Ghostwire: Tokyo, le nouveau jeu de Tango Gameworks, se sera vraiment fait désirer jusqu’au bout. En effet, annoncé pour la toute première fois en 2019 par le studio et il fut un temps supervisé par Ikumi Nakamura, la « protégée » de Shinji Mikami – la directrice créative est d’ailleurs partie quelques temps plus tard pour y créer son propre studio -, le titre aura donc mis presque trois ans à voir le jour, soit le 25 mars prochain sur PC et PS5.
Après avoir développé deux premiers jeux avec les excellents The Evil Within 1 & 2, le studio fondé par Shinji Mikami himself repart encore sur une bonne dose de surnaturel, mais avec un côté cette fois-ci un peu plus orienté action et map ouverte sous un léger fond horrifique issu directement du folklore japonais. Dans ce mélange, et après notre avis plutôt positif sur les deux premiers chapitres, Ghostwire : Tokyo propose-t-il finalement une aventure fantasmagorique mémorable ou plutôt frustrante ?
Conditions de test : Nous avons terminé Ghostwire : Tokyo en 9h de jeu en mode normal, et en traînant sur quelques quêtes annexes sur les chapitre 1 et 2. Nous avons ensuite passé quelques heures supplémentaires à faire pas mal de missions annexes, afin de voir si leur teneur était intéressante ou non. Le titre a été testé sur PS5 majoritairement en mode performance.
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ToggleLes yokai aux portes de Tokyo
Dans sa narration, Ghostwire: Tokyo nous emmène dans quelque chose de véritablement surnaturel. Situé dans un Tokyo orné d’un brouillard ayant fait disparaitre toute la population, vous incarnez Akito, un jeune homme ayant été possédé par KK, un mystérieux esprit. Le bougre, en compagnie de son entité, vont devoir arrêter une personne ornant un masque Hannya, et donc responsable de cette immense disparition. Qui plus est, notre héros en sus de sauver l’humanité, devra sauver sa sœur Mari des griffes de cet individu peu recommandable.
Comme nous avons pu l’évoquer dans notre preview, nous avions des réserves sur cette trame scénaristique en ce qui concerne son possible côté décousu. Eh bien, si le titre propose finalement une histoire assez cohérente, le tout est finalement assez haché avec des zones d’ombre dans l’histoire, des personnages secondaires très en retrait, mais aussi une conclusion qui si elle reste pragmatique, nous a frustrés et laissés sur notre faim. Une sorte d’épilogue un peu plus poussé n’aurait clairement pas été du luxe ce coup-ci.
En sus, on notera le personnage assez plat d’Akito, où un KK a en l’occurrence plus de personnalité. Pareil pour le méchant de l’histoire, qui n’est au final que trop sous-exploité, et dont les révélations sur l’identité sur ce dernier ne nous font ni chaud, ni froid. Cependant, dans le naufrage d’une narration assez faible, nous avons au moins apprécié la relation frère/sœur entre Akito et Mari, relativement touchante et bien amenée. Egalement, le thème des yokai et des esprits en quête de deuil pour rejoindre enfin l’au-delà est extrêmement bien ficelé.
Autrement dit, Ghostwire: Tokyo propose finalement une histoire des plus inégales, et qui aurait peut être mérité un meilleur traitement sur pas mal de points. Cela dit, la direction artistique très japonaise et bénéficiant de vrais emplacements de Tokyo est aussi dépaysante que rafraichissante. La mise en scène est d’ailleurs réussie, le design des yokai tout autant, mais on pourrait lui reprocher néanmoins un côté trop The Evil Within.
Alors certes, il s’agit de l’une des productions du studio, mais une inspiration différente aurait quand même été bienvenue à ce niveau là, surtout pour une toute nouvelle licence. En revanche, le folklore japonais proposé dans Ghostwire: Tokyo est terriblement hypnotisant, et reste une belle bouffée d’air frais.
Gameplay totalement frénétique mais trop répétitif
En vue FPS, Ghostwire : Tokyo propose ici un gameplay assez dynamique et nerveux à souhait. Akito possède en guise d’armes des sorts élémentaires avec le feu, le vent et l’eau pour venir à bout des divers yokai. D’ailleurs, pour terrasser ces derniers, Akito doit révéler leur cœur en balançant ces sorts élémentaires sur ces derniers, et ainsi effectuer des finish moves assez stylés mais aussi variés, le bougre pouvant achever ses ennemis lorsqu’ils sont aussi à terre.
Bien entendu, il est aussi tout à fait possible de les tuer simplement mais effectuer ces exécutions restent utile, et permet de recharger vos points de magie sur vos sorts. Qu’on se le dise, les combats de Ghostwire: Tokyo disposent d’un très bon feeling, en sus d’offrir un côté jubilatoire extrêmement sympathique. Sachez également que le blocage est un élément défensif important dans la jouabilité. En effectuant un blocage parfait, vous ne prendrez aucun dégât des yokai mais à contrario, si le timing est mauvais vous prendrez un peu de dégât, mais bien moindre que si vous ne paradez pas avec votre bouclier surnaturel.
Dans cette mécanique de gameplay défensive, Ghostwire: Tokyo manque toutefois d’une vraie touche d’esquive, ce qui fait que l’on oubliera parfois de parader avec notre bouclier, alors que cette feature existe bel et bien. C’est un point particulièrement décevant, et avoir une sorte de dash n’aurait pas été une mauvaise chose. Aussi, on pourra amèrement regretter que ces pouvoirs élémentaires, que l’on peut aussi charger pour lancer un sort plus puissant, manquent cruellement de diversité.
Regrettable donc, d’autant que le gameplay se renouvelle peu sur les combats. Hormis quelques talismans divers et variés que vous pouvez acheter directement aux Nekomata – des chats esprits à deux queues tenant des magasins -, et permettant d’offrir une palette de coups supplémentaires entre vous cacher dans des ronces ou les étourdir, Ghostwire: Tokyo peine vraiment à proposer de nouvelles choses dans la jouabilité. Bien évidemment, le côté exploration avec un soupçon de plateformes apportent un peu de verticalité certes mais pour le reste, le côté action du soft n’évoluera jamais et sera carrément répétitif. Néanmoins, on notera la puissance d’Akito qui évoluera logiquement au fil de votre progression.
Levelling et furtivité, ça fonctionne
Car oui, Akito bénéficie d’un système de levelling. En tuant des ennemis ou en finissant des missions ou accomplissant différentes activités, Akito gagnera des niveaux et donc par déduction des points de compétences. Vous pourrez les assigner dans trois types d’arbres à compétences avec les capacités, le tissage d’éther servant pour vos pouvoirs, ainsi que vos équipements.
En somme, le système de compétences est quelque chose d’assez classique mais efficace, dans la mesure où la montée en puissance d’Akito se ressent vraiment, et accroit qui plus est le côté jouissif du soft. En addition à tout cela, sachez que le soft propose logiquement un système de chapelet. En purifiant des temples afin d’avancer sur la map ouverte et ainsi repousser le mortel brouillard, vous pourrez acquérir des chapelets que vous pouvez ensuite équiper. Ces derniers vous donneront des bonus d’attaques pour vos pouvoirs, mais également pour la nourriture vous redonnant de la santé, voire un bonus de furtivité.
En parlant de furtivité d’ailleurs, et en dehors de ces chapelets à équiper qui restent bienvenus et bien trouvés, vous pouvez tout à fait éliminer vos ennemis en infiltration. Globalement, l’IA est bien calibrée et logique, et le plaisir d’éliminer nos cibles sans se faire voir est bien présent. Il faut dire que cela fonctionne plutôt bien et notamment lors des phases où Akito est séparé de KK, le forçant à la jouer fine car ce dernier ne sera plus en possession de ses pouvoirs. Par ailleurs, notre protagoniste pourra utiliser à ce moment là un arc, afin d’éliminer en un ou deux coups les ennemis alentours.
Grosso modo, l’infiltration marche bien, et notez qu’il y a fatalement des boss à combattre dans Ghostwire: Tokyo. Concrètement, hormis un boss en particulier qui se la joue clairement cache cache, les autres restent terriblement lambda, et proposent un challenge pas forcément difficile non plus. Qui plus est, on pourra leur reprocher une trop grosse proximité avec The Evil Within 2, la dernière production de ce même studio. Dommage que Tango Gameworks ne soit pas arrivé à proposer un peu plus de fraicheur sur cet aspect là, car le potentiel est bien de la partie pourtant. Egalement, on notera les objectifs des missions principales, pas forcément trépidantes non plus…
Un sandbox suffisamment intéressant ?
Maintenant que tout est dit sur son gameplay qui manque quand même d’un peu plus de profondeur en dépit d’un système de levelling efficace, Ghoswire: Tokyo dispose quand même d’activités annexes dans cette map ouverte. En effet, sachez que dans un premier temps, et si vous voulez révéler toute la carte et accéder à des endroits auparavant inaccessibles, vous devrez comme nous l’avons évoqué plus haut, purifier des temples. Ceci repoussera le brouillard et révèlera de nouvelles missions secondaires entre autres.
Au rayon des choses à faire dans Ghostwire, il y aura d’abord les missions annexes. S’il s’agira systématiquement d’aider des esprits afin qu’ils reposent par la suite en paix, la plupart sont intéressantes, et se calquent en général sur des légendes urbaines typiquement japonaises. Dans le fond, la plupart des quêtes annexes sont réussies, mais restent toutefois inégales sur les objectifs à accomplir, parfois assez bateaux. A contrario, sachez que celles-ci vous donnent des Magatama, soit des objets qui serviront à débloquer par la suite des compétences plus avancées.
Dans les autres activités à réaliser, il y a également des arbres de corruption à purifier, mais aussi diverses requêtes à accomplir. En retrouvant quelques objets en fouillant les divers endroits de Tokyo, vous pourrez aller voir un Nekomata et ainsi lui donner l’objet en question contre des Meika, qui est l’argent du jeu. Dans son côté assez fedex, ces requêtes sont néanmoins un bon moyen de gagner suffisamment d’argent pour acheter via les boutiques diverses nourriture pour vous refaire une santé, ou des munitions en talismans ou flèches.
Les esprits à absorber sont également des à-côtés à réaliser. Moyennant des Katashiro, vous pourrez vous accaparer ces esprits, et ensuite les transférer dans des cabines téléphoniques, ce qui vous autorisera à gagner de l’expérience et de l’argent assez facilement. En somme, et sans compter tout ce qui est boîtes à offrande, les chiens à caresser pouvant vous montrer des récompenses intéressantes voire les statuettes élémentaires à trouver pour augmenter vos points de magie, Ghostwire: Tokyo dispose d’un aspect sandbox pour le moins assez complet, avec pas mal de choses annexes à effectuer.
Le seul regret viendra forcément de l’aspect très répétitif des situations, et surtout le fait que ça soit finalement très classique. Toutefois, le level-design est pour le moins maitrisé et son ambiance japonaise sublime le tout. On sent tout de même que le studio n’a pas encore assez d’expérience dans la conception d’un jeu à monde ouvert, et cela se ressent sur les missions principales qui restent trop courtes en matière de durée de vie – 8 à 9 h en fonction de votre rythme -.
Tokyo sous son meilleur jour, ou presque
Sur le plan purement graphique, il faut bien admettre que Ghostwire: Tokyo sort vraiment le grand jeu. On retrouve un aspect technique diablement maitrisé avec une modélisation globale très flatteuse pour la rétine, un ray tracing qui sublime un Tokyo inquiétant, et surtout une modélisation des modèles 3D et des textures qui en jette. Clairement, Tango Gameworks maitrise son sujet sur l’habillage graphique, et sachez que le soft est évidemment jouable en mode qualité pour le ray tracing en 30 FPS ou bien en mode performance, qui ira jusqu’à 60 FPS.
Et qu’on se le dise, l’optimisation sur PS5 est aux petits oignons avec une fluidité à toute épreuve que ce soit en cinématique ou en ingame, et avec des temps de chargements très rapides. La seule ombre au tableau proviendra de quelques séquences de jeu, où le framerate baisse un peu le pied quand il y a un peu trop de choses à afficher en matière d’effets. Mais pour le reste, Ghostwire: Tokyo est pratiquement une baffe sur pas mal d’aspects, même si tout n’est évidemment pas parfait avec certaines textures d’immeubles ou d’effet de pluie, pas nécessairement folichons.
Pour le sound design, on pouvait par contre s’attendre à bien mieux. Malgré une V.O. japonais et une version française assez convenable, on regrettera forcément des musiques très peu marquantes. Elles restent cependant dans le ton du jeu entre mystère et horreur, mais sans jamais vraiment nous marquer plus que ça une fois le jeu terminé.
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