Disponible sur PC et consoles depuis le 13 juin pour les possesseurs de son édition Champions et dès aujourd’hui, ce vendredi 16 juin, pour les autres, F1 23 a la lourde tâche de redorer le blason d’une licence annuelle pas mal critiquée en 2021 et 2022. Retour du mode scénarisé Point de Rupture, hub F1 World, nouvelle physique des voitures, amélioration de la conduite à la manette… Codemasters et EA ont fait beaucoup de promesses alléchantes aux joueurs et aux joueuses ces dernières semaines pour leur prouver qu’ils ont pris leurs retours au sérieux.
Si nous demandions encore à être pleinement convaincus par certaines d’entre elles que nous avions pu découvrir en avance fin mai dans le cadre d’une preview, que vaut réellement l’expérience complète proposée par le jeu de course au lancement ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette DualSense sur une PlayStation 5 branchée à un téléviseur 4K (HDR désactivé) pendant environ 17h, temps nécessaire pour terminer une fois Point de Rupture 2 et faire au maximum le tour de tout ce que le titre a à proposer par l’intermédiaire de ses autres modes de jeu (F1 World, Carrière Pilote, Carrière Mon Écurie, Grand Prix et Contre-la-Montre) en configuration graphique « Qualité ». Faute d’abonnement PS Plus à notre disposition, les fonctionnalités multijoueur n’ont pas été testées. Cet article garantit autant que possible l’absence de spoilers.
Sommaire
TogglePoint de Rupture : Une saison 2 meilleure que la première
Deux ans après un premier acte porté par quelques idées intéressantes sur le papier, Point de Rupture, le mode scénarisé de la série F1, revient pour une saison 2. Un petit peu plus longue, elle couvre principalement les championnats du monde 2022 et 2023 de Formule 1 par le biais de 17 chapitres nous demandant environ sept heures pour tous les terminer.
Prenant place juste après les événements concluant la première saison, nous retrouvons le jeune Aiden Jackson qui a connu un tournant pour le moins surprenant dans sa carrière. Alors qu’il semblait avoir toutes les cartes en sa possession pour prétendre à un baquet dans une « top team », les négociations autour de son futur contrat ont finalement capoté. Contraint de trouver un plan B dans l’urgence, il a décidé de signer chez Konnersport Butler Global Racing Team, une toute nouvelle écurie fictive faisant son apparition sur la grille en 2022.
Ayant Devon Butler pour autre pilote titulaire, Andreo Konner pour Team Principal et Davidoff Butler, le père de Devon, pour principal investisseur de part son statut de patron de la société Butler Global, cette équipe vit des débuts difficiles dans la discipline automobile. En effet, la monoplace est trop souvent victime de problèmes de fiabilité et/ou de performances et, comme si ça ne suffisait pas, la rivalité houleuse entre Aiden et Devon refait rapidement surface. Pourtant, elle se doit absolument de faire un minimum bonne figure sur et hors des circuits si elle veut survivre en F1.
Reprenant les codes de la saison 1, Point de Rupture 2 n’est clairement pas un chef-d’œuvre mais il a au moins le mérite de suffisamment améliorer la formule initiale pour réussir à conserver notre attention jusqu’à son dénouement. Malgré des débuts poussifs, l’histoire simple mais efficace concoctée par le studio britannique se laisse apprécier, notamment grâce à la présence de deux ou trois retournements de situation que nous n’avions pas forcément anticipé, d’une écriture des personnages gagnant un peu en épaisseur et à l’arrivée de Callie Mayer, l’étoile montante de la Formule 2, qui apporte un vrai vent de fraîcheur au récit et au casting.
Même si nous avons eu droit à quelques transitions brutales ici et là, le niveau de qualité de la réalisation assumant encore davantage ses inspirations cinématographiques et Drive to Survive a également augmenté d’un cran. Cela se ressent dans la modélisation des visages, les cinématiques et la mise en scène. En revanche, le sentiment d’immersion qu’elle tente d’insuffler a tendance à être trop souvent brisé par une VF tout juste correcte qui ne nous semble pas toujours être dans le bon tempo, surtout quand c’est Jacques Villeneuve qui prend le micro.
De plus, à défaut de doter le mode d’une réelle « rejouabilité », Codemasters a pensé à inclure des objectifs secondaires, quelques interviews et des décisions à prendre en tant que Team Principal qui pourront avoir un léger impact sur les jauges de Réputation et de Performance de l’écurie, ce qui permet d’élargir un tantinet notre panel de choix à faire, ainsi que dans les articles publiés par la presse, les réactions des fans sur les réseaux sociaux ou encore certaines discussions téléphoniques entre deux personnages par exemple. Des petites trouvailles sympathiques qui viennent subtilement personnaliser notre aventure.
F1 World : Le labo à idées fourre-tout de Codemasters
Conscient que F1 Life n’avait pas particulièrement marqué les esprits l’an dernier, les développeurs ont décidé d’inclure un tout nouveau hub intitulé « F1 World » dans F1 23. Et, disons-le clairement, F1 World… c’est un sacré bordel malgré des menus et des tutoriels plutôt bien pensés pour l’occasion.
Outre le fait qu’il rassemble notre petit chez soi à décorer, notre showroom, les supercars à débloquer ainsi que les modes de jeu Grand Prix, Grand Prix Multijoueur (l’équivalent des salons en ligne publics et privés hors courses de ligue), Contre-la-Montre et F1 Sim Racing (la section dédiée aux compétitions esport officielles), il inclut un multijoueur classé retravaillé (système de divisions déterminés en fonction de nos résultats en piste chaque semaine) et de nombreuses activités solo et multi commentée pour la plupart par Julien Fébreau et à faire notamment avec notre propre monoplace personnalisable comme bon nous semble.
Se renouvelant quotidiennement ou de façon hebdomadaire ou saisonnière afin d’empêcher le public de se lasser de jouer dès qu’il a terminé Point de Rupture 2 et décroché le titre mondial dans la Carrière Pilote et/ou Mon Écurie comme nous l’a expliqué Lee Mather, Senior Creative Director sur F1, en interview il y a quelques jours, ces épreuves se déroulent dans des situations diverses et variées.
En y participant et accomplissant les objectifs qu’elles nous fixent, nous pouvons gagner de l’XP pour le Podium Pass, des stickers à coller dans un recueil façon album Panini centré sur les équipes, les pilotes, les circuits et la saison 2022 de F1, et surtout de multiples récompenses pour améliorer les performances de notre voiture.
Symbolisée par un Niveau Technique déterminant également notre position sur la grille de départ et le niveau de difficulté lors d’un événement impliquant des sortes de « drivatars » contrôlés par l’IA, ses performances diminuent et augmentent en fonction des pièces installées dessus (aileron, boîte de vitesses, bloc propulseur et freins) ainsi que du sponsor, du directeur d’écurie, du responsable R&D et du stratège assignés en leur faisant signer des contrats à l’image de ce qui se fait dans le mode Ultimate Team des titres FIFA/EA Sports FC.
Autres spécificités, un peu comme dans un RPG, le loot récupéré possède un Niveau Technique, un rang de rareté et des statistiques et compétences/bonus uniques. Ainsi, chaque élément peut être amélioré un nombre plus ou moins limité de fois, être recyclé pour faire de la place dans notre inventaire et même crafté en échange de différentes ressources (argent, jetons de progrès et points de données de circuit, de compétition et de réglages).
Ça ne vous suffit pas ? Dans ce cas, sachez qu’il est aussi envisageable d’acquérir davantage de récompenses et de ressources en remplissant jusqu’à quinze objectifs en même temps auprès de six prestataires accessibles dans l’onglet dédié et que la majorité des activités et modes de F1 World prennent en compte notre niveau de licence. Évoluant des rangs D à A, plus nous sommes propres en piste, plus nous avons droit à une expérience « authentique » (flashback, dégâts, collisions…) et plus nous avons l’opportunité d’être récompensé en conséquence.
Vous l’aurez compris, comparé à F1 Life, F1 World est un hub bien plus massif en tous points et nous sentons que Codemasters a fourni beaucoup d’efforts dans sa création, c’est indéniable. Cependant, il faut bien avouer que nous trouvons tout ça plus rebutant qu’engageant pour le moment, et ce même s’il s’agit d’un ajout qui reste plutôt sympathique sur le papier et qui devrait trouver son public au lancement.
De notre côté, face à cette avalanche de contenu plus ou moins superficiel dont la franchise n’avait pas nécessairement besoin, nous avons la désagréable impression d’être invité à un buffet à volonté géré par un chef qui ne nous accueillerait pas régulièrement en nous disant poliment « Bon appétit ! » mais plutôt en nous gueulant dessus « Mange ! ». Proposer du contenu juste pour proposer du contenu, ce n’est pas très intéressant et ça devient vite indigeste et ennuyeux.
En plus de ça, nous avons le sentiment que notre inventaire atteint sa capacité de stockage maximale trop rapidement et que le système de sanctions et de pénalités impactant directement notre niveau de licence ne paraît pas avoir subit d’ajustements significatifs. Résultat, étant donné qu’il est, soit trop tolérant, soit trop injuste en fonction des circonstances comme c’est le cas depuis plusieurs années, ça risque de générer un degré de frustration important à court comme à long terme.
C’est dommage parce que, encore une fois, la quantité de travail abattue par le studio britannique est importante mais, sincèrement et pour présenter les choses sous un angle différent, la manière dont F1 World a été implémentée ressemble trop à un laboratoire à idées fourre-tout dont nous sommes les cobayes de l’expérience visant à déterminer celles qui marchent ou pas. Et ça, tout le monde ne l’appréciera pas, loin de là.
Un gameplay plaisant qui gagne en sensations
Côté gameplay, Codemasters a retravaillé la physique des véhicules et intégré une technologie baptisée « Precision Drive » dans le but d’améliorer, sans pour autant bouleverser, la nouvelle base mise en place par F1 22.
Dans le premier cas, cela permet de bien mieux ressentir la solidité de la monoplace dans les contacts, impacts et collisions avec les murs, les vibreurs et nos concurrents, ce qui ne veut pas dire non plus qu’elle est devenue un char d’assaut indestructible. Dans le second, cela nous donne un niveau de confiance accru dans la maniabilité et le contrôle de la voiture à la manette.
Certes, ça se fait au détriment d’un peu de grip à l’accélération en sortie de virage, ce qui demande forcément un temps d’adaptation même en utilisant l’aide de l’antipatinage à fond, ça ne se remarque pas sur chaque secteur de chaque circuit du calendrier et nous avons l’impression qu’il n’existe plus de véritable différence entre conduire avec des gommes à température et des pneus froids. Pourtant, le gain de sensations est bel et bien présent.
Par exemple, lors de notre session, c’est à Djeddah (Arabie Saoudite) qu’il a été le plus significatif. Le tracé reste évidemment difficile à maîtriser mais, pour la première fois depuis son arrivée dans les jeux F1, nous avons pris notre pied à rouler dessus. Oui, enfin !
Une expérience de jeu qui s’améliore à tous les niveaux ?
Pour mettre un terme à cette découverte de F1 23, notez que la production embarque d’autres ajouts et ajustements plus ou moins importants visant à bonifier et peaufiner « l’authenticité » de l’expérience tant prônée par la licence depuis plusieurs épisodes.
Outre l’extension de la distance de course de 35% à la plupart des modes de jeu pour proposer un bon compromis entre un GP de 25% et un de 50% (spécificité des compétitions F1 Esport auparavant) et le retour des drapeaux rouges ajoutant une touche d’imprévisibilité et de stratégie supplémentaire, Losail (Qatar) et Las Vegas sont jouables day one au même titre que les tracés « historiques » de Shanghai (Chine), de Portimao (Portugal) et du Paul Ricard (France). Tous les autres circuits du calendrier ont aussi été mis à jour (retrait de la dernière chicane de Barcelone, présence visuelle de la chicane utilisée en MotoGP, Moto2 et Moto3 en Autriche…), excepté le futur secteur 3 de Singapour qui sera modifié dans les semaines ou mois à venir.
Concernant les Carrières Pilote et Mon Écurie, sauf erreur de notre part, pas de changements majeurs au programme si ce n’est l’arrivée d’Icônes telles que Nigel Mansell, Jamie Chadwick et Kamui Kobayashi et de quelques cinématiques d’introduction inédites mettant en scène la révélation de la livrée de notre équipe ou la journaliste de Sky Sports F1 Natalie Pinkham au détriment de Will Buxton. Deux paramètres de personnalisation de l’expérience supplémentaires nous permettent également de changer la « difficulté » des conditions de passage de la F2 à la F1 et de désactiver les collisions pendant le 1er tour de course. En revanche, le nouveau format des week-ends F1 Sprint mis en place plus tôt cette saison en Azerbaïdjan est absent.
Sur le plan technique, sans avoir droit à une refonte digne de ce nom ni être la plus poussée de l’histoire des jeux de course, l’IA est bien mieux codée que par le passé. Elle ne surperforme plus en permanence et fait preuve d’une conduite presque exemplaire en piste. De plus, le nouveau système d’encodage des couleurs donne l’opportunité à Codemasters de rafraîchir les graphismes du titre (cloques sur les pneus usés gagnent en visibilité par exemple) sans avoir à tirer davantage sur son moteur que le studio ne le fait déjà. Le sound design et la playlist musicale sont de bonne qualité. Les retouches apportées à l’interface utilisateur pour afficher un rendu plus proche de l’habillage officiel F1 TV sont agréables à l’œil. Quant au niveau de finition proposé au lancement, il n’est évidemment pas parfait mais reste bien meilleur que celui de F1 22.
Enfin, le Podium Pass VIP coûte toujours 9000 Pit Coins à l’achat mais passe de 30 à 50 paliers afin d’intégrer des récompenses et ressources à utiliser dans F1 World. Un changement qui plaira sans doute à la plupart d’entre vous. Attention toutefois, même si nous n’avons pas l’impression que cela vienne casser l’équilibre économique ou la courbe de progression de l’expérience au point de devoir jouer des centaines et des centaines d’heures sur une période d’environ deux mois pour en voir le bout, des boosts d’XP ont fait leur apparition dans la boutique en ligne et ils peuvent se montrer particulièrement efficaces (+50% d’XP pendant 1 jour = 1000 PC, pendant 3 jours = 1700 PC et pendant 7 jours = 2000 PC).
Cet article peut contenir des liens affiliés