La dernière fois que l’on a vu Flying Wild Hog à l’œuvre c’était sur Shadow Warrior 3, pour un résultat en dents de scie. Maintenant focalisé sur une nouvelle licence avec Evil West, le studio polonais s’essaie cette fois-ci au TPS dans un univers diamétralement opposé, avec un contexte far west alternatif. Un peu à l’instar d’un Shadow Warrior 3, le nouveau né de Flying Wild Hog, qui nous avait plus ou moins convaincu sur notre preview, n’est pas aussi folichon que l’on aurait pu l’espérer…
Conditions de test : Nous avons terminé Evil West en mode normal en 8h de jeu et en prenant notre temps pour fouiller les moindres recoins des 16 missions disponibles. Le titre a été testé sur PC avec 16Go de Ram, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 Ghz.
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ToggleL’institut Rentier à la rescousse de l’Amérique
Tout comme Shadow Warrior 3, Evil West ne brille pas par sa narration. Le soft se déroule à la fin du XIXème siècle dans un far west alternatif. Nous prenons le contrôle de Jesse Rentier, chassant diverses créatures mais principalement des vampires. Notre héros travaille dans l’institut Rentier tenu par son père, William Rentier, dont le but est de protéger le monde entier de ces créatures sanguinaires. Seulement voilà, après quelques péripéties, l’institut est attaqué et presque détruit par les vampires, alors qu’une sombre menace émerge des ténèbres.
Concrètement, le fil rouge du soft n’a vraiment rien d’original, et ferait presque penser dans son intrigue à un certain Darkwatch, un jeu sympathique mais sans plus sorti en 2005 sur PS2 et Xbox. En effet, la trame est prévisible, on la sent venir à des kilomètres, et les personnages ne sont finalement pas plus marquants que ça. Pire, ils sont souvent plats et assez peu attachants, notamment Jesse Rentier, dont le charisme semble être passé à la trappe avec son côté stoïque. Il en va de même pour les personnages secondaires et l’écriture, qui manquent incontestablement d’épaisseur de toute part.
C’est dommage, d’autant que la fin n’est pas non plus des plus surprenantes. Elle est attendue, sans forcément laisser la porte ouverte à quoi que ce soit. Autant dire que la déception est de taille, et même si deux ou trois scènes ont su nous décrocher un petit sourire, ces moments-là sont bien trop rares pour que l’on puisse souligner l’écriture qui, encore une fois, manque peut-être un peu trop de finesse. En voulant se la jouer à la Shadow Warrior, Flying Wild Hog en oublie peut être de donner un peu plus de personnalité à Evil West.
Au moins, le jeu puisera sa force dans son background, véritablement saisissant. Il faut le dire, les jeux à la sauce Far West ne courent pas les rues en ce moment, et le bébé de Flying Wild Hog est enthousiasmant, avec ses nombreux décors désertiques et divers saloons ou villes. Qui plus est, le titre parvient à se diversifier significativement à travers les 16 missions, ne nous donnant pas l’impression de progresser à travers les mêmes niveaux inlassablement. De Marais en passant par des mines , des canyons voire dans une usine à pétrole, autant dire que le TPS ne manque pas de variété. La seule ombre au tableau résidera peut-être sur le bestiaire qui aurait pu être un peu plus original et touffu.
Des affrontements funs mais truffés de défauts
Avant d’aborder ce qui ne va pas dans le gameplay d’Evil West, il faut quand même noter le positif avec son système de combat. Ici, on serait presque sur un mélange entre DOOM et God of War. Jesse peut attaquer au corps à corps en effectuant des enchainements avec son gantelet, aveugler ses ennemis via l’éclopeur et les électrocuter, voire évidemment utiliser son colt. Le tout s’enrichit ensuite avec un bel arsenal gagné au fil du jeu, et prenant en général la forme de compétences rechargeables à utiliser, soit le fusil à levier, une grenade, un canon scié, un lance-flamme et j’en passe.
Qu’on se le dise, les combats sont frénétiques dans l’ensemble, avec une brutalité bienvenue via certaines exécutions une fois la jauge de vie des ennemis à zéro. Vous l’aurez compris, le tout est carré, défoulant, fun et avant tout jouissif à chaque combat en arène. Le côté tactique est aussi présent. Il faudra en général utiliser les bonnes armes ou compétences au bon moment pour récupérer un peu de santé, user et abuser des points faibles qui apparaissent sur les monstres pour leur faire plus de dégâts, mais aussi alimenter votre jauge électrique permettant de déclencher un mode rage, où vous pouvez faire un carnage monstrueux.
Malheureusement, si les combats sont globalement bien calibrés comme complets dans la palette de coups et de compétences, force est d’admettre que la lisibilité n’est pas du tout optimale. Effectivement, sachez qu’il n’y a pas de système de verrouillage, ce rend inexorablement l’action trop confuse. Qui plus est, malgré de bons mouvements d’esquive, le système de contre est parfois peu clair, dans la mesure où il n’y a rien pour nous indiquer quand notre action est réussie.
En somme, en se dotant d’un gameplay solide sur les combats, le titre de Flying Wild Hog ne fait pas le nécessaire pour s’offrir des mécaniques utiles et ô combien importantes. C’est fort dommage car le potentiel est là. C’est donc bien frustrant, même au niveau des exécutions qui, si elles sont stylées, sont parfois un peu bugées. Notez cependant que les boss proposent quand même un bon challenge. Ces derniers offrent des affrontements titanesques et très nerveux. Ce sera donc un bon point à souligner bien que le bestiaire soit pauvre et très vite barbant.
Un mélange de genres qui ne font pas toujours bon ménage
Vous vous en doutez, Evil West ne propose pas que des séquences de combat. Il aura aussi son lot de moments plus calmes où il s’agira notamment de résoudre des puzzles. Grossièrement, il vous sera demandé de pousser des petits wagonnets pour créer une plateforme, d’activer des générateurs pour continuer votre progression, voire de détruire des charmes pour avancer dans le niveau. À la longue, ces séquences de jeu se répètent un peu trop, jusqu’à nous écœurer ou nous faire souffler un grand coup. Idem pour certains passages à bord d’un chariot à mine où vous devez faire exploser des barils ou tirer sur un mécanisme pour changer la position du rail.
Autant dire que ces séquences de puzzles restent aussi légères et faciles que redondantes, un peu comme l’aspect « plateformes ». Ici, ne vous attendez pas à sauter à tout va. Tout saut se fera automatiquement en avançant sur des point en surbrillance. Autant dire que cela n’a rien d’enthousiasmant non plus, et on regrette que le tout soit assez scripté de ce côté là car le challenge n’est absolument pas présent.
Enfin, côté level-design, Flying Wild Hog a fait quelque chose d’honorable avec Evil West. Hormis le côté ultra linéaire et peu surprenant des 16 missions, la structure de certains niveaux se révèle intéressante, avec quelques petits endroits cachés pour récupérer divers coffres contenant monnaie ou atout. Qui plus est, certaines missions se permettent parfois quelques folies avec un peu de verticalité, ainsi que des niveaux un peu plus ouverts et agréables. Néanmoins le tout reste finalement inégal, souffrant parfois d’une progression indigeste avec les passages au Calico, un saloon faisant plus ou moins office de QG où les interactions sont bougrement limitées, servant juste le pont avec la narration et les prochaines missions.
Le bon équipement qui fait un bon Cow Boy
Sur le cœur du gameplay, sachez qu’Evil West opte pour du light RPG. En d’autres termes, vous pourrez voir une barre de vie sur chaque créature à affronter, mais aussi tout un système de levelling. En abattant divers ennemis vous montez en niveau, ce qui vous donnera un point d’atout à attribuer sur le côté électrique de votre gantelet, ou bien sur l’aspect corps à corps. Cela permet ainsi de varier votre style de jeu et d’avoir plusieurs cartes en main pour aborder sereinement les rixes. Bien entendu, l’obtention de certains atouts se fera uniquement si vous avez le niveau pour cela. D’ailleurs, il faut savoir que le levelling est particulier car il n’a pas l’air de reposer sur un système de point d’expérience précis, donnant l’impression que le tout se fait aléatoirement…
Outre ce détail trop hasardeux, un système d’équipement consistera à améliorer vos diverses armes. Moyennant des dollars, vous aurez la faculté d’upgrader vos pétoires, et toujours à condition d’avoir le niveau requis. Notez qu’il sera possible de récupérer atouts et pièces d’équipement dans des coffres disséminés à travers les niveaux. Cet aspect loot est plutôt sympa, bien que sous-exploité et extrêmement bridé…
On termine avec la durée de vie. Evil West se finit en 8 heures en mode normal et en prenant son temps. C’est honnête, et il y a bien entendu un mode new game +. En clair vous gardez toutes les armes, améliorations et compétences acquises, avec fatalement la résistance et les dégâts des ennemis augmentés en contrepartie. Voilà en somme un mode qui devrait plaire aux personnes en manque de challenge. De la coopération jusqu’à deux joueurs est également possible, et se révèle relativement agréable. Le seul point noir sera le fait que la progression ne sera pas sauvegardée pour l’invité…
Technique datée, bande-son qui tient la route ?
Pour la technique pure non, Evil West ne flatte absolument pas la rétine. Tournant pourtant sur le moteur utilisé pour Shadow Warrior 3 qui parvenait parfois à être beau – l’Unreal Engine 4 donc -, Evil West est quant à lui à la peine. En dehors de panoramas sympathiques, le soft se dote malheureusement de textures peu ragoutantes, d’effets de lumière et d’ombres un peu trop démesurés mais aussi divers autres effets graphiques assez cheap. Si la fluidité est d’ailleurs au rendez-vous avec une optimisation vraiment exemplaire, le jeu offre des graphismes trop vétustes pour que l’on soit vraiment impressionné, d’autant que divers bugs et même du clipping sont présents…
Toutefois, la bande-son aura de quoi sauver l’honneur. Avec quelques thèmes musicaux qui restent parfaitement justes et dans le ton du background far west fantastique et horrifique, le titre passe le test avec brio. Mention spéciale également aux doublages en V.O., vraiment de qualité également. On regrette juste que le jeu ne soit pas doublé intégralement en français mais ça, c’était prévisible pour un AA comme Evil West…
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