La multiplication des jeux se revendiquant héritiers des célèbres licences Metroid (dont le dernier né Metroid Dread a fait ses preuves) et Castlevania sont légion ces dernières années, tous voulant apporter leur patte personnelle pouvant changer le genre pour les futures productions. Rares sont les jeux qui sont parvenus à cet exploit, jeux que l’on réunit aujourd’hui sous le pseudo de jeux « Metroidvania » venant de la contraction de leurs deux idoles.
Développé par le jeune studio chinois TiGames fondé en 2016 et complètement venu de nulle part, F.I.S.T. Forged In Shadow Torch est sorti le 7 septembre dernier exclusivement sur les deux consoles PlayStation puis le 3 octobre sur PC via Steam. Le jeu édité par BiliBili notamment puise ses inspirations de ces deux mastodontes et se propose de retranscrire l’épopée de Rayton, un lapin guerrier aux poings aguerris qui va tenter de libérer sa ville de l’emprise d’un mal qui ne pourrait être pas si inconnu que ce qu’il croit, armé de différentes extensions interchangeables et aidé par des compères répartis à travers les vastes zones à explorer.
Conditions de test : Nous avons terminé l’aventure proposée par F.I.S.T. Forged In Shadow Torch en environ 15h de jeu sur PlayStation 5, voix et sous-titres en anglais et jus de carottes à disposition.
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ToggleCe lapin n’a pas dû manger assez de carottes
Cela rend aimable paraît-il. Rayton, notre compagnon de route n’a pourtant pas dû entendre parler de cette légende. Austère, rude et aux poings acérés, ce lapin à la retraite depuis 6 ans après un drame lors d’une mission pour tenter de renverser l’emprise des Iron Dogs sur la ville de Torch City, va pour autant devoir reprendre les rênes de la Révolution et libérer la ville emprisonnée depuis maintenant ces longs mois. Désormais habitué aux journées banales à ingurgiter nouilles et jus de carottes en compagnie de ses vieux amis, ce n’est en effet que lorsque Urso, son ours de meilleur ami se fait enlever par ces Iron Dogs, qu’il réalise que son combat n’est pas aussi terminé que ce qu’il croyait.
C’est donc armé de son vieil exosquelette tout rouillé et de son poing de fer qui ne donne pas envie de s’y frotter que Ray (de son surnom), va arpenter les différentes et vastes zones de la ville de Torch City en dégommant du Iron Dog à tous les coins de rue, quand il ne s’agit pas de chercher équipements, moyens de se ressourcer ou encore pièces cachées. D’une durée de vie d’environ 15h si vous prenez le temps de chercher partout, F.I.S.T. Forged In Shadow Torch nous livre une histoire qui tient la route, sans trainer en longueur, même si manquant de finesse par endroits, dans un genre que l’on connait désormais si bien.
Attention toutefois, bien que les personnages constituant cette aventure soient des animaux anthropomorphes, les thèmes et dialogues dépeints dans le jeu ne sont pas légers et mêlent violences et injures. Tout ceci au service d’un scénario sombre et ténébreux où totalitarisme, despotisme et puissance sont omniprésents dans cette ville aux allures de Midgard au style « dieselpunk » (comme le jeu se décrit lui-même), admirablement mise en scène sous l’Unreal Engine 4.
Les personnages de F.I.S.T. Forged In Shadow Torch ne sont pas tous approfondis comme nous l’aurions souhaité et on peine à ressentir de l’empathie pour ces drôles de bêtes qui parlent mais au fil des heures, nous comprenons le désarroi de ces habitants pour lesquels nous nous battons afin de leur rendre leur liberté. Pour cela, il va vous falloir muscler vos mollets, car les allers-retours étant la marque de fabrique des Metroidvania, attendez-vous à parcourir en long, en large et en travers des ruelles de cette ville autrefois prospère et aujourd’hui malfamée.
Il vous manque un outil ? Vous n’avez pas encore la bonne aptitude ? Vous connaissez ce refrain par cœur et il sera également présent en nombre dans F.I.S.T. Forged In Shadow Torch. Vous traverserez ainsi prison de haute sécurité, égouts, village enneigé ou encore club de jazz dans un ensemble toujours soigné. Si vous aimez voyager mais pas trop, ou que vous avez le mal des transports, sachez qu’heureusement, plusieurs téléporteurs vous permettront de passer outre ces dizaines de minutes de rues et tuyaux de ventilation pour rejoindre les endroits stratégiques de la ville et vous livrer à des combats incroyablement bien mis en scène dans un environnement en 2.5 D vraiment réussi.
Enfile ton poing… et à l’attaque !
Pour notre plus grand plaisir, on ressent une réelle sensation de montée en puissance en jouant à F.I.S.T. Forged In Shadow Torch. D’abord uniquement équipé de notre poing certes efficace mais ne collant pas tous les ennemis à terre à la moindre occasion, il sera au fil de l’aventure temps pour vous de débloquer de nouvelles extensions à votre combinaison d’exosquelette comme une sorte de foreuse, un fouet électrique permettant les attaques à distance ou encore un mini-parapluie permettant d’amoindrir les chutes et de grimper dans les conduits d’air, etc.
Cependant, ces outils sont vraiment inégaux dans leur utilisation en plus d’arriver trop tardivement pour certains. La foreuse se révélant être une véritable arme de guerre, vient vite remplacer par exemple le poing qui ne servira que dans de rares cas comme l’ouverture d’une porte spéciale etc. On regrettera ce manque d’équilibre entre les outils qui vient se renforcer par la suite avec la présence d’un arbre de compétences, octroyant des mouvements et combos supplémentaires à réaliser avec les touches de votre manette, plutôt long à débloquer à cause du trop peu de collectibles présents en nombre pour acheter lesdites compétences.
Cette particularité fait ainsi plutôt le jeu des complétionnistes qui iront jusqu’à fouiller les moindres recoins pour trouver ces objets si précieux, heureusement plus faciles à localiser grâce à une mini-carte claire et aux légendes bien trouvées qui vous aidera bien souvent pour diverses raisons. Cela dit, les compétences et combos à déverrouiller sont clairement la plus-value de ce jeu aux combats de style kung-fu, dynamiques, savamment mis en scène dans des environnements magnifiques en 2,5D se déroulant en scrolling horizontal et vertical.
Combos qui ne seront d’ailleurs pas forcément évidents à appréhender, tant la multitude des touches différentes pour bon nombre d’attaques auront raison de votre mémoire, sans compter les mouvements de base : rebond sur les murs, doubles-sauts, propulsions, apnées etc. Les combats peuvent d’ailleurs se terminer sur des finishes moves, sortes de coups de grâce superbement mis en scène et très souvent différents, une réelle plus-value plaisante à regarder et à jouer. Si jamais vous perdez trop de vie, sachez que vous pourrez utiliser votre bon vieux jus de carottes que vous pourrez notamment trouver sur le sol ou carrément vous revigorer entièrement dans des pièces spéciales disséminées au fil de l’aventure.
Il faudra d’ailleurs penser à pousser un peu plus loin que les premières heures de jeu qui, il est vrai, paraissent assez lentes dans un monde fermé et très dirigiste. Ce n’est qu’au bout de plusieurs heures que le réel potentiel du jeu s’ouvre à vous pour laisser place à des rues cachées et autres recoins planqués où se terrent améliorations et points de compétences, avec un gameplay non plus désormais tourné uniquement vers le sol mais empruntant désormais plus fréquemment la voie des airs, ainsi qu’un bestiaire adverse qui se renouvellera ainsi en conséquence, étant trop identique au départ et ainsi trop prévisible.
Ce qui fait l’une des forces de F.I.S.T. Forged In Shadow Torch, c’est également sa faculté à proposer régulièrement des phases de plateforme, plutôt exigeantes façon Ori, et qui nécessiteront parfois de vous y reprendre à plusieurs fois pour triompher. Ce sera également l’occasion d’admirer les environnements, puisque le jeu est terriblement sublime.
Torch City brille de mille feux
On pose cette constatation tout de suite : F.I.S.T. Forged In Shadow Torch est en effet incroyablement beau. Il dispose d’une patte graphique et d’une direction artistique remarquable qui prouve que le jeune studio basé à Shanghai a de la ressource et saura nous impressionner dans les années à venir. Bien que quelques textures soient baveuses, même sur PlayStation 5, on ne peut que saluer l’effort réalisé, notamment sur les arrière-plans de la ville, tout simplement criant de justesse, sans toutefois savoir si c’est le cas également sur PlayStation 4.
Il nous faut également aborder un point inhérent aux jeux nécessitant une action frénétique entre attaque-esquive et évitement, la fluidité. Et là aussi, le jeu s’en sort vraiment très bien avec un framerate constant durant les combats ou les phases d’exploration, sans chute de fluidité pendant nos parties. De plus, il faut signaler qu’il y a très peu de temps de chargement entre les zones pour un confort à l’usage accru, rendant l’ensemble très solide sans compter l’absence de bugs majeurs durant notre périple, même si certaines commandes répondaient insuffisamment bien parfois.
Bien que l’on sache qu’il ne s’agit pas d’un jeu à poser dans toutes les mains tant la violence y est présente, il ne faudra pas vous avouer vaincus par la difficulté apparente que présente le titre. Il est vrai que F.I.S.T. Forged In Shadow Torch s’avère être exigent par moments sans pour autant être injuste. Bien qu’au moment de sa sortie le reproche du peu de checkpoints aurait pu être soulevé, une des premières mises à jour du jeu en a apporté de nouveaux, mieux positionnés. Vous pouvez également simplifier vos affrontements, pour ceux qui aiment un peu moins le défi.
Cependant et il faut le signaler bien que cela refroidisse sûrement quelque uns ou quelques unes d’entre vous mais F.I.S.T. Forged In Shadow Torch ne dispose pas de localisation française. Entendez par là que ni l’audio lors des dialogues ni la traduction proposée en bas de l’écran ne sont disponibles en français (ou dans d’autres langues que l’anglais et le chinois), et ce même 2 mois après la sortie du jeu, alors qu’il devait s’agir d’un patch devant arriver rapidement après la disponibilité du titre. Pas de quoi freiner votre compréhension car s’agissant d’un anglais simplifié, mais plutôt regrettable pour une distribution à plus large échelle en Europe notamment.
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