Il y a généralement deux écoles, l’une prônant l’adversaire de toujours, Final Fantasy, et l’autre défendant le traditionalisme des désormais célèbres DraQue. S’il y a encore quelques années, la série Dragon Quest était méconnue en Europe, ce n’est désormais plus le cas, et les deux écoles citées précédemment commencent à se rassembler autour d’un seul et même thème : le J-RPG ! Seize ans après la sortie de l’opus original (pas chez nous, malheureusement), que vaut cette refonte de Dragon Querst VII sur 3DS ?
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ToggleUn début tout en douceur !
Je sors ma 3DS, l’allume et lance avec un brin d’excitation ce fameux Dragon Quest VII : La Quête des Vestiges du Monde ! Une fois la nouvelle partie lancée (le nouveau journal plutôt), je nomme mon héros Jibenc0, et je ne savais alors pas du tout dans quoi j’allais me lancer.
Le titre vous met donc dans la peau d’un jeune garçon, vivant dans la Baie d’Avelin, petit village portuaire vivant de la pêche, et ayant la particularité de faire partie de la seule île au monde, perdue au beau milieu d’un océan aussi vaste que vide. Oui, vous avez bien lu, le monde entier n’est composé que d’une seule île, et les locaux prennent pour un illuminé quiconque osant prétendre qu’il y ait de la vie ailleurs. Pourtant, ce n’est pas le cas du jeune prince Kyllian, futur héritier au trône de ce petit royaume, et qui est accessoirement le meilleur ami du héros. Ce dernier est convaincu de l’existence d’autres continents, et compte bien le prouver. Pour cela, lui est notre protagoniste construisent depuis quelques années un bateau, afin de prendre le large et d’aller voir de leurs propres yeux ce qui s’étend au-delà de l’horizon. Et, vous vous en doutez, cela ne va pas se passer comme prévu bien qu’au final, leurs doutes se verront justifiés.
Se lance alors une aventure que l’on perçoit grande, de prime abord, mais que l’on constate absolument gargantuesque au fur et à mesure que le scénario se déroule. Dragon Quest VII n’est pas simplement riche en contenu, il est carrément monstrueux ! Comptez la centaine d’heures pour arriver au terme de ce périple. En effet, c’est beaucoup, mais la question à se poser est la suivante : est-ce que toutes ces heures sont correctement remplies ? En tout cas, le début de partie ne laisse pas de place au doute : le premier combat intervient après une heure et demie de jeu (voire deux heures). Le premier constat se pose là : le joueur sait d’emblée que les allers retours seront légions, parfois inutiles, souvent gonflants. En revanche, ils sont toujours justifiés, mais tout de même, dîtes-vous que vous allez avaler les kilomètres à pieds encore plus vite que Forrest Gump !
Toutefois, si le début traîne en longueur, c’est pour mieux savourer ce qui arrive ensuite, car c’est véritablement après avoir effectué votre premier voyage dans le temps que le titre commence, tout doucement, à se dévoiler. La logique de progression est toujours la même : vous débarquez sur une île du passé, vous trouvez le village/donjon/château de la zone, vous enchaînez les discutions et les combats pour, enfin, rétablir la paix, et revenir dans le présent, où ladite île est désormais apparue.
Effectivement, toutes les îles ont été détruites dans le passé, ce qui explique que l’habitat du héros est la seule encore existante au monde. En remontant dans le temps et en changeant le cours de l’Histoire, vous empêchez donc ces terres de se voir rayées de la carte et pouvez les explorer de deux façons différentes : à l’ère ancienne et à l’ère moderne ! Pour débloquer ces nouveaux lieux, vous devrez mettre la main sur des fragments de tablette, qui sont de différentes couleurs. Une fois que vous en avez assez, il faut se rendre au Sanctuaire des Mystères, les poser sur un piédestal et foncer pour une nouvelle aventure. Cette progression reste somme toute assez linéaire, mais l’excitation de voir l’histoire principale « découpée » en plusieurs épisodes parvient à relancer l’intérêt et à poursuivre la quête.
Un gouffre de temps sans fond
Et ce n’est pas rien de le dire. En effet, tout dans ce jeu est une bonne raison de se perdre et de fureter à droite et à gauche. Très souvent, il faut prendre le temps de parler à TOUS les PNJ d’une ville pour débloquer une cinématique importante et progresser. Le joueur qui n’aura pas la patience de le faire se retrouvera alors coincé environ une fois par heure. Surtout que, comme cité plus haut, le jeu se veut très lent, et j’en veux pour preuve l’accès aux différents jobs.
Ceux-ci sont variés et nombreux, et relance l’aventure à un moment où on a presque envie de la lâcher. Tenez-vous bien, car avant de changer vos héros en voleurs, marins, mages ou encore prêtres, il vous faudra environ entre 20 et 25 heures de jeu ! Lourd !
Arrivé à ce niveau, les combats reprennent également un intérêt certain, car une jauge invisible fait alors son apparition, qui se remplit au fur et à mesure des joutes, et qui vous permet de monter votre « niveau de classe » et ainsi d’apprendre de nouveaux sorts ou de nouvelles aptitudes. Une fois une classe maîtrisée, vous pouvez en changer tout en conservant vos anciennes capacités. Votre équipe se transforme alors en véritable petite troupe faite de machines à tuer. Se battre devient alors une seconde nature, ce qui vous motive à réaliser une « course aux jobs » afin d’en débloquer de nouveaux, et renouveler le processus. Clairement, ces classes sont un des gros points forts du titre, qui permettent une personnalisation folle de vos héros.
Rien qu’avec ces quelques éléments, nous pouvons sentir le côté chronophage du titre, qui est plus que démentiel. Je maintiens qu’il faudra beaucoup de patience et d’envie pour ne pas se lasser. Le joueur n’étant pas habitué à la série des Dragon Quest, volontairement exubérante, pourra être rebuté par cette avalanche de contenu. En revanche, pour les aficionados des RPG à la japonaise, vous avez là un véritable sésame, au format de poche, avec une aventure de plus de cent heures au creux de la main (surtout si vous visez le 100%).
Seize ans après, quel constat ?
Le jeu a-t-il bien vieilli ? Je serai tenté de répondre « oui et non ». Certes, certains passages de l’opus original ont été raccourcis afin de séduire un maximum de joueurs, et l’ajout du radar à fragments ainsi que de nombreuses aides annexes ont été rajoutées (ce qui n’était pas le cas à l’époque). Ces divers éléments facilitent un tantinet l’aventure et nous évite de nous perdre trop longtemps à cause d’un détail que l’on aurait loupé.
Toutefois, même si cela reste personnel, j’ai toujours un peu de mal avec le côté « austère » des différents menus ou boîte de dialogues, et du jeu en général. Bien entendu, cela fait partie de l’ADN de la série, mais il y a bien un moment où cela va devoir changer, qu’on le veuille ou non, car pour le moment, ce côté « vieillot » facilite certains passages et en complique d’autres, et je comprends que cela puisse rebuter. C’est comme attendre la fin d’un jinggle d’une douzaine de secondes lorsqu’un nouveau membre rejoint notre équipe : c’est énervant et redondant. À croire que sur la centaine d’heures qu’offre le soft, la moitié se trouve dans les allers retours, les jinggles et autres dialogues. Mais après tout, le jeu est conçu de cette manière : il est lent ! Et se lancer dans l’aventure sans en prendre conscience peut vite vous refroidir. Les Dragon Quest sont des jeux dans lesquels il faut savoir où l’on met les pieds, ils ne sont pas faits pour les impulsifs.
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Côté direction artistique, on retrouve, comme toujours, la patte d’Akira Toriyama au design des monstres et des personnages et force est d’admettre que son talent, mêlé à l’OST absolument magistrale du soft, confère à l’aventure une aura très particulière qui parvient à séduire et à accrocher le joueur. Oui, c’est beau, c’est sonore et c’est vivant, même si parfois un peu inégal selon les zones. La carte du monde, et des îles en général, sont souvent très vides, et cela se renforce dans le présent, où les monstres disparaissent carrément de la carte. Certes, c’est cohérent avec le scénario, mais c’est « vide », et le popping de certains éléments, comme les arbres, trahit un manque de finitions sur ces moments de courses d’un lieu à l’autre.
De plus, j’ai constaté certaines chutes de framerate sur 3DS, qui disparaissent totalement sur New 3DS, ce qui dénonce, une fois de plus, une optimisation mal calibrée. Rassurez-vous, rien de bien méchant, cela ne gâche absolument pas l’expérience de jeu.
Pour autant, ne boudons pas notre plaisir, car Dragon Quest VII : La Quête des Vestiges du Monde se pose désormais comme une référence du genre sur 3DS !
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