El Shaddai: Ascension of the Metatron, c’est clairement le jeu qui avait su marquer à l’époque, principalement pour son côté esthétique très particulier. Et dix ans plus tard, alors que le soft a dû être pas mal oublié par les joueurs, voilà que le bougre ressort finalement sur PC. Sans surprise, on se retrouve sur un portage PC qui visiblement n’apporte strictement rien…
Conditions de test : Nous avons terminé El Shaddai: Ascension of the Metatron en 7h de jeu en mode normal sur PC. Le titre a été testé principalement à la manette, et tournait avec 16 Go de RAM, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
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ToggleEnoch et les sept anges déchus
Si vous avez oublié de quoi parlait El Shaddai: Ascension of the Metatron, sachez que le soft s’inspire très largement du Livre d’Enoch, soit quelque chose qui se rapproche de l’Ancien Testament. Le titre vous fait ainsi prendre le contrôle d’Enoch, un humain pur partant à la recherche de sept anges déchus qu’il doit ramener et emprisonner au paradis. En effet, cela n’a pas l’air de plaire à Dieu de voir des anges rebelles squatter notre belle Terre.
Dans une narration très énigmatique et faisant largement référence à la Bible, El Shaddai: Ascension of the Metatron est hypnotisant dans un premier temps. Son point de départ, bien que relativement basique, s’épaissit peu à peu avec l’introduction de quelques personnages intéressants comme Nanna, une mystérieuse jeune fille qu’Enoch va rencontrer ou encore Lucifel, simple « associé » de dieu chargé de régler ce souci d’anges déchus – il n’est pas réellement l’entité que l’on connait à proprement parler.
En somme, le fil rouge de cette histoire est très captivante, et avec un thème biblique qui a été traité du mieux possible. Mais évidemment, il y aura de quoi s’y perdre assez souvent avec ce découpage de la trame scénaristique parfois brouillonne et relativement farfelue. La fin est également du même acabit pour finir par nous laisser sur notre faim, ce qui est fortement dommage étant donné le potentiel que le jeu a à offrir de base. Toutefois, on appréciera un chara design assez soigné dont ceux des néphilims, choupi à souhait.
Enormément de lacunes dans le gameplay…
Pour le gameplay, le titre ne se prend pas vraiment la tête et adopte deux phases de gameplay. Grosso modo, El Shaddai: Ascension of the Metatron commence tout d’abord avec des phases de plateformes. Celles-ci restent une fois de plus assez lambdas avec des sauts de plateformes en plateformes, des pièges à éviter, et une vue qui passe parfois de la 2D à la 3D. C’est très sympa au début, avec un aspect contemplatif au service du gameplay. Mais très vite, on remarque vite des sauts imprécis, et une visibilité discutable due à son esthétique globale qui ternit significativement l’expérience de jeu…
Autant dire que cela est particulièrement frustrant, comme la difficulté de ces phases qui montent crescendo sans raison pratiquement vers la fin du jeu. Effectivement, les développeurs semblaient avoir trouvé bon de rajouter des mécaniques de gameplay différentes pour les phases de plateformes, voire de très légères énigmes afin de rallonger la durée de vie du jeu. Sauf qu’ici, le tout est tellement mal amené et inopportun que la frustration vous gagnera assez vite, notamment à cause des soucis de précisions évoqués plus haut.
Reste évidemment les combats du jeu. Dans l’absolu, la chorégraphie des phases de baston est réussie, et Enoch a le choix entre trois armes. Cependant pour les récupérer, le bougre doit les trois quart du temps mettre KO un ennemi afin de lui subtiliser son arme, et ainsi l’utiliser. Autant dire que le changement d’arme est des plus barbant, et casse le rythme du jeu afin d’effectuer des enchainements stylés. Néanmoins, sachez qu’à certains moments du jeu, des orbes sont de la partie afin de choisir vos armes, même si cela n’arrive pas tout le temps.
Les autres points noirs des combats viendront de l’absence de verrouillage des ennemis d’une part, mais aussi de cette mécanique de purification d’autre part. Via une touche, Enoch peut effectivement purifier son arme, et ainsi faire plus de dégâts aux ennemis afin de pulvériser les armures de ses adversaires, et ainsi les battre. L’idée est bonne dans le fond mais sur la forme, tout ceci est très mal agencé et barbant de devoir purifier son arme toutes les 5 minutes.
Qui plus est, les trois armes prenant la forme d’un arc, d’une arme à distance ou encore d’une arme un peu plus lourde restent finalement assez répétitives et pas forcément très équilibrées lors des combats, ce qui fait que vous resterez presque tout le jeu avec votre arc, un peu pêchu. Au passage, on regrette aussi l’absence remarquée d’une vraie amélioration pour les armes. Il y aura bien quelques orbes rouges à récolter afin d’upgrader votre niveau de boost qui n’est autre qu’un mode rage mais au-delà de ça, le titre veut se la jouer beaucoup trop simpliste…
Pourtant, l’une des vraie bonne idée du jeu résidera dans le système de résurrection à chaque mort. Une fois qu’Enoch passe l’arme à gauche, il est tout à fait possible en martelant quatre boutons, de le ressusciter afin de recommencer au moment de votre mort. Toutefois, cette mécanique de résurrection sera de plus en plus difficile à réussir après chaque mort, ce qui force quand même le joueur à faire assez attention au bout de quatre ou cinq morts.
Sur ce point là, El Shaddai: Ascension of the Metatron est au moins satisfaisant, contrairement à sa caméra qui reste tout bonnement ignoble sur les séquences de baston et de plateformes. Autrement dit, tout ce qui pouvait passer il y a dix ans en matière de gameplay, ne passe plus aujourd’hui…
De l’idée dans le design, bancal sur la structure
Malgré tout, Shaddai: Ascension of the Metatron a les armes pour séduire dans sa direction artistique. Dans une esthétique délicieuse sous forme de cel shading mélangé à du pastel ou de la gouache façon Okami – on rappelle que Sawaki Takeyasu avait aussi bossé sur cette licence, ce qui n’est pas anodin après tout -, le soft parvient à proposer un habillage graphique qui sort des sentiers battus. Bien entendu, cela ne plaira pas à tout le monde, mais le coup de génie dans les panoramas est palpable, et fait furieusement plaisir de bout en bout.
Dommage par contre que ce style graphique s’essouffle arrivé à un peu plus de la moitié du jeu, pour arriver à quelque chose de plus conventionnel et peu inspiré. On retiendra par contre son atmosphère particulière, qui arrive à marquer sans problème au premier coup d’œil.
Bien entendu dans sa progression, El Shaddai: Ascension of the Metatron n’est absolument pas un bon exemple. En alternant trop souvent plateformes et combats en arène, le jeu installe rapidement une sensation de répétition et de monotonie très prononcée.
A un tel point que le rythme est souvent plat, et ce n’est pas la séquence à moto fortement inutile et les divers combats de boss qui vont changer la donne, tant le tout est finalement très anecdotiques, et avec une hitbox qui n’indique en aucun cas quand est-ce que l’on bat le boss en question.
En voulant partir sur un titre sans réel HUD clair, El Shaddai: Ascension of the Metatron perd clairement les joueurs. Au moins, le titre n’est pas bien long, et il vous faudra 7 heures de jeu environ pour en voir le bout. Pour 19.99 € c’est acceptable, même si le jeu aurait dû coûter un peu moins cher que ça dix ans après sa sortie.
Un portage PC qui n’apporte absolument rien
Bien que nous parlons d’un jeu vieux de dix ans, nous aurions pu nous attendre à quelques changements plaisants dans cette version PC. Finalement il n’en est rien. En plus d’options graphiques totalement inexistantes, le titre se paie le luxe de s’offrir un peu de tearing. Il faut dire qu’il est relativement surprenant de voir un titre complètement dénué d’options graphiques, afin de rendre le jeu encore plus propre.
D’ailleurs, le constat graphique est sans appel : c’est forcément très limite aujourd’hui, et heureusement que la patte graphique est là pour sauver les meubles. Au moins, le jeu se joue très bien à la manette, chose que les développeurs ont su à minima inclure dans ce portage PC, qui est finalement bien famélique.
L’ultime bonne note proviendra au minimum de sa bande-son. Déjà excellente il y a dix ans, les thèmes musicaux arrive à donner un semblant de peps au rythme soporifique du soft, ce qui est déjà ça de pris. On notera aussi la présence des doublages anglais comme japonais, qui sont quant à eux absolument bien fichus et divins. Qui plus est, les sous-titres français sont de la partie, chose qui paraissait logique, surtout pour un jeu qui a dix ans.
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