L’été bat son plein, et comme chaque année les sorties de jeu vidéo se raréfient momentanément. Bonne ou mauvaise nouvelle, à vous de choisir, mais rien de surprenant tout compte fait. Toujours est-il que pendant que certains se font dorer la pilule à la plage, peut-être accompagnés d’un Xenoblade Chronicles 3, et que d’autres profitent de la fraîcheur de leur salon devant le sympathique Stray, j’ai personnellement choisi de replonger en enfance avec un certain Frogun. Un titre ouvertement inspiré des plateformers de la PlayStation et de la Nintendo 64, tant dans ses mécaniques que dans son aspect visuel et sonore.
Un titre indépendant, développé par Molegato, jeune créateur d’une trentaine d’années qui a pas mal de petits jeux dans son portfolio. Rien qui ait véritablement réussi à percer la barrière médiatique qui fait face à tout projet du genre. Mais quelques concepts rigolos, qui donnent envie de se pencher sur le travail du monsieur, notamment un certain Supersonic Tank Cats dont le nom se suffit à lui-même ! Faites-moi jouer à ça, par pitié ! Quant à Frogun, à défaut d’une ambition démesurée, il semble assez honnête sur sa proposition : rien de plus qu’un petit plateformer coloré à l’univers enfantin, proposé moins de quinze euros sur PC, Xbox, PS4 et Switch.
Conditions du test : Cette review a été réalisée à partir d’une version Xbox que nous avons faite tourner sur One et sur Series X. Il nous a fallu un peu plus de cinq heures pour voir le bout de l’aventure en ligne droite, et nous avons poussé deux ou trois heures supplémentaires pour améliorer nos scores sur une partie des niveaux.
Pixels qui tachent et plateformes dans le vide
L’époque PlayStation conserve une certaine aura chez les plus de vingt ans. Pour certains c’était la découverte du jeu vidéo, tandis que d’autres ont observé le passage à la 3D d’un œil attentif, comme fascinés par ces possibilités désormais offertes par le média. En ce qui me concerne, la PSX fut ma seconde console de salon, après une Master System qui m’a fait perdre des cheveux avant l’heure. J’y ai découvert des titres magiques comme Spyro the Dragon, Croc ou encore Rayman 2. Et évidemment, en voyant les premières images de Frogun, je n’ai pu m’empêcher de me dire que tout était là pour me faire passer un bon moment.
Parce que le titre ne cache aucunement ses inspirations. Frogun c’est un plateformer old school, tournant dans une 3D aux limitations certaines, aux pixels apparents, avec une appréciation des distances un peu compliquée. Et c’est vrai que, dit comme ça, c’est tout de suite moins vendeur. Mais les screenshots parlent d’eux-mêmes. Le titre de Molegato jouit d’une direction artistique sympathique, lui conférant une ambiance bon enfant, ce que ne gâche en rien sa bande son légère aux sonorités rétros, tournant malheureusement en rond assez rapidement. Le titre embarque aussi une petite liste de filtres d’écran qui ont chacun leur petit cachet.
Pour le reste, il fait néanmoins quelques choix discutables, notamment dans le déroulé de son aventure. Plus concrètement, nous y incarnons une certaine Renata, jeune fille dont les parents, archéologues tous les deux, ont disparu depuis trois jours. Il n’en fallait pas moins pour qu’elle se munisse de son pistolet grenouille, d’où le nom du jeu bien évidemment, et parte les retrouver. La première heure est très appréciable sur le plan visuel : on traverse des niveaux colorés, prenant place dans des espaces verdoyants, tout en conservant cet aspect étrange à base de plateformes flottants dans le vide. Très PlayStation dans l’esprit.
Malheureusement, les parents de Renata étant archéologues, il va falloir s’enfoncer dans les entrailles de la Terre pour les retrouver. Ce qui fait plus ou moins sens, vous en conviendrez, mais passons. Toujours est-il que cela engendre un problème de taille : s’il varie ses environnements pendant un temps, passé un certain stade le titre ne nous fait traverser que des décors sombres, donnant l’impression désagréable d’être cloisonné. Et c’est bien dommage, parce que chacun sait qu’il faut de la diversité dans ce genre de jeu, ou au minimum une certaine cohérence visuelle. Or, Frogun a beau être un titre très coloré, il nous fait pourtant visiter des décors de plus en plus sombres et ternes à mesure qu’on y progresse.
Plus Croc 2 que Bubsy 3D ?
En terme de mécaniques, Frogun pioche chez les plateformers de la PlayStation, mais aussi chez un certain Yoshi. Ainsi, chaque niveau se déroule plus ou moins de la même façon. Il faut atteindre l’arrivée en évitant de tomber dans le vide ou de se faire toucher par les ennemis. Notons d’ailleurs le bestiaire plutôt varié. Renata se contrôle comme un charme, quand l’appréciation des distances ne nous fait pas défaut, comme ce peut être le cas avec des dalles mouvantes par exemple. Le petit twist de son gameplay, c’est évidemment le pistolet grenouille, qui permet d’attirer toutes sortes de choses à nous, notamment les créatures mal intentionnées que l’on croisera, mais pas que !
Parce qu’on nous apprend très vite qu’il est aussi possible de se servir de la langue de notre pistolet comme d’un grappin. Et ainsi propulser Renata vers des surfaces pas trop éloignées, et même certains objets ou ennemis volumineux. Et si les premiers niveaux n’usent pas vraiment de cette mécanique, nous laissant bêtement croire que l’on fait effectivement face à un jeu destiné aux plus jeunes, ce que sa direction artistique nous poussait à supposer en premier lieu, il devient rapidement obligatoire de maîtriser cet étrange pistolet grenouille. C’est à ce moment que le titre commence à révéler à la fois son potentiel, et son challenge corsé.
Parce que cela semble presque évident, au premier regard, que Frogun se destine à un large public, notamment les enfants. Et ceux-ci pourront effectivement passer du bon temps sur ses premiers niveaux, qui sont finalement là pour nous faire apprendre ses mécaniques plus qu’autre chose. Mais arrive un moment où nos réflexes seront mis à rude épreuve, où il deviendra nécessaire de réfléchir certains passages pour ne pas terminer dans le vide. Là où ça se corse, c’est que la visée du pistolet grenouille est loin d’être intuitive, et qu’il faudra souvent se réorienter en plein saut… Or le titre manque cruellement de précision à ce niveau, ce qui nous fait souvent perdre une vie bêtement.
Alors qu’on se le dise, Frogun maîtrise beaucoup de choses. Sa construction en niveaux est simple mais fonctionne bien. Ses objets à collecter pour débloquer des bonus de santé proposent un certain challenge appréciable. Ses checkpoints sont distillés à une fréquence très convenable. On apprécie le fait qu’il soit possible d’acheter des chapeaux avec les pièces durement récoltées. Et certains passages de plateforme nécessitant le pistolet grenouille sont de petits bijoux d’inventivité. Malheureusement, il faut composer avec ce manque de précision, avec l’appréciation des distances pas toujours aisée aussi. Ou encore avec des niveaux de fin ridiculement difficiles. Comme si le jeu, sachant qu’il n’est pas bien long, boostait volontairement tout ce qu’il propose de challenge.
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