Décidément, l’éditeur français s’essaye de plus en plus à de nouveaux genres et tente l’innovation. Après Steep en décembre dernier, les premiers jeux en réalité virtuelle du studio suite à la sortie du PlayStation VR, c’est désormais For Honor qui pointe le bout de son nez en cette Saint-Valentin sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. En plein univers médiéval, nous aurons droit à un beat them all quelque peu particulier. Alors, pari réussi pour Ubisoft avec cette nouvelle licence ?
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ToggleFor Honor, For the Glory
Avec ses multiples présentations en vidéo, For Honor n’avait pas fini de nous aguicher. Entre son époque particulièrement intéressante, ses prouesses graphiques que l’on nous promettait et son gameplay atypique, nous avions placé pas mal d’espoirs en cette nouvelle licence malgré il faut l’avouer une petite réticence. Et pour cause, l’éditeur français n’avait pas spécialement réussi à se faire une excellente réputation lors de ces dernières productions. On en profite pour en faire une petite parenthèse.
Passant pour le vilain petit canard de service, Ubisoft avait malheureusement pris l’habitude de nous décevoir au fil des années, notamment à cause de certaines promesses non tenues comme ce fût le cas avec Watch Dogs premier du nom ou encore The Division et son downgrade graphique évident. Cela en était de même pour son modèle économique quelque peu axé sur le contenu additionnel. Mais le studio des frères Guillemot semble avoir repris du poil de la bête comme on a pu le constater sur la suite de Watch Dogs, la pause méritée d’Assassin’s Creed ou encore le modèle économique sur lequel se base Rainbow Six Siege, bien moins axé sur l’achat de DLC.
For Honor a également compris tout cela et c’est ce que l’on va voir ensemble. Ubisoft semble avoir saisi le fait qu’il n’était pas nécessaire d’en faire des tonnes niveau communication pour réussir à faire vendre un titre sans engager de pareilles promesses.
Rafraîchissant, For Honor est une nouvelle licence bienvenue et ressourçante
Le soft est avant tout un beat them all et jeu de combat au corps à corps en vue à la troisième personne où le joueur devra user de sa réactivité pour rester en vie. Le gameplay n’est pas particulièrement compliqué à prendre en main mais prendra un certain temps pour se perfectionner. Pour faire simple, votre personnage disposera de trois actions offensives, à savoir une attaque simple et rapide, une attaque lourde qui permettra d’asséner un coup puissant et une brise-garde, permettant de repousser et de déséquilibrer l’adversaire.
Cependant, là où les mécaniques puisent leur force, c’est dans l’assignation de trois directions différentes. Vous avez ainsi la possibilité d’attaquer soit vers le haut, soit vers la gauche, soit vers la droite. Ce trio devient particulièrement intéressant lorsque c’est à vous de parer les attaques. Vous devrez ainsi vous mettre en garde en choisissant la bonne direction et anticiper les offensives ennemies. Un indicateur est présent, pour vous prévenir dans quelle posture votre assaillant est placé et il devient rouge lorsque celui-ci frappe. Il sera donc vital de rapidement se mettre en bonne posture pour bloquer l’attaque au risque de se prendre une sacrée rouste. Réactivité est donc mère de vertu.
Bien sûr, il y a une certaine profondeur à ce système. Vous pouvez bien évidemment parer l’attaque si vous appuyer sur la touche correspondante à l’attaque, ce qui vous permettra de repousser et quelque peu déstabiliser l’adversaire. Mais si vous loupez le coche de quelques dixièmes de seconde, c’est un puissant coup d’épée qui vous attend. A vous de gérer comme il se doit le timing pour ne pas tomber au combat rapidement. Il est également possible d’esquiver et d’effectuer des roulades, vous permettant d’échapper un peu au combat et prendre du recul pour récupérer de l’énergie.
Une jauge d’endurance est en effet présente qui vous demandera de temporiser quelque peu vos combats. A force de parer ou d’effectuer des attaques, cette jauge descendra en fonction du type de combat que vous allez adopter. Une fois descendue à zéro, le combattant deviendra essoufflé et sera dans l’incapacité de continuer le combat comme un forcené. Les actions seront ralenties et il sera un peu plus délicat d’esquiver, de battre en retraite ou d’attaquer tout simplement. Il faudra ainsi prendre un peu de recul et attendre que la jauge revienne pleinement. En conséquence, cela rajoute un aspect stratégique non négligeable à vos combats puisque vous devrez saisir la meilleure opportunité pour attaquer sans pour autant enchaîner les coups, au risque de vous retrouverez sans moyen de défense. Des ouvertures s’offriront à vous, notamment si l’assaillant vous loupe ou si vous le déstabilisez et ce sera là que vous aurez tout intérêt à en profiter pour l’affaiblir.
Il n’y a pas à dire, les mécaniques de gameplay sont particulièrement bien ficelées. Parfaitement abordable pour tous les joueurs, il faudra cependant un certain temps pour se perfectionner et comprendre toutes les subtilités de celui-ci. Au vu de la frappe physique de certains personnages, ce gameplay apportent une réelle sensation de domination et de force dans vos joutes et malgré qu’il peut arriver de se faire massacrer à grands coups de hache, il n’est en rien frustrant de mourir. On comprend de ses erreurs et l’on sait pertinemment qu’avec un peu plus de recul et de réactivité, le duel aurait été gagné.
Un trio gagnant
Divisé principalement en deux parties, solo et multijoueur, For Honor nous plonge dans un univers médiéval où trois grandes factions s’affrontent. Vikings, Samouraïs et Chevaliers se haïssent depuis la nuit des temps pour des raisons qu’ils ont très probablement oublié depuis longtemps. Chaque camp possède ses propres caractéristiques. Ils ont tous des coutumes bien précises et un mode de vie différent. Outre leur distinctions physiques, c’est également un style de combat particulier que chacun adopte. Et cela se ressentira à travers notre diverses joutes.
Le mode campagne est un bon moyen pour servir de prétexte à nous immerger dans l’univers du soft. Trois grands actes seront proposés, chacun étant consacré à une faction spécifique. Le tout sera ensuite divisé en cinq/six chapitres vous proposant une aventure scénarisée où vous devrez réaliser une mission ordonnée. Très clairement, la campagne est un excellent point d’accroche pour débuter l’aventure et c’est une bonne approche pour commencer à prendre en main le système de combat. On se dirigera en premier lieu sur l’histoire du Chevalier qui nous mettra dans la peau de plusieurs personnages dans des affrontements divers. D’ailleurs, la progression dans le mode Histoire est appuyée par un système d’expérience qui vous permettra d’obtenir de nouvelles compétences.
Les quelques cinématiques sont particulièrement bluffantes. Parfois de part leur violence, certes, mais également sur la mise en scène de certains champs de bataille. On se croirait vraiment en plein cœur de l’action et Ubisoft a réussi à nous pondre quelque chose de vraiment convaincant. L’ambiance sonore est réussie et procure une véritable sensation d’immersion. Il n’est pas rare de finir notre mission sur un soldat qui tue un ennemi, qui le balance en haut d’une colline ou qui l’égorge sous nos yeux. Une dimension épique est vraiment présente et c’est tout ce que l’on pouvait espérer d’un univers médiéval tel que celui-ci.
En plein cœur de la bataille, For Honor nous procure une véritable dimension épique et chevaleresque
Néanmoins, cette campagne scénarisée n’est finalement qu’une mise en bouche de ce qui nous attendra dans le multijoueur, considéré comme l’élément central du jeu. Elle ne sert qu’à introduire l’ambiance générale du soft tout en nous proposant un long didacticiel. Bien qu’il y ait plusieurs modes de difficulté et quelques éléments à ramasser à travers les missions, le mode histoire se termine en quelques heures seulement. Si l’on a du mal à lui reprocher quoique ce soit au niveau de sa variété ou des missions proposées, on regrette cependant qu’avec un contexte si aguicheur, l’éditeur français ne souhaite pas approfondir le tout. Ubisoft se contente de survoler l’incroyable potentiel qu’il avait à disposition et c’est bien dommage de lésiner cet aspect solo, un aspect solo que l’éditeur français saurait pourtant maîtriser. M’enfin, soit, ce que l’on a est suffisant. C’est une simple frustration de savoir qu’un énorme potentiel est derrière tout ce contexte et qu’il aurait pu être abordé de multiples façons.
Pourtant bien plus présentes dans le mode solo, les mises en scène sont particulièrement impressionnantes et ont ce petit quelque chose de jouissif. On se retrouve à taper dans des hordes d’ennemis avant de s’en prendre à un boss qui aurait ses propres particularités, comme c’est notamment le cas avec le chef des Vikings qui nous offre un véritable spectacle. On vous laissera le découvrir par vous-même mais cet affrontement a véritablement ce petit quelque chose d’épique. Cela en est de même pour l’aventure dans sa globalité. Il nous arrivera parfois de devoir combattre dans des environnements restreints où vous devrez bien gérer vos joutes pour ne pas mourir. Mention spéciale à un combat sur la glace où vous devrez affronter un ennemi particulièrement féroce. Mais le combat sera agrémenté d’une petite surprise… puisque chaque déplacement et accroche avec l’adversaire peut faire une fissure dans le sol, vous menaçant d’être gelé à tout instant. Les scènes sont magnifiques et l’on prend vraiment part à ce que nous propose For Honor.
Le multijoueur, élément central de notre aventure
Mais l’élément le plus important du titre, c’est bien évidemment son multijoueur. Celui-ci est clairement le nerf de la guerre de For Honor qui mise principalement sur son contenu en ligne. Après tout, les développeurs ne s’en cachent pas. Le jeu est avant tout destiné aux joueurs compétitifs tout en réussissant à implanter des éléments tout public. Une fois que vous avez abordé quelques missions en solo et même si vous ne l’avez pas intégralement terminé, vous allez rapidement vous tourner vers l’aspect multijoueur du soft et y découvrir les joies des joutes en ligne.
Précisons avant tout que lors du test, c’est-à-dire au lancement du titre, les serveurs avaient quelque peu du mal. La faute à une éventuelle surcharge de ces derniers ou une mauvaise anticipation de la part d’Ubisoft, mais il est vrai que les premières parties ont été fastidieuses. Souvent déconnecté, régulièrement bringuebalé à droite et à gauche, on a ressenti une petite faiblesse à ce niveau-là. Le matchmaking a également subi ce problème de serveurs puisque l’on a été déconnectés à plusieurs reprises, mis un peu de temps à retrouver une partie avant d’être stoppés en pleine partie. Bref, c’est bien sûr un souci inhérent au lancement du jeu mais on préfère le préciser. Soit dit en passant, cette stabilité quelque peu tangible n’entache en rien votre plaisir de jeu. Sur les innombrables parties effectuées, cela ne représentait que quelques unes d’entre elles et n’a donc eu aucune réelle incidence sur notre expérience.
Un multijoueur bien ficelé et particulièrement addictif qui manque quelque peu d’originalité
Une fois le multijoueur lancé, vous voici propulsé dans un menu vous proposant diverses options. Vous remarquerez en premier lieu, un système de quêtes journalières sur votre gauche. Afin de tenir en haleine les joueurs, le système intègre plusieurs types de missions à effectuer. Deux seront imposées à tous les joueurs alors que trois contrats pourront être choisis spécifiquement. Celles-ci octroient des bonus d’expérience et de pièces d’or et vous demanderont de réaliser telle ou telle action comme remporter cinq parties dans un mode de jeu ou de tuer un certain nombre d’assaillants avec une classe précise.
Concernant les modes de jeu, on reste dans ce qu’il y a de plus classique, à savoir :
- Mode Duel : Dans celui-ci, vous serez face à un seul et même adversaire. Vous devrez ainsi remporter le plus de manches possibles sur un total de cinq proposées. Ce un contre un permet de déterminer qui sera le meilleur combattant entre les deux joueurs.
- Mode Rixe : Semblable au mode duel, on a ici un mode deux contre deux, où les équipes devront remporter le plus de parties.
- Mode Élimination : Match à mort classique en quatre contre quatre.
- Mode Dominion : Encore une fois, c’est un classique mode domination. Les joueurs, en quatre contre quatre, devront capturer trois zones où ils devront tenir pour obtenir le plus de points. Une fois le millier atteint, l’équipe en tête devra éliminer les joueurs restants. La seule petite particularité réside du fait que l’équipe perdante, une fois acculée à la barre des mille points atteint, peut revenir en reprenant les bases et donc repasser le score de l’équipe adverse en dessous du millier.
Le multijoueur délivre une sensation de classicisme évident. On regrette particulièrement le fait de n’avoir aucun mode de jeu sur des champs de bataille géants. Bien que les modes proposés sont bien ficelés et correspondent parfaitement à l’univers que souhaite nous proposer Ubisoft, des parties un peu plus décalées avec du huit contre huit n’auraient pas été de refus. Imaginez un peu un champ de bataille gigantesque avec 32 joueurs qui s’envoient des joutes en plein milieu d’un assaut de citadelle. Classe non ?
A côté de cela, on peut apercevoir sur la carte un encart événement où l’on ne peut encore accéder. Les développeurs nous réservent encore quelques surprises pour le multijoueur et ce n’est peut-être pas plus mal. Fort heureusement, le gameplay et le système de progression nous feront tenir mais il est évident qu’un peu d’originalité n’aurait pas été de refus. Pourquoi ne pas avoir d’autres modes classiques comme du capture de drapeau par exemple ? Deux autres alternatives auraient pu être sympathiques, comme la prise d’une base ennemie avec une équipe offensive et une équipe qui doit défendre son territoire avec pourquoi pas, l’appui de quelques armes de destruction comme une catapulte. Un mode mêlant des éléments PvP et PvE aurait pu être une bonne opportunité également avec un chef de guerre non joueur dans chaque camp qu’il faut tuer après avoir repris des avant-postes. Bref, tant matière à faire avec ces univers.
Vous reprendrez bien un peu de talc ?
Comme on vous l’expliquait, bien que les duels entre héros résultent très franchement du jeu de combat, les mécaniques générales s’inspirent de quelques éléments de beat them all et de MOBA. Pour le premier genre, ce n’est pas bien compliqué : votre personnage est surpuissant et affronte, notamment en mode histoire, des hordes d’ennemis que vous anéantissez au premier coup. Certains adversaires sont bien sûr plus féroces, jusqu’à arriver au boss – et autres joueurs en multijoueur où la tournure prend un aspect combat un contre un. C’est ici que tout devient stratégique.
Les inspirations MOBA se font principalement sur le fait que vous avez divers bonus en jeu. Ces compétences, actives pour la plupart, vous permettent d’obtenir un avantage certain sur vos assaillants. Il peut s’agir d’une attaque à distance comme un regain de vitalité. Mais elles ne se débloqueront qu’après avoir tué un certain nombre d’adversaires. Par ailleurs, des soldats non joueurs arrivent par flopée depuis votre base pour vous aider notamment à capturer certains points stratégiques. Ce sont en quelques sortes les minions de League of Legends. D’autres éléments sont bien sûr de la partie et l’on vous laissera découvrir tout cela par vous-même.
Au niveau du roster, il y a actuellement douze héros disponibles, catégorisés entre les trois factions. Chaque faction a donc quatre héros avec leur propre particularité comme certains plus axés tank, d’autres assassins tandis que certains sont hybrides. Ils sont tous plutôt bien équilibrés et se distinguent de par leur manière de combattre. On ressent clairement un gameplay différent par rapport à chaque héros et le fait qu’ils peuvent profiter de diverses compétences, tous uniques, font que chaque possibilité est différente. De plus, le soft propose une dimension de personnalisation assez importante. De votre emblème à votre plastron, quasiment tout ce que vous portez peut être modifié et il y aura vraiment de quoi faire. D’ailleurs, c’est une parfaite transition pour vous parler du modèle économique du titre.
Winter is Coming
Un peu à la manière de Rainbow Six Siege, vous allez pouvoir acheter divers objets en jeu. Si vous pouvez bien évidemment les monnayer avec l’argent obtenu au fil de vos batailles, le plus facile sera comme vous vous en doutez, de passer par la case micro-transactions. Vous pouvez ainsi obtenir des caisses d’armes et d’armements contre de l’argent réel, le contenu de ces dernières étant aléatoires. Il est vrai que cette boutique en jeu peut être mal reçue, notamment à cause de l’effet DLC et contenu supplémentaire que l’on peut obtenir uniquement avec une carte bleue. Mais il faut avouer que pour le moment, ces achats restent bien plus que facultatifs et cela ne concerne que l’aspect cosmétique. On remarque qu’Ubisoft s’inspire de ce qu’ils ont implanté dans Rainbow Six Siege et plus dernièrement, The Division avec la dernière extension, pour réussir à satisfaire les deux types de public.
Techniquement, on aura du mal à reprocher ce que nous propose l’éditeur français. Lui qui était souvent pointé du doigt pour le downgrade graphique ou les faiblesses techniques des dernières productions, For Honor ne bronche pas un seul instant. Le framerate est plutôt stable et le tout est de très bonne facture. L’aspect graphique n’est pas en reste puisque l’on a pu constater que très peu de problèmes d’affichage. Il nous est arrivé qu’à deux reprises d’être face à un souci, le premier étant un corps qui est passé outre texture et un certain moment de l’histoire où l’on pouvait enchaîner le meurtre d’un commandant ennemi, nous permettant d’amasser de nombreux points d’expérience.
Ceci dit, quand on connait le passif de l’éditeur, For Honor tient techniquement bien la route. Les textures sont de bonne qualité et le cachet visuel aide vraiment. Les environnements sont vastes à souhait, les décors parfaitement bien modélisés et comme souvent, Ubisoft nous livre une direction artistique de haute volée. Les niveaux sont aussi tous très bien pensés et le level-design est lui aussi de qualité.
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