japonaises sont particulièrement appréciables en combat, ajoutant une couche supplémentaire de dynamisme aux améliorations graphiques déjà évoquées. Les affrontements, basés sur un système de tour par tour classique, sont toujours aussi plaisants et tirent pleinement parti des forces de chaque classe. La création de compagnons, la possibilité de changer de classe pour optimiser les personnages, ainsi que le système de personnalité apportent une profondeur stratégique intéressante. En changeant de classe, les personnages repartent au niveau 1 mais conservent certaines compétences acquises et la moitié de leurs statistiques de base, offrant un potentiel de progression accru. Quant aux personnalités, elles influencent la croissance des statistiques selon les traits de caractère, permettant d’adapter le développement des personnages à différents styles de jeu.
Cependant, le jeu conserve un rythme assez lent en raison de donjons souvent longs, accentuant les rencontres aléatoires parfois répétitives, et des pics de difficulté posés par certains boss. La première partie est, pour ainsi dire, assez standard dans la mesure où l’on évite de prendre trop de risques pour éviter des heures de grind. Ce qui se traduit par une équipe hétéroclite avec au moins un soigneur et un mage. Heureusement, le titre regorge de tutoriels et d’une section « astuces du voyageur » qui est une mine d’or d’informations pour mieux comprendre les mécaniques.
Les tactiques, qui permettent de laisser l’IA gérer les groupes de monstres ne nécessitant pas une attention particulière, ainsi que l’ajustement de la vitesse de combat, atténuent ces défauts. L’ajout de contenu inédit joue également en faveur du remake. Dragon Quest III HD-2D Remake bénéficie de l’expérience de la Team Asano, acquise notamment avec Octopath Traveler 2, en intégrant la classe du Monstrologue. Cette classe, plaisante à jouer, s’intègre harmonieusement dans une équipe. À l’image d’Ochette dans Octopath Traveler, la puissance de certaines attaques et l’acquisition de compétences uniques dépendent des monstres pacifiques que vous recrutez en explorant villes, donjons et zones secrètes. Ces monstres peuvent également être utilisés dans des arènes pour des duels à la Dragon Quest Monsters, bien que leurs actions ne soient pas directement contrôlables. Il est seulement possible de définir des orientations, comme favoriser les soins ou l’attaque sans retenue.
Avec les versions orchestrales interprétées par le Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra, la bande-son de Koichi Sugiyama nous transporte grâce à ses mélodies cultes. Cependant, un des aspects qui a mal vieilli réside dans la répétition des thèmes, due aux limitations techniques de l’époque, qui restreignaient le nombre de pistes disponibles. D’autres éléments inspirés par Octopath Traveler 2 s’intègrent parfaitement à l’ambiance du jeu, comme le cycle jour/nuit. Celui-ci influe directement sur l’exploration mais il offre surtout des variantes pour les musiques. En ce qui concerne la durée de vie, tout dépendra de votre degré de complétion et de la difficulté choisie. En mode normal, comptez entre quarante et cinquante heures pour terminer le jeu, en incluant quelques phases de grind.
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