Annoncé en mars dernier, F1 Manager 2022 sortira officiellement ce mardi 30 août sur PC, via Steam et l’Epic Games Store, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X|S après cinq jours d’accès anticipé. Conçu par Frontier Developments, un studio britannique qui s’est forgé une solide réputation dans l’industrie vidéoludique notamment grâce à son travail sur Planet Coaster, Planet Zoo et Jurassic World Evolution, ce titre est attendu au tournant par le public.
En effet, si d’autres disciplines ont droit à quasiment un jeu de gestion/management chaque année depuis un bon moment maintenant comme le football avec Football Manager ou encore le cyclisme avec Pro Cycling Manager, la dernière licence à s’être frottée à l’univers du sport automobile est Motorsport Manager. Une franchise essentiellement chapeautée par Playsport Games qui a connu un joli succès grâce à ses versions PC, mobiles et Nintendo Switch commercialisées entre 2015 et 2020.
Mais avec F1 Manager, la firme de Cambridge compte bien user de toute son expertise et de ses ressources pour frapper un grand coup et offrir aux fans de F1 et d’expériences orientées gestion/management le titre qu’ils méritent aujourd’hui. Alors, les développeurs sont-ils parvenus à atteindre cet objectif ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur un écran 1080p ainsi qu’un PC équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 2060 et d’une mémoire vive de 16 Go de RAM. Dans le cadre de son court accès anticipé précédant son lancement, le titre a tourné en configuration Ultra pendant 19h, temps nécessaire pour effectuer les trois quarts d’une première saison en F1 avec l’écurie AlphaTauri. Notez que la critique tient compte des améliorations et correctifs apportés par le premier patch déployé le vendredi 26 août.
Sommaire
Toggle« Be the boss bleusaille et bonne chance ! »
Sans surprise, F1 Manager 2022 vous invite à prendre les rênes d’une écurie de Formule 1 parmi les dix inscrites au championnat cette saison, à savoir Mercedes, Red Bull, Ferrari, McLaren, Alpine, AlphaTauri, Alfa Romeo, Aston Martin, Haas ou Williams. En tant que patron de l’équipe, vous allez devoir tout faire pour satisfaire les exigences du conseil d’administration qui vous fixera des objectifs à accomplir à court et à long terme.
Dans notre cas, par exemple, AlphaTauri souhaite d’abord consolider sa place dans le milieu de tableau en nous demandant de terminer au minimum à la 6ème place du classement des constructeurs avant de chercher à progresser jusqu’à devenir un prétendant au podium dans les années à venir.
Fort de toute son expérience accumulée dans la création de jeux de gestion, Frontier Developments nous propose ici un gameplay particulièrement riche et réaliste, surpassant sans trop de difficultés celui de Motorsport Manager qui était pourtant déjà solide à l’époque.
Conception et fabrication de nouvelles pièces pour la voiture, recherches pour celle de l’an prochain en tenant compte des modifications plus ou moins importantes apportées à la réglementation de la FIA, changement du bloc propulseur, de l’ERS et de la boîte de vitesse en fonction de leur degré d’usure, développement, signature de contrats et prospection des pilotes et des membres du personnel (directeur technique, responsable aéro, ingénieurs de course), remise à neuf et amélioration des infrastructures, gestion des finances… tout au long de la saison, vous aurez beaucoup de décisions stratégiques à prendre pour parvenir à conserver votre poste.
Et attendez, ce n’est pas fini ! Avant même de vous rendre sur le lieu d’un Grand Prix, vous devrez obligatoirement consulter les objectifs fixés par les sponsors afin de connaître les conditions requises pour faire gonfler le budget de votre écurie. Notez aussi que vous aurez la possibilité d’essayer de gratter un peu d’argent supplémentaire en ajoutant quelques clauses additionnelles, au risque que cela se retourne contre vous si jamais les résultats que vous promettez d’obtenir ne sont pas au rendez-vous.
Une fois cette tâche achevée, il est temps de se rendre sur le circuit pour s’attaquer au traditionnel programme d’un week-end de F1. Recherche des meilleurs réglages sur les monoplaces lors des essais libres en vue de maximiser le capital confiance et les performances de vos pilotes, gestion des trains de pneus à utiliser ou pas au cours d’une séance, capacité à anticiper et tirer parti du trafic dense sur la piste, stratégie à adopter en course en fonction de l’usure des gommes, de la consommation de carburant et de l’ERS, des conditions météorologiques, des chronos, des accrochages ou erreurs de conduite, des voitures de sécurité et des drapeaux rouges… là encore, il y a largement de quoi s’amuser.
Cependant, si le gameplay est d’une richesse plaisante, cela ne veut pas dire qu’il est parfait ni qu’il ne dispose d’aucune marge de progression pour autant. La présence de la presse frôle l’inexistence, aucune rumeur ou rivalité entre certains pilotes ne vient alimenter les discussions dans le paddock, on ne peut pas officialiser un contrat à la date que l’on souhaite (pour le début de la saison à venir et une fois que celui de la personne que l’on souhaite remplacer est arrivé à terme par exemple) et il nous est visiblement impossible de changer d’équipe en cours de partie.
Autre point qui peut être perçu comme un défaut, le titre manque à nos yeux d’accessibilité pour les joueurs et les joueuses qui ne sont pas féru(e)s de jeux de gestion. La personnalisation de l’expérience n’est pas très poussée (mode de difficulté bien dosé mais unique, distance de course fixe et paramétrée sur 100%…), le didacticiel est extrêmement basique dans sa conception et surtout, étant donné que les mécaniques de jeu sont nombreuses, il y a vraiment beaucoup d’informations à digérer. Malgré une interface utilisateur bien pensée à quelques détails près, cela demande forcément un temps d’adaptation plus ou moins long. Sachant à quel point la F1 a gagné en popularité ces dernières années, c’est dommage.
Les licences, c’est bien. Encore plus de licences, ce serait mieux !
Si le gameplay est une composante phare de F1 Manager 2022, le contenu sous licences y a également une place très importante pour le plus grand bonheur des fans de la discipline automobile. Livrées, sponsors, tracés officiels et informations détaillées sur chacun d’entre eux, statistiques, base de données des pilotes et membres du personnel de F1, F2 et F3… Frontier Developments n’a pas hésité à sortir le chéquier pour satisfaire son public cible et c’est un réel atout pour le jeu.
Toutefois, on croise les doigts pour que le studio britannique ne se repose pas sur ses lauriers et puisse faire preuve d’encore plus d’ambition en matière de contenu à l’avenir. Dans un premier temps, on apprécierait évidemment l’intégration des courses Sprint, qu’on nous donne la possibilité de diriger une équipe de F2, de F3 et même pourquoi pas de sa propre écurie créée de A à Z ainsi que l’ajout d’un mode Week-end de course rapide pour prendre part à un GP sans prise de tête.
À plus long terme, si toutes les conditions sont réunies, on pourrait rêver à l’idée de se frotter aux joueurs et aux joueuses du monde entier par l’intermédiaire de fonctionnalités en ligne, à des challenges scénarisés nous mettant au défi de reproduire certains exploits considérés comme étant des moments forts de l’histoire de la F1 et, soyons fous, voir le roster s’ouvrir à d’autres catégories (W Series, Porsche Cup, Formule E, Indycar, GT…).
Un premier pas vers une nouvelle ère
S’il y a bien un domaine dans lequel on ne s’attend pas forcément à voir un jeu de gestion se démarquer mais plutôt se contenter d’opter pour un style à la fois simple et épuré, c’est sur le plan technique.
Mais avec F1 Manager 2022, les développeurs ont fait le pari audacieux de chercher à repousser les limites de ce que le genre est capable d’offrir en matière de réalisation (graphismes, modélisation, animations, sound design…). Des efforts que l’on ne peut que saluer et qui devraient logiquement inciter d’autres acteurs du marché à s’inspirer de ce travail dans les prochaines années, ouvrant ainsi la porte à des horizons encore inexplorés.
Cependant, au risque de paraître très dur et d’en froisser certains et certaines d’entre vous, désolé de vous décevoir mais le rendu global n’est pas à la hauteur de nos attentes. Oui, c’est vrai, en caméra embarquée et dans des situations précises, le titre est joli, voire très joli, mais, de manière générale, les performances du moteur graphique sont assez décevantes et perfectibles, et ce malgré le déploiement d’un premier patch qui apporte son lot d’améliorations et de correctifs plus que bienvenus.
Rassurez-vous, tout n’est pas sujet à critiques non plus. Bien que la modélisation des visages des pilotes et des mécaniciens souffle davantage le froid que le chaud, celle des circuits et des monoplaces est correcte, voire satisfaisante, dans l’ensemble. Côté animations, le comportement des voitures contrôlées par l’IA, la mise en scène des erreurs de pilotage, des collisions et des crashs ainsi que les effets liés à la projection de l’eau lors des courses sur piste humide nous ont semblé assez naturels et cohérents la plupart du temps.
Quant au sound design, la retranscription audio du bruit des moteurs et des échanges radios entre les pilotes et leurs ingénieurs est d’excellente qualité. Seul bémol, jouer en français implique de devoir se coltiner des commentateurs insupportables à la place de ceux de Sky Sports, ces derniers étant présents uniquement dans la version originale du titre. Au secours !
Cet article peut contenir des liens affiliés