Les anniversaires ont souvent droit à leur événement spécial chez Nintendo. Nous avons pu le voir avec Mario, et ce à plusieurs reprises, notamment avec la sortie récente de Super Mario 3D All Stars, compilation célébrant les 35 printemps du moustachu. Mais ce n’est pas le seul anniversaire que nous avons le plaisir de fêter en cette année 2020.
Le premier Fire Emblem sortait en effet il y a trente ans. Ce qui, pour Big N et Intelligent System, méritait amplement un petit geste à destination des fans. C’est ainsi que Fire Emblem : Shadow Dragon & the Blade of Light, réédition du tout premier opus de la série, fut annoncé sur Nintendo Switch. Un jeu Famicom (nom japonais de la NES) d’époque, bénéficiant d’une traduction en anglais bienvenue.
Trente ans c’est long, et il n’est pas dit qu’après avoir touché à Three Houses, les fans aient véritablement l’esprit à faire un bond de trente années dans le passé. Cela étant, cette édition a tout de même quelques avantages. À ceci près qu’elle ne durera pas dans le temps, puisqu’elle ne sera vendue sur l’eShop de la Switch que jusqu’au 31 mars 2021, à l’image de 3D All Stars ou de Super Mario Bros. 35.
Conditions du test : Nous avons principalement joué sur une Switch Lite, et ce pendant près d’une dizaine d’heures. Nous avons aussi lancé le titre sur un modèle classique, afin de l’essayer sur TV.
La machine à remonter dans le temps
Sur le papier, la réédition du tout premier épisode de la licence est une excellente idée, d’autant plus au mince tarif pratiqué. Fire Emblem : Shadow Dragon & the Blade of Light est en effet proposé à seulement 5,99 euros sur l’eShop. Ce qui reste peu pour une expérience culte et inédite, aux yeux des Occidentaux tout du moins, dont le contenu reste, comme toujours, plutôt conséquent. Cela étant, un petit hic subsiste, et il risque de poser problème à plusieurs fans de la série, pour peu qu’ils aient possédé une Nintendo DS un jour ou l’autre.
Le fait est que ce même épisode connaissait un remake sur la portable aux deux écrans, qui nous parvenait en 2008 complètement traduit dans la langue de Molière. Une version plébiscitée à juste titre, d’autant qu’elle marquait le début d’un renouveau pour la série. Difficile de comprendre pourquoi ce remake n’a pas été réadapté lui aussi pour une sortie sur Switch, tant il améliorait l’expérience de jeu, tout en conservant les fondamentaux de cette première aventure. Parce qu’en l’état, il est vrai que ce Fire Emblem est bon, mais il reste néanmoins difficile à ingurgiter.
Ce qu’il doit évidemment à son grand âge, et à ses mécaniques molles et manquant cruellement d’ergonomie. Entendons-nous bien, un fan de la série de Intelligent System trouvera rapidement ses marques, c’est évident. Cependant, mieux vaudrait-il déconseiller aux simples curieux de faire l’acquisition de ce portage. Contrairement à un Super Mario Bros. ou encore un Castlevania, Fire Emblem : Shadow Dragon & the Blade of Light n’est pas une expérience intemporelle. Il n’a simplement pas eu la chance de bien vieillir.
Fort heureusement, il propose tout de même quelques outils indispensables dans cette version Switch. Ceux qui jouent sur emulateur savent de quoi il en retourne : certaines options sont là pour faciliter la tâche aux amoureux du rétro-gaming. Ainsi, cette réédition a le bon goût de proposer de placer des marque-pages, permettant de revenir rapidement à une sauvegarde précédente en cas d’échec. Il est aussi possible de simplement remonter le temps, tour par tour. Et bien sûr, cette version permet aussi d’augmenter la vitesse du jeu.
Cela ne fait pas tout, évidemment, mais permet néanmoins un confort de jeu bien supérieur à ce que propose le titre original. Doubler la vitesse et supprimer les animations en combat est presque un processus nécessaire pour pouvoir apprécier le titre, tant son aventure et son game system sont lents et archaïques. Heureusement, la traduction en anglais est de bonne facture et ne nécessite pas un niveau de langue très élevé pour pouvoir être apprécié. Dans une certaine mesure, on pourrait presque y jouer sans vraiment tout comprendre, puisque l’histoire est assez sommaire. Reste que cela rendrait néanmoins quelques interactions plus compliquées évidemment.
Des bases solides
Tout ce que nous disions plus haut mis à part, Fire Emblem : Shadow Dragon & the Blade of Light reste tout de même une petite aubaine pour les fans de la série. Certes, certains auront déjà fait le jeu, sans forcément le savoir, via le très bon remake DS. Et il est vrai qu’à ceux-ci, nous aurions tendance à conseiller de passer leur chemin. Mais les autres peuvent foncer sans trop réfléchir, à condition, bien évidemment, d’être conscients de ce dans quoi ils s’embarquent, et d’être capables de jouer encore aujourd’hui à un titre si vieux.
Parce qu’il reste très intéressant de se pencher sur ce premier volet, qui posait les bases d’une série dont on ne compte plus les épisodes. D’une certaine façon, bien qu’elle ait amplement gagné en ergonomie, la recette n’a pas tant bougé que cela en trente ans. Les suites se sont simplement dotées de nouvelles fonctionnalités, mais ont aussi offert plus de poids à l’histoire, qui reste un brin en retrait ici. Évidemment, les problèmes que l’on notera présentement sont dus à un support d’origine très limité, ainsi qu’à un espace de stockage minuscule sur les cartouches.
Marth et ses compagnons vont devoir affronter mille périls au cours de cette aventure, à travers douze chapitres qui font sévèrement grimper la difficulté. Pour venir à bout de ses ennemis, le prince est accompagné de quelques loyaux soldats. Petite armée que vous pourrez faire grossir vous-même, en allant à la rencontre de certains adversaires hésitants sur le champ de bataille. Une mécanique que l’on n’a pas cessé de retrouver dans les volets suivants. Bien sûr, les fans le savent déjà, la mort d’un compagnon est définitive.
Heureusement, le titre laisse le temps à la difficulté pour faire son nid. Les cinq premiers chapitres sont relativement simples, et ne demandent finalement que de l’attention, hormis quelques rares cas. C’est à partir de la moitié du jeu que les choses se corsent un brin, mais surtout qu’il va falloir commencer à jouer tactique. Surtout si vous souhaitez conserver votre armée durement gagnée, bien entendu. Notez que vos armes se brisent après un certain nombre d’utilisations, mais que le triangle des armes (représentant les forces et faiblesses selon l’équipement adverse) n’est pas encore apparu. Ainsi, la stratégie reste assez limitée.
Enfin, parlons limitation, puisqu’il le faut bien. Ce premier volet désarçonne dans un premier temps puisqu’il n’affiche rien au sol lorsque l’on sélectionne une unité. Pour savoir jusqu’où celle-ci peut marcher (ou voler), il va falloir pousser la croix directionnelle ou le joystick jusqu’à ce que le curseur cesse de bouger. Dans le même ordre d’idée, les statistiques des combattants, amis ou ennemis, ne s’affichent pas simplement en plaçant le curseur dessus. Il va falloir appuyer sur le bouton A, ce qui prend du temps. De manière générale, tout est lent dans ce volet. Jusqu’au tour des ennemis, qui même à vitesse x2 est parfois interminable.
Mais c’est surtout le découpage de l’image qui risque de gêner, bien que l’on ait l’habitude avec ce genre de portages. En effet, en mode TV comme en portable, ce Fire Emblem n’occupe que le centre de l’écran, et laisse un énorme rectangle noir autour de la zone de jeu. L’emulateur ne permet par ailleurs que de choisir entre deux options d’affichage. Alors certes, c’est cohérent ainsi, et cela évite les étirements immondes… mais il est vrai que cela n’aide pas du tout cet opus à paraître plus attrayant.
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