Evil Dead: The Game n’est clairement pas le premier jeu de la licence cinématographique de Sam Raimi. Effectivement, les derniers titres en date ne sont autres qu’Evil Dead Regeneration qui ne fut pas folichon, voire plus récemment Evil Dead Virtual Nightmare, qui était quant à lui un titre VR plutôt sympathique. Voilà donc un nouveau jeu estampillé Evil Dead qui sort des tiroirs après plusieurs reports, et qui est d’ailleurs développé par Saber Interactive, soit les développeurs d’un certain World War Z, qui restait un TPS coopératif solide. De quoi avoir là un jeu Evil Dead enfin de qualité ?
Conditions de test : Nous avons terminé les cinq missions solo d’Evil Dead : The Game en environ 2-3 heures. Par la suite, nous avons joué longuement au multijoueur en survivant comme en démon durant un peu plus d’une douzaine d’heures, histoire de bien monter en niveau chaque classe de survivants et démons. Le titre a été testé majoritairement sur PS5 et un peu sur PS4.
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ToggleLe contenu, c’est vraiment pas la folie
Dans un premier temps, et après un didacticiel qui explique très bien les bases du jeu, nous avons d’abord testé le mode Missions. Au nombre de cinq, celles-ci vous permet d’incarner à tour de rôle Ash jeune et plus âgé, Pablo de la série Ash Vs. Evil Dead, ou encore le seigneur Arthur. Force est de constater que ces missions, qui retracent plus ou moins certains moments des films ou de la série, restent en définitive assez peu intéressantes. En clair, lesdites missions servent clairement d’entrainement pour son mode multijoueur, le gros morceau du jeu.
C’est vraiment décevant, d’autant que les objectifs de mission n’en restent pas moins répétitifs et peu enthousiasmants. On aurait vraiment aimé une histoire Evil Dead originale et inédite, mais ce n’est finalement pas le cas. Autant dire que d’entrée de jeu, ce mode-là est finalement une déception, même si cela est néanmoins une véritablement lettre d’amour aux fans invétérés d’Evil Dead. Qui plus est, le mode Missions permet aussi de débloquer quelques bonus voire de nouveaux personnages jouables pour son multi.
Vient après ce mode de jeu peu excitant : le mode survivants contre démon. Première chose à noter, ledit mode multijoueur, en sus d’être cross play, est aussi jouable en hors ligne contre l’IA. Tout ceci permet de s’entrainer un peu avant de se lancer dans le grand bain contre de vrais joueurs, forcément plus futés. Concernant le principe de ce mode multi, il consiste d’abord pour les survivants à récupérer trois morceaux de cartes disposés aléatoirement sur la map.
Par la suite, vous devrez sécuriser la page perdue du necronomicon et le dague de Kandar, et enfin vaincre les forces du mal. La dernière phase consistera finalement à protéger le necronomicon pendant deux minutes, afin de remporter la victoire. Et évidemment du côté du joueur contrôlant tout seul l’entité spirituelle démoniaque, il faudra empêcher les quatre survivants de parvenir à bout de ces objectifs.Ce mode de jeu, bien qu’assez répétitif sur le schéma de progression, est aussi drôle que fun à jouer. En revanche, on regrette amèrement le fait qu’il n’y ait seulement que deux maps jouables.
Mais en dehors de ça, les diverses classes du côté des survivants – chef, guerrier, chasseur et soutien – se complètent très bien en plus d’être variées, nombreuses et ayant des habiletés totalement diverses. Pour ce qui est des démons, il en va de même, avec trois classes, soit chef de guerre, marionnettiste et nécromancien, qui sont elles aussi complètement jouissives à manipuler. Autant dire que sur le contenu global, il y a à boire et à manger, et on espère sincèrement que de futurs DLC ou les Season Pass à venir viendront garnir généreusement le tout car pour l’heure, cela reste maigre pour un titre tarifé à 39?99 €.
Les Survivants, groovy mais pas trop
Comme vous aurez certainement pu le comprendre, Evil Dead: The Game propose bien deux types de gameplay, à commencer par celui des survivants. Ici, le soft proposera une vue TPS, avec possibilité d’attaquer au corps à corps, à distance avec des armes, voire faire des exécutions bien stylées et gores sur les cadavéreux ainsi que d’esquiver les diverses attaques. Si le feeling est bon dans son ensemble, force est d’admettre que la précision du corps à corps est affreuse en plus des coups portés, qui sont affreusement lourds et dotés d’une hitbox des plus discutables. L’absence d’un système de lock est un vrai handicap sur un TPS, et cela se ressent particulièrement sur Evil Dead: The Game, qui se paye aussi une caméra pas des plus intuitives.
Par contre, les sensations dans les gunfights sont bons, et tout l’aspect survie est grandement plaisant. Tout en accomplissant votre objectif de vaincre les forces du mal, vous devrez systématiquement fouiller chaque maison afin de trouver un loot décent, disponible aussi dans des caisses de ravitaillement. Celles-ci vous fourniront des armes blanches ou à feu relativement intéressantes et fonctionnant à la rareté par couleur, du gris au or qui fait office d’arme légendaire. Vous aurez également dans ces caisses du planant rose, donnant cette faculté d’améliorer vos compétences en bouclier, peur, distance, mêlée, santé et endurance. Le tout, pour être forcément un peu plus résistant face aux cadavéreux.
Le système de jeu du côté survivant est bien ficelé et terriblement jouissif. Qui plus est, la jauge de peur sera aussi à gérer en utilisant des points lumineux pour la faire baisser. Et si vous la laissez remplie à fond trop longtemps, vous ne serez pas à l’abri de vous faire posséder par le joueur adverse. La plupart des features donne finalement un gameplay bien foutu dans son ensemble. Toutefois, on déplorera ce manque de précision dans la jouabilité ainsi que dans la conduite des véhicules, veillotte et peu intuitive, la faute à des collisions mal gérées et une physique trop hasardeuse. Le sentiment de répétitivité se fera aussi ressentir à chaque partie, hormis l’emplacement du loot et des objectifs de missions, placés procéduralement.
Le démon très jouissif, mais l’équilibrage pas trop
Pour le second gameplay désormais, celui du démon est le plus intéressant. En tant que seul joueur pouvant le contrôler, vous prendrez dans un premier temps la forme de la forme spirituelle en vue FPS, et bien connue de la licence Evil Dead. Vous serez aussi doté d’une jauge de possession, qui se remplie en effectuant des actions basiques : poser des pièges, des unités en avançant votre forme spirituelle etc. Ladite jauge vous autorise, si elle est bien remplie et si vous avez donc assez de points, à posséder temporairement tout ce qui est survivants, voiture, arbres voire lancer vos unités ou boss.
Le fait d’avoir une grande liberté dans le gameplay du démon permet fatalement aux joueurs de varier les plaisirs entre harceler les joueurs en leur mettant des bâtons dans les roues, ou en piégeant un maximum les alentours et profiter de leur moindre faille pour passer à l’action. D’ailleurs, la progression du démon est pratiquement similaire aux survivants, à l’exception que chaque action vous fait gagner de l’expérience, et donc monter progressivement en niveau de menace, et donc des points d’expérience. Ces derniers seront à attribuer dans diverses catégories soit dans pièges, possession, énergie infernale, portails élites et de base, boss et vision démoniaque.
Chacune de ces compétences à améliorer est clairement utile, tout en nous donnant un sentiment de montée en puissance bien agréable pour notre forme spirituelle et ses unités basiques ou d’élites. Pas facile à maitriser au début, la jouabilité du démon devient incontestablement jubilatoire de fil en aiguille, et vous verrez assez rapidement comment embêter les divers joueurs dans la progression de leurs objectifs. Le gros point noir résidera en revanche dans l’équilibrage, pas forcément bien amené. Il n’est absolument pas rare de voire des joueurs combattre tout le temps avec le même type de démons (les nécromanciens avec Evil Ash en boss…), parfois beaucoup trop puissants pour les survivants, et pouvant plier les parties assez rapidement.
Il en va de même pour les survivants. En effet, ces derniers n’ont soit pas assez de loot à disposition voire beaucoup trop, ce qui peut rapidement faire basculer le sort de la partie sans le moindre retournement de situation, et donc en défaveur du démon. Grosso modo, il ne semble pas que le soft dispose d’un filtre de partie afin de jouer avec des joueurs du même niveau, ce qui est bien regrettable. Qui plus est, et nous nous devons d’y mettre le doigt dessus, les contrôles en jeu peuvent parfois paraître assez peu réactifs sur certaines actions comme esquiver, ramasser de simple objets, utiliser des amulettes ou se soigner, ce qui peut devenir rapidement punitif et frustrant sur des situations périlleuses et bien précises.
Un système de progression clair et bien huilé
Outre les nombreux couacs dans la jouabilité, Evil Dead: The Game a quand même soigné sa partie progression, avec une interface claire et concise. Après chaque partie, vous obtenez de l’expérience pour augmenter votre rang global, mais également des points d’esprit. Ceux-ci seront à attribuer sur l’un des différents personnages ou démons de chaque classe, afin de leur faire gagner un niveau, et donc un point de compétence.
Bien évidemment, vous pourrez par la suite l’attribuer sur l’arbre à compétences du personnage. Qu’on se le dise, on retrouve là une progression pour le moins assez basique, mais qui dans l’absolu, fonctionne à merveille. Et de fait, les personnages que vous choisirez par la suite auront forcément des avantages significatifs comme commencer avec une arme, ou avoir une endurance légèrement meilleure.
La partie progression est relativement équilibrée, ou presque. Effectivement, il peut vous arriver que même sur une victoire, vous ne gagniez pas assez de points d’esprit alors que cela doit être l’inverse. Encore une fois, il va falloir vraiment régler ces quelques soucis d’équilibrage sur bien des aspects, afin que l’amélioration des personnages ne prenne pas trop de temps non plus à être augmentée à leur summum.
Un pur plaisir graphique comme auditif ?
Sur la partie purement graphique, Evil Dead: The Game est loin d’être ridicule. En plus d’afficher une fluidité plus qu’optimale sur PS5 – et forcément moitié moins sur PS4 -, le soft s’en sort bien avec une modélisation générale décente, que ce soit sur les modèles 3D, les animations voire les jeux d’ombre et lumière, réussis.
Bien entendu, nous ne serons pas en face d’une claque non plus, le soft accusant pas mal d’écueils sur le moteur physique et les nombreux bugs de collisions qui vont avec, sans compter quelques textures un peu grossières, et le cycle de nuit qui vient aussi cacher une certaine faiblesse technique. Mais globalement c’est convenable, si ce n’est la répétitivité des décors des deux maps, qui nous laisse une désagréable impression de toujours parcourir les mêmes endroits.
Evil Dead: The Game arrive également à convaincre sur sa bande sonore. Avec des thèmes de qualité et collant parfaitement à l’ambiance de la licence cinématographique, l’atmosphère sonore du titre de Saber Interactive fait inévitablement mouche. Hormis des doublages de bonnes factures mais doté d’un mixage sonore qui fait tiquer, le titre est dans l’absolu une très bonne surprise sur le sound design en somme.
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