Paru il y a de cela six longues années, le premier Everspace surfait sur une tendance pour en raviver une qui n’était plus vraiment d’actualité. En d’autres termes, le titre de Rockfish Games a fait partie de la myriade de Rogue-like / lite qui a déferlé sur l’industrie vidéoludique au cours de la dernière décennie. En parallèle, il tentait de lier à ce genre si particulier toute une grammaire spatiale, en s’orientant plutôt du côté arcade de la force pour son pilotage. Une recette qui a beaucoup plu à certains, un peu moins à d’autres. La plupart du temps, c’est finalement son système basé sur l’aléatoire qui a déçu, outre quelques faiblesses dues à son statut de jeu indépendant.
Cette année, c’est au tour de sa suite, sobrement intitulée Everspace 2, qui aura pris son temps pour nous parvenir. Il faut dire que cette nouvelle itération délaisse tout l’aspect aléatoire, et offre par ailleurs un espace de jeu absolument gigantesque. Cela couplé à une quantité folle d’améliorations, de modifications dans la recette, et un contenu indécent… On comprend rapidement pourquoi Rockfish a mis autant de temps à rendre sa copie. D’abord disponible sur PC en début d’année, Everspace 2 débarquait dans le courant du mois d’août sur consoles de nouvelle génération, dans une version entièrement adaptée à la manette. Le résultat ? On vous le détaille de ce pas.
Conditions de test : Nous avons passé près de 25h sur la version Xbox Series X du titre. Le temps de voir une bonne partie de son contenu scénarisé, mais pas de venir à bout de son aventure. Nous avons aussi réalisé une bonne quantité de missions annexes, mais sommes très loin d’avoir atteint le 100%.
Nouveau monde
Avant toute chose, il convient de préciser quelques points. Non, Everspace 2 ne conserve aucune parcelle de l’ADN Rogue-like de son prédécesseur. En vérité, en s’en émancipant, le titre a même dit adieu à beaucoup des errances de son grand frère, tout en corrigeant certains aspects moins attendus. Il semble évident que Rockfish Games a écouté attentivement les retours des joueurs et de la critique, et a pensé ce nouvel opus comme une version ultime de sa recette, profitant d’un savoir faire déjà bien rôdé pour viser encore plus grand.
Ainsi, cette suite est toujours un jeu de vaisseau spatial, tantôt porté sur l’action, tantôt sur l’exploration. Les contrôles sont assez faciles à prendre en main, et la physique est aux antipodes de ce que proposent des titres se voulant réalistes, comme l’arlésienne Star Citizen. Non, chez Everspace 2 on vise plutôt une recette à la Chorus, avec un gameplay simple d’accès. Quoique absolument aucune touche de la manette ne soit délaissée, mais on y reviendra. Le résultat, c’est avant tout un pilotage jubilatoire, et des possibilités d’approche des diverses situations immenses.
Parce qu’il s’est peut-être délesté de toute génération procédurale, de l’aléatoire dû au statut de Rogue-like de son prédécesseur, il n’en offre pas moins une liberté gigantesque, et une variété de situations surprenante. Nous ne sommes pas devant un No Man’s Sky en puissance, le jeu de Hello Games possédant de toute façon un espace de jeu bien trop grand pour son bien. Mais la map globale de Everspace 2 demeure d’une taille difficile à concevoir, et profite de différences visuelles notables entre ses zones, qui rendent son exploration d’autant plus appréciable.
Et le visuel, justement, c’est à n’en point douter la première chose qui frappe lorsqu’on lance le soft. Cette suite reprend le moteur utilisé sur son prédécesseur, à savoir l’Unreal Engine 4, et s’en sert avec une finesse surprenante. Chaque zone à explorer est un bonbon pour les yeux. Que ce soit pour les effets de lumière absolument divins, ou les couleurs saturées, tout est beau dans Everspace 2, même un simple champ d’astéroïdes. On vous laisse profiter de quelques unes de ces ambiances via la galerie d’images juste au dessus, toutes capturées dans les premières heures de jeu (en sachant que plus on progresse, plus le titre se lâche).
Et puisqu’un bon visuel ne fait pas tout, Everspace nous l’ayant prouvé à sa manière, sa suite s’est aussi offert une bande son très agréable à l’oreille, pleine de sonorités électroniques qui collent parfaitement aux ambiances proposées. Le jeu étant relativement calme, ne proposant finalement aucun moment purement épique ou changement de ton drastique, cette OST demeure donc dans la même veine. Mais n’allez pas croire qu’il s’agit d’un reproche : à n’en point douter, elle participe grandement à l’appréciation de cet univers et à l’immersion du joueur.
Enfin, toujours au rayon des améliorations, le titre de Rockfish Games dispose d’un contenu énorme. Avec d’un côté une campagne qu’il est possible de boucler en 25 à 30 heures et une quantité surprenante de quêtes annexes, de l’autre tout un tas d’événements placés plus ou moins loin de notre route, comme un appel de détresse ou un trésor caché dans un cimetière de vaisseaux. Ce qui ne s’accompagne heureusement plus de l’abondance infernale de ressources à miner du premier volet. Quoique là encore, cela reste à nuancer, car il jouit d’un loot assez conséquent, à côté duquel il n’est toutefois que peu pénalisant de passer. Enfin vous pouvez compter plus de soixante-dix heures pour faire le tour complet de Everspace 2, ce qui est plutôt remarquable.
Canopée
Comme son prédécesseur, Everspace 2 s’offre une histoire pas déplaisante, quoique narrée d’une manière un peu trop économe. On sent que tout le budget est passé dans le visuel hors narration, ne laissant plus, pour cette dernière, que le choix de planches façon BD, un peu trop cheap. Qu’à cela ne tienne, malgré une profondeur loin de surprendre, ce fil rouge rempli parfaitement son office, et nous offre par ailleurs une galerie de personnages sympathiques, aux doublages anglais très convenables. Dommage que l’aventure mette autant de temps à se lancer, cela dit, car il faudra bien six heures avant de se voir ouvrir les portes de la seconde zone, et avec, la possibilité de vaquer plus librement à nos occupations.
Occupations qui se découpent en quatre pans distincts. En premier lieu l’aventure principale, donc, et ses quêtes qui se renouvellent plutôt bien, mais dont le fil rouge est peut-être un peu trop cousu de fil blanc par moments. Ensuite, toutes les quêtes annexes, qu’il est possible de choisir de suivre ou non via un menu prévu à cet effet. Ce qui se traduit, en jeu, par un pointeur de couleur bleu dans l’espace, nous indiquant où nous rendre. Simple et efficace. Vient ensuite l’exploration, avec ses événements scriptés assez variés, une récolte de trésors en tous genres plutôt grisante, et la découverte de secrets parfois vraiment bien cachés dans de très grandes zones au chouette level design.
Pour finir, le soft propose son propre système de commerce, qui peut occuper un sacré paquet de temps. Parce qu’il est possible de récupérer diverses marchandises dans la nature, ou de les acheter, mais que les prix varient selon les endroits. Il est donc intéressant de se procurer une quantité certaine de caisses vendues à bas prix dans un système solaire, pour se rendre ensuite dans un autre chez qui la rareté du produit vous permet une marge colossale. Outre le côté grisant de tels profits, cela peut surtout vous permettre d’acheter de nouveaux vaisseaux (chaque gabarit se pilotant différemment et ayant ses propres particularités), parmi une liste bien mieux fournie que dans le premier volet, ou de l’équipement.
Équipement qui revêt une importance assez majeure dans l’aventure, puisque chaque arme inflige son propre type de dégâts, et que les vaisseaux ennemis prennent un malin plaisir à faire varier leurs blindages et boucliers énergétiques. Par ailleurs, chaque pièce de notre vaisseau permet d’améliorer un aspect donné, que ce soit la poussée des réacteurs, ou la résistance de la coque. Et si ce point n’est pas aussi capital que chez un Armored Core VI, en cela qu’ici il nous est possible de progresser sans avoir réfléchi notre vaisseau de A à Z, ce système d’équipement se révèle toutefois grisant à son tour, lorsqu’une configuration nous permet de rouler sur nos adversaires. Notez aussi que la customisation visuelle est d’une richesse rarement vue.
De manière générale, Everspace 2 est un titre plutôt accueillant, malgré quelques pointes de difficulté, qui sont généralement là pour nous pousser à changer d’armement, mais ne sont jamais frustrantes. D’autant que les checkpoints nous font reprendre à l’entrée de chaque zone, permettant de repartir dans le feu nourri en moins de deux. Le titre explique bien ses mécaniques, il prend le temps de se mettre en place, et offre toutes les armes au joueur pour passer un moment agréable, selon ses envies, même différentes vues. Notamment un mode cockpit qui est absolument génial. Reste un point qui pourra rebuter en premier lieu, surtout dans cette version console : l’apprentissage des contrôles.
Alors je vois venir ceux qui ont déjà terminé le jeu, et effectivement, rien de très compliqué à noter. Du moins, rien qui nécessite de reformater son cerveau de joueur. Cela étant, il faut dire que chaque touche de la manette est attribuée à une commande, et que tout n’est pas particulièrement intuitif. Par exemple, monter et descendre, s’effectuant avec les deux gâchettes de gauche. Si nous ne sommes clairement pas devant une simulation à l’accès volontairement difficile, le soft nécessite toutefois son petit apprentissage, qu’il nous laisse heureusement le temps d’ingurgiter dans ses débuts, avec plusieurs missions relativement didactiques. Finalement, le plus gros défaut qu’on lui trouve réside certainement dans ses menus d’un autre temps…
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