La première adaptation de Fairy Tail made in Gust était l’une des rares à ne pas tomber dans le piège de l’arena fighter comme tant d’autres jeux tirés de shonen populaires. Derrière cette bonne intention, le studio derrière la série des Atelier n’avait malheureusement pas su transformer l’essai, la faute à un RPG trop convenu, mal fignolé, dont les contours étaient encore trop bruts pour que l’on apprécie vraiment la proposition. Les bases étaient malgré tout posées et l’arrivée d’une suite nous laissait espérer que les bonnes leçons avaient été tirées. Une vingtaine d’heures de jeu plus tard, on en ressort effectivement avec l’impression que Fairy Tail 2 montre une volonté de changement avec un système de combat complètement retravaillé… au dépend de tout le reste.
Conditions de test : Nous avons joué à Fairy Tail 2 durant 20 heures, le temps de terminer tout le contenu principal et annexe du jeu en mode Normal. Ce dernier a été testé sur PC équipé d’un processeur AMD Ryzen 5 5600 6-Core 3.50 GHz, de 16 Go de RAM et d’une carte graphique AMD Radeon RX 6700 XT.
Sommaire
ToggleUne guerre éclair
Fairy Tail premier du nom n’était déjà pas une bonne porte d’entrée pour les néophytes dans la mesure où son intrigue démarrait assez tardivement dans le périple de Natsu et de sa guilde. En toute logique, Fairy Tail 2 s’adressera encore moins aux nouveaux venus puisqu’il adapte uniquement le tout dernier arc du manga de Hiro Mashisma, à savoir celui de la guerre contre Arbaless et le mage Zeleph. Ce ne sont pas les maigres informations que l’on peut faire apparaître sur chaque personnage ou événement via un lexique qui permettront à quelqu’un n’ayant aucune connaissance de cet univers de s’y immerger complètement, surtout avec une trame narrative coupée à la truelle de la même manière qu’aurait pu le faire un mauvais arena fighter.
En se concentrant uniquement sur un seul arc, Fairy Tail 2 aurait pu se permettre de prendre un peu plus son temps pour étoffer son récit et le rendre un peu plus fidèle au matériau de base, plutôt que de nous servir une guerre express contre les Douze Spriggan, à l’allure de boss rush. Comptez une douzaine d’heures pour en voir le bout sans vous presser, et sans rien espérer d’autres que des cutscenes assez brèves, dont seule une toute petite poignée a bénéficié d’une mise en scène descente.
On pardonnera des économies de bouts de chandelles à Gust qui n’est pas le studio bénéficiant le plus de moyens, mais l’adaptation de cet arc aurait sans nul doute bénéficié d’un peu plus d’ampleur. Au moins, la réalisation globale de cette suite est plus satisfaisante, avec de meilleurs effets, une bande-son digne de l’anime, un casting vocal encore une fois impeccable et une modélisation du monde toujours bancale mais davantage dans les standards de ce que l’on peut attendre de Gust.
L’urgence de cet arc et son contexte particulier ont aussi amené le studio à faire des choix aussi compréhensibles que pénalisants. Puisque le royaume de Fiore est plongé au sein d’une guerre éclair, les PNJ sont aux abonnés absents et tout ce que vous traverserez ici ne seront que des champs de bataille. Vous pouvez donc oublier l’idée même des quêtes annexes en dehors de rares survivants qui ne vous demanderont de réaliser que des tâches très simples, à grand coup de « ramène moi tel objet » ou « va tuer tel groupe d’ennemi ». Les quêtes de rang que l’on trouvait au sein de la guilde dans le premier jeu sont ainsi jetées à la poubelle au même titre que la rénovation de la guilde. Deux systèmes imparfaits à l’époque mais qui avaient le mérite de donner un peu plus de corps à l’aventure, là où Fairy Tail 2 manque énormément de substance.
Tout feu, tout flemme
Dans l’idée, ce n’est pas plus mal. Avec une durée de vie resserrée, on a a priori moins le temps de trouver cette suite redondante. Chose qui serait vraie si la proposition essayait un tant soit peu de varier les choses. Si l’on parle d’un aspect « boss rush », c’est parce que Fairy Tail 2 semble uniquement briller lorsqu’il nous demande d’affronter les Spriggan, seuls véritables adversaires à vous proposer un peu de challenge durant l’aventure.
Mais il a tendance à user et à abuser de ces affrontements, en les découpant en plusieurs phases pas toujours distinctes, jusqu’à les recycler dans la seconde partie du jeu. Tous les autres ennemis que vous rencontrerez ne servent qu’à vous défouler façon muso, jusqu’au point où votre groupe devient tellement fort qu’il n’est plus obligé de déclencher un combat contre eux et peut simplement les renverser façon quilles de bowling sur la map du jeu.
Tant mieux, car le système de combat n’est pas non plus parfait et ne donne pas envie d’y passer trop d’heures. Le premier jeu proposait un système de tour par tour vu et revu, qui avait ses petites subtilités mais qui ne brillait jamais vraiment. Fairy Tail 2 propose quelque chose de plus original… tout en étant aussi imparfait. Le temps réel remplace le tour par tour mais le titre ne se transforme pas en beat’em all pour autant, puisque vous ne gérerez pas le déplacement de vos personnages tandis que vos actions seront limitées par un système simili-ATB.
Ici, votre personnage dispose d’une attaque standard qu’il peut enchaîner ainsi que de six capacités spéciales à déclencher lorsqu’il a réuni assez de points d’action. Chaque capacité demande évidemment un certain nombre de points à consommer, certaines demandant à être répétées plusieurs fois de suite pour devenir plus puissantes (tout en consommant plus de points à chaque action).
En résulte un déluge de pyrotechnie avec des compétences qui s’enchainent rapidement, notamment en passant d’un personnage à l’autre pour éviter les temps morts. Mais on en vient à tellement répéter ces mêmes actions que lorsqu’un combat s’éternise, on en devient fou à force d’entendre et de voir Natsu répéter ses « karyu no hoko » pour la 132e fois (ça marche pour tous les personnages) avec des animations que l’on peut pas passer, pour la plupart d’entre elles. Pouvoir enchaîner autant de techniques à la volée restera un plaisir pour celles et ceux qui connaissant le manga ou l’anime par cœur, notamment grâce à de jolis effets qui deviennent plus impressionnants via de nouvelles attaques lorsque certains personnages entrent en état d’éveil.
De nouvelles bases moins bancales
Derrière son aspect ultra bourrin, Fairy Tail 2 vous demande un minimum de réflexion (mais vraiment un minimum) pour que les combats ne s’éternisent pas en vous laissant analyser les faiblesses élémentaires des ennemis, tout en utilisant les bonnes attaques au bon moment. Certaines capacités vont davantage affecter le bouclier de l’ennemi plutôt que ses PV et inversement, tandis que d’autres auront un rayon d’action plus large etc. Des subtilités qui ne se révèlent indispensables que face aux plus grands défis du jeu, qui auraient été plus agréables à affronter s’ils n’étaient pas interminables.
Pour écouter au maximum tout ça, votre but est de briser la barre de « choc » adversaire, afin d’éroder plus facilement ses points de vie ensuite. Cela permet également de lancer des « Link Attack », durant laquelle l’un des deux autres personnages que vous ne contrôlez pas dans votre équipe pourra lancer une compétence à la volée avec quelques effets passifs (Natsu va infliger une brûlure, Luxus une paralysie…). Autre moyen de déclencher une telle compétence : interrompre la capacité que l’adversaire charge en utilisant le bon type d’attaque à répétition. Avec un peu de rapidité, de chance et d’organisation, certains boss n’auront même pas le temps de déclencher une seule compétence.
Vous effectuerez ce schéma en boucle jusqu’à ce que la barre de choc soit temporairement épuisée, vous laissant ainsi lancer un Unison Raid entre votre personnage actif et un autre membre de l’équipe. On regrettera ici que le nombre d’Unison Raid spéciaux présents dans cet opus soit moins conséquent dans le premier épisode, la faute à un casting lui aussi revu à la baisse.
Comptez seulement une dizaine de mages dans cette suite, là où le premier en proposait un peu plus d’une quinzaine. Avec un Season Pass à l’horizon, nul doute que les grands absents finiront par répondre présents si l’on allonge la monnaie. Enfin, pardon, Sting, Rog et compagnie sont toujours là, mais relégués au rang de simple « invocation » ou en tant que personnages de soutien, venant apporter une aide ponctuelle en plein combat. Pour une licence qui veut tout le temps surfer avec le fan service (le bon comme le mauvais), ce choix restera en travers de la gorge de certains.
Un final aux allures de hors-série
On en vient à se demander ce qu’apporte réellement cette suite en dehors d’un gameplay retravaillé, pas toujours pour le meilleur. Sans doute une sorte de « monde ouvert » que l’on pourra plutôt qualifier d’immense donjon à couloirs, relativement vide et creux, dont les chemins annexes ne seront intéressants que lorsque des coffres ou des cristaux se trouvent au bout du chemin.
Les premiers vous aideront à trouver des lacrimas (ou des objets à échanger) qui serviront d’équipements pour augmenter les statistiques de vos personnages, tandis que les seconds pourront vous permettre de débloquer certains paliers via des arbres de compétences très sommaires. Restera alors votre grande quête pour aller dénicher tous les clones de Plue dispersés dans le royaume de Fiore, qui n’est pas des plus captivantes. Au moins, avec un tas de points de téléportation et une mécanique de dash très rapide, on évite très largement le calvaire.
On notera également la présence d’un mode Photo, qui ne vous servira sans doute pas à immortaliser les plus beaux paysages du royaume (tant ceux-ci sont génériques), mais à pouvoir mettre en scène à l’envie tout le casting. Vous aurez aussi l’opportunité de vous reposer via des feux de camp afin d’assister à des petites saynètes sympathiques entre les membres du groupe. Certaines vont d’ailleurs explorer quelques flashbacks pour tenter de donner un peu plus de contexte à ce qui s’est déroulé avant le début de cet arc, mais là encore, ce sera avant tout à destination de celles et ceux qui connaissent déjà le manga plutôt que des personnes qui découvrent ça d’un oeil nouveau.
Reste alors la partie endgame de ce Fairy Tail 2, largement mise en avant durant la promotion de cette suite. Gust s’est vanté de proposer du contenu totalement inédit avec des histoires bonus pour les membres de la guilde qui n’ont jamais été vues avant. Ne vous attendez cependant à rien d’autre qu’à des petits récits aux allures de fillers, qui vont venir donner une excuse pour voir tout le monde en maillot de bain ou pour voir les couples iconiques flirter très brièvement. Seule l’ultime quête abandonne ce ton léger, ce qui ne veut pas dire qu’elle est captivante pour autant (en plus d’être très expéditive). Il y avait peut-être mieux à faire.
Cet article peut contenir des liens affiliés