Alors que beaucoup de joueurs se sont à peine remis du portage de Dragon Quest VII : La Quête des Vestiges du Monde (dont vous pouvez retrouver le test ici), voilà que débarque déjà le nouveau challenger avec ce huitième opus qui, rappelons-le, était sorti initialement sur PlayStation 2 en 2006. Avec sa politique nouvelle de mieux implémenter cette saga en occident, force est d’admettre que Square Enix se donne les moyens et que cet épisode gomme certains détails techniques que j’ai pu reprocher à son grand frère. Voyons ce que vaut cette nouvelle édition de Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit.
Sommaire
ToggleIl faut toujours se méfier du Bouffon du Roi !
Vous incarnez « Le Héros », un jeune garde qui, à l’instar d’un elfe célèbre, ne parle pas, et vous êtes projetés au sein d’un scénario qui a déjà joué quelques cartes au moment où l’aventure débute. C’est donc à coups de flashbacks et autres interprétations dans les dialogues que l’on commence tout doucement à appréhender les prémices de cette quête que l’on sent déjà très complexe.
Accompagné d’un bandit tête en l’air, d’une petite créature verte assez repoussante et d’un cheval pour le moins « sacré », on peut très vite se sentir perdu dès les premières minutes. Mais si vous connaissez bien la série, vous savez probablement que les Dragon Quest ne se comptent pas en minutes, mais bien en heures.
Vous apprenez donc assez vite que notre bande de joyeux drilles est sur les traces de Dhoulmagus, un sorcier maléfique qui a jeté un sort sur le château du Roi Trode, tuant et transformant en monstres l’intégralité des occupants. Tous ? Non, notre jeune héros, garde de son état, est le seul à avoir mystérieusement échappé au sortilège. Le Roi Trode s’est vu changé en gnome vert et sa chère fille, la princesse Médéa, en cheval. En effet, c’est donc en royale compagnie que notre héros tente de retrouver le sorcier afin d’inverser cette malédiction.
La quête se compose donc d’un fil rouge planant au dessus de nos héros, réparti en plusieurs donjons, quêtes annexes et autres objectifs optionnels. Un peu à la manière du septième opus, on a cette sensation d’avancer par « épisode » (ou par « arc ») scénaristique. Cette progression permet de ne pas se sentir trop largué durant l’aventure et les nombreux rebondissements liés à l’intrigue. À contrario, il installe obligatoirement une linéarité qui fera grincer des dents les habitués des schémas un peu plus nerveux. Après tout, la formule Dragon Quest est toujours présente : c’est un jeu où il est crucial de prendre son temps et de ne pas vouloir aller plus vite que lui.
De fait, vous constaterez très vite que le jeu vous impose de lui-même des séances de farms et de levelling forcés, et croyez-moi : vous n’y couperez pas ! Certains boss sont tellement puissants lors d’une première rencontre que même une tactique bien employée ne suffira pas à vous en défaire. Cette mécanique était surtout répandue à l’époque, il faut donc avouer qu’un joueur non-initié à cette pratique se sentira frustré, mais c’est là la rançon de la gloire !
Un tour par tour amélioré !
Le système de combat de Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit reprend traits pour traits les mécaniques des anciens épisodes. Nous avons donc ici du pur tour par tour à l’ancienne, mais toujours aussi bien ficelé. Une des nouveautés incluses dans cet opus est la « Tension », ou la capacité de charger sa puissance à chaque tour pour lancer des attaques dévastatrices par la suite. Croyez-moi, lorsque vous en arriverez au point où les combats commenceront à s’éterniser, cette feature sera plus que bienvenue.
Ce n’est pas tout, puisque les monstres sont désormais visibles directement sur la carte (ce qui n’était pas le cas de la version originale). Ainsi, vous pourrez à loisir éviter les monstres ou bien vous battre contre tel ou tel groupe de monstres.
Conscient de certaines faiblesses, notamment sur la redondance des joutes et sur le fait de leveller régulièrement, Square Enix a également eu la bonne idée de pouvoir augmenter la vitesse des combats (x1,5) afin de pouvoir les enchaîner plus rapidement. Personnellement, j’ai activé ce mode dès le début et je ne suis jamais revenu à la vitesse de base.
Concernant les compétences, celles-ci se gagnent en attribuant des points de compétences (que vous obtenez à chaque gain de niveau) et qui vous permettent d’investir dans un type d’arme précis. Ainsi, le Héros peut mieux manier l’épée, la lance ou le boomerang par exemple, tandis que Yangus sera plus porté par les haches ou les masses.
Attention toutefois, privilégier un seul type d’arme n’est pas toujours la meilleure option, car il arrivera toujours un moment où vous tomberez sur un ennemi (ou un boss) qui résistera à votre arme de prédilection. La variété est donc la clé, en alternant entre dégâts physiques et magiques !
Des ajouts bienvenus !
Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule (même si parfois, si), il faut également compter sur l’ajout de deux nouveaux personnages : Rubis et Morry, qui viendront fleurir votre équipe avec de nouveaux sorts et équipements. Au total, c’est donc avec six personnages que vous poursuivrez votre aventure. Et si vous pensez avoir une équipe surpuissante, n’hésitez pas à aller faire un tour du côté du tout nouveau donjon rajouté spécialement pour l’occasion : vous aurez de quoi faire !
De plus, vous avez également la possibilité d’activer le Streetpass de votre console nomade afin d’interagir avec les passants pour gagner certains items, et vous pourrez même vous amuser à prendre des photos de décors ou de vos personnages (prenant des poses assez loufoques, parfois) et les partager sur Miiverse. Une chose est sûre : ce portage 3DS fait du neuf avec du vieux, mais il est au moins en phase avec son époque !
Côté durée de vie, et selon les difficultés que vous rencontrerez durant l’aventure, comptez en moyenne une cinquantaine d’heures de jeu pour boucler le scénario (et forcément plus si vous visez le 100%, bon courage quand même).
Ensuite, penchons-nous sur la direction artistique, même si je pense que je vais me répéter par rapport au portage de l’opus précédent. Globalement, nous retrouvons ce côté un peu cel-shading qui va si bien à la 3DS. En soi, il est clair qu’étant donné les limitations de la nomade de Nintendo, c’est déjà remarquable de pouvoir faire tenir ce jeu sans faire exploser la portable. Mais vous vous en doutez, pour que ce pari soit faisable, il fallait bien privilégier certains aspects plutôt que d’autres, alors je ressors le coup de la mappemonde qui est certes moins vide que Dragon Quest VII, mais qui continue d’afficher les arbres et autres éléments un peu lointain en « popping ». Cela ne gâche en rien l’expérience, mais il est dommage que ces aspects « techniques » n’aient pas pu être gommés.
En revanche, il n’y a absolument rien à redire sur l’OST du jeu, divine, qui malgré un léger downgrade sonore (dû au portage), continue d’émerveiller. Tantôt mélodique, tantôt épique, nous retrouvons dans la bande-son, tout comme dans le sound-design un peu kitch, la fameuse patte « Dragon Quest » qui est propre à la saga.
Quitte à continuer dans les points faibles, je sais que je me répète encore une fois : j’ai toujours du mal avec l’aspect austère des menus, qui sont certes complets, mais surtout complexes. Ainsi, il n’est pas rare de passer plusieurs minutes dans un menu précis à errer pour changer telle ou telle option et les « miss clicks » sont plutôt fréquents. L’ajout de certains raccourcis qui étaient absents de l’opus original sont bienvenus, mais n’arrangent pas tout.
En revanche, les dialogues du jeu disposent d’un doublage anglais de haute volée, et renforce l’immersion du titre, qui se veut tantôt sérieux, tantôt avec des ressorts comiques : dans tous les cas, la qualité est au rendez-vous et participe à améliorer les discussions qui sont généralement dans les Dragon Quest plutôt longuets et redondants.
Pour le reste, il faut bien se rendre compte que malgré sa linéarité certaine et une difficulté bien maîtrisée, ouverte au challenge, c’est une véritable aventure colossale qui tient au creux de la main. Il est bien rare aujourd’hui de trouver des jeux de plus de cinquante heures sur Nintendo 3DS, et avec ce portage, tout comme son frère aîné, Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit arrive à relever le pari haut la main et s’en sort avec les honneurs !
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