Le jeu indépendant peut faire des merveilles, surtout si les équipes de production, de développement et d’édition connaissent leurs points faibles et leurs points forts. Composée de seulement 5 personnes, l’équipe d’Alkemi a sorti très récemment le jeu Foretales, qui passe un peu pour un ovni dans le monde des jeux de cartes.
Édité par Dear Villagers, Foretales se présente comme un jeu de cartes narratif avec une vraie histoire de fond et un aspect jeu de gestion, ce qui fait de lui un titre unique. Il est très rare de voir un studio s’essayer à cet exercice, mêlant plusieurs genres à la fois. Est-ce un pari réussi pour Alkemi et Dear Villagers ?
Conditions de test : Nous avons fini Foretales en à peu près 15 heures sur PC.
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ToggleIl était une fois : le corbeau et le tigre
Foretales nous place dans un monde rempli d’animaux anthropomorphiques aux commandes de Volepain le corbeau ainsi que de Léo, son fidèle acolyte tigre. Ces deux filous sont des roublards qui effectuent de petits larcins en ville pour survivre, et vont un jour accepter le contrat de trop : récupérer un artefact mystérieux auprès d’une des pontes de la ville, mais cet énième coup ne va évidemment pas se passer comme prévu.
L’ambiance du jeu est très soignée et arrive rapidement à nous happer dans son univers plus vrai que nature. En effet, Foretales présente des personnages vivants, et leurs répliques ainsi que leur chara-design participent grandement à les humaniser de façon assez déconcertante. On croit en cette histoire, alors que n’oublions pas : nous sommes dans un jeu de cartes. L’immersion narrative et ludique n’est pas si facile à atteindre quand nous n’avons que des bulles de dialogues ainsi que des cartes pour s’immerger dans l’histoire.
Foretales apparaît alors comme un RPG à part entière, nous plongeant dans un monde médiéval à la trame contée par un narrateur. Celui-ci vient renforcer l’imaginaire du spectateur qui voit toutes ces cartes défiler devant ses yeux sur une table en bois, comme si quelqu’un racontait en temps réel cette fable interactive.
Foretales réussi le pari de proposer une histoire et un gameplay cohérents tout en justifiant ses choix de manière logique et crédible. Le jeu du studio Alkemi emprunte à beaucoup pour proposer quelque chose de nouveau. On retrouve un aspect jeu de rôle papier qui plane sur tous les pans du soft : la gestion d’équipement, les différentes façons d’aborder les actions, le narrateur qui fait office de maître du jeu, la simple classe des personnages (voleur, archer, guerrier, etc) et une histoire avec plusieurs embranchements.
La musique, en plus du visuel, nous immerge complètement dans cet univers médiéval. Les ambiances sont diverses, on passe de musiques traditionnelles à des thèmes d’ambiance qui conviennent parfaitement aux scènes présentées. Mais d’un autre côté, on a eu beaucoup de mal avec certains morceaux liés à des personnages (notamment celui d’Isabeau). Ils sont souvent grossiers et font tâches dans le paysage sonore du jeu.
Un jeu de carte, mais pas que…
Il est assez difficile d’expliquer clairement le concept de Foretales, mais on va tout de même essayer d’éclairer votre lanterne si vous avez envie de vous lancer dans l’aventure. Comme nous le disions précédemment, Foretales est un jeu de cartes, mais pas n’importe lequel. Il a ses mécaniques bien à lui. Déjà, pas de deck building ou quoi que ce soit qui s’y apparente. Vous faites avec ce qu’on vous donne, et puis c’est tout.
Chaque personnage a des cartes dites « aventures » qui lui sont propres. Volepain aura par exemple beaucoup plus de cartes vicieuses, lui permettant par exemple de voler des items (nourriture, or, etc) et Léo aura, à contrario, des cartes plus offensives dans la majorité. Ces cartes aventures sont jouables dans plusieurs cas de figure : sur des cartes lieux et/ou personnages pour faire avancer la quête principale, ou pendant des phases de combat.
Chacune de ces cartes, suivant là où on les joue, aura des capacités différentes. Il faudra donc bien réfléchir à quand les utiliser, car leur usage n’est pas illimité (pour les recharger, il faut se reposer, mais cela coûte de la nourriture). Le principe de base est assez simpliste en somme, mais il permet une bonne rejouabilité suivant les missions et les ennemis à affronter. Il faut faire des choix dans Foretales, et toutes les situations peuvent être abordées de façon différente…
Des choix décisifs ?
Il y a plusieurs façons d’aborder les conflits dans Foretales, et ces choix entraîneront intrinsèquement des conséquences sur les dialogues et sur la suite de votre aventure. Si vous décidez de tuer tout le monde, vous aurez des jetons infâmies, que vous pourrez utiliser pour intimider les autres adversaires pour qu’ils évitent de se frotter à vous. Mais si vous allez dans cette direction, on vous rappellera souvent que vos actes sont inacceptables.
En outre, si vous aidez la population locale, vous gagnerez des points de popularité qui vous aideront à passer les conflits de manière plus éthique, car Foretales vous encourage à éviter tout conflit armé, mais si vous en décidez autrement, c’est votre choix. On trouve dommage par ailleurs que les choix qu’on fait n’aient pas plus d’impact dans notre histoire. On aurait pu imaginer de vrais malus si on tue beaucoup trop d’ennemis par exemple.
En plus des cartes aventures, il y a aussi plusieurs ressources à gérer : la nourriture qui permet de passer rapidement un certain type de créature ou tout simplement de vous soigner. L’argent, qui peut permettre de récupérer des cartes personnages annexes ou de soudoyer des cartes pour éviter tout conflit direct. L’Infamie et la gloire que l’on a déjà expliqué. Il y a ainsi toute sorte d’approches possibles, à vous de choisir celle qui vous correspond.
Même les choix de missions seront décisifs. Volepain a des visions (et on ne vous dira pas pourquoi), et certaines catastrophes arriveront petit à petit. Il est obligatoire de bien choisir les missions que l’on fait, car certaines ne seront plus disponibles au bout d’un moment, ce qui nous obligera à relancer une partie pour tout découvrir de ce que propose Foretales. Mais vous, quel choix allez-vous faire ?
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