Après Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, Nintendo retente l’expérience des musou plus « personnels » avec Fire Emblem Warriors: Three Hopes. En prenant le dernier opus en date, le titre veut nous faire voir l’univers sous un nouveau jour tout en nous proposant de retrouver un tas de personnages auxquels nous sommes déjà attachés si l’on a joué à Fire Emblem : Three Houses. La recette fonctionne très bien mais peut malheureusement rapidement devenir indigeste.
Conditions de test : Nous avons joué au titre plus de 65 heures sur Switch OLED en docké et en mode portable. D’abord en mode normal puis rapidement en mode difficile.
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ToggleOn se la joue « no school »
Le studio Omega Force est réputé pour développer de nombreux musou (ou « Dynasty Warriors like »), mais notons qu’il a également participé au développement de Fire Emblem : Three Houses à l’époque. Ainsi, bien que nous ne soyons pas face à un jeu de stratégie tactique au tour par tour, Fire Emblem Warriors: Three Hopes se joue presque entièrement comme un Fire Emblem classique.
Contrairement à Fire Emblem Warriors, on ne joue pas la carte du crossover et cela permet donc une progression plus structurée et agréable à suivre. De plus, pas besoin de retracer toute l’histoire de la série pour avoir de la main d’œuvre puisque Three Houses dispose d’un casting énorme à lui-seul, un élément bien entendu très important lorsque l’on s’attaque au genre si particulier des musou.
Sans rentrer dans les détails du scénario pour ne pas trop en dévoiler, nous sommes devant une histoire alternative de Fire Emblem : Three Houses. Nous incarnons un nouveau protagoniste du nom de Shez (masculin ou féminin au choix) appartenant à un groupe de mercenaires. Celui-ci se fait décimer dans un conflit contre le groupe de Jeralt et Byleth. Il sera le seul survivant de cette attaque grâce à un mystérieux pouvoir conféré par un être étrange du nom d’Arval.
Quelques temps plus tard, il croise la route des trois successeurs au trône des trois royaumes du continent de Fodlan. En aidant Eldergard, Dimitri et Claude contre des bandits, il prendra en quelque sorte la place de Byleth qui ne deviendra donc pas professeur à l’académie. À la place, ce dernier devient, pour notre héros, un but à atteindre mêlant rivalité et esprit de vengeance. On ne reste cependant pas très longtemps sur les bancs de l’école qui ne sont là que pour le tutoriel et, comme dans le tactical RPG, choisir la maison que l’on souhaite intégrer pour prendre part à une guerre inévitable entre les trois forces deux ans plus tard.
Fidèle Emblem
Cette ligne alternative a le mérite de creuser un peu plus dans chaque royaume et d’en apprendre d’avantage sur leurs histoires et les figures historiques. C’est même l’occasion de découvrir de nouveaux personnages qui font office d’ennemis ou de PNJ à l’instar du demi-frère de Claude. On retrouve avec plaisir cette atmosphère de manœuvres politiques et militaires même si le soft fera bien plus parler les armes pour nous donner l’occasion de nous défouler.
Le plus impressionnant lorsque l’on joue à Fire Emblem Warriors: Three Hopes, c’est d’avoir l’impression de jouer à un vrai Fire Emblem avec le gameplay d’un musou plutôt qu’un musou avec un « skin » Fire Emblem. En dehors des combats, on retrouve tous les ingrédients indispensables qui sont regroupés dans le camp de base faisant office de HUB central. Dans ce lieu, nous avons accès à la cuisine pour donner des bonus lors des missions, des tâches ménagères pour renforcer les liens entre les personnages ou encore le terrain d’entrainement pour y apprendre de nouvelles classes.
D’autres services s’ajoutent au fur et à mesure, et il est nécessaire d’améliorer les bâtiments pour débloquer de nouvelles fonctionnalités. C’est par exemple indispensable pour la forge si l’on veut réparer ou forger des armes de meilleure qualité et même débloquer les capacités latentes des armes légendaires. Cet aspect gestion nous pousse ainsi à jouer encore et encore afin d’amasser des matériaux et de l’or nécessaires au bon développement de notre armée.
Shez se plie en quatre pour sa maison
On retrouve également la richesse de la personnalisation de nos unités avec le système de classes. Bien que chacun possède une prédisposition particulière, vous êtes libre de changer votre mage en épéiste ou encore votre archer en pugiliste. La flexibilité des classes vous permet non seulement de vous adapter assez facilement, mais aussi d’obtenir définitivement des techniques et compétences passives une fois qu’elles sont maitrisées afin de créer des synergies.
La trinité des armes fait bien sûr son retour, sans compter que les équipements atypiques sont bien là (l’épée orage, l’épieu, le tomahawk…). Le pouvoir des emblèmes n’est pas non plus mis de côté puisqu’ils pourront être utilisés au combat. Le respect de la licence est total, et cela va même jusqu’aux dialogues de soutien lorsque l’on atteint différents niveaux d’affinité et même le rendez-vous en tête à tête à la manière d’un jeu de drague. Même l’interface des menus, le sound design ou la prise niveau en direct, l’immersion est complète.
Three Kingdoms + Three Houses = Three Hopes
Les joueurs qui connaissent déjà les musou savent à quoi s’attendre en matière de gameplay, en revanche ce Three Hopes sera sans doute le premier pour bon nombre de fans du JRPG. Comme attendu, nous sommes devant un bon défouloir où l’on contrôle les différents personnages de Three Houses pour décimer des armées.
Omega Force nous livre ici un gameplay assez jouissif avec une pointe de stratégie. Grâce au roster et aux classes, on en a vraiment pour tous les goûts et il est assez facile de changer en cours de route si l’on se lasse d’une façon de jouer puisqu’à tout moment, nous pouvons contrôler un autre personnage sur le champ de bataille. Avec les combos, les techniques, les assistants, les déclenchements de l’aura, et les attaques spéciales, nous avons un tas de mécaniques donnant des combats nerveux avec cette satisfaction de nettoyer la zone de dizaines de soldats ennemis. Cependant, l’ensemble reste très brouillon et il n’est pas rare de lancer de grosses salves dans le vide. La caméra n’est pas non plus toujours au rendez-vous, elle s’emballe si l’endroit est trop exigu ou bien lorsque l’on se bat trop près d’un mur.
L’inquiétude majeure en matière de musou (surtout sur Switch) c’est de savoir si la console permet d’avoir une expérience assez fluide. Bonne nouvelle, c’est bien le cas. Mis à part quelques très rares moments de ralentissement où l’on matraque rapidement certaines techniques aux effets colorés, le framerate nous a semblé très bien tenir la route. Le revers de la médaille, c’est que les décors ne sont pas des plus flatteurs. Hyrule Warriors avait la chance de reprendre la direction artistique de Zelda Breath of the Wild, mais ici nous sommes loin du dépaysement avec des décors médiévaux tout ce qu’il y a de plus banal.
Les personnages sont tout de même très bien modélisés et les armées adverses ont beaucoup plus de présence que sur Fire Emblem Warriors. Pour ce qui est du domaine sonore, le rendu est plus que positif avec des remix pêchus (l’OST de Fire Emblem Three Houses étant déjà très bonne) et des réarrangements plus épiques pour coller avec ce nouveau dynamisme. Sans oublier le doublage anglais et japonais qui reste impeccable.
Trop de maisons à digérer
Le plus souvent, chaque affrontement dispose d’une condition de victoire et d’une condition de défaite. Les tâches varient selon la situation mais dans la plupart des cas, il s’agit surtout de vaincre une cible en particulier ou de protéger des PNJ. Selon les forces et faiblesses de chacun, il est primordial de bien répartir son armée sachant que bon nombre d’objectifs imposent un chronomètre. Heureusement, il est constamment possible de mettre en pause, d’observer la carte et de donner des ordres aux combattants que l’on ne contrôle pas pour qu’ils attaquent ou défendent des positions.
On en vient au gros défaut de Fire Emblem Warriors: Three Hopes, son manque de diversité dans le gameplay. Certes le système de combat est très plaisant et l’on retrouve quelques clins d’œil comme les bêtes géantes ou les coffres à ouvrir en trouvant la clef sur un ennemi, cependant sa trop grande longévité lui dessert un peu. Déjà sur une partie, on ressent vite la répétition, toutefois le charme de Fire Emblem fait bien passer la pilule, en revanche lorsqu’il faut relancer une partie en New Game + pour tenter une autre maison, on atteint très vite l’overdose. On retrouve à très peu de chose près les mêmes missions et les mêmes cartes. Il n’y aura que l’histoire et certains passages très forts pour vous tenir accroché.
Dernière précision, le titre dispose d’un mode deux joueurs en local. Comme nous l’avions souligné dans le test d’Hyrule Warriors, on constate de nouveau que cette fonctionnalité n’est toujours pas disponible en ligne, ce qui est assez dommage.
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