Officialisé fin février dernier, F1 24 est disponible sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X|S depuis le 28 mai pour les possesseurs de son édition Champions et ce 31 mai pour les autres. Une période de lancement assez précoce pour la licence qui n’a pas empêché Codemasters et EA de faire pas mal de promesses en amont afin d’attiser la curiosité et l’engouement du public. Physique et maniabilité des voitures retravaillées, refonte de la Carrière Pilote, modélisation améliorée des visages des pilotes et des monoplaces… le niveau de qualité de cet opus s’inscrit-il dans la continuité de celui proposé par F1 23 ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé par l’intermédiaire d’une édition Champions numérique fournie par l’éditeur et tournant sur une PlayStation 5 équipée d’une manette DualSense et branchée à un téléviseur LCD 42 pouces de résolution 4K (HDR désactivé). Notre session sur sa version 1.2 a duré environ 17-18h, temps nécessaire pour profiter de la Carrière Pilote ainsi que faire le tour des modes de jeu Carrière en Défi, Carrière My Team/Mon Écurie, F1 World, Grand Prix et Contre-la-Montre, le tout en configuration graphique « Qualité ». En revanche, les fonctionnalités multijoueurs n’ont pas été testées. Pour rappel et comme les années précédentes depuis le test de F1 2020, le point de vue exposé dans cet article est celui d’une personne habituée à jouer aux titres de la série depuis F1 2017 avec des aides à la conduite (ABS activé, antipatinage complet, trajectoire idéale dans les virages…). Bonne lecture à toutes et à tous !
Sommaire
ToggleRetravailler la physique et la maniabilité, une si bonne idée ?
Déjà retravaillé de façon très convaincante dans F1 23, Codemasters a pourtant pris le risque de modifier à nouveau le gameplay du jeu de course dans F1 24. Suspensions, amortisseurs, répartition du poids, centre de gravité, température et usure des pneumatiques, aérodynamique, DRS, ERS… une flopée de changements et d’ajustements ont été opérés pour le rendre plus « authentique », « immersif » et « réaliste ». Pour atteindre ces objectifs, le studio britannique est notamment allé jusqu’à beaucoup échanger sur le sujet de la physique et la maniabilité des voitures avec Max Verstappen, l’actuel champion du monde de Formule 1. Une approche très intéressante sur le papier qui donne quel résultat manette en mains ?
Après des premières heures de jeu assez perturbantes, nous finissons par nous y habituer et retrouver des sensations plutôt proches de celles procurées par F1 23. Cependant, elles ne sont pas non plus égales ni meilleures, la faute à une conduite nous laissant dubitatifs sur certains aspects. Si nous apprécions avoir accès à une plage de réglages plus grande, une gestion un poil plus poussée et stratégique de l’ERS et que nous prenons du plaisir à rouler sur le sec, le jeu offrant beaucoup de grip y compris à l’accélération, notre véhicule peut avoir tendance à déraper ou tourner trop brutalement ou de manière imprévisible dans des virages lents et/ou portions techniques. Une impression qui semblait se renforcer lorsque nous avons essayé de retirer les aides liées à l’antipatinage.
Sous la pluie, le résultat est encore différent et… troublant. Bien que le titre fasse mieux la distinction entre les parties sèches et humides de la piste lorsque la météo s’améliore, nous permettant ainsi de légèrement refroidir nos gommes Intermédiaires et Pluies au besoin, nous avons toujours du mal à déterminer si nous avons du grip ou pas, et ce même en utilisant un préréglage censé prioriser un appui maximal. C’est un peu comme se retrouver sur une patinoire sans vraiment être dessus en permanence. Dans ces circonstances, piloter ne se fait pas avec autant de naturel et de fluidité que l’an dernier. Quant aux collisions avec nos concurrents et les murs, notre monoplace est parfois d’une solidité remarquable ou s’endommage et se détruit trop facilement. Bref, en matière de gameplay, il y a du bon et des interrogations.
Carrière Pilote : simple rafraîchissement ou vraie refonte ?
Étant donné que le mode scénarisé Braking Point/Point de Rupture est absent cette année, Codemasters a décidé que F1 24 sera l’épisode du « renouveau » pour la Carrière Pilote qui n’avait pas subi de bouleversements majeurs depuis 2016. Pour l’occasion, elle nous invite à incarner, un peu comme dans un FIFA/EA Sports FC, notre propre avatar ou un pilote de F1, F2 ou Icône (anciens pilotes ou pilotes esport) du roster actuel. Une idée plaisante qui ouvre la porte à une rejouabilité potentiellement importante sur le long terme. Permettre à Daniel Ricciardo ou Alexander Albon de revenir dans une top team, donner sa chance dans la catégorie reine à Théo Pourchaire, faire gagner à Lewis Hamilton un 8ème titre de champion du monde… les scénarios à notre disposition sont nombreux et dépendront de plusieurs facteurs à prendre en compte si nous souhaitons les concrétiser pleinement.
Par exemple, il faut apprendre à tirer parti du nouveau système de contrat. Se renouvelant une seule et unique fois par an auprès d’Elena, notre agente, il se base désormais sur notre note moyenne de pilote (entre 1 et 100) plutôt que le salaire. Concrètement, au moment de le signer, nous devons fixer une note plafond à atteindre d’ici la fin de la saison. Si nous y arrivons ou la dépassons, nous mettons alors toutes les chances de notre côté pour obtenir un accord à plus long terme avec notre équipe actuelle, tout en ayant la possibilité de le rompre par la suite afin d’aller voir ailleurs si le cœur nous en dit. Dans le cas contraire, nous avons tout intérêt à revoir nos ambitions à la baisse pour éviter de perdre notre baquet bêtement, quitte à sacrifier une part de notre renommée au passage.
Car oui, dans cette Carrière Pilote, la réputation prend une autre dimension. Si ce sont bien évidemment nos performances en piste qui influent surtout sur nos statistiques (Expérience, Aptitude, Réaction, Rythme, Motivation), surpasser notre coéquipier, nos rivaux, ainsi que répondre aux attentes des spécialistes à la tête des différents départements R&D de notre écurie est nécessaire pour parvenir à acquérir divers avantages tels que des points de recherche supplémentaires, la réduction des coûts et délais de production de certaines pièces, etc. De plus, réussir à se mettre sous le feu des projecteurs est susceptible d’inciter une équipe concurrente à tenter de s’offrir nos services par le biais d’une réunion secrète. L’opportunité peut-être de se retrouver au centre des rumeurs dans le traditionnel cadre de la « silly season » et venir bousculer le marché des transferts.
Vous l’aurez compris, la refonte imaginée par les développeurs rafraichit agréablement la Carrière Pilote, d’autant plus que sa version en coopération en bénéficie. Toutefois, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser qu’elle manque encore de profondeur et d’ambition telle qu’elle. Nous supposons que c’est pour mieux l’améliorer par petites touches dans les années à venir et c’est justement ce qui est frustrant. La liste des réelles nouveautés reste maigre, certains objectifs disponibles auprès de nos responsables R&D ne nous semblent pas toujours proposés ou imposés de manière logique et nous avons beaucoup de mal à nous satisfaire d’une mise en scène aussi pauvre dans l’ensemble.
En guise de compensation, nous avons donc également droit à une Carrière Pilote en Défi. Une sorte de mode de jeu épisodique composé de seulement quelques week-ends de course courts et nous plaçant dans la peau d’un pilote et dans des conditions spécifiques qui évoluera régulièrement au cours des prochains mois. Le but à chaque fois est de marquer un maximum de points pour obtenir la meilleure position dans un classement en ligne et des récompenses plus ou moins intéressantes derrière. Un ajout que nous trouvons à la fois sympathique et complètement anecdotique. Disons qu’il a le mérite d’exister.
D’autres ajouts et ajustements en pagaille plus ou moins réussis
Outre un gameplay et une Carrière Pilote repensés, d’autres ajouts et ajustements plus ou moins réussis et marquants sont au programme de ce F1 24. En attendant l’arrivée des F2 2024 dans une future mise à jour gratuite, notez que les supercars ont été retirées. Une décision que nous ne regrettons pas même si nous aurions aimé qu’elle soit palliée par le retour d’au moins quelques modèles rétro. Autre constat, Portimão (Portugal) est le seul circuit historique du roster suite à l’intégration de celui de Shanghai (Chine) au calendrier officiel et la disparition sans aucune justification du Paul Ricard (France).
La Carrière My Team/Mon Écurie n’a également pas bougé d’un pouce malgré une cinématique d’introduction différente de l’an dernier pour présenter notre équipe à la presse, ce qui a forcément pour conséquence de lui donner un (léger ?) coup de vieux face à la Carrière Pilote. Pour ce qui est de F1 World, il s’agit encore une fois d’un hub très fourre-tout accueillant comme unique nouveauté une Fan Zone pour chaque équipe et pilote de la grille actuelle de Formule 1. L’occasion de réunir et voir s’affronter les différentes communautés par l’intermédiaire de classements saisonniers en ligne.
Côté IA, les bots ont affiché des performances et un comportement en dents de scie, en F1 comme en F2, lors de notre session. Soit elles étaient capables de faire preuve d’une intelligence presque surprenante, soit leur attitude était d’une stupidité affligeante. Un problème qui devrait normalement être corrigé dans un patch qui n’avait pas encore été déployé au moment d’écrire ces lignes. En revanche, le système de pénalités est très similaire à celui des précédents jeux de la franchise, trop laxiste, sévère, voire imprévisible.
Sur les plans graphiques et techniques, là aussi, il y a des choses à retenir. A défaut de l’avoir fait pour tous ceux du calendrier, les tracés de Silverstone (Grande-Bretagne), Spa (Belgique), Doha (Qatar) et Djeddah (Arabie Saoudite) ont été refaits ou retouchés et la modélisation des visages de tous les pilotes et des F1 a été grandement améliorée. C’est agréable pour les yeux même si le rendu final n’est pas parfait et que nous n’avons toujours pas le sentiment qu’il mérite d’être qualifié de « next-gen ».
Enfin, sachez que les développeurs ont intégré à l’expérience des radios officielles des pilotes de F1 et retravaillé le sound design des moteurs afin de renforcer l’immersion sonore en jeu. Dans le premier cas, ça fait son office bien que toutes les réactions ne se valent pas. Dans le second, le résultat est très mitigé. Si les bruits de certains blocs propulseurs ne sont pas désagréables, celui d’Alpine/Renault en tête, d’autres le sont réellement, comme celui de la Ferrari malheureusement.
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