La conquête de l’Espace passionne depuis des décennies les peuples du monde entier. Dans cette course spatiale, de multiples projets prévoient de coloniser la planète Mars située à 225 millions de kilomètres de notre chère planète bleue, dans un horizon proche du centenaire. A de multiples reprises fantasmée pour sa potentielle vie passée ou actuelle, elle a de nombreuses fois servi de support à des péripéties vidéoludiques, cinématographiques ou littéraires.
Et c’est de nouveau le cas avec un jeu développé par le studio Fallen Leaf basé à Liverpool, Fort Solis. Constitué de plus de 20 vétérans de l’industrie, Fort Solis est un thriller psychologique de science-fiction dont l’action se déroule sur la planète Mars durant une seule et longue nuit d’angoisse. A noter que le jeu sera disponible à date uniquement en version dématérialisée sauf aux Etats-Unis, où il connaîtra une édition physique sur PlayStation (qui propose par ailleurs un essai d’une heure via son palier PlayStation Plus Premium). Cette version physique sur PlayStation débarquera en France dès le 6 octobre prochain en édition limitée.
Après avoir été surpris d’apprendre sa date de sortie sur les réseaux sociaux via un simple post sur Twitter seulement quelques semaines après la dernière conférence PlayStation, le jeu nous est livré ce 22 août sur PC et PlayStation 5 uniquement, une arrivée sur Mac étant prévue prochainement. Fallen Leaf nous emmène au coeur de Fort Solis pour une nuit d’effroi, et vous allez voir que l’on tient peut-être ici le successeur de jeux narratifs bien connus.
Conditions de test : nous avons pu fouiller Fort Solis dans ses entrailles les plus sombres durant près que 4h30, le temps de terminer l’histoire et de repartir sur place chercher les derniers collectibles manquants, le tout sur PlayStation 5. L’intégralité de ce test est garanti sans spoiler majeur et les captures d’écran choisies reflètent principalement la première moitié de l’aventure pour ne rien divulguer de l’intrigue.
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Dans Fort Solis, vous incarnez Jack Leary, un ingénieur en chef basé à Fort Minor, une structure présente sur la planète Mars, désormais colonisée par quelques équipes d’humains, pour la plupart des scientifiques ou des ingénieurs. Nous sommes le 11 octobre 2080, et la nuit que s’apprête à vivre notre héros ne sera pas de tout repos.
Alors qu’il passe la soirée avec sa coéquipière Jessica Appleton à seulement quelques heures de vacances très bien méritées signifiant son retour sur Terre, Jack reçoit sur son multi-outil au poignet une alarme provenant de Fort Solis. La planète rouge étant en pleine phase de tempêtes sévères, en alternance avec une période calme, appelées Cycles, les ingénieurs vont tenter de contacter le Fort pour connaître les raisons de l’alarme. Toute communication étant impossible et le Fort se trouvant non loin, Jack décide de se rendre seul sur place, marquant ainsi le début d’une nuit infernale.
Tous les événements dépeints dans Fort Solis se déroulent lors de cette nuit d’automne, et nul n’en sortira indemne vous l’aurez compris. A renforts de rebondissements narratifs, le jeu va prendre la forme d’une aventure épisodique racontée de manière chronologique et divisée en 4 chapitres assez courts d’une heure chacun environ, rendant l’ensemble parfaitement digeste pour une longue session intense ou alors plusieurs games pour profiter encore plus. Cela peut paraître court, mais confère aussi au jeu une narration maitrisée, sans fioriture et complète de bout en bout, bien que l’on pourrait trouver la fin un peu expédiée sans réel aperçu du futur à venir.
Attention toutefois où vous mettez les pieds : Fort Solis n’est en aucun cas un clone de Dead Space Remake ou de The Callisto Protocol, loin de là. Et c’est tant mieux, car la proposition d’action-horrifique était déjà prolifique ces derniers mois. Non, Fort Solis se rapprocherait davantage des titres Quantic Dream de l’ère PlayStation 3 avec des épopées comme Heavy Rain, mais aussi du récent et très bon Deliver us Mars signé KeokeN Interactive ou encore de l’intriguant Firewatch, voire des titres Supermassive Games comme Until Dawn ou The Quarry. De belles références qui donnent tout de suite le ton.
A ces quelques lignes, et si vous avez déjà joué aux jeux précités, vous comprendrez donc qu’il s’agit finalement davantage d’une aventure cinématographique, très narrative, et au gameplay au second plan. Au fil des minutes qui s’écoulent au plus profond de cette base avancée martienne, l’ambiance va devenir de plus en plus pensante, digne des grands thrillers, sans toutefois verser dans l’horreur ou les jumpscares inutiles. Vous apprenez alors qu’une équipe de six personnes se trouve dans cette immense base militaire, surtout présents pour effectuer des recherches et des prélèvements en vue d’extraire des composants pouvant servir à terme sur Terre.
Une équipe ayant totalement déserté Fort Solis, introuvable, injoignable, tandis que le bâtiment a été intégralement bouclé manuellement depuis l’intérieur. A travers plus d’une centaine de documents, journaux audios et vidéos, enregistrements de vidéosurveillance, vous allez suivre le quotidien de cette équipe mystérieusement disparue tout en apprenant des révélations sur les missions effectuées sur place par l’entreprise responsable Terra. Mais aussi sur votre partenaire et votre famille, afin de retracer les événements des dernières heures et d’en comprendre les raisons. Intervention humaine, animale, paranormale ? Nous préférons ne pas vous en dévoiler plus sur l’histoire pour ne pas gâcher la surprise qui constitue le coeur même de l’expérience.
La foire aux QTE
Nous l’avons vu, Fort Solis se rapprocherait davantage par sa structure et son gameplay d’expériences comme Heavy Rain. Et la comparaison n’est pas mince puisque l’on ressent allègrement les inspirations : déplacements plutôt lents en marche forcée, recherche de documents, journaux audios et vidéos, d’indices et autres collectibles, QTE très largement représentés, et choix à conséquences font ainsi le sel de cette production signée de la main des anglais et polonais de Fallen Leaf, qui tiennent ici leur première production.
Grâce à votre multi-outil, vous allez pouvoir vous connecter aux diverses cartes mémoire laissées sur place, aux ordinateurs, sources inaltérables de renseignements, mais aussi pirater quelques installations ou encore enregistrer les accréditations nécessaires à l’ouverture progressive des portes du bâtiment. Permettant ainsi de maitriser efficacement sa narration et son avancée dans l’histoire. Jack va progressivement mettre la main sur des badges de niveaux 1 à 5, vous demandant donc parfois de revisiter des zones traversées auparavant, à la manière d’un metroidvania, toute proportion gardée, tout en récoltant plus de 150 documents et autres détails.
La quasi-totalité de vos déplacements se faisant à pied, vous aurez à loisir de consulter une carte présente sur votre multi-outil. Et l’on touche ici un premier écueil de la production anglaise. Très pratique et bien utilisé, le multi-outil ne permet pas la mise en plein écran des documents, vidéos, et cartes, zoomant seulement sur ces dits documents, empêchant une lecture correcte à plus ou moins longue distance de votre écran. Le zoom étant disponible sur les carte bien entendu, mais pas suffisamment pour permettre un confort visuel. Ce n’est qu’un détail, mais perturbant de prime abord.
Grâce à son sound-design aux petits oignons, nous sommes complètement immergés dans cette aventure solitaire, au coeur d’une planète silencieuse et d’un Fort Solis dérangeant. L’utilisation d’une lampe frontale permet de renforcer ce sentiment d’insécurité, au coeur de couloirs d’un noir profond angoissant. On aurait par ailleurs aimé quelques surprises au détour d’un couloir exigüe, mais force est de constater que l’envie du studio ne se trouvait pas là. Vous ne trouverez par ailleurs pas d’arme disponible pour vous défendre, ni de courses poursuites endiablées ou réelles séquences d’infiltration.
Car non, Fort Solis ne fait pas peur, il joue avec votre anticipation et votre rapidité d’exécution pour ses QTE les plus importants. Et des QTE, vous allez en avoir. Vous pensiez que leur époque était révolue ? A certains moments clés, vous allez pouvoir accompagner votre personnage à accomplir divers actes basiques, tandis que parfois, votre réussite dépendra de vos réflexes, mais sans vraiment mener au game over en cas d’échec. Preuve en est, nous avons pu assister à deux fins différentes, en ayant choisi de mener différemment nos derniers QTE de l’aventure, permettant d’assister à des scènes totalement différentes.
Les merveilles de l’Unreal Engine 5.2
Si Fort Solis s’est fendu d’une belle popularité suite à son annonce, c’est parce qu’il nous promettait d’être l’un des premiers jeux à complètement exploiter l’Unreal Engine dans sa version la plus récente, ici la 5.2. Nous l’avons vu à maintes reprises, le moteur d’Epic Games promet monts et merveilles et sera assurément l’une des attractions phares de la génération actuelle de consoles et PC, et des suivantes. Force est de constater que le contrat est rempli ici, à quelques exceptions près.
Bien que la totalité de l’aventure se déroule de nuit, pendant une grosse tempête, dans une bâtisse sombre où le courant électrique n’est pas florissant, nous parvenons tout de même à saisir le travail réalisé sur les textures, les éclairages et le soin apporté pour rendre les murs vivants et cohérents. Le travail de motion capture est impressionnant, même si en gros plan c’est un peu moins convaincant. Par ailleurs, le studio a également mis en place un magnifique mode photo, très complet, qui fera la joie des amateurs de ce genre d’outil.
Pas de temps de chargement visible durant l’intégralité de l’aventure, mais quelques chutes de framerate à certains moments clés, très peu perceptibles, et quelques bugs de collision (notamment dans les escaliers), viennent terminer le tableau technique autrement tout à fait solide pour cette production au prix honnête (comptez 30€).
L’interprétation de nos personnages est par ailleurs incroyablement juste, à en juger notamment par celle de Troy Baker (que l’on ne présente plus – Joël Miller dans les jeux The Last of Us notamment) dans le rôle de Wyatt Taylor, un membre de l’équipe médicale de Fort Solis, mais aussi de Roger Clarke (connu notamment pour son rôle d’Arthur Morgan dans Red Dead Redemption 2) et de l’actrice écossaise Julia Brown, respectivement Jack et Jessica, sans oublier les autres membres tout aussi justes.
On pourra regretter l’absence de version française audio, l’ensemble étant heureusement sous-titré en 9 langues différentes, un manque qui aurait pu favoriser davantage l’immersion pour nos compatriotes. Un casting 3 étoiles donc, convaincant de bout en bout, jusqu’à la bande son, dont le titre phare If you let me est interprété par la polonaise Mary Komasa.
Nous parlions d’immersion, celle-ci est renforcée sur console grâce notamment à l’utilisation (avec parcimonie) de la manette DualSense, vous allez pouvoir par exemple ressentir la force du vent émanent des tempêtes martiennes, tout en profitant de l’allumage concomitant des LED du pavé tactile avec la lampe torche de notre personnage. Pas de gâchettes adaptatives ici, même si le gameplay pouvait s’y prêter par moments, dommage. Pas de son émis par les haut-parleurs du contrôleur non plus, l’ensemble restant sur du classico-classique, ce qui est surprenant pour une exclusivité console.
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