Après le sympathique SnowRunner, Saber Interactive ne compte pas s’arrêter là avec la franchise. Avec Expeditions: A MudRunner Game, le studio compte cette fois-ci nous faire partir à l’aventure puisque nous devrons, à bord de notre véhicule, jouer les archéologues ou les photographes en herbe au cœur de la faune et la flore du soft. Pour autant, s’il aurait pu récolter le trophée du meilleur jeu de la franchise, c’est raté d’un cheveu au vu des écueils récurrents de la licence qui collent à la peau d’Expeditions: A MudRunner Game.
Conditions de test : Nous avons joué les explorateurs à bord de notre bolide tout-terrain durant une quinzaine d’heures, ce qui nous a permis de faire une bonne partie des expéditions proposées sur les trois régions. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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TogglePlus accessible, mais toujours punitif
Expeditions: A Mudrunner Game reprend bien les mécaniques instaurées par les premiers épisodes. Dans une interface remaniée, mais toujours reconnaissable, vous débutez votre mission avec le levier de vitesse, l’interface du carburant, le bloc différentiel, mais aussi les pourcentages de dégâts des différentes parties de votre véhicule. La seule petite nouveauté ici, c’est l’ajout de la pression des pneus qui peut être utile pour traverser des environnements trop boueux ou rocheux. Gare toutefois à ne pas trop laisser descendre la pression, au risque de faire de gros dégâts à vos pneus ou suspensions.
Il faut l’admettre, le gameplay de Expeditions: A Mudrunner Game reste plaisant dans son côté simulation pure. De plus, nous ressentons une accessibilité plus prononcée dans la plupart des missions, afin de séduire les nouveaux venus sur la licence. La conduite et l’inertie des véhicules sont criantes de réalisme avec cependant une vue cockpit qui, hélas, n’est pas encore totalement bien fignolée, et même anecdotique. On pourra reprocher au titre d’être une fois encore dans un réalisme un peu trop poussé à l’extrême. La faute à un moteur physique qui est quelquefois dans l’abus total, ce qui peut faire ressentir un côté punitif et injuste.
C’est à partir de là que l’on pourra ressentir une difficulté accrue dans le soft, qui n’est pas toujours bien dosée. Si les nombreux parcours sur des quêtes spécifiques sont abordables au début, les autres se transforment vite en véritables chemins de croix, notamment à cause du sol ou de votre véhicule qui peut vite se bloquer à un endroit précis. Tout ceci est plutôt rageant sur la durée, bien que la construction de la map offre a minima un challenge certain, même si cela devient disproportionné à terme. Les divers bugs viennent parfois jouer les trouble-fêtes, la caméra qui part dans tous les sens également, et cela ne fait qu’accentuer le côté frustrant déjà présent sur le soft.
Néanmoins, il faut reconnaître que la plupart des nouveautés ajoutées ont le don de faire plaisir. En plus de la pression des pneus évoquée plus haut, quelques gadgets sont de la partie. Il y aura ainsi un drone qui pourra faire du scouting afin de marquer les points d’intérêt, ou d’autres petits outils comme des crochets ou vérins, servant respectivement de points d’accroches ou à relever le véhicule. À noter que ce dernier n’est pas toujours facile à utiliser, car le jeu ne considère pas que le véhicule est réellement à terre à certains moments… Mais bref, la liste des gadgets est pas trop mal fournie et chacun a son utilité.
La préparation est aussi quelque chose d’assez important avant une expédition. D’ailleurs sachez que des logisticiens font leur apparition dans cet opus. Chaque mission principale dispose d’une condition à remplir (avoir un outil ou un logisticien précis) avant de débuter. Vous pourrez ainsi assigner jusqu’à quatre véhicules (ce qui est utile pour dépêtrer un autre véhicule) et trois logisticiens différents pour mener à bien votre mission.
De manière générale, les logisticiens servent au gameplay puisqu’ils peuvent vous apporter au choix du ravitaillement en plus (pièces détachées ou essence), voire vous donner la possibilité de subir moins de dégâts quand vous emboutissez un élément du décor. Cette feature est largement bienvenue, au même titre que le côté préparation qui vous demandera de minutieusement acheter les outils nécessaires ou d’améliorer votre bolide si besoin, ce qui est finalement grisant.
Deux maps ouvertes, et c’est tout
Dans l’absolu, Expeditions: A Mudrunner Game se calque sur son prédécesseur pour l’aspect ouvert. Ici, vous pourrez, si vous le désirez, lancer une mission principale, mais en même temps rester sur la grande map et ainsi vous lancer dans d’autres quêtes annexes. La progression est assez fluide, car même après avoir terminé votre mission, vous pourrez au choix retourner directement à votre QG ou bien rester sur la carte, afin de continuer à explorer.
Tout cet aspect ouvert est relativement grisant, au même titre que l’exploration. Même si le gameplay est forcément lent, il y a ce plaisir de découvrir de nouveaux points d’intérêt, de nouvelles missions à effectuer, des améliorations cachées ou simplement d’autres halos jaunes où il est possible de construire des ponts pour continuer à progresser. Le level design est en définitive un peu mieux agencé que chez les précédents opus, et il faudra parfois se creuser la tête sur l’itinéraire à prendre en fonction du véhicule choisi (scout ou tout-terrain).
Notez, qui plus est, que les différents objectifs arrivent à varier un tant soit peu. Il n’y a plus nécessairement de la livraison à effectuer, et sachez que vous aurez en plus quelques phases en drone ou des petits QTE à réussir quand il s’agit d’observer certaines épaves ou tours détruites. Cela apporte une légère plus value, même si le jeu finira logiquement par tourner en rond en termes de missions à la longue.
L’amélioration des avant-postes est une plus value fort intéressante. Moyennant de l’argent que vous glanez lors des missions ou en découvrant de nouveaux points d’intérêt, vous aurez le loisir de construire de nouveaux entrepôts, ateliers, parkings ou stockages essentiels. Ceux-ci vous donneront un petit coup de pouce pour repartir fringuant si jamais, par exemple, vous tombez en rade de carburant à mi-parcours. Certes, il y aura quelquefois, par chance, des points d’intérêts de largage fournissant pièces de réparation ou essence, mais si vous n’avez pas le choix, vous serez forcés de retourner via la map à l’un de vos QG, et vous refaire une petite santé.Tout le système de jeu est finalement bien huilé, même si nous aurions aimé quelque chose d’un peu plus profond.
Le garage sera aussi une partie relativement importante. C’est dans cet endroit que vous pourrez améliorer l’extérieur comme l’intérieur du véhicule, et ainsi le rendre résistant et performant lors de vos prochaines vadrouilles. Le côté cosmétique est également de la partie, avec la possibilité d’ajouter de nouvelles peintures ou autocollants, histoire de rendre votre bolide plus pimpant. Sans faire de folie non plus, le système de garage et d’amélioration est satisfaisant, bien qu’assez classique. Il est par ailleurs aussi possible d’y acheter de nouvelles voitures ou poids lourds via la concession, mais il faudra cravacher vu leur prix.
On en vient enfin au côté contenu, qui reste finalement limité. Il est frustrant de voir que le jeu ne propose que 20 véhicules au lancement, quand on sait qu’un SnowRunner en comprenait plus de 40. Pareil pour les régions visitées, qui se limitent au Little Colorado, Arizona, et les Carpathes en Roumanie. En sachant que Little Colorado et l’Arizona se situent sur la même map, nous pourrions nous sentir lésés de n’avoir finalement que deux grandes maps.
Nous n’aurions pas craché sur une troisième carte plus vaste, car le contenu fait un peu léger si l’on excepte le nombre de missions principales et annexes, offrant quand même une très bonne durée de vie qui avoisine certainement les 100h. Par ailleurs, un mode coopération devrait bientôt arriver, ce qui devrait sûrement décupler le plaisir de jeu, et faciliter la tâche à beaucoup de joueurs qui n’auront plus à gérer plusieurs véhicules en même temps.
Technique et son, pas la même chanson
Saber Interactive a consenti à faire quelques efforts sur la technique de Expeditions: A Mudrunner Game. Le jeu est beaucoup plus joli que SnowRunner, et se dote de quelques éclairages et textures de qualité. Le cycle jour/nuit, même s’il n’est pas parfait, est bienvenu et les divers effets graphiques font le boulot. S’il manque peut-être des événements particuliers comme la météo, le jeu s’en sort avec les honneurs, ou presque.
En effet, le titre manque de finition. Il y a encore des textures qui laissent à désirer, des problèmes d’affichage grossiers, des bugs à foisons, des collisions étranges et un moteur physique parfois trop atypique. Avec cette longue liste, le côté technique de Expeditions: A Mudrunner Game fait tâche alors que l’enrobage graphique est pourtant plus ou moins honnête. L’optimisation aussi est à revoir avec quelques freezes lors des sauvegardes qui ne font pas plaisir du tout.
Sur le sound design pour terminer, le titre de Saber Interactive n’a pas fait mieux. Hormis une musique qui tourne en boucle dans le menu comme dans les missions, on ne peut pas dire qu’il y ait eu un grand effort pour faire vivre le jeu, qui reste encore dans une léthargie profonde.
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