Il aura fallu attendre pas moins de cinq ans après son annonce pour voir Evotinction sortir. Effectivement, le titre développé par Spikewave Games, basé à Hangzhou en Chine, va débarquer le 13 septembre prochain sur PC, PlayStation 4 et PlayStation 5. Se déroulant dans un monde dystopique, cette aventure proposant de l’infiltration et du hacking n’offre finalement pas un résultat aussi reluisant que nous l’avais promis le studio chinois, pourtant aidé grandement par le programme de Sony et son PlayStation Hero Project…
Conditions de test : Nous avons terminé Evotinction en 6 heures de jeu. Nous avons ensuite refait quelques heures sur le mode nouvelle partie + pour en voir son potentiel. Le titre a été testé sur PlayStation 5.
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ToggleLe docteur Thomas Liu face à la menace robotique
Evotinction débute pourtant bien dans sa narration, jusqu’à tomber dans la facilité. Vous incarnez le docteur Thomas Liu, qui se réveille de sa cryogénisation. Notre héros apprend qu’un virus nommé RED, s’est propagé dans le complexe scientifique nommé HERE. Vous devrez tout faire pour l’arrêter, et en même temps chercher de potentiels survivants. Le docteur sera par ailleurs accompagné dans son périple par Oz, un robot assistant qui l’aidera dans sa périlleuse quête.
Si nous laissons au premier abord le bénéfice du doute à l’histoire qui se met doucement en place, il faut bien admettre qu’Evotinction a du mal par la suite. La faute à une mise en scène bien trop bancale, dotée d’angle de caméra barbants, mais aussi un fil rouge qui se la joue beaucoup trop complexe pour pas grand chose. On y retrouve en effet une écriture relativement faible, tout en étant clichée mais également confuse du début à la fin. Au point que l’on n’arrive jamais vraiment à s’immerger dans son univers, qui nous laisse très souvent plus en dehors qu’autre chose.
Par ailleurs, si le titre arrive à nous avoir en proposant à minima une une scène potentiellement touchante, c’est vraiment la seule chose positive que nous retiendrons. Car même les quelques rebondissements dans la narration nous parviennent comme des cheveux sur la soupe, ne surprennent pas du tout, et la fin ouverte est trop prévisible. Pour ne rien arranger, même si nous ressentons une petite influence Death Stranding/Metal Gear Solid dans l’ambiance globale, il faut bien avouer que c’est largement moins réussi que les licences d’Hideo Kojima sur cet aspect.
Spikewave Games a même eu l’idée de proposer quelques choix à faire à certains moments du jeu, sans réel succès. Le docteur Liu perd connaissance sur quelques séquences, et nous laisse avec un vieux texte sur fond noir, avec quelques choix de dialogue à faire. Rudimentaires dans leur présentation, force est de constater que ces choix n’influenceront en aucun cas la fin du jeu, et vont juste servir à la narration comme les nombreux journaux écrits ou audio que l’on trouve en fouillant les recoins du complexe scientifique.
Idem pour les autres choix qui s’offrent à nous dans d’autres situations, comme prendre l’initiative d’aller sauver des survivants, ou bien épargner tels ennemis. On ressent hélas une inexpérience chez Spikewave Games. Tout est confus, et on espère que le studio va mettre les bouchées doubles dans son prochain jeu car, dans le fond, tout n’est vraiment pas à jeter. On le répète, Evotinction embarquait de bonnes idées sur sa partie narrative, le potentiel est simplement gâché.
Un gameplay hacking/infiltration qui pouvait faire mieux…
Pour le gameplay d’Evotinction, Spikewave Games a préféré opter pour quelque chose à mi-chemin entre hacking et infiltration. En effet, vous devrez majoritairement combattre différents types de drones tout le long du jeu, en jouant la carte de la discrétion. Pour ce faire, vous serez armé d’un pistolet qui sera améliorable plus tard, mais également d’outils de piratage qui deviendront de plus en plus nombreux et complets au fil de votre progression.
Sur le papier, la production de Spikewave Games est séduisante mais n’arrive malgré tout pas à convaincre dans la pratique. Bien que l’aspect infiltration puisse être au tout début grisante rien que dans le fait de désactiver les drone en allant derrière eux et en scannant leur code barre pour s’en débarrasser, les phases suivantes avec un peu plus d’ennemis sont frustrantes. Il n’est pas rare de se faire repérer, parfois trop facilement, à un tel point que l’on doive parfois se forcer à recommencer une séquence, pour faire mieux les choses.
En plus de cette difficulté retorse pour rien, Evotinction gère mal ces passages d’infiltration. Il peut être parfois bon de passer presque en force et rapidement pour arriver à l’objectif suivant, ce qui fait que la plupart des outils que l’on met à disposition ne servent finalement pas à grand chose. Et pourtant, vous avez une belle panoplie de gadgets comme des appâts pour attirer vos cibles, des puces magnétiques qui mettent hors ligne instantanément les robots, mais également des murs holographiques, permettant de brouiller la vue de certaines machines spéciales.
Cet ensemble provoque un gros sentiment de frustration, comme son level-design qui manque clairement d’inspiration. A aucun moment la construction des niveaux ne nous a impressionné plus que ça, et l’on sent vite un manque de savoir faire comparé à d’autres productions qui maitrisent mieux leur sujet et savent se réinventer. S’il y a quand même l’utilisation du décors qui sert au gameplay et à l’infiltration au global, le reste est littéralement plat, comme les nombreux aller-retours incessants, mais aussi le design des décors qui ne change jamais, jusqu’à nous ennuyer ferme. A aucun moment, Evotinction n’arrive à nous émerveiller, alors que c’est son boulot.
Parmi les autres éléments qu’il faut pointer du doigt, ses multiples imprécisions de gameplay, comme certaines phases de jeu qui n’ont rien à faire là. En plus de quelques imprécisions dans les déplacements de notre personnage, ou quand il doit se coller à des murs pour se cacher des ennemis, des séquences de gunfights et de défense face à des vagues sont de la partie. Le soucis dans tout cela, c’est qu’Evotinction n’est pas adapté à ce type de gameplay. On se retrouve ainsi en face de séquences de combats mollassonnes, soporifiques, et qui n’ont aucun intérêt. Heureusement qu’elles ne durent qu’un instant. Sachez aussi que des combats de boss sont de la partie et se révèlent un minimum sympa. Par contre, il faut bien l’avouer, cela ne correspond pas du tout au game design initial, et le gameplay n’aide pas avec ses écueils.
Dans les rares bonnes idées cependant, il y a cette jauge de furtivité. Cette dernière vous donne la possibilité de pirater les robots afin de les étourdir, de les immobiliser, voire les désactiver un instant de leur réseau, vision ou ouïe pour ceux qui peuvent entendre. Mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’en utilisant vos outils de piratage, celle-ci se vide progressivement, jusqu’à passer en confinement total. Et à ce moment là, vous ne pourrez plus du tout pirater quoi que ce soit, et vous devrez vous débrouiller en passant sous le peigne fin des robots qui surveillent les environ. Cette feature donne un peu de fil à retordre, propose de se la jouer stratégique, mais cela peut devenir à terme très agaçant et augmenter la difficulté pour un rien. En plus, on se fait également repérer en étant accroupi, alors autant dire que le titre énerve encore plus.
Amélioration, new game +… Bonne et mauvaise idée à la fois
Afin de continuer sur une bonne note, il faut bien donner du crédit à son système d’amélioration, qui n’est pas si mauvais en fin de compte. Via une station vous donnant la possibilité de recharger les munitions de votre pistolet et divers gadgets, vous aurez le luxe de déverrouiller vos compétences. Au moyen de ressources récoltées dans le jeu et de jetons glanés grâce à de petites simulations que vous pouvez effectuer via des mises en situation, vous aurez le loisir de débloquer de nouvelles compétences de piratage.
Vous pouvez ainsi vous accaparer des habiletés passives comme dévoiler toutes les ressources alentours, ou améliorer la vitesse du piratage. Dans son classicisme, cette mécanique d’upgrade n’est finalement pas si mal, et s’incorpore bien au game design global imparfait d’Evotinction. De plus, les simulations à effectuer permettent un minimum de vous entrainer sur les mécaniques de jeu, bien que certains didacticiels que l’on vous met en pleine face jusqu’à la fin de l’aventure ont de quoi faire souffler fort. Nous nous sommes même demandé si les développeurs n’avaient pas peur que l’on ne sache pas quoi faire à l’instant t… Toutefois, il faut reconnaitre que les outils de piratage, lorsque nous pouvons vraiment bien les utiliser, se révèlent funs, ce qui est déjà ça de pris.
Viens enfin le new game +, qui n’a absolument aucun intérêt. Si l’on pensait avoir une expérience un peu plus difficile avec un peu plus de robots à affronter, il n’en est rien. Vous serez juste bon à recommencer l’histoire, avec quelques passages tronquées, et toutes les compétences que vous avez déjà débloquées. Le seul intérêt du new game +, résidera dans l’obtention de toutes les compétences, et aussi de glaner les trophées restants. Pour le reste, refaire une partie dans ce mode de jeu sans avoir la moindre difficulté ou récompense supplémentaire ne sert finalement à rien.
Une ambiance sonore et graphique peu enthousiasmante…
Sur le côté graphique, le bébé de Spikewave Games n’est pas si moche tout compte fait. Le titre oscille toutefois entre des environnements propres et clinquants, et quelques textures pas finies, ou tout simplement pas réellement dignes d’un jeu PlayStation 5. Ce contraste est vraiment décevant, d’autant que le framerate, du moins vers la fin, tend à décliner doucement en dessous des 20 FPS alors qu’il n’y a pas réellement une armée d’ennemis à nous afficher comme sur un Space Marine 2. Pour une première, le résultat est mitigé pour l’équipe de Spikewave Games, même si le titre parvient à se doter de quelques effets pas trop déconnants.
Nous ne finirons pas sur une bonne note avec son sound design, qui nous laisse de marbre. En voulant jouer dans la cours de la science-fiction, Evotinction propose finalement des musiques dark electro qui n’arrivent pas réellement à coller avec l’ambiance du jeu, qui est censée osciller entre de la SF et un petit côté horrifique. De plus, et même si les doublages anglais sont corrects sans non plus être exceptionnels, ce seront les bruitages qui manqueront de qualité, et qui annihileront les moments censés êtres tendus et angoissants. S’il y aura une dernière chose à noter, ce sont les moments de silence après les cinématiques, laissant entendre qu’il manquerait peut être une petite musique d’ambiance dans les transitions. Il y aura sûrement un patch day one pour corriger cela, mais pas sûr que cela patche tout le jeu non plus.
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