Première création d’un petit studio de Los Angeles nommé Campo Santo, Firewatch a, dès son annonce, créé la curiosité auprès des joueurs. Sans savoir vraiment ce qu’allait proposer le titre, nombreux ont été les personnes charmées par les images qu’elles avaient pu voir. Débarquant aujourd’hui sur PC et le lendemain sur PS4, il était temps de constater si oui ou non Firewatch se montrait toujours aussi charmeur et envoûtant. Est-ce vraiment le cas ? La réponse, tout de suite !
Précisons d’abord que Firewatch est un jeu essentiellement centré sur le déroulement de son scénario et se présente donc essentiellement comme une expérience narrative. Sans trop spoiler, l’histoire nous fait incarner Henry, un homme ayant choisi le temps d’un été, de quitter sa vie devenue pour le moins compliquée en travaillant à la prévention des feux de forêt, dans une tour de surveillance au cœur de la Forêt Nationale de Shoshone, dans le Wyoming. Et pour commencer l’aventure, un récit textuel débute et nous invite à opérer différents choix sur le passé de notre personnage. Ces choix ont ensuite une incidence directe sur la suite des événements, et particulièrement sur les choix de dialogues qui s’offrent à nous.
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ToggleDes choix de dialogues… ayant des conséquences sur le scénario, ou non ?
Cet élément met déjà en évidence un élément essentiel du titre : vous pouvez faire différents choix de dialogues, ce qui influence directement les réponses obtenues. C’est un point plutôt appréciable et qui a, de fait, tendance à influencer légèrement la rejouabilité. Pourquoi légèrement ? Car les choix opérés n’ont pas d’influence sur la fin du jeu, mais seulement sur les possibilités de dialogue. Du coup, l’intérêt de rejouer au titre simplement pour ça n’est que minime, mais c’est déjà pas mal. Bien évidemment, ce petit prologue a aussi comme avantage de nous en apprendre plus sur le passé d’Henry et donc de faire directement connaissance avec lui et évidemment, de s’attacher à lui. Puisque logiquement, si nous orientons ses choix, l’attachement et l’identification est directement facilitée.
Pour en revenir au scénario, le job d’Henry l’amène à devoir travailler de concert avec une personne localisée dans une autre tour, plus loin dans la forêt. Ce personnage n’est autre qu’une femme nommée Delilah. Au départ distants l’un envers l’autre, les personnages font peu à peu connaissance et se rapprochent pour se découvrir au fur et à mesure, levant le voile sur leurs motivations personnelles les ayants amenés à choisir ce travail. Et c’est sur ce point que se trouve l’un des aspects les plus intéressants du titre. Nous en apprenons davantage sur chacun des deux protagonistes, on découvre ce qui les rapproche ou au contraire, ce qui les les sépare. Bien évidemment, on se rend peu à peu compte que les problèmes personnels le moteur de la décision de s’évader au cœur d’une immense forêt isolée et loin de tout. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que l’une des premières paroles de Delilah est « Qu’est-ce que vous fuyez ? ». C’est principalement sur leurs motivations que s’oriente la narration, opérant pour ainsi dire une psychanalyse des deux personnages.
Valve fait l’acquisition des développeurs de Firewatch
Cela dit, le lien entre les deux personnages n’est pas le seul élément important de l’histoire puisqu’une intrigue commence également à s’installer quand Henry commence à travailler. Dès les premiers jours, celui-ci fait la rencontre de deux jeunes adolescentes enfreignant les règles de sécurité de la forêt de Shoshone et tombe ensuite, en pleine nuit, nez à nez avec un inconnu, l’observant à l’aide d’une lampe torche. Tout ceci, ainsi que d’autres événements étranges, conditionneront la suite du scénario.
Sans trop en dire, l’histoire de Firewatch se pose comme une aventure humaine sincère parvenant à nous faire apprécier les personnages au point que l’on soit triste de les quitter à la fin du récit. La prouesse du soft est d’être parvenue à nous accrocher aux personnages et à l’histoire, alors que la quasi-totalité des dialogues se fait via des conversations par talkie-walkie, sans aucun repaire visuel pour faire connaissance avec l’interlocutrice de notre héros ou d’autres personnages. Voilà un point qu’il faut absolument mettre au crédit de Campo Santo.
Par contre, notons qu’aucune traduction n’est pour le moment disponible, il faut donc jouer en anglais en attendant un patch offrant les sous-titres de différentes langues – dont le français – et qui devraient arriver après la sortie du titre. Si le jeu reste toutefois compréhensible, les plus anglophobes seront sans doute rebutés par cet aspect.
Promenons-nous dans la forêt de Shoshone !
L’histoire est à ce point importante qu’elle est également servie par le gameplay qui n’est, dans le fond, pas vraiment poussé. Sa simplicité ne consiste qu’à nous faire aller d’un point A à un point B, en traversant la forêt à l’aide d’une carte et d’une boussole. La carte est un élément essentiel qui pourra servir à s’orienter (logique, oui). Lorsque l’on consulte la carte et la boussole, il est impossible de courir, et il faudra donc prendre le temps de s’arrêter afin de ne pas se perdre. Ce choix d’utiliser une carte en temps réel, renforce le rôle qui nous est attribué et, de ce fait, l’immersion elle-même.
Lors de nos pérégrinations, il faudra tantôt aller à la rencontre de personnes, tantôt aller récupérer un objet, ou se rendre aux différentes boites disposées dans la forêt à l’attention du personnel travaillant à Shoshone. Ces boites ne sont pas bien nombreuses, et sont placées de sorte d’offrir de l’équipement supplémentaire à notre héros ou plus largement à mettre à jour sa carte. Ceci nous aide principalement à progresser dans l’histoire en dégageant un nouveau chemin ou en permettant d’escalader ou de descendre des corniches, autrefois inaccessibles.
Le design cel-shading de Firewatch réussi ?
Tout dans Firewatch a été fait en vue d’accentuer au maximum l’immersion. Et autant dire que le studio américain n’a pas lésiné en mettant le paquet au niveau de l’ambiance visuelle et sonore. Effectivement, la direction artistique tout en cel-shading couplée aux environnements de la forêt au cœur du Wyoming, contribue à nous immerger directement dans le travail d’Henry, l’amenant à travailler en pleine nature, loin de toute civilisation. Les environnements sont vivants, les couleurs sont chatoyantes, l’envoûtement est total.
D’un point de vue visuel, nous pourrions simplement reprocher une trop grande présence des couleurs chaudes provoquées par les levers et couchers de soleil, bien trop fréquents. Bien entendu, c’est beau et on apprécie, mais la récurrence de ces moments ont tendance, à force, à venir nous déranger. Avec une présence trop minime, il est donc regrettable ne pas pouvoir profiter plus souvent de panoramas aux couleurs plus douces et variées.
Et autre petit souci : pour une aventure se déroulant en pleine nature, les environnements manquent clairement d’une présence animale plus importante. A part un cerf dans l’introduction et quelques papillons au cours de l’aventure, le manque de faune se fait cruellement sentir. Et c’est bien dommage, surtout quand les sons environnementaux nous laissent entendre différents oiseaux, et lorsque les dialogues évoquent la présence d’ours et autres animaux sauvages. Ceci aurait sans aucun doute rajouter une touche plus vivante à la forêt.
Doublages et musiques de bonne facture ?
Et justement, parlons de l’aspect sonore de manière plus générale. Tout d’abord, notons qu’un soin énorme a été apporté aux doublages, d’une très grande qualité. Peu étonnant lorsque l’on se rend compte que l’acteur doublant Henry n’est autre que Rich Sommer de Mad Men (Harry Crane) ! Mais la doubleuse de Delilah n’est pas en reste non plus, puisqu’elle constitue notre coup de cœur personnel. Celle-ci s’avère être terrible attachante… et charmante !
La bande son est elle aussi d’une qualité remarquable puisqu’elle est toujours juste et cohérente en fonction des situations. Les musiques sont fidèles à l’aspect « en pleine nature » que nous propose Firewatch. Elles sont reposantes, envoûtantes… rien de tel pour l’évasion ! L’ambiance sonore constitue l’un des points forts du titre, dans le sens où l’on se sent parfaitement intégré au lieu, à tel point que l’on s’y croirait. D’ailleurs, afin de profiter un maximum du voyage, nous vous suggérons fortement de jouer avec un casque. La réalité virtuelle se prêterait elle aussi plutôt bien à cette aventure !
Optimisation, prix, durée de vie… on en parle ?
Malheureusement, le titre de Campo Santo n’est pas parfait et touche un point particulier que l’on n’aurait pas forcément attendu d’un jeu intégralement en cel-shading, ne réclamant pas une énorme puissance. Que ce soit sur PC ou sur PS4, nous avons été sujets à quelques saccades du fait de retards dans le chargement des décors, causant clipping et autres chargements tardifs de textures (un peu plus rares ceci dit). Même si cela sera peut-être corrigé lors d’un patch le jour de la sortie ou un peu plus loin dans l’avenir, cet aspect technique est peut-être le plus gros reproche que l’on pourrait faire à Firewatch, avec sa faible durée de vie.
Celle-ci est malheureusement trop faible en comparaison du prix demandé pour s’offrir le soft (19,99€). Comptez à peine entre cinq et six heures grand maximum afin de terminer le scénario. Éventuellement, les différents choix dans les dialogues pourraient permettre une certaine rejouabilité, mais sans de gros changements, étant donné qu’il n’y a pas de fins multiples. Pouvions-nous attendre une plus importante durée de vie pour un titre essentiellement narratif, sans aucun game over ? Nous pensons que oui. Quelques heures supplémentaires auraient été appréciables. Sinon, il serait judicieux de revoir le prix à la baisse, même si les qualités générales du titre sauvent un peu les meubles.
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