Si je vous dis « licence phare de chez Capcom », vous me répondrez probablement Devil May Cry, Resident Evil, ou encore Monster Hunter, voire Okami. Ce serait pourtant omettre l’une des plus vieilles et récurrentes licences de l’entreprise nippone : Ghosts’n Goblins ! Mais si l’on a une fâcheuse tendance à oublier cette dernière, ce n’est pas pour rien : elle a tout simplement disparu des radars depuis un sacré moment. Plus précisément depuis 2006, année de parution de Ultimate Ghosts’n Goblins sur PlayStation Portable.
On aurait pourtant pu croire que la licence allait bon train au début des années 2000, avec la sortie de Maximo et sa suite sur PlayStation 2. Deux véritables reboots en 3D, très orientés plateforme, mais surtout toujours aussi qualitatifs et exigeants. Car au-delà de son aspect graphique reconnaissable entre mille, c’est surtout son challenge effroyable qui a fait rentrer GnG dans les annales. C’est peut-être la raison pour laquelle Capcom a préféré l’éclipser quelques années du paysage vidéoludique : à l’époque la difficulté n’aidait pas à vendre.
Quinze ans plus tard, Dark Souls et toute la clique de Souls-like sont passés par là, faisant renaître le goût de la difficulté chez de nombreux joueurs. Rien d’étonnant, donc, à ce que Capcom retente sa chance avec un nouveau reboot de sa série, cette fois-ci en 2D. C’est ainsi que l’on accueille cette semaine un certain Ghosts’n Goblins Resurrection, exclusif à la Nintendo Switch. Alors, peut-on vraiment trouver du plaisir à se faire laminer par un jeu vidéo ?
Conditions du test : Nous avons joué une petite douzaine d’heures au titre sur une Nintendo Switch classique, principalement en mode portable. Sur ce temps, nous avons pu essayer tous les modes de difficulté, aller jusqu’au bout de l’aventure, mais aussi débloquer une bonne partie de l’arbre de compétences.
Comment ne pas dénaturer la licence ?
C’est peut-être bien la première question que tout fan de la série s’est posée en apprenant qu’un reboot allait débarquer : comment Capcom comptait faire pour que ce nouvel opus ne dénature pas la recette initiale ? Et la réponse est finalement assez peu surprenante : en ne changeant rien, ou presque. Vous l’aurez probablement déjà remarqué, la direction artistique de ce Ghosts’n Goblins Resurrection est très proche de celle des épisodes précédents, pour ne pas dire identique. Notez d’ailleurs que le jeu est sublime, et ne commet aucune fausse note technique. Idem du coté de sa bande son d’ailleurs : du très bon, de la première cuillère à la dernière goutte.
Quant au reste, on retrouve globalement la recette d’un GnG à l’ancienne très proche de Super Ghouls’n Ghosts pour ne citer que lui. Ce que les néophytes prendront probablement pour un défaut d’ailleurs, puisque ce reboot est en tout point aussi exigeant et injuste que les opus parus sur Nes et Super Nintendo. Deux coups seront suffisants pour briser votre armure et vous renvoyer au précédent point de passage. Enfin ça, c’est pour le mode de difficulté le plus élevé, nommé Paladin. Celui-ci correspond, d’une certaine façon, au challenge d’époque. L’une des particularités de cet opus c’est en effet qu’il intègre plusieurs modes de difficulté. Mais que les puristes ne hurlent pas à la mort pour autant !
En effet, chaque mode de difficulté ne change finalement que la quantité d’ennemis à l’écran, mais aussi le nombre de coups nécessaires à nous faire recommencer au dernier checkpoint. En Paladin, nous vous le disions plus haut, il ne faudra que deux attaques ennemies, ou pièges. En Chevalier, ce sera trois. Quant au mode Écuyer, vous l’aurez probablement deviné, il demandera quatre coups ou pièges pour nous mettre au tapis. Reste un tout dernier, que l’on pourrait qualifier de facile, nommé Laquais. Dans celui-ci, quatre coups suffiront là encore à nous terrasser. Mais la grosse nouveauté, c’est que l’on peut ressusciter non loin de notre cadavre. Et ce autant de fois que souhaité.
Alors évidemment, les amoureux de la série, ceux qui auront poncé les précédents opus au risque de faire exploser leurs nerfs, verront peut-être d’un mauvais œil l’ajout de ce dernier mode de difficulté. Mais les néophytes y trouveront, quant à eux, un moyen peu ou pas frustrant de parcourir l’aventure. C’est aussi une façon idéale d’apprendre les niveaux avant de se lancer dans des difficultés plus élevées. Et puis, entendons nous bien, le challenge reste corsé malgré tout. Même en mode Laquais, il n’est pas impossible que certains ne parviennent pas à finir le jeu. Les phases de plateforme se révélant atrocement difficiles et nous contraignant à recommencer de zéro à chaque chute. Enfin, dans ce mode, la plupart des objets bonus disparaissent.
Un modèle de l’action plateforme
On pourra dire ce que l’on veut, les premiers épisodes de la licence étaient d’excellents représentants du genre plateforme / action. Tout était calibré, de la vitesse de déplacement du personnage aux sauts, en passant par les différents items à récupérer. Les jeux précédents étaient intransigeants, c’est un fait indéniable, et souvent même inutilement violents envers le joueur. Mais force est de constater qu’il n’y a rien à redire du coté de leur gameplay, du level design, ou bien des mécaniques. Ghosts’n Goblins Resurrection est fait de la même étoffe que ses congénères.
Ainsi, attendez vous à pleurer des larmes de sang devant des niveaux au level design exceptionnel, mais malgré tout tellement millimétré que chaque saut peut vous coûter la vie. À ceci s’ajoute une nouvelle fois la relative lenteur du héros, qui touche aussi bien ses déplacements que ses sauts. Mais aussi ses tirs, assez fins, qu’il faudra calculer pour être certain qu’ils touchent leur cible. Vous obtenez donc une recette identique à celle de l’époque 8 ou 16 Bits, qui pourrait là encore faire figure de modèle dans le genre plateforme 2D. Mais aussi Die and Retry, dans une autre mesure.
On notera que le sentiment de progression est particulièrement bien dosé. Autant parce que l’on prend plaisir à apprendre les niveaux, et donc à se sentir progresser dans la compréhension du jeu, que grâce à un arbre de compétences (nommé Arbre de Brocéliande). Ce dernier est loin de nous permettre de casser le jeu en quelques heures. Il nous faut collecter des fées dans les niveaux afin d’acheter des attaques magiques et des aptitudes bien pratiques. Ce qui ne sera pas chose aisée, vous vous en doutez certainement. Parce que ces dernières sont bien cachées, mais aussi parce qu’elles apparaissent souvent en pleine action.
Mais la grosse nouveauté de cet épisode, et l’une de ses plus grandes forces par la même, c’est son mode coopératif à deux joueurs. Une riche idée, que l’on aurait pu trouver dispensable au premier regard. Néanmoins, elle permet finalement de parcourir les niveaux plus aisément, mais aussi de rendre la progression plus amusante. Moins frustrante d’une certaine façon. Ce mode permet au second joueur d’incarner trois personnages dont les armes diffèrent. Par ailleurs, ce même second joueur pourra ressusciter, contrairement au personnage principal (exception faite si vous jouez en difficulté Laquais évidemment).
Reste que le contenu global de ce Ghosts’n Goblins Resurrection semble un brin mince. Certes, le challenge très corsé en fait, d’emblée, un jeu long, puisqu’il va falloir recommencer un certain nombre de fois chaque niveau pour en apprendre les ficelles et parvenir au bout. Néanmoins, dans le cas où vous opteriez pour la difficulté Laquais, il ne vous faudrait pas plus d’une heure pour voir le terme de l’aventure. Idem si vous êtes un grand habitué de la série : vous n’allez pas être surpris par son gameplay et ses environnements retors, et vous risquez de le terminer assez rapidement. Malheureusement, en dehors de son aventure principale, le titre ne propose pas grand-chose.
Il est possible de compléter l’arbre de compétences, ou une liste d’actes de bravoure (qui s’apparentent aux succès / trophées), mais rien de bien captivant là-dedans. Bien entendu, Ghosts’n Goblins Resurrection s’adresse avant tout aux amoureux du scoring, aux perfectionnistes même. Et ceux-ci auront matière à s’amuser dans cette aventure, en cherchant les nombreux secrets dissimulés dans les niveaux, ou en améliorant leurs temps. Les autres auront peut-être plus de mal à trouver leur bonheur une fois arrivés au bout.
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