Malgré un Final Fantasy XIV qui reste l’un des gros poids lourds du jeu en ligne de type MMORPG, Square Enix est -comme beaucoup d’éditeurs – toujours à la recherche du jeu service qui pourrait lui apporter de grosses rentrées d’argent sur la durée. Après l’échec cuisant de Babylon’s Fall, c’est au tour de Foamstars de se lancer dans cette arène très compétitive du jeu service. Néanmoins, il a eu la bonne idée de reprendre le concept peu exploité d’un titre phare de Nintendo : Splatoon. Le studio Toylogic ne s’en cache pas et espère même que vous fassiez le lien pour que Foamstars devienne en quelque sorte le Splatoon de ceux qui ne possèdent pas de Nintendo Switch. Pari réussi ?
Conditions de test : Nous avons joué une dizaine d’heures à la version PS5 du jeu.
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ToggleLorsque la mousse tâche
Foamstars possède des qualités et maîtrise plus ou moins le concept dont il s’inspire tout en y apportant sa patte, Cependant, il est essentiel d’aborder certains aspects moins reluisants, en particulier sa structure et son modèle économique. Pour rappel, il s’agit d’un jeu de tir compétitif non violent et jouable en équipe de quatre. Il repose donc sur une boucle de gameplay engageante qui met en avant l’aspect compétitif propre aux jeux en ligne à l’instar d’une grande partie des free to play les plus populaires. Comme d’autres avant lui, Foamstars fait d’abord l’erreur de ne pas en être un justement, heureusement il évite de compromettre son lancement en étant disponible « gratuitement » via la sélection du PS Plus du mois de février 2024.
Si vous lisez ce test après cette période et que vous avez laissé passer votre chance de le récupérer, il vous en coûtera 29,99€ sur le PlayStation Store. Même si un jeu est bon et qu’il a les meilleures intentions du monde, vous ne ferez pas accepter aux joueurs de payer pour un jeu qui ressemble à un Free to Play et qui dispose des mêmes contraintes. Des contraintes que l’on peut passer outre justement lorsque c’est gratuit. L’astuce habile du PS Plus ne change pas cet état de fait et on peine à totalement accepter un modèle économique aussi agressif. Des costumes à 10€ pièce, des cosmétiques à durée limitée, un Battle Pass, des Bundle à 44€… Pour une toute nouvelle licence, c’est tout de même assez osé.
Un autre sujet susceptible de susciter le débat, bien qu’il n’affecte pas directement l’expérience de jeu, est l’usage de l’intelligence artificielle dans la création artistique. À travers ses vœux pour l’année 2024, le président de Square Enix, Takashi Kiryu, avait déclaré que l’entreprise sera « agressive dans l’utilisation » de l’IA pour ses futurs projets. Evidemment, l’utilisation de celle-ci ne provoquera pas le même degré d’indignation selon les usages. On imagine que cela ne dérange personne que cette technologie soit utilisée pour améliorer des expressions faciales ou la synchronisation labiale dans Final Fantasy 7 Rebirth.
En revanche, certaines personnes sont moins enclines à l’accepter lorsque celle-ci « remplace » le travail humain, notamment celui des artistes. D’après un entretien avec le site VideoGamesChronicle, on apprend que Foamstars possède des icones in-game créées à partir de Midjourney (une IA générative populaire qui transforme des instructions écrites en images). Bien que la majorité des éléments visuels du jeu aient été créés à la main par de vrais artistes, cette utilisation de l’IA pourrait être perçue comme symbolique et controversée pour certains joueurs.
Foam like U
Malgré les critiques précédemment mentionnées, il faut reconnaître que Foamstars se révèle très amusant et s’impose comme une bonne alternative à Splatoon (sans toutefois l’égaler) lorsque l’on ne possède qu’une console PlayStation. Le jeu de tir à la troisième personne n’use pas de peinture, mais de la mousse, utilisée à la fois comme arme et comme moyen de déplacement. Vous pouvez ainsi tirer de la mousse pour créer des surfaces vous permettant de glisser à toute vitesse sur une planche ou bien pour attaquer des ennemis et vider leur jauge de point de vie. Dans un match standard (appelé « Smash the Star »), autrement dit le mode principal du titre qui pourra être joué en classé, il suffit de réaliser sept K.O contre les membres de l’équipe adverse afin de faire apparaître la « Star de l’équipe ». Celle-ci est désignée aléatoirement et devient la cible à abattre pour remporter la partie.
Cette structure offre des parties à la fois rapide, intense et stratégique. La première phase se révèle assez chaotique, mais très jouissive étant donné que l’on cherche surtout à mettre ses adversaires au tapis. La seconde phase, lorsque la Star fait son apparition, devient plus calculée puisqu’il faut jongler entre la défense de sa Star et les attaques ciblées sur celle de l’adversaire. La guerre de territoire à base de jets de mousse a aussi un rôle crucial. Se déplacer sur votre propre mousse offre une vitesse accrue, tandis que la mousse adverse ralentit vos mouvements. De plus, la mousse peut être manipulée pour créer des structures temporaires comme des tremplins ou des murs, offrant des avantages tactiques et des opportunités de couverture lors des recharges.
Foamstars brille également par la diversité et le bon équilibre de ses ‘ »Stars de la mousse » jouables qui sont au nombre de huit au lancement. Ces derniers possèdent des talents uniques, mais plus où moins liés aux trois rôles qui rythment les parties : la création de mousse pour se mouvoir, les duellistes qui cherchent le K.O et enfin les supports. Ils sont tous dotés d’une arme spécifique, de deux coups spéciaux et d’une attaque ultime. Après les avoir tous essayés, on constate que leurs forces et faiblesses sont assez équilibrées même si certains comme Briseteuf, Soa et Penny Gwen sortent un peu du lot.
En dehors des cosmétiques, il est possible de personnaliser vos personnages avec des « gemmes de bulle » inclus dans un set de trois emplacements. Seulement, le système reprend à peu de choses près celui d’un gacha. Vous devez dépenser des pierres d’énergie pour débloquer un effet aléatoire parmi un longue liste avec un rang compris entre E et S pour chacun d’eux. Plus on se rapproche de cette dernière lettre et plus l’effet est puissant. Si vous n’avez pas l’effet souhaité, vous devez recommencer jusqu’à obtenir le bon et ce pour les trois emplacements. Précisons que cette partie du jeu n’est pas monétisée avec de l’argent réel, les pierres d’énergie se gagnent simplement en jouant. Seulement, on ne comprend pas vraiment l’intérêt de la partie liée au hasard, mis à part pour gonfler artificiellement la durée de vie. Pour ne rien arranger, ces sets de gemmes ne sont pas partagés entre les personnages.
Une mousse généreuse
Foamstars fait l’effort de développer un minimum son univers en prenant place dans la ville fictive de Bath Vegas, une allusion évidente à la capitale mondiale du divertissement. Cette inspiration confère au jeu une atmosphère de fête constante, un sentiment de fraîcheur qui imprègne à la fois les décors et les menus, nous immergeant dans une vie nocturne sans fin. Toutefois, bien que certains panoramas soient plutôt attrayants, les environnements se retrouvent quelque peu effacés par cette teinte un peu trop nocturne. Ce qui s’explique probablement par un souci de visibilité par rapport à la mousse sur un champ de bataille déjà très chaotique.
Le design des personnages, bien que charmant avec son style anime, n’évite pas une certaine ressemblance avec le style cartoon popularisé par Fortnite, un choix visuel devenu quelque peu répandu. Néanmoins, l’une des forces majeures de Foamstars réside dans sa capacité à nous faire nous trémousser grâce à sa bande-son percutante. Couvrant une large gamme de genres musicaux – du jazz au rock, en passant par le disco et le funk – la musique maintient un esprit festif et dynamique. Cette OST exceptionnelle est l’œuvre de la société de production Monaca, fondée par Keiichi Okabe, connu pour son travail sur Nier Automata et Tekken, entre autres.
En matière de contenu, il faut avouer que la proposition de Foamstars pour son lancement est assez solide. En plus du mode vedette « Smash the Star », on profite de deux autres modes de jeu en multijoueur :
- Happy Bath Survival : Les équipes sont divisées en deux groupes, l’un au centre de l’arène, l’autre sur l’anneau extérieur. Il est nécessaire de refroidir tous les membres de l’équipe adverse qui se trouvent au centre de l’arène pour gagner le tour. Seuls les joueurs à l’intérieur de l’arène peuvent éliminer d’autres joueurs à l’intérieur de l’anneau. La première équipe à remporter deux tours sur un maximum de trois gagne le match.
- Rubber Duck Party : Les équipes doivent se précipiter vers le centre de la scène pour prendre possession du Canard en Caoutchouc Géant. Pour faire avancer le canard de votre équipe vers le but de l’adversaire pour remporter le match, il vous faut monter à bord et danser, tout en évitant les assauts des adversaires.
Le jeu de tir moussant propose du solo et du PVE en groupe contre des vagues d’ennemis. Bien que le gameplay puisse devenir répétitif, particulièrement en solo, il permet néanmoins d’approfondir le background des personnages jouables. Le mode PVE est également doté de son propre système de progression, où les joueurs peuvent utiliser une monnaie virtuelle pour améliorer les caractéristiques des stars, telles que la puissance de feu ou la vitesse de rechargement.
Plus que le contenu en lui-même, Foamstars a de quoi ne pas lasser les jeunes mousses pendant un certain temps grâce à une feuille de route bien fournie. Actuellement, le jeu se renouvelle avec des modes temporaires et prévoit d’introduire, au fil des saisons, de nouveaux personnages, cartes, missions en équipe et cosmétiques. On espère également que les rares soucis de serveurs seront réglés assez rapidement. On se retrouve en effet assez souvent déconnecté des serveurs à la fin d’une partie (heureusement).
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