Genre extrêmement populaire ces dernières années, ou devrait-on dire sur cette dernière décennie, le Rogue-Like (ou Rogue-Lite, selon les composantes issues de Rogue que vous conservez ou non) s’est décliné sous toutes les formes possibles et imaginables. Sa chance, si l’on peut parler ainsi, c’est que son élément de Game Design principal basé autour de l’aléatoire peut virtuellement se marier avec toutes les sous-catégories de jeux vidéo. On trouve autant de Dungeon Crawler que de Plateformers ou de Shooters, mais aussi des Deck Buiders et même des Survival Horror… La liste est très longue, très riche aussi, et l’on pourrait passer des jours à aborder ce vaste sujet sans jamais en faire complètement le tour. C’est pourquoi nous sommes plutôt revenus à ses fondamentaux, après Rogue tout de même, mais avant la masse de clones et d’expériences basées sur l’aléatoire que l’on a connu, avec le légendaire FTL : Faster Than Light.
Un titre dont vous avez forcément entendu parler si vous vous intéressez de près ou de loin au genre, ou même simplement à la sphère indépendante, puisqu’il est généralement admit qu’il a participé, avec The Binding of Isaac, à l’essor fulgurant du Rogue-Like. Mais aussi, tout bêtement, parce qu’il s’est très bien vendu, explosant les attentes du petit studio à son origine, Subset Games, composé de seulement deux personnes. Des passionnés de Science-Fiction, ça on le comprend très vite, et sans regarder ce qu’ils ont produit après cela, à savoir un unique jeu nommé Into the Breach, lui-aussi excessivement bon et particulièrement mémorable. Il ne vous aura pas échappé que la note est élevée, malgré l’austérité des images que vous trouverez dans cet article. C’est parce qu’en dépit de son apparence, Faster Than Light est l’une des expériences indépendantes les plus addictives qui existent.
Conditions de test : Nous avons passé environ 80h sur la version Steam du jeu, ce qui nous a permis de venir plusieurs fois à bout de son expérience via la version classique, de nous essayer à son contenu avancé, et de débloquer plusieurs vaisseaux de sa collection.
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En se penchant un brin sur l’année de sortie de ce petit jeu indépendant, on constate sans effort qu’il s’agit d’une période très chargée. Dragon’s Dogma, Darksiders II, Diablo III, Borderlands 2 ou encore Call of Duty : Black Ops II… on imagine difficilement comment, au milieu d’un océan de sorties aussi mémorables, une production aussi austère que Faster Than Light a pu se démarquer. Parce qu’il faut bien aborder le sujet, avant de rentrer plus en détails dans le jeu en lui-même : son visuel n’a rien d’engageant au premier regard.
Non, FTL : Faster Than Light n’est pas beau, et ça, même un fan de la première heure ne pourra dire le contraire. D’ailleurs, si le visuel n’est pas la priorité sur la première production de Subset Games, ce sera bien différent sur la seconde, à savoir Into the Breach. En 2012, le studio n’a que peu de moyens, et les deux développeurs qui le composent manquent d’expérience. Ce qu’ils veulent, c’est un concept fort, et rien d’autre finalement. Ainsi, FTL arbore un aspect rudimentaire, avec une quantité impressionnante de textes à ingurgiter, ce qui est autant une mauvaise qu’une bonne chose.
Mauvaise, évidemment, parce que le jeu ne fait guère envie au premier coup d’œil, quand on ne sait rien de lui. Ce qui aurait pu lui faire beaucoup de tort. Mais cet aspect rudimentaire est aussi l’une de ses forces. Grâce à lui, on comprend assez aisément l’action en cours, on s’y retrouve vite dans les coupes horizontales des vaisseaux que l’on est amené à contrôler, ou dans ceux que l’on va devoir combattre. S’il rebute au début, le visuel archaïque a donc son intérêt en jeu, permettant une lisibilité relativement bonne dans le feu de l’action en évitant les fioritures.
Et cet aspect rudimentaire ne l’empêche guère de proposer un univers assez riche, avec des vaisseaux très inspirés de différentes œuvres de science-fiction et plusieurs races aliens. Certains trouvent même du charme dans sa relative laideur, ou dans son aspect textuel outrancier. Le tout est soutenu par une bande-son très efficace, qui connaît quelques temps forts mémorables, et reste facilement en tête. Mais surtout, elle confère au titre une ambiance qui sort de l’ordinaire, participant tantôt au sentiment de tension que le joueur ressent, tantôt à son apaisement.
La Nef des Fous
FTL : Faster Than Light est donc un descendant de Rogue, plutôt tourné vers le Rogue-Lite que Like. Parce qu’il se départit d’une grosse part de la progression environnementale pour se concentrer quasi-exclusivement sur les mécaniques d’aléatoire, et la rejouabilité, via une mort qui demeure permanente. Comme tout titre du genre, celui de Subset Games peut tantôt produire un effet jubilatoire sur le joueur, lorsque celui-ci parvient au bout de son aventure ou qu’il est gâté par du loot de qualité supérieure, tantôt mener à une frustration abominable.
Frustration qui ne dure jamais bien longtemps, puisque le jeu s’avère extrêmement addictif. Ainsi, on est facilement tenté de relancer une partie directement après un Game Over, même lorsque la déception est à son comble. D’autant que la finalité demeure l’obtention (sous conditions) de différents vaisseaux, aux composants et agencements différents, changeant beaucoup la manière d’aborder l’aventure. Le véhicule de base est simple, basique, et ne permet pas d’arriver aisément aux crédits. Heureusement, on débloque vite le second, qui bénéficie de qualités plus évidentes.
Une carotte qui fait avancer, et donne envie de s’investir sur le long terme, d’autant plus à mesure que l’on comprend (ou croit comprendre) nos erreurs passées. Malheureusement, ce sera bien la seule chose qui nous tiendra éveillés, passé un certain stade. Si l’expérience est addictive, elle ne véhicule rien de comparable au sentiment de continuité que l’on trouve chez d’autres représentants du genre, tels que Hades ou Darkest Dungeon. Qu’à cela ne tienne, l’aléatoire permet à chaque run d’être différente de la précédente, et l’on ne cesse d’être surpris par les aventures qui nous attendent.
La Stratégie Ender
En apparence, le concept de FTL : Faster Than Light est simple comme bonjour. Vous progressez sur une carte affichant des systèmes à explorer, chacun d’eux vous réservant un événement particulier, tandis qu’un ennemi vous poursuit, oblitérant ladite carte à petit feu. L’idée étant d’atteindre un système donné, permettant de passer à la map suivante, pour un total de huit à explorer pour chaque run. Vous tomberez ainsi sur des affrontements inévitables, des choix à faire (qui peuvent aussi mener à un combat), des boutiques, ou parfois sur rien du tout. À la clé, une récompense universelle, la ferraille, qui sert autant de monnaie d’échange que de points pour améliorer votre vaisseau. Bien sûr, le jeu n’étant pas facile, loin s’en faut, il ne distribue que peu de ferraille, idem pour les autres ressources à disposition.
Ainsi, il faut apprendre à gérer ses munitions, dans le cas où l’on choisit une arme utilisant des missiles, ou son carburant, chaque déplacement sur la map en consommant une unité. Dans le même ordre d’idées, les différentes améliorations de notre vaisseau ne doivent pas être négligées ; mais garder de la ferraille sous le coude dans le cas où une rencontre heureuse nous proposerait un item rare, contre un pan conséquent de notre portefeuille, a aussi un intérêt. A fortiori dans la mesure où la ferraille peut aussi servir à réparer la coque de notre vaisseau chez n’importe quel marchand, ce qui se révèle parfois obligatoire.
Mais FTL, c’est aussi une quantité certaine de combats, qui prennent la forme de coupes transversales des deux vaisseaux engagés, affichant leurs différentes salles et leurs systèmes respectifs. L’idée étant, dans nombre de cas, de faire tomber les boucliers adverses pour s’en prendre à son armement ou à ses systèmes de survie. Mais de nombreuses stratégies demeurent viables, ou en tout cas envisageables, ce qui est d’autant plus vrai lorsque l’on enclenche le contenu avancé, qui ajoute de nouveaux armements, événements et quêtes.
La grande force de ces combats, c’est qu’ils parviennent à engager le joueur instantanément. Difficiles, punitifs, souvent injustes, ils peuvent se révéler jubilatoires dans le cas d’une action réussie, d’un coup de chance, ou d’un calcul efficace dans nos diverses améliorations ou équipements. Une qualité qui vaut par ailleurs pour tout ce que Faster Than Light a à proposer, puisque le jeu, malgré son austérité, peut facilement être le théâtre d’aventures multiples. Il suffit d’un peu d’imagination, et de renommer ses membres d’équipage, pour que la magie opère.
Battlestar Galactica
Mais mieux vaut en rester au contenu de base lorsque l’on est néophyte, celui-ci s’avérant moins complexe. FTL : Faster Than Light est bien assez punitif comme cela, pas besoin de se rajouter du challenge lorsque l’on débute. On conseillera d’ailleurs à ceux qui désireraient s’y essayer aujourd’hui de lancer leurs premières parties en mode Facile. Chose qui a tendance à rebuter nombre de joueurs, on en a bien conscience, mais qui permet néanmoins à tous de découvrir ce que le titre a à offrir sans se prendre de plein fouet sa brutalité.
Il faut néanmoins s’y faire : FTL est une expérience compliquée, même en mode Facile. Vous ne verrez pas la fin de l’aventure lors de votre première partie, et il demeure possible que vous ne la voyiez tout simplement jamais. Et on ne dit pas cela pour vous décourager, puisque le titre de Subset Games mérite votre temps et votre argent, mais simplement parce qu’il faut y être préparé avant de s’investir dedans. En ce qui nous concerne, il nous a fallu trente bonnes heures pour arriver au terme de l’aventure une première fois, et ce en mode facile.
Comme pour beaucoup d’autres titres du genre, Faster Than Light vous occupera aussi longtemps que vous accepterez de vous faire rouler dessus par son challenge abominable et ses retournements de situation favorisant l’adversaire. Ce qui peut représenter une durée illimitée, chez les plus patients, et chez ceux qui prendront le temps d’analyser leurs runs pour en tirer un apprentissage utile. Mais FTL peut aussi décourager n’importe quel joueur en quelques minutes, sur une simple défaite semblant parfaitement injuste. Le danger, nous l’abordions au début de cet article, c’est donc que de la frustration naisse l’addiction, comme chez beaucoup d’autres Rogue-Lite.
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