L’immense popularité de Persona 5 a donné des idées à pas mal de studios, aussi bien occidentaux qu’asiatiques, et JFI Games en est un bon exemple. Impossible de nier l’influence de la saga d’Atlus lorsque l’on a lancé le tout premier Dusk Diver en 2019. Si le gameplay n’avait rien d’un Persona, étant plutôt orienté vers le beat’em up, toute la direction artistique, les thèmes abordés, les relations entre les personnages, les activités annexes et d’autres transpiraient par tous les pores l’admiration pour les aventures des Voleurs Fantômes. Mais ce premier épisode n’avait pas réussi pour autant à conquérir notre cœur malgré un bon feeling général, plombé par des errances que l’on pouvait pardonner à un studio dont c’était le premier jeu.
On attendait donc de voir si sa suite, Dusk Diver 2, allait corriger ces erreurs de jeunesse. Mais le résultat est bien plus mitigé que ce à quoi on aurait pu s’attendre, avec un deuxième épisode qui améliore grandement certaines bases, tout en se ratant sur certains fondamentaux.
Conditions de test : Nous avons terminé Dusk Diver 2 en une quinzaine d’heures de jeu, en effectuant 90% des quêtes annexes, sur PS5 en mode Normal.
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ToggleRetour des ennuis pour Yumo et sa bande
Un an s’est déroulé depuis la fin des événements de Dusk Diver. On retrouve une nouvelle fois Yang Yumo, une jeune femme qui est désormais étudiante universitaire le jour et chasseuses de démons la nuit (ou plutôt une Diver). Lorsqu’elle ne potasse pas ses cours ou qu’elle ne travaille pas à la superette du coin, qui sert toujours de base pour ses opérations, elle part en direction du Youshanding, une dimension parallèle où elle continue d’affronter des monstres qui tentent d’envahir le royaume des humains. Elle est toujours accompagnée par ses trois gardiens, Leo, Le Viada et Bahet, des êtres venus d’un autre monde qui sont désormais bien acclimatés à la vie chez les humains.
Tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce que le Youshanding enregistre des pics d’activités suspectes, avec de nouveaux mystérieux personnages qui vont entrer en jeu, dont une nouvelle Diver énigmatique qui semble semer la zizanie. On en dira pas plus pour éviter de gâcher les quelques rebondissements, qu’on voit malheureusement assez vite venir pour la plupart malgré une ou deux surprises, mais pas de quoi tomber de sa chaise pour autant.
Dusk Diver 2, est, comme son aîné, un jeu assez bavard et économe dans sa mise en scène, avec seulement une poignée de cinématiques qui viennent apporter du rythme entre deux dialogues. En ce sens, il est très proche d’un Persona, si tant est que la qualité d’écriture n’est évidemment pas la même. Bien que dénuée d’une vraie originalité, l’intrigue se suit pourtant sans déplaisir grâce à la multitude de personnages introduits par cette suite. Tous ne sont pas pour autant développés (la mystérieuse Diver justement, plus figurante qu’autre chose), et on a bien du mal à définir les ambitions de certains même après avoir terminé le jeu, mais ils permettent de varier un peu les situations et les enjeux autour de Yumo.
Un épisode plus abouti visuellement
Si le tout nous a semblé plus agréable à suivre que dans le premier volet, il se peut que cela soit aussi grâce à la traduction française qui est présente dans ce Dusk Diver 2. Le premier épisode n’y avait pas droit, et on ne va pas se mentir, c’est un confort supplémentaire non-négligeable pour apprécier ce que l’on nous raconte. Elle n’est cependant pas irréprochable, avec quelques lignes de dialogue qui sont passées à la trappe et quelques erreurs dans les pronoms, mais pour un petit studio et un éditeur peu connu, on salue l’effort.
Cette appréciation est aussi aidée par un chara-design plus travaillé que dans le premier Dusk Diver. Les portraits des personnages sont plus réussis et si on n’échappe pas à quelques designs extravagants, avec du fan-service au passage, l’ensemble nous parait nettement plus abouti que par le passé. Même les menus et les modèles 3D ont bénéficié de plus de soin, avec un rendu plus propre et un moteur qui s’en sort un peu mieux.
On reste tout de même sur une suite directe qui ne peut pas créer des miracles sur le point technique, et ça se ressent une nouvelle fois dans la foule présente dans les différents quartiers de la ville. On retrouve toujours ces silhouettes colorées sans vie pour représenter la population, avec tout de même quelques PNJ qui se démarquent un peu en étant un chouia plus travaillés, ne serait-ce que pour faire brièvement illusion.
Enfin un peu de variété dans les décors
Ces problèmes de budget se ressentent à nouveau sur le mixage sonore, déjà catastrophique dans le premier opus. Et on a bien moins envie de le pardonner ici. Certains dialogues saturent complétement le son, et après avoir vérifié que ce n’est pas notre TV qui déconnait à plein régime, on se met facilement à pester devant ce problème récurrent qui gâche l’immersion et qui irrite nos oreilles. On reste étonné de voir qu’un tel souci se produise sur non pas un, mais deux jeux, sans que le studio ne prenne la peine de le régler.
S’il y a bien une critique que le studio a pris en compte, c’est celle du manque de variété dans son level-design et ses décors. Alors, encore une fois, pas de quoi tomber à la renverse, mais Dusk Diver 2 est tout de même bien plus varié à ce sujet que le premier.
Dusk Diver répétait énormément la mise en place d’un décor urbain, sans grande fantaisie, et on retrouve parfois cela dans Dusk Diver 2 avec un décor de station de métro qui a tendance à être décliné sous plusieurs formes. Mais force est de constater que l’on retrouve bien plus de variété ici, avec un donjon en forme d’immense terrain de salle d’arcade, ou encore une base militaire, et même des décors extérieurs loin de tout urbanisme (et ça fait un bien fou).
Plus on est de fous…
On sent que le studio a voulu apporter un peu de diversité au titre et éviter l’effet Dusk Diver 1.5, et c’est sans doute pourquoi il s’est mis en tête de complètement repenser le système de combat. Si le premier épisode tenait parfois presque du Musou, dans le sens où les ennemis étaient nombreux et où il fallait gérer le terrain, Dusk Diver 2 embrasse plus clairement son orientation beat’em up.
Le premier changement, et pas des moindres, nous vient déjà du fait que Yumo n’est plus seule sur le champ de bataille. Elle n’a désormais plus besoin des pouvoirs des Gardiens pour combattre, mais ces derniers se battent désormais à ses côtés, plutôt que d’intervenir seulement en aide. Avec quatre personnages sur le champ de bataille, la dynamique des affrontements est donc radicalement différente. On peut toujours faire appel à ses coéquipiers le temps d’une brève attaque, mais on peut surtout switcher de personnage jouable à la volée.
Vous pourrez donc contrôler directement Leo, Le Viada et Bahet, qui disposent de leur propre façon de se battre qui change de celle de Yumo. Leo est le bourrin de la bande, plutôt lent mais qui tape fort et qui peut créer des explosions ; Le Viada se bat à distance avec ses armes à feu ; et Bahet est un combattant rapide avec une grande portée grâce à sa faux, mais qui est moins puissant.
Malheureusement, tous ne sont pas égaux ici. Bahet s’en sort avec les honneurs en étant le personnage le plus agréable à manier, tandis que Le Viada est un petit échec tant son gameplay est imprécis. Par contre, c’est le zéro pointé pour tout le monde niveau intelligence artificielle, avec des coéquipiers à l’autre bout du terrain qui restent plantés comme des piquets en vous regardant vous battre.
Finalement, sauf si l’on a vraiment un coup de cœur sur un personnage en particulier, on restera avant tout dans la peau de Yumo, qui dispose des attaques les plus satisfaisantes. Le système de combat reste toujours simple à prendre en main avec seulement 2 ou 3 combos à retenir ainsi que trois attaques spéciales à déclencher via des raccourcis, tandis qu’une jauge de Burst va nous permettre de nous transformer pour infliger plus de dégâts, avec une attaque ultime à la clé.
… Moins on rit
La différence fondamentale entre le premier opus et ce Dusk Diver tient dans le rythme des combats, plus lents dans le second épisode. Cela se ressent au niveau de l’esquive et du « flow » général des combats, avec des actions un poil plus lentes. Dusk Diver 2 veut davantage jouer sur le placement et sur son système de Choc, qui nécessite d’assommer les ennemis en les envoyant valser sur les murs des arènes. Tout le système de combat repose sur cette mécanique maintenant, et c’est pour cela que Yumo est finalement le seul personnage jouable vraiment utile, étant donné que c’est elle qui peut le mieux projeter les adversaires (contrairement à Le Viada par exemple).
Sauf que ça ne marche pas du tout. Au-delà du fait que cette mécanique est très imprécise (on peine parfois à comprendre pourquoi notre coup n’a pas projeté l’ennemi là où on le voulait), tout est plombé par le fait que les ennemis sont d’immenses sacs à PV. On aimerait vous dire que l’on exagère un peu, mais on a rarement vu ce problème étant autant accentué que dans Dusk Diver 2. Cela prend un temps fou pour tuer ne serait-ce qu’un ennemi en mode Normal, et ce n’est pas une question de niveaux et de skills. Pour tout vous dire, nous avons terminé le jeu avec Yumo au niveau 80, qui arrivait tout juste à battre des ennemis aux alentours des niveaux 45-50 sans faire monter le compteur de combo à plus de 50 coups (on est même monté à 700 coups pour un seul combat avec pourtant peu d’ennemis, c’est vous dire notre patience).
Et cela, c’est à cause de ce système qui veut faire en sorte qu’un ennemi ne perdra qu’une infime partie de sa vie s’il n’est pas en étant de Choc. Et même en prenant cela en compte, les combats ont tendance à s’éterniser plus que de raison, sachant qu’il y en a déjà à la pelle (logique pour un beat’em up) et qu’il est impossible de les esquiver. Le summum de l’ennui nous vient des combats de boss contre des machines, dont un affrontement en particulier avec un robot à quatre pattes qui est à jeter. C’est un vrai problème qui gâche tout le reste, sachant qu’on ressent quelques améliorations dans les sensations des combats, qui ont un peu plus d’impact, sans parler du nouveau système d’équipement plus complet et plus malléable.
Des à-côtés pas bien passionnants
A cause de cela, la durée de vie du titre est rallongée à outrance. On sent que l’intrigue principale aurait bénéficié d’un bien meilleur rythme, étant donné que c’est la seule chose pour nous tenir en haleine. Comme dans le premier épisode, il ne faudra pas vraiment compter sur les quêtes annexes, souvent expéditives, malgré une poignée qui ont le mérite d’être un peu plus que des quêtes Fedex. On peine tout de même à les faire à cause de la fragmentation de la carte, divisée en plusieurs quartiers et donc plusieurs temps de chargement. C’est là que l’on se dit que le titre aurait grandement bénéficié d’une fonction voyage rapide.
Et quand vous ne serez pas occupés à rendre service au peuple où à batailler jusqu’à l’épuisement dans le Youshanding, vous pourrez toujours faire un tour culinaire aux quatre coins de la ville. Comme le premier épisode, Dusk Diver 2 se présente comme étant une vraie vitrine pour la culture culinaire taiwanaise, avec des dizaines et des dizaines de marchands de nourriture. Ces plats vous octroient de bonus passifs très utiles en combats, et vous en aurez bien besoin vu la longueur de ces derniers.
On pourra aussi passer un peu de temps à travers la ville pour y récolter de nombreuses illustrations à admirer dans la Galerie, présente dans la supérette/QG. C’est aussi là que l’on pourra modifier la garde-robe de notre équipe, écouter de la musique (avec une bande-son réussie sans être remarquable), ou encore améliorer nos personnages.
Des petits bonus qui rallongent un peu l’expérience, tout en sachant que le titre nous encourage vivement à nous essayer au New Game +, avec encore plus de personnages jouables à découvrir. On serait bien tenté d’y plonger, si les combats ne devenaient pas encore plus longs.
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