Les Ghosts sont de nouveau déployés sur le terrain, seulement deux ans après l’épisode Ghost Recon : Widlands. Bien loin de la Bolivie, cette fois-ci nos soldats se retrouvent derrière les lignes ennemies dans le rôle de proie, plutôt que celui de chasseur. Une situation bien rare pour l’une des unités les plus prestigieuses du catalogue Tom Clancy’s.
C’est une nouvelle fois au cœur d’un open-world, comme nous a maintenant habitué Ubisoft sur la plupart de ses productions, que les joueurs vont devoir tenter de survivre et trouver un moyen de mettre fin aux agissements d’une corporation maléfique adepte de nouvelles technologies.
Cette entité sera maniée d’une main de fer par un ancien Ghost n’ayant que pour seul objectif, la vengeance. Cette tâche est donc confiée à l’excellent acteur Jon Bernthal, qui n’aura cesse de venir vous mettre des bâtons dans les roues tout au long de votre aventure. Véritable évolution ou trajectoire mal maîtrisée ?
Conditions de test : Nous avons testé le titre entièrement sur PlayStation 4 pro. Durant plus d’une trentaine d’heures à partager entre le mode campagne et la partie PvP.
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ToggleAttention, terrain glissant !
La licence n’a plus le temps de respirer, c’est ce qui arrive quand un épisode réussit son lancement. Après un excellent Widlands, la série semblait sur de bons rails et il était donc logique d’offrir rapidement une suite aux joueurs, s’inspirant grandement de la nouvelle formule apportée par l’épisode situé en Bolivie. Malheureusement, le studio de développement basé à Montreuil tente d’apporter une toute nouvelle vision à la saga, et tout est loin de faire mouche.
Reprenons depuis le début, nous incarnons toujours Nomad qui reste personnalisable et qui a pour mission d’aller enquêter sur de récents événements plutôt inquiétants survenus sur l’île d’Auroa, Fief de Skell Technologies, entreprise de nouvelles technologies militaires promettant à ses habitants une vie idyllique sur ses terres. Seulement, la réalité sera finalement toute autre et se révélera être un véritable traquenard pour nos Ghosts.
Les sentinelles sont venues prêter main-forte avec ceux que l’on appelle les Wolves. À leur tête, on y retrouve donc Jon Bernthal. L’homme a particulièrement une dent contre ses anciens frères d’armes comme le savent déjà les joueurs ayant pu jouer au DLC présent sur l’opus précédent. Et c’est là que prend fin le règne du monde 2.0 sur cette île paradisiaque.
Le directeur de la CIA donne l’ordre d’envoyer une trentaine de Ghosts sur l’île d’Auroa, dans le but d’enquêter sur un cargo échoué au large des côtes. Seulement dès notre arrivée, les hélicoptères sont abattus par des essaims de drones et les survivants se font rares. Vous vous retrouvez donc livré à vous-même sur des terres infestées d’ennemis à la recherche du moindre survivant.
Ghost Recon Breakpoint renverse la situation en mettant les joueurs dans une position délicate en tant que proie et non chasseur comme c’est souvent le cas dans cette licence. Cette nouvelle aventure va donc introduire une façon de jouer différente, celle de devoir survivre plutôt que de traquer. Pour accentuer ce ressentiment, cela passe par le gameplay avec de nouvelles mécaniques de jeu. Tout est fait pour vous donner l’impression d’être impuissant ou limité, sans pour autant devenir une véritable simulation.
Lorsque vous allez subir des blessures bénignes, il faudra placer quelques bandages avant de pouvoir vous réinjecter de la santé. Certains objets de votre équipement demanderont de récolter des plantes et autres matériaux disponibles dans la nature. L’idée est là sans pour autant aller au bout des choses, sûrement dans le but de ne pas trop gêner le joueur en recherche d’un simple TPS action.
5 km à pied, ça use… Et ça soûle
Alors l’immersion reste présente, on ressent le sentiment d’être traqué grâce notamment à l’importante présence des ennemis disséminés partout sur l’île. À cela, on rajoute les drones qui rôdent et vous obligent parfois à vous cacher. La meilleure des façons pour passer inaperçu, restera de s’allonger et se recouvrir de boue. Dans cette position, il est impossible d’être repéré à moins que l’un d’eux vous marche complètement dessus.
On ne peut pas reprocher à Ghost Recon Breakpoint d’innover et d’améliorer la formule sur certains points. Malheureusement, le titre souffre de quelques défauts déjà présents sur son prédécesseur et en rajoute même une couche par-dessus. La narration notamment, qui une fois de plus n’est pas des plus passionnantes. On comptait sur la présence de Jon Bernthal pour glorifier une trame scénaristique de haut rang, mais c’est bien tout le contraire. Sa présence reste timide, et les cinématiques font clairement pâle figure. Il est donc bien difficile de se sentir concerné dans toute cette histoire.
L’acteur fait de son mieux, mais les animations commencent à dater et les dialogues n’ont aucune profondeur. On se retrouve finalement à enchaîner les quêtes aux objectifs tous aussi soporifiques les uns que les autres. D’ailleurs pour rejoindre les différents points d’intérêts, c’est un véritable calvaire. Le level-design n’a jamais aussi mal desservi le gameplay. Il faudra parfois plus de dix minutes pour faire quelques kilomètres, tant les obstacles sont nombreux.
Le terrain de jeu est tellement accidenté, qu’il en devient impossible d’utiliser un véhicule terrestre. C’est simple, soit vous prenez les routes et vous êtes repérés par toute l’île, soit vous n’allez pas faire 20 mètres en forêt ou en montagne à bord de votre jeep. Cela en devient frustrant, au point de vouloir rapidement trouver les différents bivouacs (point de téléportation), ou d’utiliser uniquement un hélicoptère.
C’est vraiment dommage, car quand on prend le temps d’admirer l’environnement imaginé de toutes pièces par le studio de développement, on se rend rapidement compte que les équipes ont fait du bon boulot. Les panoramas livrés par cette île fictive sont somptueux.
Les développeurs ont tenté d’offrir tous les paysages possibles aux joueurs avec la présence de plages paradisiaques, de forêts luxuriantes et de montagnes enneigées. Le tout sublimé par une météo dynamique impressionnante qui plonge les joueurs aussi bien en plein cœur d’une tempête enragée, que sous un soleil couchant.
Alors malgré ça, le jeu offre un mode exploration vraiment bien ficelé. À tout moment, il vous sera possible de passer d’un mode à l’autre. Le mode guidé sera une utilisation classique de votre interface avec un marqueur vous indiquant votre prochain objectif. Tandis que le mode exploration, ne vous indiquera pas précisément l’endroit de votre prochaine quête. Le joueur possédera quelques indices uniquement, vous obligeant à enquêter dans les différentes régions. L’occasion pour vous de profiter de l’île sans être tenu par la main.
The Division, c’est toi ?
Contrairement à ce que nous avait habitué la série jusque-là, elle se tourne désormais vers la formule jeu à loot. Ghost Recon a toujours été une licence coopérative favorisant l’expérience narrative d’un mode campagne ayant pour seul but d’éliminer une menace. Désormais, les joueurs vont avoir d’autres motivations, celles de ramasser le meilleur équipement possible. Les fans de The Division sauront de quoi nous parlons. Ici, chaque pièce d’équipement et chaque arme se verront attribuer une note accompagnée d’une couleur.
Tout au long de votre aventure, vous allez donc ramasser différents équipements de meilleure qualité afin de monter en puissance et ensuite affronter de plus gros ennemis. Et du loot, il y’en aura derrière chaque arbre que cache la forêt. Une quantité incalculable qui finalement ne donne aucune satisfaction, car nous avons des armes jetables qui n’auront servi que quelques minutes. Et concernant sa The-Divisionfication, le titre intègre un hub multijoueur. Une nouveauté cassant complètement le rythme et l’immersion, et qui n’offre aucun avantage.
La personnalisation est une nouvelle fois hyper poussée sur tous les points. Il vous sera possible de modifier votre apparence à l’aide de skins ou équipements ramassés. Vos jouets en métal pourront être modifiés en passant du chargeur à la poignée ou même le viseur. Vous l’aurez compris, les possibilités sont nombreuses concernant votre équipement. Et ce n’est pas tout, car Breakpoint introduit un système de classes au nombre de quatre (Médecin, Assaut, Panthère, Sniper).
Chacune offre des gadgets bien spécifiques, ainsi que des compétences propres à leur classe. Vous pourrez à tout moment changer de façon de jouer en modifiant votre sélection via l’arbre des compétences. Celui-ci offre aussi une multitude de choix entre les atouts à équiper dans votre inventaire, ou les bonus passifs se compilant tout au long de votre progression.
Qui dit loot, dit en général end-game avec l’apparition de raid. Ces nouvelles fonctionnalités changent complètement l’approche que l’on a envers la série, pour le meilleur et pour le pire. Ubisoft brouille la maigre frontière entre ses différentes productions et risque de bientôt proposer des jeux disposant du même squelette.
Le titre reste toutefois tactique car peu importe la puissance de votre arme, une seule balle dans la tête suffira pour mettre à terre le plus puissant des soldats. Seulement, la voie empruntée avec cet épisode ne semble clairement pas celle à suivre pour la suite de la saga.
La guerre fantôme
Ce n’est pas une nouveauté cette année, mais Ghost Recon Breakpoint signe de nouveau le retour du mode PvP, que l’on nomme Ghost War. Désormais, le niveau de progression de votre personnage sera le même que le mode campagne. Vous utiliserez donc le même équipement et gagnerez des récompenses utilisables sur tous les modes.
La partie compétitive du titre reste simple et efficace, mais pas pour autant indispensable. Le mode Ghost War est un mix de différents modes comme « Élimination » où il suffira d’abattre l’équipe adverse, ou même « Sabotage » proposant à une équipe de poser une bombe sur l’un des deux objectifs, tandis que l’autre l’empêchera.
Classique sur le papier, c’est pourtant une approche bien spécifique que nous offre la série dans ses modes multijoueurs. En effet, vous allez pouvoir user de vos équipements tels que les drones pour dénicher l’équipe ennemie. Autant vous dire, que le mieux sera de jouer tactique si vous ne voulez pas rapidement être punis.
Contrairement au mode campagne où l’IA est bien souvent à l’ouest, les joueurs adverses ne vous feront pas de cadeau. Malheureusement, il est difficile de prendre du plaisir avec des joueurs dont la communication reste compliquée. Comme pour l’ensemble de l’oeuvre, Ghost Recon Breakpoint se savoure en coopération avec vos proches.
Il y a bien une autre règle à laquelle la licence semble vouloir franchir dangereusement la limite, celle des micro-transactions. Elles sont omniprésentes et disposent d’une boutique bien trop généreuse en matière d’objets. En effet, là où Widlands se contentait de vendre des objets cosmétiques, Ubisoft décide cette fois-ci de pousser un peu les barrières morales.
Désormais, il vous sera possible d’acheter des armes, des équipements et des matériaux de fabrications directement avec le pouvoir de la carte bancaire. Pas de problème pour le mode solo, cependant pour rappel l’équipement reste le même entre le mode PvP et PvE. Ce détail pourrait bien faire grincer des dents de nombreux joueurs ne voulant pas débourser un centime de plus.
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