Sorti en 2017, Figment avait fait son petit bonhomme de chemin en nous proposons une belle aventure au sein d’Esprit humain, pour tenter de décoder ce qui se passe dans notre tête à des moments précis et importants de notre vie. Grâce à son habillage musical de haute volée, sa direction artistique et ses énigmes bien pensées, le public a été plutôt au rendez-vous et une suite était très attendue par de nombreux joueurs et joueuses.
Enfin attendu pour ce 9 mars sur PC (Steam & GOG), PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S et Nintendo Switch, Figment 2: Creed Valley est la nouvelle itération de cette franchise signée par les danois de BedTime Digital Games, récemment à l’œuvre à l’édition de The Forest Quartet notamment. Ce nouvel opus nous promet de nous raconter une nouvelle histoire indépendante du premier volet, avec des ajouts de gameplay et la promesse de pouvoir y jouer à deux. Alors, promesses tenues ?
Conditions de test : Nous avons joué à Figment 2: Creed Valley sur PlayStation 5 durant environ 6h, le temps nécessaire pour terminer complètement l’aventure et atteindre un taux de complétion de 95%.
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ToggleEsprit, es-tu là ?
Figment 2: Creed Valley démarre par une bonne nouvelle : nous allons davantage nous intéresser à la vie de l’Esprit dans lequel nous nous trouvons, et cela pour notre plus grand plaisir. A travers des cinématiques nous narrant l’évolution des relations de notre homme avec sa femme, sa fille, mais aussi ses parents étant enfant, nous pourrons également en apprendre un peu plus sur les événements et choix l’ayant mené à une telle fragilité d’esprit via des souvenirs à récolter sur le terrain.
Concernant notre Esprit, il s’agit d’un homme, surmené dans son travail, pensant faire tout ce qu’il fallait pour ravir sa famille mais qui finit par s’en éloigner à force de trop s’absenter avec pour objectif de pouvoir acheter une maison symbolisant la réussite de sa vie à ses yeux, quitte à délaisser famille, loisirs et couple au passage. Ce désordre mental est caractérisé par la présence de cauchemars et notamment celle du Bouffon, sorte de Arlequin à deux têtes symbolisant la folie perdue de notre homme, voulant semer le trouble car n’étant plus du tout utilisé par l’Esprit depuis des années. Nous ne dirons pas grand plus sur le scénario pour ne pas vous gâcher des éléments importants de l’intrigue, mais sachez que cette mise en scène est plus vraie plus-value par rapport au premier jeu.
L’histoire de Figment 2: Creed Valley vous tiendra en selle durant environ 5h, c’est court, voire très court, et même plus court que le premier opus, quand celui-ci semble nous faire moins réfléchir que son aîné (nous y reviendrons), bien que la durée de vie pourrait être légèrement augmentée par la récolte des souvenirs nécessitant parfois un second passage si vous en avez loupé en chemin. Nous avons pu ainsi compléter notre aventure à 95%, un trophée nous faisant l’offense de ne pas tomber à cette heure.
Et bien que tout ne soit vraiment pas parfait dans cette nouvelle itération, quel plaisir de retrouver cet univers onirique et spirituel ainsi que nos deux héros, le courageux Dusty et l’intrépide mais calme Piper ! Pour preuve, si vous avez joué au premier jeu (récemment ou non), vous ne serez pas dépaysé, bien au contraire puisque toutes les mécaniques sont ici de retour… peut-être même un peu trop à l’identique.
Dusty et Piper, Version 1.5
En effet, durant la plus grande partie de l’aventure, vous retrouverez le même gameplay que lors du premier opus, variétés de situations exclues. Vous pourrez de nouveau courir, esquiver en roulant, attaquer, pousser des objets, activer des mécanismes, placer des batteries de couleur etc..
Les seules nouveautés sont présentes au niveau des combats en premier lieu, puisqu’une attaque sautée et une attaque multiple (4 coups à la suite) remplacent l’attaque chargée obtenue en maintenant la touche d’attaque, tandis que la recherche de souvenirs ne se fait plus sous forme d’orbes cachées dans les niveaux mais plutôt grâce à la récolte de centaines de billes violettes (appelées éclats de mémo) venant remplir une jauge sur la droite de l’écran afin de débloquer un souvenir à 50% de cette jauge (atteindre le 100% sur chaque souvenir permet de débloquer un trophée spécifique) avec quelques groupes bien cachés.
De plus, une nouveauté, ou plutôt un élément supprimé du premier opus, se trouve au niveau de la jauge de vie qui ne peut être augmentée grâce à la récolte d’éléments sur le terrain venant remplir une éprouvette, ici, votre jauge de vie possède déjà ses 6 niveaux, à vous d’en prendre soin, bien qu’une mort ne vous ramène que peu de temps avant avec votre jauge pleine, la mort étant encore une fois ici non punitive. De plus, de très nombreuses boules vertes seront disséminées sur le terrain pour vous refaire une santé.
Niveau construction du jeu, nous pourrons regretter l’absence des écrans de transition entre les niveaux montrant ces décors stylisés et reliés entre eux, troqués contre de petites miniatures faisant part de votre avancée dans le jeu, mais uniquement via le menu principal, nous permettant par ailleurs d’apercevoir la faible durée de vie du titre. On regrettera également le manque d’interaction avec des têtes connues du jeu comme le Maire rencontré uniquement en début et fin d’aventure. A la place, vous rencontrerez tout un tas d’Opinion sur à peu près tout, prêtant lieu à des conversations loufoques, mais ne cherchez pas des secrets spécifiques à leur parler ou frapper à toutes les portes, cette mécanique n’existe plus ici.
On pourra malgré tout féliciter le bond en avant côté réalisation et mise en scène, incluant désormais des scènes et souvenirs animés de l’Esprit lui-même et sa famille afin de mieux percevoir les enjeux, tenants et aboutissants des événements ayant conduit à l’errance de l’Esprit. Côté réalisation donc, l’ensemble demeure toujours aussi fluide, intelligemment conçu et relatant extrêmement bien les tourments d’un esprit humain, tandis que les combats de boss (finalement peu nombreux et peu mémorables) demeurent légèrement plus simples et moins efficaces que lors du premier opus.
La faute à un gros noyau narratif central autour de la poursuite du Bouffon, un drôle d’énergumène, seul vrai antagoniste de l’Histoire, mais aussi une articulation trop marquée autour de la boussole morale pour laquelle il nous faut retrouver les quatre pierres cardinales (sagesse, altruisme etc.) donnant une impression de stagnation dans le récit avant une envolée finale rattrapant heureusement l’ensemble grâce à un combat final haut en couleurs.
Nous regrettons ici la pluralité de boss du premier opus, qui promettait alors de varier les gameplay et patterns là où ici, les mêmes ennemis défileront devant votre épée, à tel point que le challenge ne sera apporté que par un nombre accru d’ennemis à l’écran. Nous pourrions par ailleurs en dire de même concernant l’utilisation de notre matière grise dans tout l’aventure de Figment 2: Creed Valley.
Un tournant jeu d’action VS jeu à énigmes ?
Ce qui pourrait nous faire penser à une version 1.5 de Figment premier du nom, c’est certainement l’articulation du premier tiers du jeu, avec la présence d’énigmes bien pensées, d’un combat de boss efficace, mais aussi qui prend le temps de poser les jalons des nouveautés apportées comme les perturbateurs de réalité (présentés sous forme de totems), permettant d’un simple coup dessus la bascule entre un esprit ouvert et fermé, emmenant de nouvelles façons d’organiser les paysages, mais aussi des blocs de pensée sous forme d’ascenseurs, ou encore de la manipulation d’objets, qui fait cruellement défaut ici.
En effet, finis les allers retours avec un objet que l’on pensait inutile dans l’inventaire, hormis à quelques moments précis, vous pourrez faire adieu à cet effort cortical puisque chacun des niveaux suivants accompagnant la boussole morale possèdera son gameplay qui lui est propre : jeu d’enquête façon Sherlock Holmes, épreuves au sein d’un labyrinthe alambiqué qui traîne en longueur etc., à tel point que l’on aurait préféré que le jeu reste dans son modèle 1.5 du début plutôt que de changer drastiquement de direction pour proposer quelque chose qui ne lui correspond finalement pas tout à fait.
Finalement, les combats demeurent très (trop) fréquents, et demanderont un certain nombre de compétences d’esquives etc., au détriment de réelles grosses énigmes rencontrées chez son prédécesseur, à tel point que l’on se questionne sur le positionnement du jeu dans sa catégorie. On mentionnera tout de même à nouveau la dernière petite heure du jeu, à la fois intense, retournant à ce que Figment fait de mieux, avant l’ultime combat qui vous en mettra plein les yeux et plein les oreilles.
Car, oui, en ce qui concerne les choix musicaux durant l’aventure, ceux-ci demeurent toujours aussi adaptés et qualitatifs que l’on connaît de l’opus précédent, avec la part belle faite aux rimes absurdes et aux sonorités agréables, contrebalançant avec certains titres tournés vers le rock ou le métal, grisants à souhait, mais aussi des titres plus mélodieux et théâtraux, notamment en toute fin d’aventure.
Mentionnons par contre la présence d’un « mode » coopération locale où chacun des joueurs dirigera soit Dusty soit Piper, afin que l’oiseau l’aide partiellement en redonnant de la vie à son compagnon notamment, une manière d’inclure les plus jeunes sans leur mettre la pression d’une réussite à toute épreuve de skills obligatoires. On pourra néanmoins nuancer ces propos en regrettant de véritables séquences en contrôlant Piper, hormis les quelques minutes présentes à un point précis de l’aventure.
Pour terminer, il nous faudra signaler la présence de bugs ayant nécessité un redémarrage du jeu à plusieurs reprises, la faute à des scripts mal enclenchés ou un personnage coincé dans les décors, tandis que la fluidité restera tout de même au rendez-vous. A noter une non-utilisation de la DualSense, même concernant de petites vibrations « à l’ancienne », tandis qu’aucun doublage français n’est à l’ordre du jour, on se contentera de doublages anglais très qualitatifs sous-titrés en français, à l’instar du premier opus, ce qui n’est pas dérangeant dans la majorité des situations.
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