Le Rogue-Lite est au marché du jeu vidéo indépendant ce que l’Open-World est aux Triples A. Comprenez par là que ce dernier a été surreprésenté au cours des dernières années chez les plus grosses pointures de l’industrie, avec notamment une bonne poignée d’exemples très marquants rien qu’au cours de ce mois de février ; tandis que le premier a très largement inspiré les indés, qui n’ont eu de cesse de le remanier à toutes les sauces.
Mais, bien que d’un coté l’Open-World nous ait offert son lot de pépites indémodables, d’indispensables même, le Rogue-Lite n’a qu’une courte liste de noms véritablement mémorables à son actif. Parmi eux, bien sûr, les exceptionnels Dead Cells et Hades, deux jeux que tout le monde, presse y compris, cite dès qu’il est question du genre. Et vous me voyez certainement venir : GetsuFumaDen : Undying Moon a-t-il les épaules pour rejoindre les deux titres susnommés au sommet ?
Conditions du test : Nous avons joué une dizaine d’heures au titre sur Switch, principalement sur TV, mais aussi en mode portable.
Sommaire
ToggleCe qui crève les yeux
Commençons par ce qui saute au visage à la minute où le jeu se lance : oui, GetsuFumaDen : Undying Moon est beau. Techniquement, il ne casse pas des briques, c’est un fait indéniable. Mais sa direction artistique fait de véritables petits miracles, ne serait-ce qu’au niveau des décors. Quoique ce que l’on a le plus retenu, au terme de cette session de jeu, c’est finalement tous les petits effets sublimes qui ponctuent l’action. Du sang, bien sûr, comme s’il en pleuvait, mais aussi la représentation très esthétique du mouvement de nos armes, des explosions, ou encore des projectiles ennemis.
Finalement, à ce niveau, excepté un manque de lisibilité ponctuel, notamment dans le premier environnement à cause de sa pluie battante, c’est un véritable sans faute. Même si le jeu aurait été perfectible, bien sûr, ne serait-ce que ses animations un peu raides ou ses arrière-plans pas toujours du meilleur effet. Enfin le fait est qu’on prend une véritable baffe, au moins la première minute de jeu, devant cette ambiance japonisante très inspirée, qui met facilement à l’amende une bonne partie des autres projets du genre.
Et la raison à cela est peut-être que GetsuFumaDen : Undying Moon n’est, contrairement à beaucoup de ses pairs, pas développé par des indépendants, mais par une équipe de chez Konami Entertainment. On sent bien que des moyens financiers sont derrière le projet, pas faramineux évidemment, mais suffisants pour permettre aux créateurs de s’attarder un peu plus que de coutume sur l’aspect graphique. Ce qui rend encore plus décevant le fait que le level design dans sa globalité soit moyen, pour ne pas dire trop répétitif.
Plus original qu’escompté ?
Il faut savoir que GetsuFumaDen n’est pas une licence née de la dernière pluie, contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord. Le fait est, néanmoins, que les petits Européens que nous sommes n’ont jamais eu droit au premier opus, ni aux autres titres dans le même univers, du reste. Bonne ou mauvaise chose, difficile de se prononcer, même si l’édition Digital Deluxe nous a permis d’essayer la version Famicom plutôt sympathique. Enfin cela ampute très certainement une partie de l’intérêt que GetsuFumaDen : Undying Moon devrait susciter chez nous. C’est un peu comme si la licence repartait de zéro, son univers ne parlant de facto pas aux Européens.
Un détail qui aurait toute son importance dans un jeu à la proposition narrative forte, comme un Hades, mais qui ne change pas grand chose en ce qui concerne le bébé de Konami. Parce que, outre une cinématique d’introduction pas franchement engageante, et assez maigre en informations de surcroît, GetsuFumaDen : Undying Moon ne raconte pas grand chose, si ce n’est rien. Ce qui est un peu dommage, d’autant plus avec un univers aussi accrocheur, qu’on aurait beaucoup aimé voir développé autour des créatures mythologiques que l’on pourfend.
Dans les faits, le titre est donc un jeu d’action et de plateformes en 2D dénué de scénario et pas vraiment original dans ses mécaniques. On y trouve le classique combo : génération procédurale des environnements et redémarrage à zéro à chaque décès. De quoi nous rappeler chacun des Rogue-Lite auquel on a pu jouer au cours de la décennie passée, évidemment. Ce qui change un brin, cependant, c’est la possibilité de pouvoir conserver certains bonus acquis au cours de notre partie. Il peut s’agir d’armes ou bien de « techniques secrètes », qui s’apparentent notamment à des avantages matériels au début de chaque run.
La lune éternelle
GetsuFumaDen : Undying Moon articule sa boucle de gameplay de la manière la plus prévisible qui soit. On débute notre aventure dans un environnement sûr, le manoir du protagoniste ; où il est par ailleurs possible de dépenser des points acquis au cours des précédentes runs pour acquérir les bonus que nous citions plus haut. Ensuite, on pénètre un monde en proie aux catastrophes, dans lequel différents Yokaï malfaisants sont bien décidés à nous faire la peau. Le titre délimite par ailleurs chaque niveau comme l’aurait fait un jeu d’action à l’ancienne : un boss vous attend à la fin. Et on ne va pas se mentir, ce petit retour à une recette old school a quelque chose de plaisant.
Même si la difficulté est de mise, comme chez tout Rogue-Lite qui se respecte, et que cela peut se révéler très frustrant de venir à bout d’un niveau à force de patiente et d’acharnement, avant de se faire réduire à néant par une créature bien plus forte que la moyenne. Notez que titre de Konami bénéficie d’une idée qui le différencie pas mal de ses pairs : un mode facile. Un moyen, pas très inventif il est vrai, de permettre à tout le monde de s’amuser sans trop se poser de question. Dans ce mode, venir à bout des niveaux est un jeu d’enfant, mais les boss ne sont pas gagnés pour autant !
Enfin ce que l’on retient le plus de ces quelques heures passées en compagnie de GetsuFumaDen, c’est indéniablement ses combats. Pas qu’ils soient foncièrement originaux, pourtant, mais le feeling procuré par les affrontements est plutôt grisant. La comparaison avec Dead Cells fait beaucoup de sens, d’ailleurs, puisque les deux jeux partagent cette qualité. Et on n’a pas fini de prendre notre pied à exploser des créatures ignobles, puisque le titre embarque un paquet d’armes et leurs attaques spéciales dédiées, permettant par ailleurs des améliorations au cours de l’aventure.
Ce qui ne signifie pas que la lassitude ne pointera jamais le bout de son nez crochu. On peut même dire qu’elle arrive assez vite, nous ayant atteint en à peine cinq heures de jeu. Ce qui, au cas où vous vous poseriez la question, demeure très court, même pour un Rogue-Lite destiné à nous faire recommencer de zéro son aventure encore et encore. Et ce n’est pas le prix modéré du titre, soit environ 25 euros dans cette version Switch, qui va excuser cela. Quant au fait de savoir si le contenu est suffisant pour faire tenir les joueurs sur la durée, nous aurions tendance à penser que non…
Cet article peut contenir des liens affiliés