Depuis sa sortie, la Nintendo Switch est un vivier d’indés, à tel point qu’il peut être difficile de tirer son épingle du jeu lorsque l’on est écrasé par la campagne marketing d’autres productions. Mais il suffit souvent d’un seul trailer bien accrocheur pour nous alerter, ne serait-ce que bien souvent grâce à une direction artistique qui fait immédiatement mouche et une bande-son entraînante appelant à l’aventure. Elli a bien compris cela, et le jeu du studio suédois Bandana Kid parvient à attirer notre curiosité d’un simple coup d’oeil.
A la recherche du temps perdu
Le titre vous place logiquement dans la peau de la jeune Elli, gardienne du temps, qui s’apprête à fêter son anniversaire avec tous ses amis. C’était sans compter l’intervention de Ghasti, jalouse du job d’Elli, et qui compte bien l’empêcher de festoyer en volant les Cristaux du Temps et en s’enfuyant à toute allure. La gardienne n’a donc d’autre choix que de mettre son anniversaire en suspens et partir à la recherche de Ghasti. Pour l’aider dans sa quête, elle pourra compter sur l’aide des Mandragores, des petits êtres qui lui indiqueront le chemin, et qui rappelleront à juste titre les Korogus de la série Zelda.
On passera rapidement sur ce prétexte pour partir à l’aventure, qui ne sert qu’à introduire le monde enchanteur que nous propose Elli. Il ne faut pas chercher bien loin pour dénicher les inspirations du studio suédois, puisque le titre rappelle au premier coup d’oeil Rime, et dont l’ambiance n’est pas sans évoquer les titres de Fumito Ueda, sans jamais égaler le mysticisme de ces œuvres. Elli se veut plus jovial, moins mystérieux et beaucoup plus accueillant que cela. Et même si entre les bords de mer, les prairies colorées et les grottes bleutées, on a comme une impression de déjà-vu, ce n’est finalement pas si dérangeant, tant le résultat est agréable pour la rétine. Il n’est pas rare de s’arrêter quelques secondes lorsque la caméra nous offre des panoramas sublimes, où notre personnage est complètement perdu au sein de ces magnifiques paysages.
Malgré une réalisation technique un peu à la peine, Elli reste charmant de bout en bout grâce à une direction artistique soignée.
Mais comme son jumeau Rime, Elli a bien du mal à convaincre du côté de la technique dès qu’il est en mouvement. Il n’a pourtant pas de grands panoramas à afficher, puisque il se contente d’une vue avec une caméra 2,5D, mais le jeu peine à rester fluide en toutes circonstances, bien que cela ne soit pas réellement handicapant. Le vrai souci visuel réside dans ce clipping omniprésent dès lors que Elli se balade en extérieur, avec des éléments de décor qui appairassent et disparaissent à la vitesse et au rythme d’un clignotant de voiture. On lui pardonnera ces quelques défauts bien rattrapés par l’ambiance visuelle et surtout sonore du titre, toutes les deux charmantes. Sans être mémorable, la bande-son participe à rendre le ton de cette épopée plus joyeux, avec des mélodies somme toute discrètes mais entraînantes.
La plateforme pour tous
Elli se veut être un plateformer relativement simple dans son approche, très similaire à un Super Mario 3D Land ne serait-ce qu’avec sa caméra éloignée. Mais la comparaison s’arrête bien là, puisque le titre ne parvient jamais à atteindre la finesse du plombier. Si tout se passe de manière relativement fluide lors des premiers moments, le jeu montre vite ses limites dès lors que l’aspect plateforme est plus prononcé. Diriger Elli à travers les décors peut se révéler être assez pénible quand il est difficile de jauger la distance qui nous sépare d’une autre plateforme, et c’est sans compter la dimension très « flottante » des sauts qui ne nous aide pas beaucoup plus. Heureusement que le titre est loin d’être punitif, puisque vous ne recommencerez jamais bien loin après vos multiples chutes. Il aurait peut-être fallu trouver un juste équilibre entre cette trop grande clémence et ces sauts approximatifs afin de rendre l’aventure moins hasardeuse.
C’est bien dommage puisque le titre tente tout de même de se diversifier au fil des heures de jeu, en proposant de multiples puzzles et des phases qui bousculent un peu la routine, sans pour autant la transcender. Durant certaines phases, la caméra basculera pour offrir une vue 2D, lors de petits niveaux très courts qui offrent à Elli de nouveaux mouvements. Bien trop simples et rapides, on aurait aimé que ces instants soient un peu moins brefs et surtout plus exigeants, puisqu’ils ne sont en réalité qu’une mise en bouche pour la dernière heure de jeu (sur quatre ou cinq heures), qui est certainement la plus intéressante et qui donne un peu d’audace à un level-design bien paresseux par moments.
Un peu plus de difficulté airait été bénéfique, puisque toutes les énigmes se parcourent d’une seule traite.
Les casse-têtes se trouvent être également d’une grande simplicité, mais leur diversité à travers les niveaux vient contrebalancer leur résolution trop rapide. On reste sur des mécanismes éculés avec le temps, mais ils contribuent à la bonhomie ambiante du jeu, en plus d’être assez ludique. On passera aussi pas mal de temps à récolter les rubis qui traînent ici-et-là, eux aussi tout droit sortis d’un Zelda, et qui serviront à enrichir la garde robe d’Elli, dans un but purement esthétique. On pourra également partir à la recherche d’une monnaie plus rare et mieux cachée, qui vous donnera accès à un catalogue de couvre-chefs tels que des chapeaux ou bien des fez (parce que les fez sont cools).
Cet article peut contenir des liens affiliés