Après la Vita, la PlayStation 4 et le PC, l’action-RPG Fallen Legion arrive sur Switch. Sous-titrée Rise to Glory, cette version est en réalité une compilation des épisodes Sins of an Empire et Flames of Rebellion. Un peu à l’image de Fire Emblem Fates, il s’agit d’un même jeu au scénario et au gameplay commun mais où l’on suit l’un des deux camps opposés dans une guerre civile. Une idée intéressante, si les différences sont assez flagrantes pour le justifier.
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La campagne Sins of an Empire se centre sur la Princesse Cecille qui doit devenir à contre-cœur Impératrice de Femunia suite à la mort de son père. Loin du cliché habituel, Cecille n’est pas une bonne jeune fille enfermée dans une tour à apprendre la couture, mais l’une des deux Généraux de l’armée impériale. Bien entendu, son accès au pouvoir s’accompagne de la révélation de terribles secrets sur cet Empire bâti sur les conquêtes sanglantes. Comme cela ne suffisait pas, Laendur, l’autre Général et héros de Flames of Rebellion, décide de profiter de cette transition pour prendre le pouvoir.
C’est là qu’intervient le premier point intéressant de Fallen Legion, il n’est absolument pas manichéen. Pas de gentils, pas de méchants, que des personnes qui font des choix entre des mauvaises solutions pour les mauvaises raisons. Certains apprécieront cette vision moins naïve et niaise que peuvent avoir certains RPG, mais d’autres se demanderont pourquoi participer aux quêtes de héros aussi détestables. Le joueur reste spectateur mais il est régulièrement consulté sur les petites décisions (comment gérer une manifestation, une dispute entre nobles…).
Des choix qui semblent s’accumuler pour provoquer de plus grosses conséquences. Fonction louable mais qui ne donne pas le contexte nécessaire. On choisit entre des familles, des factions, mais seuls les écrans de chargement aux textes aléatoires donnent un semblant d’informations. L’impact est également trop peu visible pour sortir le système du gimmick. Lier ces dilemmes aléatoirement à des bonus ou des malus dans le gameplay n’aide pas non plus à la cohérence.
Valkyrie Profile X Marvel Vs. Capcom
Quand Spencer Yip, le créateur du jeu et du site d’actualité Siliconera, affirme que les jeux de combat Marvel Vs. Capcom ont été une grande influence sur le projet, il ne ment pas. Dans Fallen Legion qui n’est absolument pas du tour par tour, on contrôle le protagoniste qui contrôle lui-même trois invocations. Chacun a son propre bouton assigné (A,B,Y) ainsi qu’une jauge de points d’actions qui remonte en temps réel. Il faut donc appuyer sur la touche d’un personnage pour qu’il fasse son attaque ou attendre qu’il ait ses trois points pour ajouter une pression sur ZR et déclencher une attaque spéciale.
Dans les faits, cela semble simple mais il faut également prendre en compte le système de combos. Au bout d’un certain nombre de coups (qui dépend du contexte), le dernier va devenir une autre super attaque. Tout le sel va donc être de bien gérer ses jauges pour avoir assez du jus et arriver jusqu’à la fin du combo. Le personnage principal intervient également pour lancer l’un de ses trois sorts avec X et qui se chargent avec les actions de l’équipe. L’ennemi ne reste pas gentiment là à attendre les coups et peut donc interrompre le combo en attaquant. Il faut défendre avec la gâchette L qui réduit les dégâts quand elle est maintenue mais permet surtout de contrer si on a le bon timing.
Dernier grand paramètre à prendre en compte, la position des combattants. Ils sont en file indienne et c’est en toute logique que le premier se prendra la plupart des coups. Cependant les personnages se déplacent quand ils attaquent et il faut veiller à ne pas envoyer quelqu’un de fragile quand le camp d’en face prépare clairement quelque chose de dangereux. Tout comme il ne faudrait pas se laisser acculer dans un coin pour éviter que les attaques à effet de zone touchent toute l’équipe au lieu de se limiter à celui qui se trouve en première ligne. C’est un autre élément à surveiller puisqu’il peut varier sans que l’on s’en rende compte, le bouton ZL servant à réorganiser l’équipe.
Action-pas vraiment RPG
Contrairement à ce que l’on pourrait penser en lisant ces dernières phrases, le joueur ne gère pas du tout les déplacements de son équipe, juste le moment de leur départ vers l’adversaire. Résultat, entre les combinaisons de touches, les jauges et les timings, Fallen Legion tient beaucoup plus du jeu de rythme que du jeu de rôle. L’attention et la concentration demandées sont dignes d’un jeu de combat ou d’un shoot them up. Malheureusement, le nombre d’effets et les ennemis quand ils sont plus de deux nuisent réellement à la lisibilité qui est le principal obstacle pour le joueur. Difficile de bien timer une attaque qui touche plusieurs fois, d’un adversaire caché par un autre, avec l’écran qui tremble et des flammes dans tous les sens.
Les équipes de YummyYummyTummy et Mintsphere ont quand même eu la bonne idée d’organiser le titre en courts niveaux qui enchaînent quelques combats pour éviter la surchauffe. Dans ces niveaux, le groupe avance tout seul de baston en baston à un rythme soutenu, parfois entrecoupé d’un personnage qui vient vous offrir un bonus mais surtout les fameuses phases de décisions. Point de répit, une phrase indique une situation avec seulement quelques secondes pour choisir l’une des trois options, en général sans le moindre contexte.
C’est d’ailleurs ici que le manque de traduction française gênera le plus vu le vocabulaire peu courant parfois employé. Cela aura un impact sur l’histoire et sur le reste du niveau puisque des bonus sont liés à chaque proposition. Il faut donc prendre en compte l’utilité à long terme et l’utilité immédiate puisque les statistiques des personnages n’évoluent pas toujours en bien (comme le tank qui perd sa défense pour un peu d’attaque par exemple).
3 minutes, chargement compris
La composition de l’équipe est la phase qui se rapproche le plus du RPG en général (et encore, cela classerait les jeux de combat en tag team dans les RPG). Mais c’est l’un des rares moments où il faut faire preuve d’un minimum de stratégie. Si les invocations apprennent des compétences et évoluent, il n’y a pas de système d’expérience. Tout semble aléatoire. C’est le cas notamment des gemmes à équiper dont les effets sont tirés au sort parmi une sélection qui augmente au fil du jeu. En cas de blocage, inutile donc de refaire en boucle les niveaux précédents pour combler le manque de talent par des personnages plus forts ou un meilleur équipement, ça se jouera au skill.
Comme vous pouvez le constater, cette critique aborde principalement le gameplay pour l’instant et il y a une bonne raison. Tout Fallen Legion se limite aux combats. On enchaîne les niveaux sans rien d’autre pour alterner. Ce qui pose un réel souci vu la longue durée de vie (une vingtaine d’heures pour une seule campagne) et le manque de renouvellement du gameplay. Quand vous maîtrisez les bases, il ne reste plus rien à faire à part refaire en boucle le même combat pendant des dizaines d’heures, avec au moins un boss de temps en temps pour surprendre à peine. Rien d’autre ne parvient à sauver le jeu.
La direction artistique inspirée de Vanillaware est plutôt réussie dans l’ensemble (même si parfois inégale et jamais à la hauteur du modèle), la musique fait bien son travail en restant fidèle à l’univers médiéval tout en sachant prendre à contre-pied avec des sons plus modernes. Le bestiaire n’invente rien mais reste assez soigné. Même la décision d’ajouter des voix japonaises à l’occasion de cette nouvelle sortie, témoigne d’un amour et d’un soin tout particulier dans la production. Mais tout cela ne sert à rien devant l’ennui. Le jeu propose simplement un mode New Game + et un One Life Mode (la partie s’arrête définitivement au Game Over) mais jamais rien qui relance l’intérêt.
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