Attendu comme le messie par ceux souhaitant une expérience unique du RPG en monde ouvert, Dragon’s Dogma 2 est sans doute le plus gros pari de Capcom depuis longtemps pour populariser une franchise qui avait grandement divisé lors de la sortie de son premier opus. 10 ans plus tard, Hideaki Itsuno et son équipe ont peaufiné la formule et profité des technologies modernes pour nous sortir une suite plus belle, plus maîtrisée, mais toujours extrêmement audacieuse comparée aux classiques du genre. Même s’il risque fortement de ne pas plaire à tout le monde, il va néanmoins marquer les esprits.
Conditions de test : Nous avons terminé le titre une première fois sur PC et nous avons également quelques heures sur une seconde partie. Bien que nous n’ayons pas exploré le titre à 100%, nous en avons une très bonne vision d’ensemble. Nous avons joué principalement en 1080p (Ryzen 7 5800x3d, AMD Radeon RX 6700 XT, 16 Go Ram DDR4).
Note : Le jeu possède des microtransactions permettant d’obtenir des items en jeu. Ces informations nous été fournies par Capcom lors de notre test. Bien que l’on ne soit pas très friand de la pratique, il n’est absolument pas nécessaire d’y avoir recours. Tout ces éléments sont disponibles dans le jeu. On vous encourage même à éviter ces dépenses au risque de passer à côté de l’expérience voulue par les développeurs.
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ToggleLe RPG de l’amour vache
Bien qu’il ne soit pas directement lié au premier jeu de la licence, Dragon’s Dogma 2 reprend les mêmes bases en ce qui concerne son histoire. Vous incarnez un Insurgé, un élu choisi par le Dragon pour le combattre lors du dénouement de sa quête. Cette sélection singulière, marquée par le fait que le Dragon a dévoré votre cœur, vous confère une puissance exceptionnelle. Vous avez aussi la capacité unique de commander des Pions, des serviteurs humanoïdes dépourvus de volonté propre, destinés à vous assister dans votre aventure. Dans ce nouvel opus, il est avant tout le souverain légitime du royaume de l’humanité, Vermund.
Toutefois, ce destin illustre n’est pas immédiatement à votre portée, la cour ayant intronisé un faux Insurgé. Vous débuterez ainsi en tant qu’esclave dans une mine éloignée, d’où vous vous évaderez pour rétablir la vérité. Aux confins de ce royaume se trouve Battahl, la nation des léonins (des lions anthropomorphes) qui possèdent une culture et des croyances radicalement différentes, allant même jusqu’à considérer les pions comme une source de malheur.
Dragon’s Dogma 2 ne mise pas sur une trame narrative captivante ni sur le développement approfondi de ses personnages, car l’accent est mis sur l’Insurgé et son ultime affrontement. Ce RPG privilégie l’exploration d’un univers singulier, sauvage, regorgeant de mystères et au lore cryptique. C’est un parti pris qui vise à enrichir votre périple par des quêtes soigneusement élaborées, nécessitant un minimum d’implication et de recherches. De plus, chaque PNJ se distingue par un profil et une fonction uniques, vous permettant d’établir des liens avec eux ou de les ressusciter à la morgue si leur présence est cruciale pour une mission.
C’est l’aventure avec un grand A qui pourra vous faire passer des heures au sein d’une capitale pour résoudre différentes quêtes ou bien à l’extérieur à la découverte de nouveaux territoires inexplorés. Bien que le jeu brille par ses nombreuses qualités, il présente également certains défauts qui pourraient ne pas convenir à tous. Toutefois, il est rare qu’un titre AAA, surtout dans le genre des mondes ouverts, fasse preuve d’autant d’originalité et d’audace dans sa conception. Cette audace pourrait cependant aliéner les fans du premier opus, en attente de changements plus significatifs.
Plutôt que de s’inspirer des éléments à succès des autres franchises majeures du genre, les développeurs ont choisi de poursuivre avec conviction l’idée initiale de « Dragon’s Dogma », et il est indéniable que le résultat est remarquable. Malgré certains moments de frustration, le jeu propose dans l’ensemble une expérience véritablement rafraîchissante.
Ce qui pourra vous détourner du dogme
À une époque où les jeux à gros budget mettent un point d’honneur à peaufiner l’expérience utilisateur, en minimisant la frustration grâce à des introductions légères et des tutoriels exhaustifs, Dragon’s Dogma 2 adopte une approche moins indulgente envers les nouveaux arrivants. Si découvrir le jeu à la dure possède son charme, cela peut néanmoins décourager certains joueurs, déstabilisés par un dépaysement prononcé. On a tout de même envie de vous dire de vous accrocher pour profiter de ce qu’il a à offrir.
Bien que l’on puisse lui reprocher une certaine austérité pédagogique concernant ses mécaniques de jeu, cela témoigne surtout de leur profondeur. Le jeu incite à privilégier la marche pour explorer son univers, bien que des ajustements aient été apportés par rapport au premier opus : l’introduction de chariots tirés par des bœufs facilitant les déplacements entre les villes, malgré le risque d’attaques pouvant vous contraindre à continuer à pied. Le système de téléportation via des pierres spécifiques reste en place, mais son usage est restreint, vous incitant à les utiliser judicieusement.
En début de partie, les attaques fréquentes sur les routes peuvent devenir lassantes. Une simple escarmouche avec des gobelins ou des bandits peut rapidement dégénérer en chaos si d’autres créatures plus imposantes se joignent au combat. Les monstres ont même la possibilité de lancer des assauts dans les villes, bien que cela reste rare. Le titre cherche à vous tenir en haleine, avec des ennemis et des trésors dissimulés à chaque tournant, engendrant un mélange de plaisir et de frustration.
Toujours est-il que Dragon’s Dogma 2 possède des défauts concrets. Nous avons relevé certains bugs, notamment dans le système d’agression, où les attaques persistent même après avoir purgé une sentence au cachot, et des problèmes de pathfinding des PNJ dans quelques situations. L’inventaire est toujours aussi peu ergonomique (là par contre, Baldur’s Gate 3 aurait pu servir d’inspiration). On aimerait par exemple pouvoir sélectionner plusieurs items à la fois pour les donner aux pions. En outre, la lisibilité de l’action laisse parfois à désirer avec une caméra ponctuellement capricieuse (vous pouvez la reculer dans les options mais l’effet reste très limité) et des effets visuels qui peuvent surcharger l’écran. On peste également contre le système de ciblage qui peut vite nous embêter lorsque l’on cherche à viser une partie précise d’un monstre à l’arc par exemple.
Médiéval Hunter
Bien que certaines critiques soient légitimes et puissent susciter des inquiétudes, elles n’ont en rien diminué notre plaisir à nous plonger dans cette aventure singulière. Le savoir-faire de Capcom en matière de gameplay est une nouvelle fois évident dans Dragon’s Dogma 2, grâce à une équipe talentueuse ayant contribué aux derniers opus de Devil May Cry. Le jeu propose initialement des classes de base telles que le guerrier, l’archer, le mage, et le voleur, mais vous aurez ensuite l’opportunité d’accéder à des classes plus exotiques. L’aspect crucial réside dans le fait que chaque classe est traitée avec le même soin, permettant ainsi à tous les styles de jeu de trouver leur place.
L’intelligence artificielle joue un rôle clé dans l’équilibrage, transformant vos pions en coéquipiers fiables qui soutiennent l’action sans pour autant enlever au joueur son rôle central. Vous pouvez ainsi briller dans les combats en choisissant une classe offensive telle que le Chevalier Mage, ou opter pour un rôle de support avec, par exemple, l’Illusionniste, capable de semer la confusion parmi les ennemis en créant des illusions ou en prenant le contrôle de leurs actions.
Il est difficile de s’ennuyer avec l’abondance de possibilités offertes. Les classes évoluent, débloquant de nouvelles compétences passives et attaques spéciales à équiper. Changer de classe peut également vous offrir une perspective neuve sur les combats. La physique remarquable du jeu et les animations ajoutent une couche stratégique aux affrontements, rendant particulièrement gratifiant le fait de projeter des gobelins par-dessus une falaise ou de faire tomber de gigantesques colosses.
L’exploration révèle la finesse de la physique à travers des interactions avec l’environnement, comme utiliser un cyclope en guise de pont ou faire dévaler des rochers sur un groupe d’ennemis. Explorer est très gratifiant, et les pions se révèlent d’excellents compagnons de voyage, capables de vous sauver d’une chute ou de fournir des conseils utiles. Bien qu’ils puissent parfois devenir trop bavards (une option permet de désactiver leurs dialogues), le système de partage de pions avec d’autres joueurs reste ingénieux.
Les « quêtes de pion » enrichissent cette dynamique, offrant des récompenses de la part de leur propriétaire original pour avoir vaincu certains ennemis ou collecté des ressources spécifiques. Forts de leurs expériences accumulées avec d’autres joueurs, ils peuvent pointer du doigt l’emplacement des trésors ou suggérer des directions pour vos quêtes, sans toutefois vous mâcher le travail.
Ah le Battahl !
Dragon’s Dogma 2 offre une profusion de détails qui contribuent à son caractère unique. Bien que les restrictions liées à l’embargo et le désir d’éviter de révéler trop d’informations nous empêchent de tout partager, sachez qu’il y a amplement de quoi s’occuper avec des dizaines d’heures de jeu devant vous. Difficile de donner une réelle estimation de la durée de vie tant celle-ci dépend de vos actions. En 40 heures nous avons couvert une bonne partie du jeu mais en oubliant beaucoup de secrets, mais vous pouvez compter sur une bonne rejouabilité pour développer d’autres classes et découvrir ce que vous aviez manqué précédemment.
L’esthétique Dark Fantasy de Dragon’s Dogma 2 dégage un charme irrésistible. Tout comme dans le premier jeu, on y retrouve une ambiance médiévale crue et authentique, enrichie cependant par des panoramas époustouflants, une nature sauvage finement détaillée et des décors inspirés. Le royaume de Battahl, avec sa capitale léonine, apporte une véritable bouffée d’air frais à la direction artistique, en s’écartant des clichés esthétiques du Moyen Âge européen pour offrir une plus grande diversité d’environnements. La capitale des léonins est sans conteste la zone la plus belle du jeu. Même s’il montre parfois ses limites au niveau de certaines textures, des jeux de lumière ou de la modélisation des visages, le RE Engine de Capcom fait des merveilles pour cette suite. Encore plus si on le compare au précédent. Le rendu n’en reste pas moins largement satisfaisant pour pleinement apprécier ce fantastique monde ouvert.
Vous l’avez sans doute déjà pris en main, mais rappelons que l’éditeur de personnage est dans le haut du panier dans ce qui se fait déjà. En ce qui concerne la technique, Dragon’s Dogma 2 se révèle relativement fluide sur PC sauf dans les capitales, notamment Vermund où l’on constate de grosses chutes de FPS (sans pour autant rendre le tout injouable). Il reste néanmoins assez gourmand, on vous conseille donc de bien observer les configurations recommandés. Etant donné que nous avons eu accès au jeu avant sa sortie officielle, on espère tout de même que Capcom sorte un patch assez rapidement concernant l’optimisation.
Enfin, sachez que le RPG ne va pas vous marquer par sa musique. Capcom a fait le choix de l’immersion sonore, ainsi la musique intervient uniquement ponctuellement, toutefois ces interventions rares permettent de donner un caractère épique. Le thème de la licence qui se déclenche lorsqu’un monstre important est sur le point d’être terrassé est du plus bel effet. Le motif subtil qui accompagne la visite de la capitale de Battahl, aux accents moyen-orientaux, est également appréciable. En ce qui concerne le doublage, les versions anglaise et japonaise sont de bonne facture, bien qu’elles ne se distinguent pas particulièrement, ce qui s’accorde avec les observations précédentes sur la narration et les personnages du jeu.
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