Annoncé par surprise lors du dernier AG French Direct, Ganryu 2 est un jeu d’action aux relents de plateformes développé par Storybird Studio et édité par Just For Games ainsi que PixelHeart. Le titre fait suite au Ganryu premier du nom sorti en 1999 sur la version arcade de la Neo-Geo. L’un comme l’autre rendent hommage à la licence Shinobi. La petite spécificité de Ganryu c’est de « relater », très brièvement, la légende de Miyamoto Musashi en s’inspirant des livres d’Eiji Yoshikawa. Sachez que des films existent également. Réalisés par Hiroshi Inagaki et mettant en scène l’acteur Toshiro Mifune, il s’agit d’excellentes adaptations.
A l’époque, Ganryu n’avait pas eu droit à des versions consoles, jusqu’en 2016 quand Visco, les développeurs d’origines, s’allient aux français de JoshProd pour ressortir le jeu sur d’autres plateformes. Une décision qui a semble-t-il porté ses fruits, puisque nous avons aujourd’hui le droit à une suite. Sur l’arcade Neo-Geo, l’opus était clairement en retard techniquement, nous allons voir ce qu’il en est pour cette suite qui s’inscrit dans une période où le neo-rétro est tendance dans l’industrie.
Notez que des versions physiques en tirages limités sont disponibles exclusivement sur Nintendo Switch et PS4.
Condition de test : Nous avons joué sur PS4 et terminé l’aventure en une petite poignée d’heures. Difficile de quantifier la durée de vie, cela dépend de l’habilité de chacun sur le titre. Néanmoins, avec maîtrise, il est possible d’en voir le bout en moins de 2 heures.
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ToggleLa voie de la lumière
Nous le disions, à sa sortie en 1999, le premier opus était en retard sur la concurrence et vis-à-vis des standards en vigueur. Ceci étant, sa prise en main facile et le bon feeling du gameplay permettait de passer un bon moment sur le titre, malgré une proposition hors du temps. Environ 20 ans plus tard, Ganryu 2 voit le jour et compte bien profiter de l’engouement suscité par la scène indépendante et le neo-rétro pour imposer le soft. Malgré une présence sur console, les développeurs ont fait le choix de garder l’approche arcade pour une expérience plutôt exigeante.
Bien qu’il n’y ait que 5 niveaux à parcourir, l’aventure peut prendre une petite après-midi pour être terminée, le temps de bien maîtriser le jeu. Mais on ne parle pas de skills mais bien de connaître les niveaux par cœur afin d’éviter les pièges et ne pas être surpris par l’ennemi. En outre, chacun des stages est divisé en deux actes de longueur convaincantes, avec quelques collectibles cachés et généralement deux routes possibles pour atteindre la fin d’un acte. Pour autant le level design reste des plus simples et ne vous attendez pas à une dimension metroidvania ni rien, le jeu reste linéaire à souhait. Mais cela va de pair avec la proposition hérité de Shinobi III : Return of the Ninja Master (1993).
Il faut d’une part avancer prudemment pour appréhender le niveau, puis ensuite trancher à tout va et à vive allure. Pour ce faire, vous disposez d’une touche d’attaque au sabre, une autre pour lancer des kunaïs, ainsi qu’un bouton dédié à un dash. Côté mouvement, c’est assez limité, il ne faut compter que sur du wall-jump et un double saut. En complément, vous avez accès à plusieurs pouvoirs spéciaux, les kamis, qui dépendent d’une barre d’énergie à remplir avec des collectibles et autres bidules à ramasser en éliminant certains ennemis ou en détruisant des éléments du décor.
L’ombre du guerrier
Comme son aîné, Ganryu 2 est très facile à prendre en main. A tel point que c’est dommage de ne pas avoir plus de possibilités d’actions et de mouvements, d’autant plus que les animations du personnage sont plutôt bien retranscrites. Puis, la jouabilité reste assez prenante et satisfaisante, malgré un héros assez rigide. Les connaisseurs ne seront pas dépaysés. On regrette tout de même que les développeurs n’aient pas eu plus d’ambition pour s’ancrer pleinement dans le neo-rétro, à l’image d’un The Messenger ou plus récemment Infernax.
Dans son game design, le soft ne respire pas la modernité. Plusieurs aspects n’ont pas été revus et donnent l’impression d’être devant un jeu qui date. On retrouve d’ailleurs une difficulté pas toujours bien calibrée. Si les premiers niveaux sont plutôt équilibrés, ce n’est pas le cas des derniers stages où le pique de difficulté accroît fortement, pour ne pas dire injustement. Si la persévérance est de rigueur dans Ganryu 2, il est dommageable de voir que le titre n’est pas cohérent dans son game design. La fin du jeu demande réflexe et précision, or le soft ne s’y prête pas.
Outre le fait que notre héros manque d’agilité pour espérer sortir des pires situations, le jeu multiplie les soucis, entre imprécisions de certaines hitbox mais surtout des chutes de framerate. Dès le deuxième niveau, nous avons fréquemment subit des ralentissements en usant du dash. Inutile de dire que dans un titre exigeant qui demande vitesse et précision ces problèmes ternissent l’expérience de jeu. Et c’est peu dire, car en plus de cela, si vous perdez toutes vos vies il faudra recommencer l’entièreté d’un stage. Ce qui n’est pas agréable quand l’échec incombe aux errances techniques du titre.
Sans compter qu’il y a des phases de jeu pénibles et que le level design n’est vraiment pas poussé. Au fil des parties, Ganryu 2 perd en saveur. Après, il suffirait d’un patch correctif pour facilement régler ces problèmes préjudiciables. Enfin, quelques boss viendront logiquement ponctuer les actes, mais rien de folichon. Les combats manquent de grandeur et de créativité, quand d’autres sont génériques au possible ou alors étrangement abordables.
Seul contre tous à ganryû-jima
Basé sur la rejouabilité, le titre invite à refaire les stages pour s’améliorer et tenter d’en voir la fin. Malheureusement, à cause des défauts précédemment cités Ganryu 2 ne tarde pas à jouer avec nos nerfs. On pourra toujours prendre sur soi en profitant de l’OST de qualité du soft. A la fois rétros et modernes, les partitions apportent du cachet et une identité au jeu. Le tout est soutenu par une direction artistique qui fonctionne bien et ne laisse pas toujours indifférent. Les couleurs chatoyantes donnent un petit quelque chose à l’ensemble et n’impactent pas trop la lisibilité.
Cela dit, les environnement oscillent entre le bon et le moins bon. Quelques lieux sont réussis alors que d’autres sont totalement anecdotiques. Le problème, c’est que ce manque de régularité dans le rendu esthétique entache l’ensemble. La référence Shinobi III s’en sort encore bien mieux, notamment sur l’ambiance. Même si Ganryu 2 dispose lui aussi d’une ambiance bien réelle, l’esthétique est trop inégale. Le bestiaire est quant à lui plus convaincant, à la fois simple et efficace. C’est suffisamment bien fait pour que l’on capte rapidement la nature de l’ennemi qui se dresse devant nous.
On saluera l’effort fait sur les effets visuels et le sound design qui rendent justice à l’univers. En plus de distribuer ce qu’il faut d’informations sonores au joueur, joueuse, on sait ce que l’on fait et on comprend ce qui se passe à l’écran, ce qui est une très bonne chose. Notons également la bonne utilisation du cycle saisonnier, chaque stage étant raccroché à une saison spécifique, hormis le dernier. C’est un choix intéressant qui offre de la diversité dans les environnements traversés, ainsi que dans les ambiances. Et ce malgré la pauvreté esthétique et du level design de certains passages.
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