Cette traversée onirique est imaginée par les jeunes développeurs du studio Okomotive à Zurich, en Suisse. Fondé en 2017 par Don Schmocker et Goran Saric, FAR: Lone Sails est le premier jeu du studio publié par Mixtvision le 17 mais 2018 sur multiplateforme privilégiant la sortie PC et MAC. Le reste des machines auront droit à leur version propre ultérieurement.
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ToggleL’homme et la machine contre le néant
C’est sous un ciel tapissé de nuages au pied d’une stèle en hommage à un ami que le joueur entame son périple à bord d’une machine qui demandera soins et attention pour rejoindre une destination inconnue. Les océans ont séchés, devenus de véritables cimetières pour les sous-marins, super pétroliers et autres véhicules marins. Au défilement du décor à bord du véhicule, les colonies insulaires autrefois pleines de vie se sont écroulées sur elles-mêmes au poids de leur gloire d’antan.Une chose est sûre : vous êtes seul ; sans doute la dernière personne encore debout dans ce monde brisé dépourvu d’une compagnie rassurante, de confort et d’une raison d’exister. La passé est loin derrière sous les ruines de la civilisation moderne, l’espoir de jours meilleurs se trouve peut-être de l’autre côté de l’horizon. Qu’est-ce qui a pu causer la catastrophe et y a-t-il encore âme qui vive ?
Cependant, il est déjà trop tard pour trouver réponse à ces questions : l’objectif le plus important du voyage reste encore à être élucidé par le joueur sans indices sur le but de son épopée. Aux commandes d’un petit bonhomme rouge qui aura fait son deuil, on s’empresse de monter à bord d’une sorte d’hybride entre le navire et la locomotive sur roues qui fait office de forteresse mobile qui transportera le silencieux personnage au bout de son voyage. Durant son périple, malgré l’absence flagrante de vie dans les environs, le monde grouille d’histoires à découvrir et d’endroits à explorer. L’espoir des jours meilleurs commence par la présence de ce personnage vêtu d’une cape rouge à véhiculer les mémoires d’une civilisation perdue ; seul, il véhicule sans le savoir l’ultime espoir de sa civilisation d’éviter de sombrer dans l’oubli.
Into the wild ?
La traversée du désert qui se profile à l’horizon a son lot d’obstacles sous forme de puzzle-game et petites énigmes à résoudre ainsi qu’une météo qui peut très vite devenir menaçante pour ce géant de fer qui, pour rappel, est le seul moyen d’atteindre la mystérieuse destination. FAR: Lone Sails est avant tout un voyage vers l’inconnu, vers un avenir incertain, vers un espoir de redonner sens à son existence. Bien que le personnage soit qu’un minuscule grain de poussière qui voyage au gré des vents dans ce vaste monde en déchéance à bord d’une impressionnante machine, traverser des somptueux décors racontant chacun leur histoire par leur aspect sans prononcer un mot rend le voyage à la fois fascinant et mystérieux.
Tandis que le voyage nous mène à s’insérer de plus en plus dans les ténèbres, l’imposante machine quant à elle, est rien d’autre qu’une froide carcasse sans âme qui ne peut être animée que par une série de boutons pressoirs situés aux endroits clefs du véhicule. Le pèlerinage est rythmée par une succession de moments relaxant qui permettent de contempler les paysages au loin et d’épisodes plus engagés qui exigent beaucoup d’attention de la part du joueur : gérer l’approvisionnement de carburant, surveiller l’état du véhicule et le réparer en cas de besoin, réagir au bon moment à l’approche des obstacles sur la route et dénouer la situation pour faire passer le véhicule.
L’odyssée mènera à trouver des pièces supplémentaires à intégrer au véhicule pour améliorer ses fonctions et ces fonctions additionnelles sont un facteur décisif pour espérer arriver au bout du voyage. Le gameplay de Lone Sails se veux être simple et efficace : à la portée de tous ceux qui font confiance à leur intuition. La gestion d’un inventaire archaïque ou des combinaisons de touches complexes ne sont pas nécessaires pour rejoindre l’horizon. Il ne s’agit pas d’être le mieux équipé ou le plus performant pour progresser, le jeu demande de faire preuve d’initiative et d’aborder l’expédition comme on l’entend et d’expérimenter les possibilités à portée. C’est une façon d’être seul avec soi même et de prendre conscience de ses propres capacités face à cette beauté environnante désolée.
L’angle artistique travaillé
FAR: Lone Sails puise son inspiration depuis divers horizons, citant Stephan Biesty « Incredible Cross-Sections » comme inspiration majeure de conceptualisation du titre ainsi que le travail effectué par Theo Jansen pour son invention « Strandbeest ». Les films comme « Mad Max II » ou « Das Boot » et des jeux comme « Limbo » ou « Journey » ont eu aussi leur part d’influence dans l’élaboration de la direction artistique du jeu du jeune studio. La palette de couleur est volontairement limitée par un équilibre de couleurs sur les tons du rouge, du bleu et des variations de gris. Ces quelques couleurs savamment dosées apportent toute la solitude dont le monde du jeu a besoin au point de troubler l’humeur par quelques éclairages délicatement posés aux instants clefs de la progression. En dépit d’une palette de couleur réduite, l’univers du jeu veut apporter sa touche de réalisme par des effets spéciaux et changements des nuances de couleurs qui rappellent que la nature peut être à la fois chaleureuse et cruelle.
Le monde de FAR: Lone Sails est un monde proche du notre, dépourvu de créatures fantastiques et cela le rend par la même occasion plus sinistre ; il se permet de provoquer la réflexion sur notre propre avenir et existence sur cette planète en poursuivant la voie de l’industrialisation sans réfléchir au panel de conséquences. L’atmosphère post-apocalyptique repose entièrement dans son décor par une absence totale de source majeure de la vie : l’eau. Seul, le sentiment de solitude fait partie intégrante de l’expérience de jeu dans un vaste monde vide et stérile qui fait prendre conscience que le petit personnage que nous incarnons n’est rien face au monde. Les vestiges des énormes épaves métalliques et les structures autrefois habités s’écroulent, le passé glorieux d’une civilisation avancée pourri lentement pour redevenir poussière.
Dans un monde qui se recourbe sur lui-même, nous sommes tout de même dépendants de notre véhicule qui véhicule en lui l’état de solitude. Il n’existe pas sans nous et nous ne subsistons pas sans lui. Cette interdépendance est très forte car tout espoir serait perdu sans ce véhicule qui peut être parfois capricieux, il est important d’en prendre soin pour qu’il continue à vivre et nous emporter vers l’horizon. La technologie fait partie de notre mode de vie, illustrée par un simple travelling arrière cadrant les deux éléments à l’écran lorsque l’on s’éloigne trop du mastodonte de fer (pour récupérer des matières premières par exemple) afin de respecter leurs échelles respectives par rapport au monde dans lequel ils existent encore.
L’atmosphère devient pesante, voir déprimante car le voyage semble mener nulle part et pourtant l’espoir se profile au gré des kilomètres accumulés sur le compteur de la machine. Le message est plein d’espoir : plutôt que de rester apitoyé sur son sort mais prendre en main son destin pour un voyage risqué vers des terres inconnues pour des jours meilleurs fait son effet et l’envie de surmonter les obstacles est du plus bel effet.
Des récompenses à l’horizon ?
Sans dévoiler tout le plaisir du voyage, pour se préparer à l’aventure, deux DLC (7€) sont disponibles séparément ou avec la version collector digitale depuis la sortie à 14,99€ :
- Un artbook au format digital d’une quarantaine de pages avec des concepts arts, croquis, développements visuels et rendus d’images des personnages, bâtisses ou environnements. L’évolution des designs des personnages depuis les premiers concepts arts est de mise et apportera aux fans l’opportunité de s’immerger plus fortement dans l’univers de FAR: Lone Sails.
- La bande son du jeu (format digital) qui prend une place très importante dans l’expérience créant une ambiance unique, racontant au travers des notes le triste destin d’une glorieuse civilisation éteinte. Écrite par Joel Schoch en 18 compositions pour un total de 45 minutes de bonheur pour l’acoustique de nos oreilles.
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