Vous aimez les chats et les licornes ? Alors le petit jeu pondu par les équipes suédoises d’Angry Demon Studio, à savoir Gori Cuddly Carnage, pourrait vous plaire. Cela étant dit, n’espérez pas parcourir l’aventure avec vos enfants en bas âge. Si le petit chaton de l’espace muni de son hoverboard est mignon, c’est aussi le premier à plonger dans les tripes et le sang de ses déviants assaillants, sans compter l’ambiance qui tourne vite au macabre.
S’inspirant des beat’em all 3D popularisés sur PS2 depuis le culte Devil May Cry débarqué en 2001, Gori vise moins le style qu’un Dante, bien que la boule de poil se donne du mal pour paraître aussi charismatique. Ce ne sera clairement pas la surprise de l’année, cependant le soft compense avec son parti pris défouloir qui saura sans doute trouver preneur.
Condition de test : nous avons joué sur PS5 pendant 9 heures, le temps de terminer le jeu dans son intégralité en mode Normal, incluant donc les défis post-générique, et de tester les difficultés supérieures.
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ToggleGori the cat
Gori Cuddly Carnage annonce la couleur dès son titre. Si l’on incarne un mignon petit félin, c’est dans un univers à l’ambiance bien différente de celle d’un Stray dans lequel nous allons évoluer, avec son lot de violences. Gori, notre petit chat, perché sur son hoverboard, ne va pas se priver de découper de la licorne à tout-va. Une folie dévastatrice qui va prendre place dans un imaginaire rétro futuriste hérité des années 80 notamment.
Peu surprenant de retrouver une teinte violette omniprésente, divers jeux de lumières et de néons, un côté « psyché » aussi, qui n’aurait pas dépareillé dans certains milieux adeptes de substances douteuses. Les équipes d’Angry Demon Studio se sont même fait plaisir avec un niveau modélisé en s’inspirant des bornes d’arcade. Quand ce ne sont pas des environnements parsemés de jouets et faisant tout de suite penser à Alice : Madness Returns. Le glauque y est également présent, même si plus mesuré que chez Alice, et clôturant ainsi la comparaison.
Bien que Gori ne soit qu’un chat incapable de parler un autre langage que le sien, ajoutant à son capital de sympathie, il aurait sa place au côté d’un Tony Hawk du futur adepte de l’hoverboard. Il faut dire que l’animal ne manque pas d’agilité, l’hoverboard est une véritable extension de son corps. A la fois moyen de locomotion, arme également, et fidèle compagnon. En effet, l’engin est doté d’une intelligence, d’un prénom aussi, et n’est clairement pas avare en dialogue. Parlant pour deux, il devient assez vite lourd à écouter.
Concernant toute la partie narrative, Gori Cuddly Carnage se montre surprenant. Surprenant, parce que nous pensions passer totalement à côté de l’histoire pour se concentrer sur le sel du jeu, l’action. Néanmoins, force est de constater que le choix d’une narration passant beaucoup par des séquences de bande dessinée, doublées vocalement et introduisant les niveaux, est efficace. On suit tranquillement le récit, on découvre un sujet tournant autour du traitement des jouets et qui s’annonce intrigant…
Cat’s Slide
… Puis tout retombe. Le ballon explose en plein air. Le récit n’exploite pas son potentiel, les environnements peinent à nous immerger plus que cela et à nous raconter quelque chose, sans parler de tout ce qui touche aux transitions de scènes et à la mise en scène. Dès qu’on abandonne les visuels BD qui introduisent chaque niveau comme un chapitre supplémentaire, plus rien ne nous embarque vraiment. La « conclusion » de l’intrigue ne vaut pas mieux en teasant ouvertement une suite. Sous forme de DLC ou carrément d’un nouveau jeu, difficile de dire.
La musique n’est pas là pour marquer plus que ça les esprits, mais participe à la bonne ambiance du soft. En revanche, en termes de graphisme pur, Gori Cuddly Carnage s’en sort convenablement. Ce n’est pas moche, avec quelques cadres urbains sympathiques. Pas de quoi marquer les rétines à l’évidence. Excepté plusieurs bugs (souvent lors d’une transition entre cinématique et gameplay) et un framerate pouvant balbutier quand c’est trop le foutoir à l’écran, le soft s’en sort plutôt bien.
En revanche, les chats voient peut-être bien dans le noir, pour autant, c’est moins évident lorsque les vagues d’ennemis s’enchaînent et que ça tire et découpe dans tous les sens. La plupart du temps, on ne voit pas trop ce que l’on fait en combat. Dans un sens, cela sied parfaitement à la pauvreté du gameplay et sa poignée de coups discutables. Qu’on le veuille ou non, et malgré une inspiration logique du côté de chez Capcom, Gori c’est éteindre son cerveau et bourriner entre deux slides.
On découpe majoritairement des licornes par tonnes et on virevolte dans tous les sens, comprenant rapidement qu’avec seulement deux attaques puissantes, dont l’une nous fait tournoyer comme un tourbillon, Gori tranchera l’entièreté des ennemis et des boss. Sans grande difficulté, même dans les modes de difficulté supérieure. C’est dommage, parce que le principe de base imaginé par le studio n’avait rien de déconnant.
Unicorn Zombie Apocalypse
Le problème, c’est le gameplay en lui-même. Outre le panel de coups affligeant, Gori Cuddly Carnage est incapable de se renouveler au fil de l’aventure. Quant à l’hoverboard, nous sommes gratifiés d’une bonne prise main et des sensations de vitesse convaincantes, mais le potentiel ne s’exprime pas. Les possibilités offertes par le gameplay ne sont jamais pleinement exploitées, jamais vraiment mises en valeur. Le level design porte une responsabilité dans cet état de fait.
Nous avons beau traverser huit niveaux différents, les situations s’enchaînent et se ressemblent, sans parler du sentiment de ne faire face qu’à une succession de copies, de copies, de copies. La même pièce, les mêmes ennemis, les mêmes panneaux à wallride, mais avec une autre tapisserie. Les limites apparaissent bien trop vite pour un jeu se terminant en moins de 10 heures et sans réelle rejouabilité derrière. Les combats contre les boss tentent d’apporter du renouveau, sauf que le résultat demeure plus que mitigé.
Par ailleurs, nous ne l’avons pas dit, mais plus que le fait de spammer deux attaques pour l’emporter, Gori Cuddly Carnage n’invite pas à l’expérimentation, ne récompensent pas l’usage d’autres coups parmi le peu de disponibles. Les combos de base font peu de dégâts et ne profitent même pas de bons feedbacks. On doute souvent que nos attaques atteignent et blessent la cible. En outre, si l’usage des coups puissants, qui eux bénéficient bizarrement d’un meilleur retour sensitif et sonore, puise dans notre barre d’énergie, cette dernière se recharge en exécutant des slides ou des wallride.
Dans les faits, le jeu encourage clairement cette option, rester en mouvement est au cœur du gameplay. Gori se déplace si efficacement, que parade et esquive ne sont plus indispensables pour survivre et faire un carnage. Cela étant, comme rappelé plus tôt, le manque de finition terni un peu le projet. L’impression, une fois encore, qu’Angry Demon Studio fut contraint de rendre sa copie prématurément. Et comme nous le disions, la rejouabilité n’a même pas sa place. Quelques défis, la plupart se débloquant après le générique final, font acte de présence et rappellent les missions secrètes d’un DMC, mais comment exploiter un gameplay déjà trop limité ?
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