C’est en 2003 qu’arrive pour la première fois EDF jusqu’aux portes de la francophonie, avec le méconnu Monster Attack sur PS2, avant de revenir en 2007 avec Force de Défense Terrestre 2017 sur Xbox 360. Depuis, les épisodes se sont succédé, pourtant il n’est pas mauvaise langue d’affirmer que la série n’a guère évolué. Prenons pour exemple le récent Earth Defense Force 5, paru en décembre dernier sur PlayStation 4. Celui-ci a une génération entière de retard sur le plan graphique, et son gameplay peine à se démarquer de l’épisode sorti onze ans plus tôt. Un constat qui serait synonyme de piètre qualité chez n’importe quelle autre licence vidéoludique. Mais pas celle de D3 Publisher, qui mise tout sur son univers barré, ses insectes géants et ses grosses explosions. Ceci étant dit, il est de notoriété publique qu’un remaniement s’imposait depuis The Shadow of New Despair. Maintenant, laissez-moi vous parler de Iron Rain, l’épisode qui veut tout changer sans rien dénaturer.
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ToggleGros insectes, gros robots, grosses explosions
Mais Jamy, Earth Defense Force qu’est-ce que c’est ? Eh bien c’est tout simplement une série de Third Person Shooter (que l’on va raccourcir en TPS) complètement loufoque. D’inspiration totalement avouée des films de science-fiction du siècle dernier, et pas des moins kitsch (Starship Troopers, La Guerre des Mondes, Planète Interdite, et j’en passe), mais aussi de quelques grosses bestioles du folklore nippon, les Kaiju (Godzilla en tête). Ainsi, partant du postulat que les extraterrestres en ont après nos vies, chacun des opus parus jusqu’ici oppose l’EDF (pas de jeu de mot ingrat s’il vous plaît) à pléthore d’insectes géants, de robots de la taille de Gundam, ou encore de vaisseaux spatiaux au design souvent sacrément dégueulasse. Et comme je vous le disais plus haut, bien qu’il ne dénature en rien la recette originale de la licence de D3 Publisher, Iron Rain est le premier à faire le choix de pleinement la moderniser. Il était grand temps !
Oubliez la bande sonore au summum du mauvais goût, le design complètement foireux des ennemis, et même, soyons fous, l’idiotie totale du background (quoique ce dernier point reste encore à nuancer). Oubliez même l’absence de traduction depuis l’anglais, puisque ce volet est le premier à avoir été entièrement localisé depuis FDT 2017. Earth Defense Force : Iron Rain a tout fait évoluer, point par point, en commençant par l’aspect visuel. D3 Publisher et Yuke’s se sont en effet attelés à rendre cet épisode nettement plus beau, avec un tout nouveau moteur graphique qui en jette pas mal. Ce nouvel opus ne rivalisera toujours pas avec les ténors actuels du genre TPS, c’est évident, mais il faut reconnaître que d’énormes efforts ont été mis en œuvre pour que la série passe enfin à la nouvelle génération, et ça fait plaisir à voir. Notamment grâce à sa direction artistique, qui s’émancipe en bonne partie de ce qu’était EDF jusqu’ici, devenant beaucoup plus proche de ce que l’on attend d’une œuvre de SF contemporaine sérieuse. Enfin, les insectes géants sont quand même de la partie, rassurez-vous !
Iron Rain est plus beau, et pourvu d’un design plus élégant que les épisodes passés.
De gros efforts sont à noter quant au bestiaire, qui se révèle beaucoup plus beau que par le passé, et dont les animations sont moins saccadées. Toutefois, ne vous attendez pas à d’énormes changements à ce niveau. On retrouve les sempiternels vaisseaux spatiaux, les gros robots, les monstres géants, et les insectes. Globalement, on notera toutefois que leur design est plus élégant. Malheureusement, malgré la technique nettement rehaussée, Iron Rain pèche encore sous de nombreux aspects. On en a l’habitude dans la série, les ralentissements sont peut-être moins récurrents, mais ils sont toujours de la partie. Tout particulièrement lorsque beaucoup d’ennemis sont à l’écran, évidemment. Un problème qui gâche parfois la visibilité. Idem, la physique des cadavres est toujours aussi casse pieds. Il faudra en effet attendre que ceux-ci disparaissent pour pouvoir progresser, par moments, ce qui peut se révéler agaçant. Surtout dans les niveaux sous-terrains où ils ont une fâcheuse tendance à bloquer le passage.
En vieillissant on grandit, paraît-il
Ce qui marque le plus, finalement, c’est que cet aspect plus sérieux que l’on retrouve dans le design se poursuit jusque dans le propos même du jeu. Là où les opus précédents n’étaient pourvus que de très rares et vagues lignes de dialogues, posant sans se fouler un mince background (kitsch de surcroît), Iron Rain prend le parti d’une narration un poil plus fournie et adulte. Ainsi, les premières minutes de jeu placent aux commandes d’un soldat lambda, lors d’un énième assaut des envahisseurs (appelés ici Agresseurs), qui va devenir célèbre en parvenant à lui seul à détruire un puissant vaisseau. Malheureusement, au cours de la bataille, il est grièvement blessé, et passera plusieurs années dans le coma. Lorsqu’il se réveille, la guerre n’est toujours pas terminée, et l’humanité a beaucoup évolué. Désormais, l’EDF n’est plus financée par les gouvernements de la Terre, mais par de grandes compagnies, qui ont décidé de mener bataille à une faction humaine rebelle leur volant des ressources. Non, vous ne rêvez pas, on trouve désormais des conflits politiques dans Earth Defense Force ! Ça fait drôle n’est-ce pas ?
La narration n’est toutefois pas particulièrement intrusive, et se limite la plupart du temps à des dialogues en arrière-plan, entre les membres de notre escouade, ou à des annonces à la radio. Quelques rares cinématiques feront aussi leur apparition, mais rien de bien extraordinaire. La mise en scène n’est pas le point fort de cet opus, qui n’en oublie pas ses origines. En réalité, cette dernière n’est là que pour ajouter de l’épaisseur au background, ce qui est une bonne chose. On ne s’attachera à aucun moment aux personnages que l’on entend parler, d’autant qu’on ne verra jamais leur visage. Mais les quelques voix qui feront irruption en pleine partie, ou à l’écran de briefing, auront au moins pour effet de motiver, de donner une raison à ces massacres de créatures géantes. Ce qui marche tout autant en multijoueur. Bien que, en coopératif, on retombe vite dans les vieilles habitudes de moqueries et de franches rigolades. Enfin c’est dans l’ADN de la série, n’est-ce pas ? Un petit mot pour indiquer, tant que nous y sommes, que les doublages anglais et japonais sont disponibles. Passons sur leur qualité, plutôt moyenne dans le premier cas, satisfaisante dans le second.
Quelles évolutions manette en main ?
En terme de gameplay pur et dur, Iron Rain n’est pas ce que l’on peut appeler une révolution, mais il embarque pas mal de petites retouches, qui rendent notre bidasse moins lourd à manœuvrer, sur terre comme dans les airs. Nonobstant, les ajouts dans le game system sont légion, et l’on ne va pas s’amuser à tous les énumérer. On reste bien sur du TPS très bourrin, sans prise de tête (malgré la difficulté, sur laquelle nous reviendrons ultérieurement). Toutefois, pas mal de changements rendent le tout moins linéaire et basique. Les différentes classes d’infanterie sont toujours de la partie (au nombre de quatre dans cet opus), et leurs capacités spéciales avec (voler ou utiliser un bouclier par exemple). Toutefois, celles-ci sont limitées par une jauge qui descend assez vite, et sur laquelle il faudra veiller activement. Quelle que soit la classe que vous ayez choisie d’intégrer en début de mission, si ladite jauge tombe à zéro vous risquez fort d’y rester, même en multi.
Le gameplay a été, en partie, revu et corrigé
Et puisque l’on parle de classes, laissez-moi vous présenter la petite nouvelle : Prowl Rider. Un pur bijou qui fera remonter pas mal de souvenirs à l’esprit des amoureux de l’univers de Attack on Titans, puisqu’elle permettra carrément de se mouvoir comme ses héros. On pourra ainsi s’accrocher aux divers objets du décor, notamment les immeubles, et se servir de ceux-ci pour prendre de l’altitude, voire gagner en vitesse. Très fun, et ce n’est pas sans rappeler non plus le gameplay du dernier Spider-Man, en plus technique et moins permissif cependant. Enfin le meilleur reste encore à venir. Chaque classe possède désormais un Overdrive, autrement dit une sorte de transformation de courte durée et à utilisation unique (par mission), qui permet au personnage d’utiliser ses capacités à loisir, de tirer plus rapidement, et de recharger ses armes à la vitesse de l’éclair. Le tout sans faire descendre sa jauge attitrée. En mode Overdrive, le Prowl Rider invoque quant à lui un insecte géant (fourmi, scorpion ou araignée) sur lequel il peut carrément monter, et dont il peut utiliser les pouvoirs. Du fun à l’état pur !
La classe Prowl Rider, c’est en quelque sorte un fantasme, qui vous permet d’une part de vous mouvoir comme dans Attack on Titans, d’autre part de grimper sur un insecte géant.
Tout n’est pas rose pour autant, puisque sans surprise on retrouve certains points de détail qui faisaient défaut aux précédents volets. Ainsi, bien que les personnages soient plus maniables, ils leur arrivent tout de même d’avoir des difficultés à se mouvoir. Notamment dans des environnements un peu plus verticaux que la normale. Il n’est pas rare non plus d’être bloqué par les cadavres des créatures fraîchement abattues, ce qui est amusant les premières parties, mais frustrant à la longue. Par ailleurs, il est dommageable que la touche permettant d’utiliser les fonctionnalités de sa classe se situe juste au-dessus de celle de tir (dans la configuration par défaut). Ainsi, on est contraint d’utiliser la seconde avec le majeur, et la première avec l’index, ce qui n’est pas forcément très intuitif. On notera aussi que les maps sont très petites, au point que l’on en atteint les bords sans s’en rendre compte, mais pourtant les temps de chargement sont plutôt longuets. Pour finir, les développeurs ont une nouvelle fois totalement négligé le gameplay des véhicules, que l’on aura beaucoup de mal à manœuvrer, même après entraînement. Cette satanée utilisation d’un unique joystick était déjà dépassée en 2007…
Du contenu en veux-tu en-voilà
On en a l’habitude avec la série, ce nouveau Earth Defense Force ajoute un paquet d’armes, toutes plus puissantes, voife parfois étranges, les unes que les autres. Au-delà de cet aspect très classique, c’est surtout les objets de soutien qui attireront notre attention ici. Là encore, ils seront très nombreux, et iront du simple kit de soin, à l’invocation d’une tourelle de défense, et même d’un véhicule blindé. De quoi se sortir de pas mal de situations compliquées d’un claquement de doigt. Cependant, retenez bien que leur utilisation sur le champ de bataille ne sera pas sans contrepartie, puisque cela fera drastiquement chuter le total des gains à la fin de la mission. Attention, donc, à ne pas en abuser. Enfin pour les joueurs solo, cette nouveauté est clairement une véritable aubaine, puisque cela leur permettra de flirter assez rapidement avec les niveaux de difficulté moyens et élevés. Si tant est qu’il existe encore des joueurs solitaires sur la série de D3 Publisher, que l’on prendra bien plus de plaisir à consommer à deux en écran splitté, ou à plusieurs en ligne.
À ce sujet, nous n’avons malheureusement pas été en capacité de tester le multijoueur en ligne lors de notre test, celui-ci n’ayant pas été rendu accessible avant la commercialisation du jeu (qui a lieu à la même date partout dans le monde, pour une fois). Nous reviendrons dessus ultérieurement, dans un court article qui lui sera dédié, et notre note ne prendra pas en compte cet aspect.
Earth Defense Force : Iron Rain embarque un tout nouveau système de customisation, et celui-ci est assez poussé. On pourra rapidement faire ce que l’on veut de notre avatar, les possibilités se révélant plutôt énormes. Bien sûr, pour débloquer l’intégralité des items, il va falloir combattre, et ce dans tous les modes de difficulté. Une fois encore, ceux-ci sont venus à cinq, de Facile à Très Difficile, mais attendez-vous à ce qu’ils vous posent de réels problèmes. En effet, bien que l’on n’aura que peu de mal à venir à bout de l’aventure dans le premier (en solo), dès le Normal c’est une toute autre paire de manche. On commence en effet avec un équipement désuet, et il faudra un certain temps avant de récupérer des armes dignes de ce nom. Pour se faire, rien de mieux que de jouer en Difficile ou Très Difficile, ce qui sera bien sûr impossible sans avoir travaillé de fond en comble les niveaux de difficulté plus faibles au préalable. Autant vous dire que la nécessité de jouer à plusieurs se fait vite sentir. Et encore, même à deux on aura beaucoup de mal à passer certains niveaux en Normal avec l’équipement de base sans se faire rouler dessus par des ennemis parfois très nombreux et résistants.
Outre l’argent (qui servira notamment à faire monter notre barre de vie), trois nouvelles ressources ont fait leur apparition. Il s’agit de cristaux à récupérer directement sur le terrain, qui s’accumuleront un peu comme de la monnaie, et qui pourront être utilisés comme tel lorsque l’objet de notre désir le requiert. Une petite spécificité qui complexifie un poil l’expérience, sans la rendre redondante. Il faudra simplement faire attention à ne pas acheter n’importe quoi, et prendre le temps de comparer les statistiques des armes ou soutiens attisant notre intérêt avant de passer à la caisse. Sinon, on aura vite fait de dépenser tous nos deniers en quelques achats mal avisés. Pour finir, parlons rapidement de durée de vie. Le titre embarque un paquet de missions, comme d’habitude. En venir à bout seul en mode Facile ne demandera guère plus de sept à huit heures, maximum. Toutefois, les modes de difficulté supérieurs opposeront rapidement une farouche résistance (d’aucun dirait que c’est le but), même à plusieurs, et nécessiteront pas mal d’entraînement et de collecte d’armement. En sachant qu’une fois encore, il faudra jouer en Difficile ou Très difficile pour débloquer des outils puissants. Pour peu que vous accrochiez et que vous ayez un ami sous la main, ou le PS Plus, alors vous risquez de perdre pas mal de votre temps sur Iron Rain.
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