Annoncé en août 2021, Frostpunk 2 est disponible dès cette semaine sur PC, via Steam, l’Epic Games Store, GOG et le Game Pass. Prévu également pour arriver à une date encore indéterminée sur PlayStation 5 et Xbox Series, le city-builder axé survie de 11 bit studios (This War of Mine, The Alters…) est très attendu par le public, et notamment par les joueurs et les joueuses ayant apprécié le premier épisode de la licence commercialisé en 2018. Quelques mois après nous avoir laissé sur un aperçu prometteur dans le cadre de sa bêta, cette suite est-elle à la hauteur de cet engouement ? Oui et nous vous expliquons pour quelles raisons dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur un PC portable AORUS 17H BXF (2023) équipé d’un processeur Intel Core i7-13700H (2,4 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 4080 Laptop, d’une mémoire vive de 16 Go de RAM DDR5 et d’un écran LCD 17,3 pouces de résolution 1080p à l’aide d’une clé Steam fournie par l’éditeur. Notre session en configuration graphique Ultra (NVIDIA DLSS activé en mode « Qualité ») a duré environ 25h, temps nécessaire pour lancer cinq parties en difficultés Citoyen (Facile) et Officier (Normal). Au total, nous en avons terminé quatre à notre rythme, trois en mode Scénario/Histoire et une en mode Sandbox/Bac à sable. Cela nous a permis d’obtenir un game over et trois fins différentes. Notez que le point de vue exposé dans cet article est celui d’une personne ayant joué au premier opus de la franchise (hors DLC) et à la bêta du titre organisée en avril dernier. Ce test est garantit sans spoilers majeurs.
Sommaire
ToggleMême trente ans plus tard, la Ville ne doit pas tomber !
Se déroulant environ trente ans après qu’un blizzard apocalyptique ait dévasté la Terre, Frostpunk 2 nous place à nouveau à la tête de la dernière cité humaine encore debout par l’intermédiaire de modes de jeu Histoire/Scénario et Sandbox (ou Bac à sable en français).
Intitulé « L’héritage de la Nouvelle-Londres », le premier nous demande d’incarner un Gouverneur succédant au Capitaine que nous contrôlions dans l’opus de 2018 et qui est désormais décédé. A travers cinq chapitres bien écrits et rythmés mais dont la mise en scène aurait pu être plus travaillée, notre mission est d’assurer la survie et l’avenir de la Nouvelle-Londres malgré les complications risquant de provoquer sa chute si nous ne prenons pas les mesures adaptées au fur et à mesure.
Baptisé « Bâtisseur d’Utopie », le second met davantage de côté l’aspect scénarisation pour nous laisser personnaliser notre partie de type « bac à sable ». Outre la difficulté, nous pouvons définir la carte de départ, parmi sept au choix et sachant que quatre intègrent un système de génération de ressources et d’Étendue aléatoires, l’ambition que nous souhaitons atteindre en tant qu’Intendant (coloniser l’Étendue, développer une métropole ou bâtir un avenir prospère), et décider des identités de deux des communautés qui peuplent notre Ville en début de run : Prospecteurs, Machinistes, Intellectuels, Lords, Manœuvres et/ou Marchands.
Vous l’aurez compris, rien qu’en parcourant les menus principaux, nous remarquons que le contexte et l’époque où se passe cette suite ont incité 11 bit studios à effectuer pas mal de changements ici et là. Des modifications tellement nombreuses qu’elles ont considérablement bouleversé l’expérience originale de la franchise.
De nouvelles mécaniques qui viennent bousculer nos habitudes
Comme nous l’avions constaté lors de la bêta, le gameplay proposé il y a six ans est énormément chamboulé dans Frostpunk 2. Un pari risqué mais payant pour le studio polonais puisque l’expérience de jeu qui y est présente est au moins tout aussi bien huilée et plaisante à prendre en main que la précédente.
Concrètement, la base reste identique. Il faut assurer la gestion et la survie de la cité en répondant efficacement aux besoins des habitants et habitantes en matière d’abris, de nourriture, de soins, de sécurité et de chaleur pour faire face aux aléas météorologiques. Alternant entre saisons chaudes, froides et tempêtes appelées « Enfers Blancs », ce climat glacial fait constamment évoluer la température entre -20 et -110 degrés Celsius.
Toutefois, il est indispensable de comprendre les nouvelles mécaniques mises en place par les développeurs pour parvenir à nos fins. Carte plus vaste, population composée de plusieurs milliers de personnes, ressources à collecter disponibles en quantité plus importante, temps in-game s’écoulant en semaines… l’aspect macro-gestion de la Ville supplante désormais sa micro-gestion, ce qui vient forcément bouleverser nos habitudes. Un certain temps d’adaptation, voire se heurter à plusieurs échecs, est donc potentiellement nécessaire avant d’espérer prétendre à la victoire, et ce malgré une courbe de difficulté légèrement moins abrupte comparé à celle que nous avons connue par le passé.
Par exemple, une des fonctionnalités majeures à maîtriser est la construction de districts et de pôles sur une ou plusieurs cases hexagonales, après avoir dégagé la zone ciblée à l’aide de brise-glaces et en échange d’une quantité prédéfinie de thermotickets (la monnaie du titre), préfabriqués et main-d’œuvre. Résidentiel, alimentaire, industriel… chaque quartier à sa propre utilité et requiert des besoins spécifiques pour fonctionner correctement. Il peut être agrandi, voir sa productivité être ajustée, ainsi qu’accueillir un nombre très limité de bâtiments, aux effets positifs et/ou négatifs précis, tels que la station de forage à fusion, le répartiteur thermique ou encore l’usine mécanique pour ne citer qu’eux.
Attention, n’espérez pas progresser vers le chemin du succès en plaçant ces districts et pôles sur des coups de tête. Il faut procéder intelligemment car, en fonction de leur superficie et/ou de leur proximité avec d’autres infrastructures, nous pouvons générer des bonus (économie de chaleur, quantité de main-d’œuvre demandée réduite) et/ou des malus (risques de favoriser l’apparition de maladies et degré d’insalubrité augmentés). Posséder des stocks plus ou moins importants de matériaux est également requis pour assurer leur maintenance.
Concernant le générateur central, son usage a subi quelques ajustements. Fonctionnant de base au charbon, il peut être amélioré afin de le rendre compatible avec deux types de combustibles supplémentaires, le pétrole et le gaz. De plus, oublier de désactiver son surmultiplicateur générant davantage de chaleur ne semble plus provoquer un game over en cas d’utilisation trop longue, ce système se coupant à priori automatiquement dès qu’il atteint la barre autrefois fatidique des 100%.
L’Étendue, nom attribué au monde qui nous entoure, est aussi bien plus vaste qu’en 2018. En conséquence, son exploration est plus gratifiante. Parcourir ces régions, tantôt sures, tantôt dangereuses, voire mortelles, nous donne la possibilité de recueillir des réfugiés, récupérer des ressources pouvant être acheminées par le biais de nos éclaireurs, de sentiers et d’aérotrams, établir des avant-postes temporaires, et même ériger des colonies permanentes à gérer à la manière d’une mini-Ville et capables d’échanger des marchandises avec notre « capitale ».
Quant à la Recherche, il s’agit toujours d’un élément-clé au bon développement de la cité. Remanié en six branches (Chauffage, Ressources, Étendue, Ville, Société et Pôles), il dissimule principalement des améliorations technologiques et l’accès à des bâtiments inédits. Mais ce n’est pas tout puisque, à sa façon, il a un impact sur les futurs idéaux et la politique de la métropole.
Une dimension politique entièrement repensée
Mort du Capitaine oblige, Frostpunk 2 intègre un système politique entièrement repensé dans le but de coller au contexte différent du premier opus dans lequel nous sommes plongés. Au revoir la dictature nous demandant de nous orienter vers la voie de la Foi ou de l’Ordre. Bonjour la démocratie. Que ce soit en mode Histoire/Scénario ou Sandbox, gouverner la Nouvelle-Londres ou la Ville se fait désormais par l’intermédiaire d’une Assemblée composée de cent représentants, ces derniers appartenant à une communauté ou une faction spécifique.
Étendiens, Évolutionnistes, Gardesfoi, Prospecteurs, Lords, Sangivres, Légionnaires… chaque groupe voit son nombre de membres évoluer sans cesse en cours de partie et aspire à un idéal ou des idéaux bien précis : Adaptation vs Progrès, Mérite vs Égalité et Tradition vs Raison. Résultat, ça change énormément de choses dans notre manière de gérer la cité. Une loi que nous tentons de faire passer, qu’elle soit perçue comme radicale (ou non) ou touche aux conditions de travail, au domaine de la Santé, à l’enfance ou encore à l’immigration, nécessite une majorité de voix afin d’être promulguée et ce n’est pas parce que nous estimons qu’elle est utile à notre progression que le Conseil est du même avis.
Pour gagner le soutien des élus et surtout maintenir des relations de confiance solides avec eux, il faut, en plus de résoudre les problèmes rencontrés par le peuple, recourir à divers stratagèmes comme négocier avec ceux ouverts au dialogue, tenir une promesse particulière, les soutenir financièrement, leur confier l’ordre du jour de la prochaine Assemblée ou, par exemple, découvrir et utiliser une recherche ou idée qui répond à leur(s) vision(s) de l’avenir. Dans le cas des factions, les soutenir ou les condamner publiquement a également un impact sur leur niveau de ferveur. S’il est trop élevé, cela risque d’attiser les tensions entre les habitants et habitantes et, plus elles sont nombreuses, plus le chaos menace de s’abattre au point de déclencher une véritable guerre civile.
Réussir à conserver un équilibre, même très fragile, entre ces forces n’est donc pas une mince affaire. C’est pourquoi, dans certaines circonstances, lorgner vers l’onglet « Autorité » du menu des Lois peut s’avérer intéressant. Attention cependant, chaque décret inclus dedans exige un minimum de deux tiers des suffrages pour être appliqué et nous rapproche davantage du statut de Capitaine et, en conséquence, du retour à un régime dictatoriale puisqu’on y retrouve des « outils » à l’image de la création d’un bureau de la propagande, la mise en place d’une police secrète et la loi martiale. Libre à nous et vous bien entendu de recourir à ces actions extrêmes ou pas !
Un univers sombre qui n’a pas pris une ride
Si le succès de la franchise polonaise est essentiellement dû à son gameplay extrêmement bien rodé, il serait dommage d’oublier qu’il intègre aussi un univers sombre à la fois prenant et immersif. Dans la continuité de ce que proposait l’épisode précédent, Frostpunk 2 s’appuie sur un moteur graphique aux performances techniques très convaincantes, des animations plus nombreuses et détaillées, de sublimes artworks et la magnifique bande-son composée par Piotr Musiał pour nous plonger instantanément et durablement dans le lore post-apocalyptique si particulier de 11 bit studios.
Côté écriture, la narration, les réactions de la population face à notre façon de gouverner, les descriptions et présentations des lois, idées et recherches à notre disposition, ainsi que les dilemmes moraux auxquels nous sommes confrontés contribuent également grandement à faire en sorte que cette ambiance glaciale ne nous lâche jamais. Seul bémol, notre esprit a trop souvent tendance à reléguer ces décisions éthiques au second plan dans le but de prioriser la dimension gestion et survie de la Ville. Une situation dans laquelle nous nous étions déjà retrouvés en 2018.
Autres détails à retenir : l’interface utilisateur a été intelligemment retravaillée en trouvant le juste équilibre entre informations à afficher et lisibilité dans le suivi de notre partie, la rejouabilité de l’expérience nous paraît légèrement meilleure qu’il y a six ans, le mode « Sans fin » peut être déverrouillé en restant suffisamment longtemps à la tête de la Ville dans le cadre d’une run Sandbox, un éditeur de mods officiel devrait arriver en phase bêta en marge du lancement, et une extension Twitch est disponible pour laisser les communautés pimenter les streams de leurs créateurs et créatrices de contenu préférés.
De plus, notez que quelques bugs mineurs, dont des soucis de localisation, demeurent présents au moment d’écrire ces lignes et malgré le déploiement d’un premier patch. Les développeurs nous ont toutefois prévenus qu’au moins une mise à jour supplémentaire était planifiée pendant la semaine de la sortie afin de les corriger.
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