Les road trips à la française ont bonne presse ces dernières années, surtout si l’on en croit un certain Road 96 signé DigixArt. Mais le jeu qui nous intéresse aujourd’hui est à surveiller de très près, tant sa proposition efficace et visuellement magnifiée pourrait plaire aux amateurs de visual-novel ou jeux narratifs. Firebird est développé et édité par Ludogram, déjà à l’œuvre sur Les Mondes d’Aria à venir prochainement, et co-écrit par FibreTigre, déjà reconnu pour sa plume. Nous avions déjà croisé cette toute nouvelle production indépendante lors de nos AG French Direct, mais il est désormais temps de donner un avis définitif sur cette aventure bien mystérieuse. Firebird sera disponible dès le 2 août uniquement sur PC, Mac et Nintendo Switch, bien que le jeu aurait toute sa place sur mobiles notamment. Enfilez votre anorak, le grand froid vous attend.
Conditions de test : Les paysages enneigés slaves nous ont accueillis durant environ 4h de jeu, le temps d’accomplir trois parties complètes, le tout sur PC via Steam, à la souris exclusivement.
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ToggleMariska, graine de voleuse
L’histoire de Firebird démarre tambour battant, histoire de vous rendre compte des conditions de vie et de travail difficiles dans cette contrée des pays de l’Est. Mariska, notre personnage principal, tente de gagner sa croûte comme elle le peut en enchaînant les courses et livraisons dans son camion auquel elle tient peut-être plus qu’à sa propre vie, l’Oiseau de Feu ou Firebird, tirant son nom d’une créature légendaire aux plumes rouges. On se rend compte dès cette introduction que le folklore, les croyances et autres légendes slaves auront une part importante dans l’histoire qui nous sera contée, et on peut le dire, à notre plus grand plaisir.
Difficile de catégoriser Firebird dans une seule classe vidéoludique. Jeu de choix, visual-novel ou encore road trip, un mélange des genres savoureux s’offre à nous pour nous livrer une fable pendant laquelle le temps passe étrangement plutôt vite. On aurait en effet aimé suivre les aventures de Mariska durant plusieurs heures durant, mais la durée de vie très courte du titre – comptez une heure trente environ par partie – nous pousse volontiers à retenter l’expérience pour découvrir les autres chemins et finalités possibles, bien que les dialogues demeurent finalement quelque peu répétitifs dans ce cas-là.
Grâce à son scénario fortement teinté de paramètres mystérieux et fantasmagoriques signé FibreTigre, Firebird parvient à nous tenir en haleine pour son but ultime : ramener une jeune fille inconnue du village, Vassilissa et sa cargaison (selon vos choix) dans son Village, au Nord, bien plus au Nord qu’aucun habitant de la ville ne soit jamais allé, par-delà la route des os (et elle porte bien son nom), par-delà les longues plaines de neige, avec en fil conducteur une prophétie et l’influence d’un vil personnage.
Une histoire cohérente de bout en bout, agréable à suivre, agrémentée de ces quelques péripéties (qui auraient mérité pour certaines un traitement plus approfondi – on pense notamment au feu de forêt ou au garde-frontières dont les conséquences ne se reflètent pas autant que l’on aurait pu l’espérer) sans jamais s’arrêter, afin de comprendre les réelles motivations de la jeune fille mais aussi celles de Mariska, en pleine crise identitaire.
Le jeu dispose de multiples étapes clés, obligatoires, comme celle de la station service à mi-parcours ou encore celle du marché au tout début du jeu, sortes de nœuds immuables scellant votre destin, le tout accompagné de chemins de traverses, routes défoncées ou encore rencontres du troisième type. Chaque étape, si tant est que vous en preniez une nouvelle à chaque partie, vous emmènera dans une nouvelle direction, voire carrément même vers la mort…
Ce jeu dont vous êtes le héros
Comme tout choix, ceux de Firebird disposeront de conséquences. Certaines anecdotiques, certaines critiques et d’autres carrément létales. Nous avons fortement apprécié de ne jamais savoir ce qui allait nous tomber sur le coin du pare-choc, parmi les multiples étapes qui nous attendaient, d’autant plus que nous allons rencontrer pas moins de 20 personnages différents (dont par exemple le généreux Ivan), tous avec leur caractère, leur impact sur notre aventure, qui selon vos choix, pourraient vous faire complètement louper certaines portions de l’aventure, avant d’en entamer une autre.
Allons-nous rencontrer un animal féroce venu pour nous dévorer ? Avons-nous assez d’essence pour poursuivre la route sans danger ? Aurons-nous un camion en assez bon état pour poursuivre ? Tant de questions qui poussent à la réflexion du chemin qui nous semble le plus adapté en fonction de nos conditions, notre aventure étant régie par trois piliers : la quantité d’argent détenue, la quantité d’essence dans le réservoir et l’état physique de notre Oiseau de Feu.
Si l’un de ces trois critères tombe à zéro, la partie s’achève. Mais même si Firebird est un habile mélange des genres, s’il y a un côté où celui-ci ne lorgne pas, c’est du côté du rogue-like est cela pourrait en refroidir certains. Il est vrai qu’avec une durée de vie faible et une multitude de choix à effectuer, il aurait été appréciable de disposer d’un système de mort subite et définitivement, nous poussant à redémarrer de zéro, quitte à frustrer les joueurs et joueuses proches du but.
Mais les développeurs n’ont pas fait ce choix et il est vrai que cela dynamise fortement l’expérience et reste, selon nous, la meilleure solution. Si vous échouez lors d’un choix crucial, entraînant votre mort, si vous faites le coup de la panne, si vous êtes confrontés à des événements dévastateurs, vous ne repartirez pas au tout début de votre aventure, mais seulement quelques choix, quelques minutes avant, au précédent checkpoint symbolisé par un cygne sur votre écran, un symbole fil rouge durant l’aventure. Une renaissance, où tout est oublié, où la mort n’est qu’un mauvais et ancien souvenir, tel un phénix qui renaît de ses cendres, tel un autre oiseau de feu.
Légendes et autres Baba Yaga
Car, nous vous le disions, durant votre aventure, vous allez rencontrer pléthores d’habitants vous narrant des contes et légendes, mais aussi des créatures et mêmes des personnages bien connus des légendaires de l’Est, comme la machiavéliquement célèbre Baba Yaga, le jeu nous faisant bénéficier d’une belle séquence à ses côtés. Ces séquences sont les bienvenues pour briser une certaine monotonie du voyage, qui pourrait apparaître après deux ou trois parties, une fois les principales étapes prévues par les développeurs visitées et débloquées. Et comme nous l’avons vu, vous allez en croiser des moments critiques dans votre aventure.
La mort vous attend à de nombreux tournants, bien que l’on aurait souhaité davantage de prises de risque, des péripéties plus impactantes sur la suite de notre aventure ou aux conséquences visibles bien plus loin, mais Firebird adopte finalement une structure très (trop), épisodique, avec des mésaventures aussi vite aperçues qu’oubliées, ce qui pourrait gêner certains et certaines voulant s’essayer à Firebird pour son côté narratif à choix.
S’il y a toutefois un aspect sur lequel Firebird excelle, c’est sur sa représentation graphique, la qualité de ses panoramas dessinés à la main et la multitude des décors représentés. Chacun est strictement différent du précédent et offre un panel de paysages extrêmement réussis. Ils sont tirés de la patte de Quentin Vijoux, le directeur artistique du jeu, qui nous montre ici l’étendue de ses talents, dans un style graphique bien à lui faisant penser aux anciennes production animées.
Que dire de la sphère musicale et sonore, orchestrée par Franck Weber, avec des musiques inspirées et collant parfaitement à l’ambiance, bien que par moments, celles-ci se déclenchent de manière trop fortes, pouvant casser quelque peu l’atmosphère. Au rayon des petites choses qui auraient pu être davantage remaniées, on pense par exemple au choix de la police d’écriture des dialogues, qui table trop du côté des polices classiques style Arial à notre goût, un peu plus d’originalité aurait rajouté du cachet à l’expérience.
Enfin, nous avons trouvé cela dommage que les icônes de la carte et des paramètres s’affichaient en permanence sur le côté droit de l’écran, là où un simple passage de la souris dans ces coins auraient pu suffire, pour encore plus immerger les joueurs et joueuses dans les magnifiques panoramas qui s’offrent à eux. Le jeu ne dispose d’ailleurs d’aucun bug apparent, demeure fluide et sans aucun problème notable, si ce n’est dans notre cas, un bug de sauvegarde nous forçant à stopper notre progression durant notre quatrième partie, notre progression n’étant plus prise en compte, un bug résolu après une suppression complète des fichiers du jeu et une réinstallation.
A noter par contre le fantastique travail d’accessibilité offert à Firebird, plutôt rare pour un jeu indépendant, avec de multiples options développées en soutien grâce à la société LudAccess, avec même un narrateur visuel qui n’a pas fonctionné comme voulu chez nous, identifiant les symboles avec accent par des ensembles de mots relatifs aux copyright, rendant l’ensemble plutôt inaudible et donc pas au point sur notre version. Reste la possibilité de jouer uniquement au clavier, ou uniquement à la souris, pour plus de confort, avec également la possibilité de varier la vitesse d’affichage du texte à l’écran, rendant l’ensemble très complet et solide sur ce domaine de premier choix qu’est l’accessibilité.
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