Sans compter le décevant Mass Effect Andromeda, la trilogie originale Mass Effect reste encore dans les esprits des joueurs. C’est pour cela que Elder Games a voulu faire un jeu de la même trempe avec Everreach : Project Eden. Ce studio d’une seule personne auparavant s’est agrandi de quatre personnes en sus d’une douzaine de freelancers dès fin 2016, afin de développer ce titre orienté science-fiction et RPG.
D’ailleurs, le studio a des arguments de poids dans la conception de ce Everreach : Project Eden. Il y a notamment Michelle Clough, scénariste et ancienne testeuse narrative sur la trilogie Mass Effect, mais aussi un artiste qui a travaillé notamment sur les films Warcraft et Star Trek Sans Limites entre autres. Le soft était donc prometteur jusqu’à sa sortie le 4 décembre dernier sur PC avec un résultat il faut le dire, bien loin de ce à quoi nous pouvions nous attendre.
Conditions de test : Nous avons terminé le titre d’Elder Games en environ 5 heures de jeu en mode normal, en faisant pratiquement toutes les quêtes possibles. Le jeu a bien évidemment été testé sur PC, avec 16 Go de RAM, une GTX1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
Sommaire
ToggleUne planète Eden pas si paisible
S’il y a bien une chose qui pouvait un minimum nous accrocher en premier lieu, c’est bien sa narration. Everreach : Project Eden nous plonge dans la peau de Nora Harwood, membre de la division de la sécurité d’Everrach. Charger de sécuriser notamment la colonisation de la planète Eden où notre héroïne se rend au début du jeu avec son équipe, cette dernière va vivre une arrivée mouvementée. Le système de sécurité d’Eden attaque Nora et son équipe sans raison apparente, et perd au passage Mike, un de ses coéquipiers.
Arrivée par la suite sur la terre ferme, la bougresse va devoir retrouver son équipier Jay lui aussi atterri en catastrophe. Nora Harwood devra aussi découvrir ce qu’il se trame sur cette planète nouvellement colonisée. En effet, les communications entre la terre et la planète Eden ont été tout simplement rompues, et ce sera à notre héroïne d’enquêter sur ces mystères, dont les obélisques extraterrestres jonchent la planète.
Dans l’absolu, nous sommes en face d’une narration façon science-fiction/space opera à la Mass Effect. Et il faut dire que l’écriture est loin d’être vilaine au premier abord, et reste aussi complexe que plaisante à suivre. Malheureusement et on s’y attendait, tout est finalement ultra prévisible dans la finalité, qui nous donne une fois de plus une histoire que l’on a vu des milliards de fois.
En plus, les personnages sont relativement fades et sans psychologie profonde, ce qui aura le don d’agacer. Seul le robot 73Q au design lambda certes, aura quelques dialogues plutôt savoureux et drôles pour détendre l’atmosphère. C’est au moins ça de pris car pour le reste, c’est très faible. On ne comptera pas qui plus est la direction artistique manquant hélas de personnalité, de profondeur, et faisant penser à un sous Mass Effect. L’ambition du studio a en somme été très voire trop vite rattrapée par la réalité.
Des choix de game design douteux
Le cirque Everreach : Project Eden ne s’arrête pas là, car le soft réussit quand même l’exploit de louper totalement son game design de A à Z. Chose assez surprenante en premier lieu, notre personnage est d’une rigidité sans nom. En sus, notre lieutenant en herbe ne peut même pas sauter, changer de caméra d’épaule, ou bien ranger son arme de manière plus fluide. On notera également que les développeurs ont aussi oublié d’enlever l’interface Xbox One lorsque vous jouez au combo clavier/souris.
Autant dire que le jeu enchaîne les maladresses totalement évitables, notamment sur les gunfights. Etant donné que notre protagoniste évolue avec un balai dans les fesses, il en devient assez difficile d’aborder de manière sereine les phases de shoot. En supplément il n’y a aucun système de couverture, ce qui fait que l’on se calera souvent au pif derrière un mur ou un élément du décor en étant parfois accroupi. Egalement, la visée est juste ignoble car beaucoup trop sensible, et avec une hitbox des ennemis totalement foirée comme leur IA, qui n’existe pas mais qui peut parfois vous toucher de manière absurde.
Et pour nous achever encore plus, le feeling des armes est lui aussi totalement cassé. La distance de tir est totalement faussée – en quelle année on ne peut pas ajuster un ennemi de loin avec un fusil d’assaut ? -, l’impact des balles est inexistant au possible, et le son saute une fois sur deux. Autant dire que le résultat n’est pas très reluisant, et le tout donne lieu à des gunfights plats, mous, et sans aucune once de fun.
L’autre problème du soft réside aussi dans sa conception. On se retrouve dans un RPG trop linéaire, et avec des phases de jeu en véhicule qui vous ferait presque frôler la crise cardiaque par sa maniabilité totalement immonde. Elle en devient même rageante quand il s’agit de jouer deux mêmes séquences où vous devez éviter les projectiles d’un vaisseau, doté bien entendu d’une hitbox encore aux fraises pour bien vous faire rugir comme il faut, jusqu’à passer en mode facile pour que ce soit plus « abordable ».
Oui, même la difficulté en normal est parfois tarabiscotée pour rien, avec au passage des checkpoints placés totalement au hasard.
Un RPG (trop) limité
Pour la partie purement RPG maintenant ce n’est pas mieux, excepté deux points que l’on abordera plus tard. Grossièrement comme nous l’avons évoqué plus haut, c’est un RPG linéaire. Pas de monde ouvert donc, et vous aurez seulement trois grosses missions principales pas du tout inspirées pour un sou. Le bébé d’Elder Games disposera aussi de deux/trois quêtes secondaires qui se courent après, et qui sont de toute manière anecdotiques et classiques.
En somme ce n’est pas bien folichon, comme le système de loot. En progressant dans les niveaux étriqués et linéaires de Everreach : Project Eden, vous tomberez sur des caisses qui vous donneront entre autres des ressources pour acheter des compétences. Certaines s’ouvrent instantanément tandis que des coffres spéciaux en rouge voire bleue vous demanderont de passer par un mini-jeu pour récupérer beaucoup plus de ressources.
Si les premières caisses vous donnent des chances de vous louper sur les mini-jeux, ce n’est pas le cas pour les secondes caisses. Du coup si vous vous ratez une seule fois sur ces dernières, il n’y aura pas moyen de réessayer et ainsi récupérer votre du. Une fois encore, le choix de game design est discutable comme ces mini-jeux agaçants, qui auraient largement mérité un système de piratage beaucoup mieux amené que ces stupides mini-jeux qui auront le don de vous faire rager.
Vous vous en doutez qui dit RPG, dit aussi choix de dialogue. Il y en a quelques uns dans le titre dont deux choix prévisibles à la fin du soft. Mais bien évidemment, certains choix que vous pourrez faire au cours du jeu n’auront d’influence ni sur la fin, ni sur les relations entres les personnages. En somme comme le reste du jeu, la partie RPG est beaucoup trop bridée et totalement obsolète.
Cela dit tout n’est pas noir non plus, car le système de progression reste décent. En dézinguant des ennemis, en ouvrant des coffres ou en finissant les quêtes primaire et annexes, vous obtenez de l’expérience vous faisant monter en niveau. Par la suite, vous avez la possibilité d’assigner des points de skills entre force, dextérité ainsi qu’intelligence.
Cela aura par la suite des conséquences sur l’arbre à compétences qui vous débloquera quelques habiletés à acheter en fonction des points assignés auparavant entre vos trois skills. L’idée est bonne, et vous donnera la faculté de déverrouiller quelques pouvoirs pour le moins sympas à utiliser, entre vous donner plus de dégâts et d’endurance illimitée pendant un certains temps, vous protéger via un champ de force, et j’en passe. Au moins, il y aura ces spécificités qui sauveront les meubles de ce gameplay vétuste qui méritait tellement mieux.
Des graphismes qui tentent de sortir la tête de l’eau, comme la bande-son
Sur l’aspect purement graphique du titre d’Elder Games, il y a vraiment à boire et à manger. Tournant sous Unity, Everreach : Project Eden est capable d’afficher des textures de haute qualité, comme des textures totalement vomitives indignes de la génération actuelle. L’inégalité est affreusement visible comme la distance d’affichage, qui ne vous donne pas la capacité de voir à plus de 30 mètres.
On se demande comment les développeurs ont pu coder les graphismes, comme les animations et l’optimisation. Elder Games ne semblait en effet pas vraiment inspiré au niveau des animations, d’un ridicule sans nom et qui donnent lieu à une mise en scène des cinématiques affreuse, comme en ingame. L’optimisation n’est enfin pas en reste avec des ralentissements et freezes à la pelle. Bref, on en vient à se demander si Elder Games n’a pas codé le jeu avec des moufles.
Si les graphismes sortent à peine la tête de l’eau pour tenter de survivre, le bande-son fait de même. Les thèmes musicaux collent dans un premier temps à l’univers proposé, avec des compositions synthé électro épiques qui font le café. Cependant, et en dépit de doublages en VO honorables, les bugs de son pourrissent le travail de qualité qui a été effectué auparavant sur les musiques. Dommage donc, et sachez aussi que le jeu est entièrement en anglais, ce qui fait qu’une compréhension basique de la langue de Shakespeare est fortement recommandée.
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