Trois années de patience avant que la licence revienne, et ce après un opus précédent à la réception relativement mitigé, particulièrement du côté des joueurs, joueuses. En fait, depuis plusieurs années maintenant, la franchise peine à définitivement s’imposer la faute à des évolutions trop souvent mineures d’un jeu à l’autre. EA Sports UFC 5 avait clairement un coup à jouer durant cette absence. Cependant, comme nous le verrons dans ce test, EA reste EA, et la politique frileuse en terme de prise de risque se poursuit dans la licence de combat comme dans les autres itérations de simulation sportive.
Pour autant, on retrouve ici quelques améliorations, sur le gameplay mais aussi sur les visuels, afin de justifier de lâcher l’opus de 2020. Nous pouvons citer l’inauguration, pour la licence, du moteur Frostbite utilisé depuis un moment par FIFA, entre autres. Introduction également du Real Impact System qui amène un supplément de réalisme dans les affrontements. En effet, ce système fait en sorte que les blessures subies impactent le gameplay. Sur le papier, UFC 5 donne envie d’y croire mais dans les faits, EA reste EA.
Condition de test : Nous avons joué sur Xbox Series pendant une quinzaine d’heures. La majorité de notre temps fut consacré à l’expérience solo du titre malgré un rapide coup d’œil en ligne.
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A peine débarqué dans le jeu qu’EA Sports UFC 5 nous lance dans la cage pour un premier affrontement. Les connaisseurs retrouveront des sensations connues et se débarrasseront simplement de l’opposant, tandis que les nouveaux venus effleureront du doigt la richesse du gameplay et recevront des violents coups à la tête avant d’en venir à bout. Les débutants ne comprendront peut-être pas ce qu’il vient de se passer et iront checker les tutos. Car entre la pluralité de coups, une manette quasi intégralement sollicitée et le mapping des touches un peu alambiqué, il faut un temps d’adaptation.
Puis, vient la découverte du menu principal suivi du constat d’échec en terme de contenu. Online, combat rapide et mode carrière seront les principaux modes avec les Contrats qui mettent à disposition, chaque semaine, divers combats. Ces derniers sont régis par des spécificités liées à l’évènement en question et permettent de revivre quelques rencontres marquantes. Il existe différents niveaux de difficulté, avec quelques challenges relevés, et chaque semaine la difficulté augmente. Une manière de glaner de la monnaie du jeu pour s’acheter des éléments cosmétiques.
Concernant le roster, une fois de plus le choix de combattants fait dans la générosité et se veut actuel. Les fans remarqueront sans doute des absences, du côté des combattants en activité ou des légendes du sport, mais pour les néophytes il y aura de quoi faire. On notera quelques visages présents dans plusieurs catégories : c’est le cas de McGregor par exemple. Ces variantes sont des Alter Egos reliés à un moment précis de la carrière du combattant. Bruce Lee, disponible via l’édition Deluxe en compagnie d’Ali et Tyson, est aussi concerné. Mais ce sont ses films qui font évidemment le lien.
D’ailleurs, nous pouvons déjà saluer l’apport du Frostbite, puisque la modélisation des visages est dans l’ensemble très convaincante. On n’échappe pas aux visuels un peu perturbants, paraissant un peu disproportionnés sur l’écran de sélection de personnages, mais EA Sports UFC 5 est logiquement le plus beau jeu de la franchise. Ce ne sont pas les premiers pas dans l’octogone qui nous contrediront. Une fois en cage, l’immersion fonctionne très bien. Les animations sont réalistes et la caméra retranscrit bien l’action. C’est lisible malgré des bugs plus ou moins fréquents. A croire qu’un caméraman se fait mal mener par moments.
Phantom of the Arena
Cela étant dit, en terme de mise en scène c’est décevant. Le soft ne tente rien et c’est dommage. On parlait de l’immersion dans la cage, en dehors par contre c’est bien triste. Que ce soit les diverses arènes disponibles ou l’introduction des combats, nous sommes bien loin du spectacle attendu pour un tel sport. Il n’y a qu’à voir le foutoir dans la réalité. En comparaison de ce que font les les jeux WWE, et ce depuis la PS2, c’est avant tout un manque de volonté que de moyen de réalisation. Oui, le catch entretient un rapport particulier avec la scène et le hors-ring. Mais UFC 5 est une simulation de MMA où l’égo trip et les facéties à l’extérieur de l’arène font parties de l’engouement suscité.
Le mode carrière exacerbe d’ailleurs ce souci de mise en scène, et d’ambition globale des développeurs. Quasi rien n’a changé depuis UFC 4, si ce n’est un gain de fluidité et peut-être un poil plus de présence narrative, via les cinématiques et les dialogues pas toujours réussis de Coach Davis et Valentina Shevchenko. La formule est vieillissante et ne rend pas justice au sport. On aurait aimé avoir de vraies interactions, pouvoir agir lors de la pesée, des conférences et de l’arrivée sur le ring. Même les arènes de combat en souffrent, car trop reléguées au second plan selon nous. On ne sent pas de magie dans ces lieux.
Par conséquent, un sentiment de redondance germe et grandit assez vite au fil des combats et des heures. C’est difficile de mettre des mots là-dessus. Mais disons que ce n’est pas toujours engageant d’enchaîner des combats à la suite sans être immergé dans une réelle ambiance. Qui plus est dans un titre comme UFC 5. Il y a du bruit dans les salles, mais ce n’est pas suffisant. C’est grand, on reconnaît des lieux, mais l’émotion n’est pas là, les arènes n’ont pas d’âme. Au moins les commentateurs font le travail, en anglais cela dit, les voix françaises étant clairement à proscrire à moins d’avoir les tympans perforés.
Comme nous le disions plus haut, c’est finalement dans l’octogone qu’EA Sports UFC 5 s’exprime avec le plus de clarté. Nous n’éviterons pas les imprécisions dans les hitbox, bien que minimes, ni les coups au corps qui ont tendance à manquer d’intensité. Ou encore une lourdeur sur les personnages qui n’est pas toujours pertinente, ce qui peut se voir sur la vitesse de certains mouvements. Pour le reste, c’est relativement punchy. Le plus souvent l’impact des coups se ressent, d’autant plus lors d’un violent choc qui fait vaciller l’adversaire ou le met au tapis. Infliger ou prendre un KO ne risque pas d’être loupé, tant la brutalité transparait. Visuellement comme par le sound design, puis le public ne cachera pas son enthousiasme.
L’Argent ne dort jamais
C’est mobile et fluide, les combattants ont de la personnalité, pour les plus connus, qui ressortent bien en jeu. La gestuelle de chacun est bien travaillée. Suivant les efforts de l’opus précédent, UFC 5 aiguise sa maîtrise du gameplay avec l’abandon des mini-jeux lors des grapplings, pour quelque chose de plus ergonomique, compréhensible et, surtout, engageant. Tout se passera désormais avec une pression de gâchette et des mouvements de sticks analogiques. Perfectible, ça l’est. En revanche, c’est un pas prometteur pour la licence qui parvient à ne pas briser son rythme lors de ses séquences.
De surcroît, les quelques options d’accessibilité du titre peuvent permettre de simplifier la lutte au sol et ne pas vous gâcher bêtement le match. Pour nous, c’est déjà une petite réussite. Le constat sur le Real Impact System se veut plus mitigé. D’un côté les blessures apparentes ajoutent du réalisme et collent à l’image du sport. De l’autre, du fait de leur influence sur le gameplay ils peuvent perturber une rencontre. Le réalisme est poussé, au point qu’un médecin peut intervenir pour soigner la blessure, mais aussi stopper le combat si rien n’est fait. Qui plus est, les dommages affaiblissent le blessé et peuvent l’entraîner dans une spirale infernale difficile à quitter.
La mécanique est intéressante car elle amène de nouvelles variables stratégiques. Entre l’endurance et son placement sur le terrain, il faut maintenant protéger une arcade perforée ou une jambe sévèrement endommagée. Un souci de réalisme pertinent et déjà initié par Fight Night Champion (2011) mais qui pose la question de la frustration des joueurs et joueuses. N’étant pas des joueurs émérites nous ne sommes pas les mieux placés pour juger la mécanique, mais nous nous interrogeons. En tout cas, ce que nous pouvons affirmer c’est que cela n’a pas entamé notre plaisir de jeu.
L’expérience online sera une bonne façon d’expérimenter la richesse du gameplay et les possibilités de jeu. Que ce soit en partie classée ou via la carrière en ligne qui propose un système de matchmaking se basant sur vos compétences, des divisions ainsi que des courses au titre. EA Sports UFC 5 sait s’adapter aux différents profils de joueurs et joueuses, offensifs ou défensifs, et maîtrise le rythme des matchs. Le seul problème ici, c’est le manque d’évolution de la recette. Les assaisonnements peuvent différer mais, finalement, le goût est le même et pourrait rebuter un possesseur d’UFC 4. En somme, la licence subit les mêmes écueils que les autres simulations sportives estampillées EA. Les mêmes écueils, aussi, que l’opus de 2020.
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