Débutée en 1997, la série Dynasty Warriors a accumulé un certain nombre d’épisodes au fil des ans (plus de 30 titres sont déjà sortis actuellement). Pour parler de contenu plus récent, la licence avait tenté en 2018 de modifier sa formule et d’y inclure notamment une mécanique de monde ouvert. Malheureusement, l’accueil de Dynasty Warriors 9 s’est vu plutôt mitigé aussi bien du côté de la presse que des joueurs. Six ans après (si l’on omet le spin-off Dynasty Warriors 9 Empires sorti fin 2021), Omega Force et Koei Tecmo tentent une nouvelle approche, avec la volonté d’un renouveau comme le sous-entend le titre « Origins ». Nous avions pu mettre les mains sur le titre durant quatre heures et le constat était très positif. C’était donc avec une certaine hâte que nous nous sommes plongés entièrement dans ce Dynasty Warriors: Origins.
Conditions de test : Nous avons testé le jeu sur PlayStation 5 durant un peu moins de 30h, le temps de terminer le scénario et l’ensemble des quêtes secondaires proposées, quelques escarmouches et rejouer certaines batailles.
Sommaire
ToggleUn nouveau regard sur l’Histoire des Trois Royaumes
S’il y a quelque chose qui n’a jamais vraiment changé avec la licence Dynasty Warriors, c’est la toile de fond sur laquelle se déroule le scénario. Tiré du roman historique chinois l' »Histoire des Trois Royaumes », le jeu nous narre des événements survenus entre 184 et 280 avant J.C avec les affrontements entre les royaumes des Wei, des Shu, du Wu et du Jin pour le contrôle de la Chine.
Cependant, si les titres précédents nous permettaient de suivre les histoires de certains personnages historiques et de les incarner, il est ici question de jouer avec un unique personnage : le Vagabond (il est possible de lui donner un autre nom). Créé pour l’occasion, ce personnage est amnésique au début du jeu. Un choix justifié par le producteur du jeu pour rendre l’histoire plus facile à comprendre. Avec ce protagoniste, qui n’a aucun souvenir de ce qui se passe, on peut apprendre à travers lui et découvrir les différentes personnes, les officiers présents dans le jeu, ainsi que la situation des différents royaumes.
De fait, la narration se veut également différente de ce que l’on connaissait. Le Vagabond est le personnage principal de l’aventure et sa participation dans les batailles et conseils de guerre et bien mise en avant. La mise en scène est efficace et aussi bien les nouveaux joueurs que les vétérans sauront apprécier le déroulement de la narration. Certains personnages, notamment des antagonistes, bénéficient également d’un soin plus particulier que par le passé. On pense ainsi à Zhang Jiao chef des Turbans Jaunes dont la révolte sonne en général le premier conflit traité dans les jeux de la licence.
En plus des événements liés à l’Histoire des Trois Royaumes, le passé de notre personnage va également se dévoiler au fil de l’aventure, ce qui s’accompagnera parfois de nouvelles capacités.
Feature déjà présente dans le passé (notamment dans Dynasty Warriors 9), il est possible de nouer des relations avec les officiers et ainsi d’apprendre à mieux les connaître via des petites séquences de dialogue sympathiques. Nos rapports avec ces derniers auront quelques (légers) impacts dans les discussions lors des conseils de guerre par exemple, mais pourront également permettre l’obtention de défis très utiles pour gagner des points de compétences.
Lors des dialogues, de nombreux choix vont nous être proposés bien que ces derniers n’aient en réalité que peu d’importance pour le scénario. En revanche, une décision va se montrer capitale, celle de choisir quel royaume soutenir lors d’un tournant de l’histoire. Une fois ce choix fait, les deux autres factions deviendront inévitablement ennemies, et les relations avec les officiers de ces dernières ne pourront alors plus évoluer.
Pour lier tous ces éléments, on évolue sur une carte en 3D du royaume de la Chine sur laquelle sont représentées les différentes villes et châteaux de l’époque. Plutôt que le monde ouvert assez fade du dernier épisode, ce choix propose une expérience plus agréable à parcourir, rappelant au passage certains anciens JRPG. Entre chaque bataille, on peut ainsi explorer la région afin d’y trouver diverses ressources, des officiers avec qui discuter, récupérer des défis et requêtes ou lancer une escarmouche voire une quête secondaire.
Les quêtes secondaires représentent généralement des batailles plus courtes que celles du scénario et sans aspect historique, tandis que les escarmouches proposent des combats à encore plus petite échelle et bien plus courts. Les escarmouches, apparaissant à l’infini, peuvent d’ailleurs être un bon moyen de monter le niveau de certaines armes et par extension celui du Vagabond si, par exemple, on se trouvait sous le niveau recommandé pour la prochaine mission du scénario. On a cependant été assez surpris et déçus de ne pas voir la partie Ouest de la carte utilisée.
Au total, il faut compter entre 25 et 30 heures pour finir l’histoire du jeu (selon que l’on décide de faire ou non les quêtes secondaires par exemple). Une durée de vie plutôt bonne pour de nouveaux joueurs, mais qui pourra surprendre les plus habitués de la licence. Ces derniers risquent également d’être déçus de la longueur du scénario. En effet, Dynasty Warriors: Origins nous emmène jusqu’à la bataille de Chi Bi et finalement la création des Trois Royaumes. Les événements suivants ont déjà été abordés dans de nombreux titres de la licence et leur absence pourra par conséquent faire grincer des dents. Est-ce prévu pour d’éventuelles extensions ou une suite ? Seul l’avenir nous le dira.
Notez qu’une fois l’histoire terminée, le titre offre la possibilité de rejouer les batailles et les chapitres afin de faire des choix différents et de découvrir leurs conséquences. C’est également l’occasion de s’essayer à un mode de difficulté supplémentaire et des défis à réaliser pour obtenir de l’équipement légendaire tel que des armes ou des chevaux.
Neuf armes furent forgées pour le Vagabond
Comme nous l’écrivions plus haut, plutôt qu’une ribambelle d’officiers jouables, Dynasty Warriors: Origins ne nous permet que de jouer avec le Vagabond, du moins principalement. En effet, dans certaines batailles, il est possible de partir au front accompagné d’un officier. Cependant, ce choix est limité avec seulement trois guerriers par faction et surtout une utilisation ponctuelle et limitée en temps au cours de la bataille. Pour compenser, ces derniers disposent d’une énorme puissance, mais les joueurs habitués à jouer avec un personnage en particulier pourront se sentir lésés.
Pour autant, les joueurs pourront se consoler avec la possibilité d’utiliser neuf types d’armes différents allant de l’épée au bâton en passant par la lance ou l’épieu. Elles se débloquent au fur et à mesure et chacune dispose d’un gameplay qui lui est propre et qui s’avère bien différent d’une arme à l’autre. Chacun pourra y trouver sa préférence et son style de jeu, mais le titre nous encourage tout de même à toutes les utiliser.
En effet, le système de niveau de notre personnage est directement lié à celui des armes et chaque palier d’arme atteint correspond à un niveau de personnage. Il devient alors fortement recommandé de monter le niveau d’un maximum d’armes afin de progresser et de renforcer son personnage plus rapidement.
Au-delà de meilleures statistiques telles que le nombre de points de vie, l’attaque ou la défense, certains niveaux permettent aussi de débloquer des arbres de compétences. Ces dernières sont aussi bien passives (meilleures statistiques, plus d’emplacements d’objets, etc.) qu’actives avec des « arts de combat » (nous y reviendront) à utiliser. Pour acquérir les précieux points de compétences à investir dans ces arbres, il y a plusieurs solutions. On peut les récupérer au cours des batailles en vainquant les officiers ennemis, acheter des consommables à utiliser pour en obtenir une petite quantité ou alors remplir des défis confiés par les officiers alliés.
En plus de notre arme, il est possible de sélectionner jusqu’à quatre « arts de combat ». Ces derniers peuvent prendre la forme d’attaques ou de positions de contre par exemple, et nécessitent la consommation de bravoure pour être utilisées, une sorte d’énergie obtenue en portant des coups à ses adversaires. Le jeu propose un bel éventail « d’arts de combat » à débloquer ou acheter dans certaines boutiques. Certains sont propres à des armes en particulier tandis que d’autres peuvent être utilisés à tout moment. Dévastateurs sur le champ de bataille, il deviennent encore plus puissants une fois maîtrisés. Ils prennent surtout tout leur sens lors des affrontements avec les officiers ennemis puisque certains permettent de contrer les arts de combat adverses tout en infligeant de gros dégâts.
Avec neufs armes au gameplay bien différent et quatre arts de combat à sélectionner parmi des dizaines, il y a de quoi trouver son bonheur sans aucun problème. De plus, il est possible de changer d’arme ou d’arts de combat à tout moment, y compris au sein d’une bataille et ainsi limiter la répétitivité des combos et affrontements.
Les attaques musou sont évidemment encore présentes et toujours aussi plaisantes à déclencher. Il s’agit d’une attaque ultime et mise en scène qui permet d’éliminer instantanément plus d’une centaine de soldats ennemis. Notez d’ailleurs que celles des compagnons que l’on peut brièvement incarner sont encore plus impressionnantes, venant conclure avec fracas leurs utilisations.
Au-delà du volet offensif de notre personnage, il est également possible d’équiper un cheval que l’on peut ensuite appeler lors des batailles. Ces derniers s’obtiennent principalement en récompenses (défis, région, etc) et disposent tous de statistiques différentes, qui s’améliorent lorsque le cheval monte de niveau.
Du côté de la personnalisation du Vagabond, c’est en revanche un peu plus triste puisqu’il n’est possible que de changer sa tenue parmi deux modèles, plutôt proches visuellement qui plus est.
Enfin, et bien que l’on puisse comprendre la limitation technique imposée par certains choix sur lesquels nous allons revenir, il est dommage de ne pas pouvoir retrouver de mode multijoueur pour partir au combat entre amis.
De grandes armées pour de grandes batailles
La série Dynasty Warriors a toujours eu pour habitude de nous proposer différentes batailles dans des cartes relativement grandes comprenant aussi bien des châteaux et forteresses que des territoires plus naturels avec des plaines, canyons ou zones plus verdoyantes. Avec Dynasty Warriors: Origins, on reste sur ce que l’on avait l’habitude de voir par le passé avec évidemment la présence de très nombreux ennemis et officiers, marque de fabrique du genre Musou finalement.
Si chaque bataille propose son propre déroulement, scénario et parfois rebondissements, l’objectif reste peu ou prou le même à savoir vaincre le commandant de l’armée ennemie tout en empêchant son propre commandant (et parfois quelques officiers clés en plus) de trépasser.
Le moral de chaque armée joue une grande importance dans le cours de la bataille. Représenté par une jauge allant du bleu au rouge (le bleu étant le moral de notre armée), il oscille selon les événements se produisant au cours du combat. Certains de ces événements sont liés au scénario et ne peuvent donc être évités, mais il reste possible (et recommandé) de contribuer au maximum à gagner du moral. Pour cela, on peut capturer des bases, vaincre des officiers ennemis ou à l’inverse sauver les officiers alliés ou encore accomplir certains objectifs annexes. Sachez que plus le moral d’une armée est fort, plus ses combattants le sont aussi. Ainsi, laisser l’ennemi gagner en puissance pourra rendre les affrontements plus compliqués.
Si les officiers ont régulièrement des rôles précis lors du conseil de guerre précédant la bataille, le Vagabond a plutôt un rôle de soutien permettant d’aider son camp là où le besoin s’en fait le plus ressentir. Afin de nous aider à identifier ces endroits, les développeurs ont eu la bonne idée d’afficher sur la carte les lieux où les alliés combattent d’autres officiers (via des points A, B, C, etc.) et un code couleur bleu ou rouge pour chacun afin d’identifier immédiatement où il est nécessaire de se rendre. Un point rouge indique ainsi que sans notre intervention l’officier allié perdra le combat alors que s’il est bleu, c’est qu’il saura se débrouiller seul.
On regrette cependant l’absence à l’écran et sur la carte tactique d’une mention concernant les objectifs annexes de chaque bataille. Au cœur de l’action, il devient facile d’oublier un objectif et selon l’importance de ce dernier de voir trépasser quelques alliés.
Et puisque l’on parle d’action, parlons de la qualité technique du jeu, véritable clé de voûte d’un sentiment grisant manette en main. Les jeux de la licence n’ont jamais été reconnus pour leurs graphismes, bien au contraire ces derniers étaient souvent en retard. Sans non plus décrocher la mâchoire visuellement, Dynasty Warriors: Origins renverse cette tendance en nous proposant l’épisode le plus beau de la série.
Les terrains de jeu sont visuellement corrects et nous avons bien aimé le rendu de certaines conditions méteo comme les orages. Certaines cinématiques poussent même la barre plus haut et atteignent une qualité graphique vraiment très appréciable. Mais ce qui nous as le plus bluffé reste le nombre d’ennemis affichés simultanément à l’écran. Lors de notre interview avec Tomohiko Sho, producteur du jeu, il nous avait raconté une anecdote sur ce nombre d’ennemis. Alors que Dynasty Warriors 9 ne pouvait afficher que 300 soldats à la fois, il souhaitait que ce nouvel épisode puisse en afficher dix fois plus. Joueurs, les développeurs ont voulu aller plus loin et sont parvenus à dépasser les 7 000 troupes affichées simultanément, même si pour cela, il a fallu sacrifier le multijoueur.
Nous n’avons pas été jusqu’à compter sur notre écran, mais on peut confirmer que la quantité de troupes affichée est juste phénoménale. Et ces troupes ne sont pas qu’une simple image lointaine de soldats immobiles, ces derniers combattent, bougent et se déplacent. Partout où l’on pose notre regard l’action est présente. Cette quantité d’ennemis permet ainsi au titre de proposer ce qui est appelé des « grandes armées ».
Ces dernières (alliées, comme ennemies) rassemblent sous un seul groupe les troupes de plusieurs officiers pour ne former qu’une seule énorme force de frappe. Le moral de cette grande armée est représenté par une grosse barre de vie qui diminue à force de vaincre des soldats ou des officiers.
Régulièrement, dans les affrontements entre les grandes armées, des officiers alliés ou ennemis vont préparer des « stratégies ». Il faudra veiller à neutraliser les stratégies adverses soit en éliminant un officier en particulier ou un nombre d’ennemis par exemple, sous peine de subir des attaques dévastatrices. À l’inverse, protéger l’allié préparant sa stratégie pourra déclencher une grosse attaque coordonnée afin de dissoudre la grande armée ennemie.
Le résultat est une franche réussite et ces moments se révèlent les plus jouissifs dans notre aventure. On peut également bénéficier de ses propres « stratégies », s’agissant d’ordres que l’on peut donner à l’escouade sous notre commandement, pouvant avoir un bel impact si bien utilisées. Une pluie de flèches sur un ennemi en contrebas d’une falaise lui infligera par exemple de lourds dommages et une grosse baisse de moral le rendant bien moins farouche au combat.
Enfin, pour terminer, Dynasty Warriors: Origins propose, comme dans certains autres titres de la licence, des duels. Lors de certaines batailles, les officiers adverses peuvent nous défier ce qui, si accepté, lance un duel dans lequel on se retrouve entourés par les soldats des deux camps. Dans cette arène de fortune, le but est de vaincre l’officier ennemi dans le temps imparti (50 secondes) ce qui conduira à son élimination. Si le duel n’est pas remporté, alors le combat reprend d’une manière classique. Un petit plus vraiment très appréciable pour donner encore plus d’impact et de plaisir dans les batailles.
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