Nous en parlions lors de notre preview quelques semaines plus tôt, Ghost Trick : Phantom Detective fait son retour sur le devant de la scène, plus de 10 ans après sa sortie sur Nintendo DS et iPhone. Edité par Capcom, le titre mené par Shu Takumi, monsieur derrière la licence Ace Attorney, avait su faire sensation lors de sa parution à l’époque. Pour cette nouvelle licence nous avons droit à un jeu d’enquête reprenant les codes du point’n click, dans lequel il faut résoudre diverses énigmes sous forme de puzzles environnementaux. Le tout porté par un concept accrocheur : nous incarnons Sissel, un fantôme enquêtant sur sa propre mort.
Condition de test : Nous avons joué sur PS4 et terminé l’aventure en une dizaine d’heures. Sachez que ce test ne pourra pas mentionner d’éléments situés au-delà du chapitre 6, sur les 18 qui composent l’aventure.
Sommaire
ToggleQui veut la peau de Sissel ?
Ghost Trick : Phantom Detective est un jeu d’enquête dans lequel on incarne Sissel, le fantôme de son propre cadavre assassiné dès les premiers instants de jeu et qui va devoir mettre la lumière sur le pourquoi du comment de son assassinat. Comme expliqué dans la preview, il va s’agir d’utiliser les pouvoirs de Sissel, appelés « ghost trick », afin de prendre possession d’objets et de progresser dans le jeu.
Les interactions effectuées avec Sissel vont se dérouler dans le monde des morts où le temps est stoppé. Il faudra naviguer d’un objet à l’autre et enclencher des actions qui se déploieront dans le monde réel, quand le temps défile normalement. Ainsi, il faudra systématiquement sauver des victimes de leur mort en changeant leur destin. Cela se fait grâce à l’une des capacités de Sissel.
Ce dernier peut en effet remonter dans le temps, quatre minutes avant le décès de la victime, mais aussi interagir avec le fantôme du défunt. Des situations qui vont servir de fil conducteur à l’enquête que nous menons. Les enjeux sont clairement définis et les réponses à certaines interrogations affluent autant que les nouvelles questions qui s’y greffent.
Se déroulant sur une seule journée, l’intrigue de Ghost Trick : Phantom Detective offre un cadre narratif pertinent et capable de renforcer l’implication des joueurs et des joueuses. Que ce soit pour chaque séquence de jeu ou l’intrigue, le temps est un élément important de l’aventure, sans pour autant imposer une pression déstabilisante. L’urgence est là, mais ne pousse pas à la panique.
Le Crime de la décharge
Bien que nous n’ayons pas le droit de divulguer trop d’informations, le scénario et ses rebondissements étant importants pour l’appréciation globale de l’expérience, nous avons un rythme bien construit qui ne laisse pas le temps de s’ennuyer. Les révélations s’enchaînent au fil de l’enquête et le récit arrive à tenir en haleine du début à la fin.
Dès le début de l’aventure on est pris dans l’histoire, et le fameux chapitre 6 offrira un premier tournant majeur. De surcroît, la bande-son, qui pourra rappeler ce qui se fait dans Ace Attorney, nous immerge un peu plus dans l’univers loufoque de Ghost Trick. Des sonorités variés qui parviennent à retranscrire du mystère, de la tension. Et c’est sans compter les personnages atypiques et parodiques croisés.
C’est un défilé des plus absurdes que nous offre le jeu de Capcom avec ces intervenants aussi intriguant qu’extraverti. Cela les rend aussi uniques que marquants, chacun ayant sa démarche et/ou ses tics de comportements et langages spécifiques. Tout ce beau monde ajoute du charisme à l’univers dépeint par Shu Takumi, dont la patte transparaît clairement.
Le titre est une réussite certaine sur ces points, mariant habilement mystère et humour. De plus, la direction artistique colorée et les situations rocambolesques qui surviennent complètent à merveille cette folie ambiante, en plus de donner le ton. Mais cela ne fonctionnerait pas aussi bien si les développeurs n’avaient pas la maîtrise totale de leur sujet.
L’Heure zéro
Tout en se passant de doublage, Ghost Trick reprend une des forces de la licence Ace Attorney, les feedbacks sonores. Outre le fait que les personnages principaux comme secondaires sont exagérément expressifs d’un point de vue visuel, le sound-design vient soutenir le tout pour faire passer d’importantes informations cognitives.
Qui plus est, cela insuffle de la vie au jeu, ce que ne parvenait pas à faire le pourtant sympathique To Hell With The Ugly, Visual Novel aux bonnes idées mais n’ayant pas ce souci du détail, ni la même expertise que les équipes de Capcom sur le genre. Et que dire de la mise en scène où un réel soin est apporté. Les cadrages sont réfléchis, accentuant la finalité des scènes et situations.
En usant de ces outils et techniques, Shu Takumi et ses équipes réussissent à transcender l’expérience. A s’émanciper des limitations diverses et variées avec lesquelles ils ont du faire face en réalisant Ghost Trick pour la Nintendo DS et l’iPhone. Ce qui découle logiquement des compétences acquises sur les opus mettant en scène Phoenix Wright qui devaient, à l’origine, réussir à exister sur GBA.
En réalité il y aurait pas mal de choses à dire sur le travail effectué pour rendre l’expérience aussi finement menée. Le gameplay n’est pas en reste avec sa facilité d’accès et sa prise en main instinctive. Ce point’n click a ceci de particulier qu’on navigue dans une zone en traversant les objets et se créant un chemin, quand on n’est pas en pleine mission chronométré où il faut sauver un mort.
Le Grand Alibi
Chaque situation est un puzzle environnemental à résoudre en usant des pouvoirs de Sissel, le tout dans un temps imparti qui défile seulement dans le monde réel. Malgré un gameplay qui semble limité dans sa proposition, le renouvellement est peu présent sur ces 6 premiers chapitres, les séquences de jeu restent agréables et variés. Surtout qu’elles servent systématiquement à faire avancer l’histoire.
Ghost Trick n’hésite pas non plus à montrer sa générosité en donnant accès à une multitude de niveaux tous aussi diversifiés visuellement que dans la complétion des puzzles. En effet, Sissel peut voyager d’une zone à une autre en empruntant des lignes téléphoniques. Une justification scénaristique fonctionnelle et qui fait sens avec l’enquête se déroulant sur plusieurs heures. En plus d’éviter de casser totalement l’immersion.
Le gameplay n’est pourtant pas exempt de défauts. Le manque de renouvellement significatif, nous le disions, bien que le jeu parvient à ne pas nous endormir ou se montrer trop pesant. Cependant, la résolution des puzzles est parfois troublantes. Si les situations peuvent, plus ou moins, se complexifier et vous faire mariner un petit peu, on regrette que, souvent, la solution se trouve en tâtonnant.
La logique peut nous débloquer si l’on sèche, c’est vrai. Cependant, c’est parfois, disons, un peu alambiqué et il devient nécessaire de tester des actions pour en voir la conséquence. Ce n’est pas au point d’être contre productif, mais nous ne sommes pas toujours pleinement raccord avec la logique présentée. Ceci étant dit, cela n’enlève pas le côté ludique de la chose.
Le Miroir se brisa
Ghost Trick demande également un minimum de timing sur plusieurs actions. Nous obligeant à switcher au bon moment entre les deux mondes, le réel et celui des morts, pour tenter de posséder un objet en mouvement. Sachant qu’il y a des échecs qui peuvent condamner l’issus de la séquence, forçant à reprendre au dernier checkpoint.
Dans l’ensemble, la mécanique est bien huilée. Il est plus aisé de parvenir à atteindre la fin de l’aventure, qui devrait vous prendre une bonne dizaine d’heures, sans subir le poids de la répétitivité pourtant bien là. Pour autant, le jeu de Capcom ne vous laisse pas démuni et propose régulièrement des indications et pistes de réflexions pour résoudre les puzzles sous forme de bulles de dialogues.
Avec assez de latitude pour nous laisser réfléchir et ne pas subitement griller la solution du puzzle. Seul le rythme un peu haché de l’aventure, pas d’un point de vue de l’intrigue, mais plutôt à cause du chapitrage et d’une certaine lenteur qui habite le soft, peut dérouter. C’est aussi appréciable que gênant car les supports DS et iPhone, du fait de leur portabilité, semblaient mieux adaptés. Evidemment, un simple remaster n’avait pas prétention à changer cela.
Il n’est question de (re)découverte, avec un lifting plastique et des de goodies sous formes d’illustrations et de musiques, avec l’ensemble de l’OST en version originale et remasterisée, libre à vous de profiter de la version désirée. Il y a également un ensemble d’informations sur les personnages et les lieux croisés ainsi que des petits défis à réaliser pour donner un peu de contenu supplémentaire, bien que cela reste dispensable. Evidemment, les visuels profitent d’une meilleure résolution de quoi gagner en confort de jeu et mieux apprécier les décors.
Cet article peut contenir des liens affiliés