Plus de 3 ans après un premier volet excellent, notre coureur fantôme revient avec Ghostrunner 2. Toujours développé par One More Level Games mais édité cette fois-ci par 505 Games qui a racheté la licence, le titre polonais aura forcément à cœur d’améliorer sa formule à mi-chemin entre parkour et combat. Il n’est souvent pas facile de faire une aussi bonne suite de manière générale et Ghostrunner 2, s’il repose sur des bases très solides, avec quelques nouveautés à souligner, reste imparfait sur certains points. Vous allez comprendre pourquoi dans notre test.
Conditions de test : Nous avons terminé les 18 niveaux de Ghostrunner 2 en 10h de jeu. Le soft n’a pas encore de modes de difficultés, et on espère qu’un patch viendra ajouter cela. Le jeu a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleLa menace Ghostrunner
A notre plus grande surprise, Ghostrunner II se dote d’une trame plus élaborée que son prédécesseur. Cette suite prend place une petite année après les événements du premier jeu, et voit l’intérieur de la tour Dharma se faire attaquer par un mystérieux Ghostrunner nommé Ahriman, accompagné d’autres énigmatiques individus cybernétiques. Vous l’aurez compris, en plus de sauver la tour Dharma de cette sombre menace, notre Ghostrunner Jack, accompagné de ses nouveaux amis, va devoir mettre en lumière l’identité de ces nouveaux ennemis, leurs motivations mais aussi les mettre hors d’état de nuire.
Dans l’absolu, le titre de One More Level Game parvient sans trop de mal à approfondir la narration mais aussi le lore qui étaient bien maigres et prévisibles chez son aîné. Ici, nous en apprenons plus sur l’origine des Ghostrunners, tout en mettant l’accent sur le background des méchants et leurs motivations complexes. Indéniablement, l’histoire proposée est ainsi beaucoup plus détaillée mais compréhensible, tout en se focalisant un peu plus sur le cybervoid, cet environnement virtuel déjà aperçu sur le premier jeu. Si l’on regrette toutefois quelques errements sur certains personnages qui vont rester trop plats et peu développés, le soft nous tient tout le long en haleine.
Effectivement, hormis quelques passages en dent-de-scie qui restent peu intéressants, Ghostrunner 2 sait par la suite taper là où il faut pour nous tenir éveillé. Que ce soit de par sa mise en scène maitrisée, ses quelques combats de boss haletants, ou son intro tout simplement dingue ainsi que sa fin qui se suffit à elle-même, on constate que le studio polonais s’est grandement amélioré sur cet aspect. On ne sait pas de quoi sera fait l’avenir de Ghostrunner mais si la licence devait s’arrêter là – ce dont on doute fortement vu qu’il y aura de potentiels DLC -, on est preneur.
Sur la direction artistique à présent, la production de One More Level Games fait toujours le boulot, avec des nuances. Si cette esthétique cyberpunk de toute beauté nous émerveille toujours, on restera sur notre faim quand il s’agit de niveaux en extérieur. Ceux-ci, relativement génériques, ne nous ont pas réellement emballé de par la pâleur de l’esthétique, même si la diversité de cette suite est plaisante. C’est la seule chose que l’on peut vraiment lui reprocher, tant le reste des environnements est irréprochable. Il n’y a pas à dire, le studio maitrise son sujet certes, mais s’est quelque peu égaré sur des panoramas semi-ouverts qu’il n’a pas encore tout à fait en main.
Way of the Ghostrunner
Pour ceux qui n’ont pas fait le premier Ghostrunner, il est utile d’effectuer une petite piqure de rappel sur son gameplay. Il s’agit d’un FPS qui mélange de la plateforme façon parkour, mais aussi des combats très engageants où vous mourrez si vous vous faites toucher une seule fois. En somme, le titre peut-être comparé logiquement à un Mirror’s Edge qui rencontrerait Hotline Miami. Ainsi, vous retrouverez les mouvements de base de notre héros avec le Dash pour esquiver les coups, mais aussi la mécanique de ralenti.
Mais du coup, Ghostrunner 2 a-t-il soigné et approfondi son aspect plateformes ? Sachez que la réponse est oui. En reprenant les solides bases du premier volet, il faut savoir que le côté parkour a été beaucoup plus travaillé. Mieux, de nouvelles mécaniques de gameplay et de pièges à éviter viennent progressivement s’implanter au fil de notre progression. En clair, Ghostrunner 2 est encore plus généreux que le premier opus et propose un renouvellement constant dans les séquences de plateformes. Il faudra par exemple utiliser votre lasso pour vous balancer, courir de mur en mur voire en même temps activer des mécanismes pour traverser certaines barrières électriques. Autant dire que le rythme de Ghostrunner 2 est soutenu, avec des checkpoints mieux placés que le premier volet, ce qui adouci un peu la difficulté.
Le Cybervoid est une des séquences de jeu qui réussit tout ce qu’elle entreprend avec brio. Effectivement, il n’est pas rare de devoir y faire majoritairement de la plateforme, mais aussi d’y affronter divers boss et autres créatures virtuelles. Ces phases-là sont d’ailleurs encore mieux fignolées, et demandent une extrême rigueur ainsi que de la précision. Il faut être rapide et pointu, au risque de tomber dans le vide et recommencer inlassablement. Il existe aussi une mécanique de piratage, vous permettant maintenant de faire apparaitre ou disparaitre une plateforme pour continuer votre chemin façon parkour en pressant une touche.
Cela rajoute un peu de piment et de variété, pour un résultat réellement grisant, où vous devrez accomplir plusieurs actions en même temps, et sans vous rater. Tout est pratiquement positif en somme, sauf le traitement de certaines mécaniques de gameplay qui ne sont pratiquement plus utilisées plus loin dans le jeu. Chose qui est regrettable, au même titre que les mini-puzzles, qui sont trop peu nombreux même si cela contribue à un certain équilibre.
Justement, la difficulté exacerbée du soft est de retour, et elle reste quelquefois frustrante. D’une part parce que la hitbox est parfois injuste, et d’autre part car de petites imprécisions de gameplay viennent se glisser sur le tableau, à cause de bugs de collisions avec le décor qui vous empêchent parfois d’attraper correctement une plateforme pour continuer à progresser. Ce détail était déjà présent sur le premier volet, et il semblerait que les développeurs ne l’aient pas totalement corrigé sur cette suite, ce qui peut devenir agaçant.
Quant à la confection du level design, il force encore le respect. Les niveaux à parcourir disposent d’un bon équilibre entre plateformes, mini-puzzles et combats, en plus d’une verticalité bien dosée. Il n’y a pas réellement un niveau en dessous de l’autre, et les nouveautés de Ghostrunner 2 apportent à chaque fois un plus non négligeable, tout en annihilant l’aspect répétitif qui est souvent présent dans ce type de jeu. Il faut bien admettre que le level-design du soft est un régal à tous les étages, avec l’utilisation de certaines compétences qui servent à la plateforme.
Combat et moto, duo presque gagnant
La partie combat est aussi jubilatoire que le premier opus. Chaque arène dispose d’une construction pointue et le joueur dispose d’une certaine liberté sur les cibles à attaquer, histoire de se faciliter la tâche et ne pas mourir. Car si cela arrive, cela signifie que vous devrez recommencer l’arène de zéro. Asséner des coups de Katana ou de shuriken à nos adversaires est grisant, et les nouvelles compétences du soft permettent aux joueurs d’adopter l’approche qu’ils veulent dans l’élimination avec style des ennemis cybernétiques.
D’ailleurs, sachez que les compétences ont été largement revues en matière d’interface, plus concise. Oubliez les power up du premier volet que l’on pouvait ramasser pour nous donner des shurikens ou ralentis car désormais, vous aurez des compétences basiques comme le premier volet, mais aussi une capacité ultime. En zigouillant des ennemis vous remplissez la jauge de cette capacité ultime. Entre le ralenti, un rayon laser découpant vos victimes en passant par la possibilité de manipuler vos cibles, ces capacités ultimes sont clairement des outils non négligeables dans l’élimination de nos adversaires.
Certes, vous allez retrouver certaines capacités ultimes qui étaient déjà dans le premier volet en guise de compétences basiques, mais nous oublierons vite ce détail tant cette réorganisation est bien ficelée. Vous pouvez vous la jouer ninja avec la compétence ombre vous rendant invisible et générant un leurre, voire lancer des shurikens ou utiliser tempête, une compétence déjà aperçue dans le premier Ghostrunner. Qu’on soit clair et concis, cette suppression des power ups au profit des compétences et capacités ultimes est une très bonne idée, puisqu’elle permet de varier les plaisirs au niveau de la jouabilité, d’autant qu’elles apportent une complémentarité non négligeable à votre skill et à vos possibilités de gameplay.
Bien entendu, l’une des grosses nouveautés du jeu c’est la moto. Si la démo nous laissait entrevoir des moments ponctuels à deux roues, sachez que cela s’étoffe finalement au fil de l’aventure. Des niveaux entiers vous donnent la possibilité de vous en servir, et l’utilisation de la moto sera en parfaite osmose avec le level-design, qui nous a beaucoup plu. Vous userez de votre véhicule tantôt pour visiter les environs, tantôt pour échapper à de vraies menaces ou éviter divers pièges en vous éjectant pour ensuite rattraper votre bolide avec votre lasso. Indéniablement, et même si la précision et les collisions avec le décor sont discutables, il faut dire que l’ajout de cette bécane casse la routine de Ghostrunner 2, qui est de base déjà bien fournie.
Enfin, au niveau des combats, force est de constater que s’ils sont frénétiques et complexes, ils n’en restent pas moins un chouïa brouillons. En allant un peu trop vite, il n’est pas rare de parfois s’emmêler les pinceaux avec la lisibilité de l’action, qui peut être confuse lors de certains passages. Rien de très grave cependant, d’autant qu’il y a quelques indicateurs et la mini map, censée vous montrer l’emplacement de vos adversaires. Qui plus est, on pardonnera ce défaut grâce au nouveau système de parade. Désormais, il vous sera possible de parader au bon moment pour renvoyer certains projectiles ennemis, mais aussi effectuer des exécutions stylées.
Si vous en doutiez encore, Ghostrunner 2 vous demandera d’affronter des boss. Dans l’absolu, si certains font office de remplissage, les autres sont de qualité, proposent une vraie confrontation nerveuse, et disposent de patterns et d’une mise en scène plutôt sympathiques. Il faudra une fois de plus redoubler d’ingéniosité et de stratégie pour les mettre totalement hors circuit.
Dharma Tower forever
L’autre nouveauté de Ghostrunner 2, est l’apparition d’un QG dans la Tour Dharma. Une fois les niveaux terminés et en fonction de l’arc narratif, vous serez amené à revenir dans votre nid douillet. Ici, vous pourrez parler dans un premier temps aux divers protagonistes du soft. Malheureusement, les dialogues ne permettent que d’en apprendre un peu plus sur le lore, ce qui ne changera rien à la fin quoiqu’il arrive. Ceci dit, il est intéressant d’agrandir le lore de Ghostrunner 2, histoire d’y détailler significativement tout son potentiel cyberpunk complètement dingue.
Dans un second temps, le QG de la tour Dharma permet aussi d’acquérir des habiletés. Moyennant des points que vous glanez dans chaque niveau, vous avez ensuite la possibilité d’acheter différentes habiletés passives dans divers domaines. Que ce soit pour améliorer votre endurance ou encore le nombre de shurikens à lancer, voire leurs précision, il y aura de quoi faire pour construire votre personnage en fonction de vos besoins et votre style de jeu à l’instant t.
Ces habiletés sont ensuite à incorporer dans votre carte mère, à l’interface totalement différente du premier volet. Il faudra dans chaque niveau trouver des éclats de mémoire. Une fois un certain nombre récolté cela améliorera votre carte mère, vous conférant des emplacements supplémentaires afin d’y implanter vos habiletés. Chose intéressante qui plus est, vous serez dans l’obligation de placer les habiletés d’un même domaine par colonne, ce qui vous forcera à faire des choix sur quoi utiliser. Cette feature est finalement bien plus claire et moins prise de tête que le système à la Tetris du premier volet.
Le QG vous permettra d’accéder à un petit mode de jeu nommé RogueRunner. Celui-ci se la joue rogue-like, et vous autorise à accéder à de courts niveaux aléatoires dans le cybervoid. A chaque fin de niveau vous gagnez quelques bonus, et votre but est d’atteindre le dernier nœud de ce mode, pour ainsi glaner des récompenses comme de nouvelles couleurs pour votre gant ou sabre. Ce petit mode de jeu est bienvenu, se joue sur quatre niveaux de noeuds, et permet de varier un peu les plaisirs tout en attirant les mordus de rogue-like.
Concernant enfin sa durée de vie, Ghostrunner 2 est plus long que son aîné. Comptez une dizaine d’heures pour voir le bout des 18 niveaux du jeu, en sachant que vous pouvez ajouter à cela des heures supplémentaires pour accomplir des défis de niveaux donnant des récompenses comme de la monnaie ou des éclats de mémoires, ainsi que les collectibles. La durée de vie est donc généreuse, même si nous regrettons l’absence de modes de difficulté pour les novices.
La synthwave, y’a que ça de vrai
Avant d’aborder la majestueuse bande-son de cette suite, Ghostrunner 2 arrive encore à mettre sa petite claque graphiquement, avec cependant des coquilles. Le côté néon et cyberpunk est toujours aussi fantastique techniquement parlant, avec un soin particulier apporté aux textures. La modélisation des personnages est elle aussi jolie, sans non plus impressionner. Néanmoins, la patte graphique est encore sensationnelle avec des effets graphiques qui en mettent plein la vue.
Là où le titre va pêcher, ce sera les niveaux en extérieur. Avec des soucis de clipping et de saccades. Par ailleurs, sachez que l’optimisation du jeu est bonne dans l’ensemble avec le DLSS activé en mode performance, même si quelques saccades viennent parfois jouer les troubles fêtes sur certains passages en particulier. Notez que nous n’avons pas encore pu accéder aux paramètres graphiques comme le ray-tracing, qui sera disponible au lancement du jeu. Quoiqu’il advienne, nous attendrons un patch day one afin de voir si ces problèmes subsistent.
On termine en apothéose avec sa musique signée, une nouvelle fois, Daniel Deluxe. De son vrai nom Daniel Alexandrovich, ce compositeur russe est de retour après nous avoir concocté une superbe bande-son sur le premier volet. Ici, son travail est une fois de plus à saluer avec des morceaux pour le moins énervés, mémorables et surtout de qualité à chaque niveau. Il est à noter que d’autres artistes se greffent à cette suite avec du Dan Terminus, Gost, We are Magonia et Arkadiusz Rejkowski. Avec cette armée d’artistes, on retrouve ce côté électro et synthwave qui faisait tout le sel du premier volet, pour un résultat qui dépote. Tout se marie bien, chaque boss a son propre thème qui marque les esprits, et il y a fort à parier que cette soundtrack finira dans votre playlist sur Spotify.
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