Présenté lors du Future Games Show diffusé en marge de la Gamescom l’été dernier, Floodland sera disponible dès demain, mardi 15 novembre, sur PC. Édité par Ravenscourt (Let’s Sing, Road 96, ProtoCorgi…) et développé par Vile Monarch (Oh…Sir !!, Weedcraft Inc…), ce jeu de gestion et de survie post-apocalyptique a su capter l’attention d’une partie du public, notamment en raison du contexte écologique de son univers. Alors, l’expérience imaginée par le studio polonais fondé par des anciens de 11 bit studios (This War of Mine) vaut-elle le coup d’œil ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur un PC équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 2060, d’une mémoire vive de 16 Go de RAM et d’un écran 1080p. Le titre a tourné la majeure partie du temps en configuration graphique Élevée pendant environ 22h. Au cours de cette session, nous avons pu lancer deux parties, la première avec Les Bons Voisins en mode Normal jusqu’à la moitié du chapitre 4 et la seconde avec Berkut-3 dans une difficulté personnalisée, sans tutoriel et en zappant le chapitre 1 jusqu’à un stade avancé du chapitre 5 de la campagne sans toutefois parvenir à la terminer. Notez que, de notre point de vue, on estime à une quinzaine d’heures la durée de vie d’une run en mode Normal. Cet article est garanti sans spoilers.
Sommaire
ToggleUn contexte écolo intéressant et un lore post-apo « chill » maîtrisé
Doté d’une direction artistique lui offrant une identité visuelle plutôt agréable à l’œil, Floodland prend place dans un univers à la fois écologique et post-apocalyptique. Suite au dérèglement climatique, le monde entier a été ravagé par une série de catastrophes qui ont bien failli provoquer l’extinction de l’humanité. Maintenant que la tempête est définitivement passée, le titre nous met au défi de prendre les commandes d’un camp afin de redonner un second souffle à la civilisation qui n’est alors plus constituée que de quelques centaines de rescapés.
Intéressant sur le papier mais délicat à traiter étant donné que le sujet est au centre de nombreux débats dans notre société actuelle, Vile Monarch parvient à aborder le thème de l’écologie avec une certaine maîtrise sans jamais tomber dans le militantisme ou la banalisation. L’écriture proposée dans le cadre des cinq chapitres de la campagne, du background des clans de survivants et des documents à récupérer en explorant les vestiges de l’Ancien Monde a beau être simple, il faut reconnaitre qu’elle se laisse apprécier la plupart du temps.
Autres qualités, la manière dont la carte a été pensée et l’ambiance sonore « chill » portée par les différentes musiques du jeu aident à nous sentir un minimum concernés par le contexte scénaristique imaginé par le studio. Ce n’est pas le titre le plus profond ni immersif qui soit mais l’ensemble fonctionne et c’est bien le principal.
Un gameplay d’une grande richesse…
A l’image de bon nombre de jeux de gestion avant lui, Floodland propose une expérience riche et bien huilée dans ses mécaniques. Au début de la partie, le titre nous invite à choisir un clan entre Les Bons Voisins, Les Survivants, La Brigade et Berkut-3. Bien que nous n’ayons pas affaire à un gameplay dit asynchrone, cette décision n’est pas à prendre à la légère car chacun d’eux possède sa propre vision du monde et de l’avenir ainsi que des caractéristiques spécifiques (vitesse de récolte des ressources augmentée de 50 %, réduction de la consommation de nourriture…).
Autrement dit, celui avec lequel nous décidons de commencer va bel et bien avoir un impact sur divers aspects de la productivité de notre camp dès les premières heures de jeu. Puis, au fur et à mesure de notre périple, il faudra également prendre en compte les besoins de ceux qui auront l’opportunité de nous rejoindre, que ce soit au sein de notre clan de départ ou en tant que communauté indépendante. Et, sans surprise, c’est à ce moment-là que les choses sérieuses vont vraiment commencer.
Même si elle n’intègre pas de conditions climatiques extrêmes comme dans Frostpunk ni de combats entre les clans, la production est aussi un jeu de survie. Tout au long de l’histoire, il faut impérativement garder un œil attentif sur l’exploitation des nombreuses ressources à notre disposition (bois, détritus, décombres, ferraille…) en assignant intelligemment nos forces aux tâches que nous souhaitons, quitte à les envoyer en exploration fouiller les ruines de l’Ancien Monde ou en les dispatchant purement et simplement à plusieurs endroits stratégiques de la carte via le système des Quartiers.
Nous devons également veiller à leur assurer un niveau de qualité de vie suffisamment décent (abri, denrées sans danger, eau potable…) car les habitants pourront mourir de faim, de soif, de maladie, voire commettre des vols et provoquer des émeutes s’ils sont mécontents de leur situation ou que les relations entre les communautés sont trop hostiles.
Le degré de challenge proposé par les développeurs a beau ne pas être particulièrement exigeant et le comportement de l’IA conforme à nos demandes à quelques exceptions près, enchaîner les erreurs dans la façon de diriger notre camp peut vite conduire à la catastrophe.
Construction, choix de l’emplacement et amélioration d’un bâtiment spécifique (distillerie des eaux, cabane pour le tri, hôpital…), dépense des points de recherche dans les deux roues et quatre arbres de technologies disponibles, utilisation des points d’expérience pour spécialiser les membres d’un clan (discipline, érudition, courage…), politique à mener en votant une loi parmi les plus de soixante accessibles (loi martiale, festin public, régulation des élevages de poissons…), intérêts à accueillir ou bannir un groupe… Prenez toujours le temps de bien réfléchir avant d’agir, et ce même si vous êtes habitués à ce type de jeu.
… Mais pas toujours digeste
Ce n’est un secret pour personne, les jeux de gestion avec un gameplay aussi dense que celui de Floodland ne sont pas forcément les expériences les plus accessibles pour le grand public. Des efforts ont pourtant été fournis pour tendre la main aux néophytes. Un tutoriel a été intégré, on peut personnaliser la difficulté comme on le souhaite et des aides in-game sont présentes pour nous aiguiller si nécessaire dans nos différentes quêtes. Toutefois, essentiellement à cause du flot croissant d’informations à digérer, cela n’est malheureusement pas suffisant.
D’ailleurs, sachez que si l’interface utilisateur est assez bien pensée dans l’ensemble, elle ne nous paraît pas optimisée à 100 %. Cela se remarque notamment dans le cadre d’une partie avancée où nous sommes censés avoir accès d’un simple coup d’œil à la liste complète de toutes les ressources en stock, ce qui est extrêmement utile à ce stade de l’aventure. Problème, même si nous avons l’opportunité de modifier l’échelle de l’IU dans les paramètres, soit les informations affichées sont incomplètes car prenant trop de place en haut de l’écran, soit elles manquent de lisibilité.
Nous n’aurions pas non plus été contre l’ajout d’une mini-map afin de pouvoir naviguer d’un point A à un point B d’un simple clic et la vue d’ensemble des quartiers nous aurait paru davantage pertinente sous la forme d’une carte tactique façon Civilization par exemple.
Au passage, profitons également de l’occasion pour aborder le sujet de la redondance et de la rejouabilité. Dans le but que chaque run soit unique, les développeurs ont eu l’idée de mettre en place un système permettant de générer aléatoirement l’agencement du monde et les événements annexes pouvant nous donner un coup de pouce ou nous mettre des bâtons dans les roues selon la situation.
S’il est vrai que nos deux parties n’étaient pas identiques, il y avait de la redite dans l’apparition de plusieurs événements (foutue maladie du coquillage !) et nous n’avons pas éprouvé beaucoup de difficultés à identifier les zones clés probables de la carte malgré la présence de nuages faisant office de brouillard de guerre. C’est dommage, surtout pour un titre promettant de manière un peu exagérée et assez maladroite une « jouabilité illimitée » sur sa page Steam.
Une finition très discutable ?
En attendant le déploiement du traditionnel patch day one, il est important que vous sachiez que, lors de notre session, Floodland souffrait de défauts de finition. Parmi les plus gênants, notez l’absence de certaines traductions françaises et de deux bugs très frustrants. Un nous empêchant de mettre un terme définitif à une épidémie alors qu’il n’y a plus aucun malade répertorié sur la carte depuis plusieurs semaines et un autre bloquant un groupe de pionniers durant la fouille d’un vieux bâtiment de l’Ancien Monde et pouvant provoquer une corruption de la sauvegarde automatique la plus récente. Dans la mesure où explorer est une composante indispensable pour progresser dans la campagne, cela a ruiné les onze heures consacrées à notre première partie !
On se pose aussi quelques questions concernant la « qualité » d’optimisation générale du titre. Certes, notre PC de test n’est pas une machine de guerre et possède un processeur et une carte graphique qui commencent un peu à vieillir mais, la production ne nous paraissant pas non plus être un monstre sur le plan technique, on a du mal à comprendre comment nous avons pu être victimes d’autant de ralentissements en jeu en utilisant simplement la fonctionnalité du zoom avec la molette de la souris ou dès qu’on souhaite accélérer le temps. Des problèmes qui, vous vous en doutez, n’ont fait que se manifester davantage au fil de la campagne et auxquels il faut ajouter parfois des temps de chargement légèrement plus longs qu’à la normale, voire infinis.
Par curiosité, lorsque nous avons atteint le chapitre 5 de l’histoire dans le cadre de notre seconde partie, nous avons essayé de faire tourner le jeu une petite heure en configuration Moyenne et Faible. Résultats ? Des ralentissements très légèrement moins fréquents mais toujours bien présents et surtout deux-trois crashs du jeu et du moteur Unity.
Encore une fois, nous sommes parfaitement conscients que notre tour n’est pas la plus puissante qui soit mais, très honnêtement, si la build qui nous a été fournie reste telle qu’elle, nous craignons que Vile Monarch ainsi que les joueurs et les joueuses ne doivent encaisser de plein fouet un lancement chaotique. Croisons les doigts pour que ce ne soit pas le cas et que les soucis répertoriés précédemment viennent avant tout de notre côté.
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